Le Canada crée une équipe consultative spéciale et élargit sa contribution afin d’aider à résoudre la crise humanitaire au Darfour

Mai 12, 2005
Ottawa (Ontario)

COMMUNIQUÉ

Le Premier ministre Paul Martin a annoncé aujourd'hui que le Canada augmentera sensiblement sa contribution au Darfour afin d'appuyer les efforts internationaux en faveur de la paix et de la stabilité au Soudan. Cette initiative comprend l'octroi de près de 198 millions de dollars pour l'augmentation de l'aide humanitaire et un soutien accru à la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), et pour la création d'une équipe consultative spéciale chargée de coordonner et de promouvoir les initiatives du Canada sur le terrain.

« Je reste profondément et personnellement préoccupé par la situation dans le Sud du Soudan et par la crise au Darfour. Je me suis rendu au Soudan. Je me suis entretenu avec des personnes déplacées. J'ai rencontré des enfants qui n'ont jamais vu le village de leurs parents. Nous ne devons pas laisser la crise humanitaire au Darfour dégénérer comme la guerre civile qui a duré pendant 50 ans dans le Sud, où la paix vient tout juste d'être rétablie, a déclaré le Premier ministre. J'estime qu'en renforçant son appui à l'Union africaine, le Canada aidera à promouvoir la paix à long terme partout au Soudan. »

Le Canada compte accroître son apport dans trois domaines :

• octroi d'un montant de près de 170 millions de dollars pour l'aide militaire et technique apportée à l'Union africaine afin de renforcer sa capacité de s'acquitter de son mandat. La contribution englobe un engagement renouvelé et le renforcement du soutien sous forme d'hélicoptères canadiens, la location d'avions supplémentaires et un appui militaire canadien prenant diverses formes, notamment des experts en planification stratégique, afin de répondre à des besoins précis cernés par l'Union africaine;

• affectation de 28 millions de dollars sur les 90 millions de dollars annoncés à la Conférence des donateurs d'Oslo en avril 2005 pour accroître l'aide humanitaire et le soutien à la paix fournis au Darfour et au Tchad par l'entremise d'organismes des Nations Unies;

• appui diplomatique renforcé en faveur des activités de médiation menées sous les auspices de l'Union africaine afin de trouver une solution pacifique au conflit au Darfour.

L'ambassadeur Robert Fowler, représentant personnel du Premier ministre pour l'Afrique, la sénatrice Mobina Jaffer, envoyée spéciale du Canada pour le processus de paix au Soudan, et le sénateur Roméo Dallaire ont été chargés par le Premier ministre de diriger les efforts et l'utilisation des ressources du Canada au Darfour.

« L'équipe consultative dirigée par l'ambassadeur Fowler relèvera directement de moi et travaillera avec le gouvernement soudanais, l'Union africaine et la communauté internationale pour appuyer le processus de paix au Darfour », a ajouté le Premier ministre.

La mission renforcée de l'Union africaine vise à accroître la stabilité au Darfour et à protéger les civils, tout en appuyant les efforts internationaux déployés pour que les rebelles du Darfour reviennent aux pourparlers de paix menés sous l’égide de l'Union africaine.

MUAS est une opération distincte de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), qui supervise la mise en œuvre de l'Accord de paix global signé le 9 janvier 2005 par les représentants du gouvernement du Soudan et l'Armée/Mouvement populaire de libération du Soudan. Cet accord a permis de régler le long conflit qu'a connu le Sud du pays. Le Canada participe déjà à la MINUS grâce à son approche globale au Soudan. La mission comprend 31 membres des Forces canadiennes et le brigadier-général canadien Greg Mitchell est le commandant adjoint de la MINUS.

Cette annonce témoigne de l'engagement qu'a pris le gouvernement dans l’Énoncé de politique internationale du Canada de prendre les mesures qui s'imposent dans l'éventualité de menaces pesant sur la sécurité et la stabilité internationales.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur les contributions apportées par le Canada aux efforts de stabilisation au Soudan, prière de consulter le document d'information ci-joint ou le site Web suivant : http://canadasoudan.gc.ca.


