Discours du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion
d’un déjeuner de contact au Forum économique mondial

Le 1er février 2002
New York (New York)

Il n’y a pas si longtemps, les représentants du gouvernement du Canada, moi compris, ne s’empressaient pas de venir à New York – le centre du commerce mondial – pour parler des conditions économiques au Canada et des perspectives d’avenir de notre économie.

Notre modestie était naturelle, car, pour être bien franc, notre situation financière et économique était lamentable.

Les temps ont changé. Je suis heureux d’être ici, à cette réunion spéciale du Forum économique mondial à New York, pour faire quelque chose qu’à mon avis, les Canadiens ne font pas assez souvent.

Je suis ici pour vous parler de notre succès. Pour vous présenter des faits, pas des projections. Or les faits racontent une histoire extraordinaire. Ils racontent comment, grâce à l’effort, aux sacrifices et à la prévoyance des Canadiens, nous sommes en excellente position – pas seulement pour résister au ralentissement économique mondial actuel, mais pour prospérer pendant la reprise qui suivra et pendant les années à venir.

La première fois que je suis venu à New York parler de l’économie canadienne, c’était en 1998. À l’époque, nous venions de franchir une étape historique dans l’évolution de nos finances. Notre gouvernement venait de déposer le premier budget fédéral équilibré depuis 30 ans.

En décembre dernier, nous avons présenté notre cinquième budget excédentaire de suite. Et en dépit du ralentissement économique mondial, nous comptons équilibrer nos finances au cours des deux prochaines années au moins. En fait, nous sommes le seul pays du G7 qui devrait, selon les projections, traverser la période actuelle de déclin sans se retrouver en déficit.

En 1998, j’ai dit que nous étions en mesure de maintenir la trajectoire descendante du ratio de la dette au PIB, qui comptait alors parmi les plus élevés du G7. Entre-temps, nous avons remboursé 36 milliards de dollars sur la dette publique, dont 17 milliards de dollars l’an dernier seulement. Le ratio de la dette au PIB a diminué plus vite au Canada que dans tout autre grand pays industrialisé. Il a fondu de 20 p. 100 depuis 1995. Et au rythme actuel, il devrait tomber sous la barre des 50 p. 100 l’an prochain, pour la première fois depuis 1985. Par ailleurs, notre dette extérieure a été ramenée de 45 p. 100 à 20 p. 100 en proportion du PIB. C’est son niveau le plus bas depuis 50 ans. Je pourrais ajouter que c’est aussi moins qu’aux États-Unis.

En somme, Mesdames et Messieurs, notre situation financière n’est pas seulement saine, elle est exemplaire.

Pour bien comprendre à quel point les assises de notre économie sont solides, il convient de comparer la situation actuelle à celle dans laquelle nous nous trouvions au début de la dernière période de déclin économique mondial en 1990.

En 1990, l’inflation s’élevait à 4,8 p. 100, comparativement à 2,6 p. 100 l’an dernier.

En 1990, le taux préférentiel et le taux des prêts hypothécaires d’un an ont atteint un sommet légèrement supérieur à 14 p. 100. À l’heure actuelle, le taux préférentiel est inférieur à 4 p. 100. Et le taux des prêts hypothécaires d’un an est légèrement supérieur à 4 p. 100. Ces taux n’ont jamais été aussi bas en 40 ans.

En 1990, nous étions aux prises avec un déficit courant qui a atteint un sommet de 4 p. 100 du PIB. Nous enregistrons maintenant un excédent courant de 3,4 p. 100 du PIB, ce qui contraste vivement avec un déficit courant de 4 p. 100 aux États-Unis, soit dit en passant.

Cette semaine, la firme KPMG a rendu publique une étude selon laquelle le Canada est le pays où il est le plus économique de faire des affaires. L’étude portait sur 85 villes dans neuf pays, notamment aux États-Unis, au Japon et en Europe. Les résultats révèlent que le Canada offre les coûts d’exploitation après impôt les plus faibles. De plus, le coût de l’énergie, des transports, de la construction et de la main-d’oeuvre en général est peu élevé.

Ces données sont impressionnantes, mais elles ne rendent compte que d’une partie des bonnes nouvelles provenant du Canada. Notre engagement inébranlable envers la discipline financière nous a aussi permis de prendre des mesures importantes, pendant cette période de ralentissement, en vue de stimuler l’économie et d’effectuer des investissements stratégiques qui aideront les Canadiens à prospérer à long terme.

