Allocution du Premier ministre à l'occasion
de la conférence «Sauver l'humanité du terrorisme»
Le 22 septembre 2003
New York (États-Unis)
Je suis très heureux de prendre part à cette conférence et je salue les efforts fructueux du Premier ministre Bondevick pour nous réunir tous ici aujourd'hui.
Le fait que cet événement ait rassemblé autant de dirigeants venus du monde entier témoigne que nous sommes conscients de notre devoir collectif de combattre le terrorisme et que nous reconnaissons de plus en plus la nécessité de nous attaquer aux facteurs qui entretiennent l'extrémisme et la violence.
N'oublions pas que le succès de notre lutte contre le terrorisme dépend non pas des forces dont nous voulons triompher, mais des idéaux que nous voulons faire triompher. Nous combattons pour faire régner la sécurité, la prospérité, l'égalité des chances, l'ouverture et le respect, le dialogue et la démocratie.
Aucun pays, aussi puissant soit-il, ne possède la sagesse ni les capacités nécessaires pour vaincre le terrorisme à lui seul. Ensemble, nous devons trouver des moyens efficaces et durables de combattre les organisations vouées au terrorisme et de nous attaquer aux racines du mal tout en respectant le droit international.
Permettez-moi de préciser très clairement que les terroristes sont des criminels qui doivent être tenus responsables de leurs actes de haine. Tout individu a son libre arbitre, et nous sommes tous responsables de nos actes.
Parler de s'attaquer aux racines du terrorisme, ce n'est pas l'excuser.
Amorcer un dialogue sur les facteurs qui instaurent des conditions propices au terrorisme, ce n'est pas le justifier. C'est reconnaître que les actes terroristes surgissent d'un tissu complexe de haine et d'extrémisme.
Notre travail consiste à identifier les divers facteurs qui contribuent à susciter le terrorisme et à prendre des mesures appropriées à moyen et à long terme. Une stratégie globale pour l'élimination du terrorisme devra être constituée de politiques diverses et de vaste portée.
En tant que pays fondé sur la diversité, le Canada a adopté des politiques axées sur l'inclusion. Nous sommes intimement conscients des défis que pose l'encouragement du dialogue entre différents groupes – et nous avons appris que les différences ne sont pas nécessairement source de division. Le Canada possède une riche tradition de multiculturalisme et d'harmonie à partager.
Cependant, un lien critique – qu'il ne faut jamais sous-estimer – unit la démocratie, la saine gouvernance et la possibilité de vivre en sécurité, à l'abri de menaces.
En l'absence d'institutions politiques inclusives et à l'écoute de la population, le mécontentement, la déstabilisation et la violence trouvent un terreau propice. Par contraste, quand tous les membres de la société peuvent participer librement à la vie politique, quand le gouvernement est responsable devant la loi et devant le peuple, quand la presse est libre et indépendante et la société civile est dynamique, quand les droits de la personne sont respectés et quand la magistrature fonctionne sans contrainte, il devient possible d'exprimer la dissidence de manière légitime et non violente. Il devient possible aux sans voix de se faire entendre.
Quand tous peuvent faire entendre leur voix, le conflit peut être canalisé dans l'arène politique sous la forme du dialogue et du débat, qui constituent, comme chacun le sait, des composantes essentielles de toute société démocratique.
Nous devons également multiplier nos efforts en vue d'améliorer les chances pour tous et de partager la prospérité – et réduire ainsi la disparité croissante entre riches et pauvres. La sécurité et la stabilité dans le monde passent par une plus grande équité. Promouvoir et encourager la sécurité économique, c'est promouvoir la sécurité mondiale.
L'inclusion, la démocratie, l'ouverture et la participation de tous à la prospérité sont autant d'armes dans notre combat à moyen et à long terme contre le terrorisme.
Mais nous avons aussi un solide plan de bataille pour l'immédiat qui comprend des mesures politiques, financières, juridiques et militaires.
Le G8 s'est engagé à empêcher les terroristes d'acquérir des armes de destruction massive et des matières connexes. Sous l'impulsion du Canada, le G8 a lancé un ambitieux Partenariat mondial visant à recueillir une somme pouvant atteindre 20 milliards de dollars US pour contrer la menace posée par ces armes. Le Canada, pour sa part, a accepté de contribuer à hauteur d'un milliard de dollars canadiens sur dix ans à cette importante initiative en faveur de la sécurité internationale.
Ces fonds permettent de financer des projets de coopération, en Russie dans un premier temps, liés à la destruction d'armes chimiques, à la liquidation de matières fissiles, au démantèlement de sous-marins nucléaires et au ré-emploi d'anciens scientifiques de l'armement.
Nous avons également établi des normes communes dans des domaines comme la sécurité des transports et le financement du terrorisme. Nous devons veiller à ce que les ressources nécessaires soient affectées à leur mise en oeuvre uniforme, intégrale et efficace.
Les pays qui ne peuvent, pour quelque raison que ce soit, satisfaire à ces normes ont le devoir, envers leurs citoyens et envers le reste du monde, de prendre les mesures nécessaires pour y parvenir – même s'ils doivent pour cela demander de l'aide. Quant aux autres pays, dont le Canada, ils doivent assumer la responsabilité de venir en aide à leurs voisins et amis.
Par notre présence ici aujourd'hui, nous soulignons notre volonté de lutter d'un commun accord contre le terrorisme. Il faut empêcher les terroristes d'exploiter les failles de la nature humaine – d'alimenter la peur et d'attiser la haine. Il faut pour cela mener une action concertée pour protéger nos places publiques. Il faut pour cela renforcer les institutions démocratiques, promouvoir des politiques d'inclusion et d'ouverture et rendre la prospérité plus accessible à tous les habitants de la terre.
Merci beaucoup.
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