Document d'information

LE CANADA CRÉE UNE ÉQUIPE CONSULTATIVE SPÉCIALE ET ÉLARGIT SA CONTRIBUTION AFIN D’AIDER À RÉSOUDRE LA CRISE HUMANITAIRE AU DARFOUR

Contexte


Depuis son accession à l'indépendance en 1956, le Soudan est, la majeure partie du temps, en proie à des guerres civiles. Les plus notables sont la longue guerre dans le Sud à laquelle a mis fin l'Accord de paix global (APG) signé le 9 janvier 2005, et le conflit distinct qui ravage le Darfour, dans l'Ouest du pays, depuis février 2003. Ces conflits opposent diverses parties aux objectifs différents, même si leurs causes profondes sont similaires, à savoir la marginalisation économique et politique, et des violations massives des droits de la personne.

Guerre civile dans le Sud

Le conflit dans le Sud du Soudan a débuté avant l'indépendance, même si la dernière guerre a éclaté en 1983. Depuis le début des années 1980, on estime que la guerre a fait, directement ou indirectement, deux millions de morts et qu'elle a déplacé plus de quatre millions de personnes.

L'engagement du Canada à contribuer au règlement du conflit dans le Sud du Soudan est de longue date et comprend un soutien diplomatique, politique et matériel au processus de paix de même qu'un important volet d'aide humanitaire et de consolidation de la paix. Officiellement, le conflit a pris fin en janvier 2005 avec la conclusion de l’APG signé par les deux principales parties au conflit, à savoir le gouvernement du Soudan et le Mouvement/Armée de libération populaire du Soudan.

En guise de contribution en vue d’une mise en application réussie de l'APG, le Canada s'est engagé récemment à verser 90 millions de dollars en deux ans à l’occasion de la Conférence des donateurs d'Oslo qui s’est tenue les 11 et 12 avril 2005 (de ces fonds, 28 millions de dollars seront utilisés pour faire face à la crise au Darfour). Ces ressources permettront, entre autres, d'aider à la réinstallation durable des personnes déplacées ainsi qu'aux efforts de consolidation et de promotion de la paix.

Jusqu'à maintenant, le Canada s'était engagé à déployer au Soudan 31 membres des Forces canadiennes dans le cadre de la mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le Sud du Soudan (MINUS), mise sur pied par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) le 24 mars 2005. Le brigadier-général canadien Greg Mitchell a été nommé commandant adjoint de la MINUS tandis que d'autres membres du personnel des Forces armées canadiennes seront affectés au quartier général de la mission à Khartoum de même que comme observateurs militaires des Nations Unies responsables de surveiller l'application de l'APG. Ce déploiement des Forces canadiennes se nomme l'Opération SAFARI.

Cette opération est distincte du soutien financier et technique que le Canada fournit, à la demande de l'Union africaine, dans le cadre de la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), qui s'occupe de surveiller la situation au Darfour en ce qui touche la sécurité.

Conflit au Darfour

En février 2003, deux groupes rebelles — l'Armée/Mouvement de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l'égalité — ont attaqué des installations gouvernementales au Darfour, dans l’Ouest du Soudan, une région aux prises depuis des années avec un conflit limité et marginalisée par le gouvernement central sur le plan économique et politique. Le gouvernement soudanais a réagi à l'escalade de la violence par une campagne de bombardements aériens et d'attaques contre des localités soupçonnées d'abriter des rebelles, attaques souvent menées conjointement avec les miliciens des Forces de défense populaire et les Janjawid, milices armées irrégulières.

Le conflit au Darfour a causé la mort ou forcé le déplacement d'un nombre considérable de civils. Plus de deux millions de Soudanais ont dû quitter leur maison, dont plus de 200 000 ont trouvé refuge au Tchad voisin. Les pourparlers de paix menés sous l'égide de l'Union africaine (UA) avec l'appui du Canada et d'autres donateurs, ont été interrompus fin décembre 2004, mais ils devraient reprendre bientôt. L'UA dirige également MUAS, une mission de surveillance du cessez-le-feu dans la région.