Ainsi, en plus des baisses d’impôt qui font déjà leur chemin dans l’économie, notre dernier budget injecte 2,4 p. 100 du PIB sous forme de stimulants dans l’économie cette année. Nous avons adopté le plus important plan de réduction d’impôt de toute l’histoire du Canada. Dans le cadre de ce plan, qui a déjà été mis en oeuvre en grande partie, l’impôt sur le revenu des particuliers a été abaissé de 35 p. 100 en moyenne pour les familles canadiennes ayant des enfants. Et le taux d’imposition des sociétés canadiennes s’établira environ cinq points sous les taux américains moyens. C’est là tout un encouragement à l’investissement au Canada. De plus, l’impôt sur les gains en capital a été considérablement réduit. À tel point que le taux maximal d’imposition des gains en capital est maintenant moins élevé que le taux maximal courant aux États-Unis.

À la suite du 11 septembre, nous avons annoncé de nouveaux investissements stratégiques importants qui rendront notre frontière commune avec les États-Unis plus sûre. Ils permettront aussi d’éliminer les bouchons dans les principaux corridors commerciaux, de manière à protéger et à favoriser le fort volume et la rapidité des échanges de produits et de services dans le cadre de la plus importante relation commerciale au monde.

D’autre part, nous avons investi massivement à l’appui de l’objectif économique prépondérant de notre gouvernement, qui consiste à faire du Canada l’un des pays les plus innovateurs au monde. Un pôle d’attraction pour les meilleurs cerveaux et les meilleures idées. Pour les nouveaux investissements et les nouvelles entreprises. Pour les découvertes scientifiques et les percées technologiques.

Nous avons déjà fait d’importants progrès dans la création d’un climat d’excellence et d’inclusion, où tous les Canadiens peuvent mettre à profit leurs talents, leurs compétences et leurs idées. Où l’imagination, le savoir-faire et la capacité d’innover se conjuguent au mieux.

Le Canada est aujourd’hui l’un des pays les plus branchés au monde. Parmi les pays du G7, nous possédons la plus forte proportion de citoyens connectés. Toutes les écoles et les bibliothèques ont accès à l’Internet.

Nos encouragements fiscaux à la recherche et au développement sont parmi les plus généreux au monde. Nos collèges et nos universités comptent parmi les meilleurs au monde. On trouve d’importantes grappes de haute technologie dans toutes les régions du pays – que ce soit à Vancouver, Calgary, Waterloo, Ottawa ou Montréal. Et de nouveaux centres se développent.

De nombreuses firmes de renommée internationale sont nées chez nous. Des firmes comme Research in Motion. Son appareil Blackberry qui s’accroche à la ceinture permet de transmettre et de recevoir des courriels sans fil. Il connaît une vogue extraordinaire tant sur la colline du Parlement qu’au Capitole. C’est un bon exemple de la technologie canadienne, de l’esprit d’entreprise canadien et du succès à l’échelle mondiale.

Notre gouvernement a aussi effectué des investissements audacieux et prévoyants afin d’aider tous les Canadiens à avoir accès, toute leur vie durant, aux outils et aux compétences dont ils ont besoin pour réussir et pour poser les fondements d’une infrastructure de recherche ultramoderne. Nous travaillons avec nos chercheurs et nos entrepreneurs à faire en sorte que le Canada soit l’endroit où les nouveaux produits et procédés arrivent le plus vite sur le marché.

Nous savons également que nous pouvons et que nous devons faire encore mieux. Et nous continuons de nous fixer des objectifs toujours plus ambitieux.

Nous allons doubler les sommes investies par le gouvernement fédéral dans la recherche et le développement, contribuant ainsi à classer le Canada au rang des cinq premiers pays au chapitre de la R-D d’ici 2010. Nous créons 2000 nouvelles chaires de recherche dans nos universités. Pour comprendre l’importance que peut avoir cette initiative au Canada, imaginez l’impact qu’aurait la création de 20 000 nouvelles chaires de recherche par le gouvernement américain. D’autre part, nous allons bientôt annoncer une nouvelle stratégie de l’innovation et des compétences qui constituera un plan directeur pour l’avenir et couvrira des domaines comme les savoir-faire, la recherche et le développement des grappes industrielles. Elle recommandera la voie à suivre pour conduire le Canada plus loin, au moyen d’un partenariat entre le gouvernement fédéral, le secteur privé, les milieux universitaires et les autres gouvernements.

En d’autres termes, le message que je vous apporte aujourd’hui c’est que, pour le Canada, le meilleur reste à venir. Grâce à une économie saine et en plein essor. Grâce à un climat d’investissement et d’affaires qui compte parmi les meilleurs au monde. Grâce à une main-d’oeuvre de talent, bien instruite et bien qualifiée. Au 21e siècle, nous ferons de la feuille d’érable le symbole de la confiance, de l’optimisme et de l’excellence.



Retour à la page Web:
http://www.pco-bcp.gc.ca/default.asp?Language=F&Page=archivechretien&Sub=Speeches&Doc=wef.20020201_f.htm