Au cours de l'année écoulée, le Premier ministre Paul Martin et la sénatrice Mobina Jaffer, envoyée spéciale du Canada pour le processus de paix au Soudan, se sont rendus sur place afin de souligner les inquiétudes du Canada à propos du conflit et de tenter de trouver des solutions pour atténuer les souffrances des civils et parvenir à un règlement politique. De plus, la ministre responsable de l'ACDI, Mme Aileen Carroll, le représentant personnel du Premier ministre pour l'Afrique, l'ambassadeur Robert Fowler, et le chef d'état-major de la défense, le général Hillier, sont allés dans la région afin de voir ce que le Canada pourrait faire de plus pour remédier à la situation. Ces activités au Soudan s'ajoutent aux efforts diplomatiques que le Canada déploie sur la scène internationale de concert avec les Nations Unies, l'UA et des pays clés comme les États-Unis, le Royaume-Uni et le Nigéria.

Le Canada s'est employé activement, en collaboration avec d'autres pays clés aux Nations Unies, à faire en sorte que le Conseil de sécurité assume sa responsabilité de se pencher sur le conflit au Darfour, conformément à ses propres résolutions sur la protection des civils dans les conflits armés, sur les femmes, la paix et la sécurité ainsi que sur les enfants et les conflits armés. Le Canada a contribué de près à l'élaboration de ces textes et a beaucoup fait pour que leurs dispositions soient rigoureusement mises en œuvre. L'ambassadeur du Canada aux Nations Unies à New York, M. Allan Rock, de concert avec des membres du Conseil de sécurité, a joué un rôle important en plaidant en faveur de l'adoption de certaines mesures, comme celle portant sur la mise en place d'un régime de sanctions ciblées en vue de faire cesser la violence au Darfour et de forcer toutes les parties impliquées dans le conflit au Soudan à répondre de leurs actes.

Tout particulièrement, le Canada a été un fervent partisan de la résolution 1591 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui a été adoptée le 29 mars et qui prévoit la mise en place et la surveillance d'un embargo sur les armes dans la région et soumet les principaux protagonistes du conflit à une interdiction de voyager et à un gel de leurs avoirs financiers. De même, le 31 mars 2005, le Conseil de sécurité a saisi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de la situation au Darfour. Le 4 avril, le Canada a annoncé une contribution volontaire de 500 000 dollars puisée à même le budget du Programme de la sécurité humaine d'Affaires étrangères Canada (AEC) en vue de soutenir les activités de la CPI au Darfour. Le Canada a été le premier pays à prendre un tel engagement.

La réponse du Canada à la situation au Darfour comprend aussi une aide humanitaire et un appui aux activités de protection des civils et des droits de la personne ainsi qu'aux efforts de consolidation de la paix. De plus, le Canada a octroyé 20 millions de dollars en appui à MUAS; ces fonds ont servi à mettre à la disposition de la mission des hélicoptères ainsi que de l'équipement et des compétences militaires et policières. Ce dernier volet comprend le déploiement de deux membres des Forces canadiennes pour prêter main-forte en matière de commandement et de contrôle, de planification des mouvements aériens et de formation des observateurs militaires, ainsi que d'un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour la composante policière de la Force opérationnelle intégrée de l'UA au Darfour en vue de l'aider et de la conseiller concernant l'organisation, la planification et la conduite de la mission ainsi que la formation des policiers.

Engagement politique et diplomatique

Le Premier ministre Paul Martin, le ministre des Affaires étrangères, M. Pierre Pettigrew, et les hauts fonctionnaires dialoguent tous avec leurs homologues à l'ONU, au sein de l'UA, au Soudan et dans divers autres pays, notamment d'Afrique et du G8, afin d'aider à galvaniser le soutien aux efforts que l'UA déploie pour trouver une solution politique au conflit et rétablir la sécurité sur le terrain.

La création de l’équipe consultative spéciale du Premier ministre pour le Darfour est un élément majeur de l'engagement du Canada. Cette équipe, que dirigera le représentant personnel du Premier ministre pour l'Afrique, l'ambassadeur Robert Fowler, comprendra la sénatrice Mobina Jaffer, l'envoyée spéciale du Canada pour le processus de paix au Soudan, et le sénateur Roméo Dallaire. L’équipe consultative spéciale, secondée par un groupe de travail d'AEC, coordonnera la mise en œuvre de la stratégie du Canada et interviendra principalement sur les trois fronts suivants :

• appui diplomatique à l'UA dans ses efforts destinés à ramener la paix au Darfour;
• consolidation de la paix et appui à la mission de l'UA au Darfour;
• aide humanitaire au Darfour.

Aide humanitaire et protection

Depuis l'an 2000, le Canada a consacré près de 200 millions de dollars en aide alimentaire et humanitaire ainsi que pour le soutien du processus d'établissement et de consolidation de la paix, et ce, afin d'alléger les souffrances incessantes des populations au Soudan. Les contributions les plus récentes du Canada ont été annoncées à la Conférence d'Oslo en avril 2005. En voici quelques exemples :

• 40 millions de dollars ont été alloués au titre de l'aide alimentaire et non alimentaire pour venir en aide aux populations touchées par la sécheresse et la guerre au Soudan, dont 24 millions de dollars consacrés directement à l'aide alimentaire et non alimentaire au Darfour;

• 40 millions ont été affectés à la mission d'évaluation menée conjointement par les Nations Unies et la Banque mondiale avec l'accord du gouvernement du Soudan et du Mouvement de libération populaire du Soudan pour appuyer l'Accord de paix global (APG) et réduire la pauvreté dans les régions visées par l'APG;

• 10 millions de dollars ont été versés pour des initiatives de consolidation de la paix et de saine gouvernance, dont 4 millions de dollars sont destinés directement au Darfour.

L'aide humanitaire canadienne passe par des organisations telles que le Programme alimentaire mondial, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et l'UNICEF, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, ainsi que des organisations non gouvernementales comme la Croix-Rouge canadienne, Aide à l'enfance, le Comité international de la Croix-Rouge, Oxfam, CARE et Médecins sans frontières. La Banque de céréales vivrières du Canada envoie par bateau de la nourriture et du matériel humanitaire à Port Soudan; à cet endroit, le Programme alimentaire mondial prend en charge l’envoi des cargaisons, par camion ou par avion, au Darfour.

Contribution du Canada aux activités menées au Darfour par MUAS

Le Canada appuie les efforts de l'UA pour favoriser un règlement de la situation au Darfour en lui fournissant du matériel et des conseillers. Des 20 millions de dollars versés en 2004, 16 millions ont servi à la location, par l'entremise de l'entreprise canadienne Skylink, de 15 hélicoptères moyens pour fournir un soutien tactique et logistique aérien afin de permettre au personnel de MUAS d'effectuer des opérations de surveillance du respect de l'accord de paix dans l'ensemble du Darfour. Les autres façons dont il a apporté son soutien à MUAS comprennent sa contribution de 1,4 million de dollars en matériel militaire de base, dont des casques et des gilets de protection, de même que, avec l'accord de l'UA, l'affectation sur le terrain de deux planificateurs membres des Forces canadiennes et un autre membre de la GRC.

L'UA a entrepris d'accroître la portée de sa mission complexe et exigeante au Darfour. Le 29 avril 2005, le Conseil de l'UA pour la paix et la sécurité a annoncé une augmentation de la taille de son contingent au Darfour pour en faire passer le nombre de membres de 3200 à 7700. L'expertise canadienne ainsi que son soutien financier et matériel aideront l'UA à faire de cette importante mission une réussite.

Tel qu’annoncé aujourd'hui, le Canada apportera une contribution importante aux efforts de stabilisation au Darfour en accroissant son soutien héliporté à MUAS et en mettant à la disposition de celle-ci des aéronefs à voilure fixe, de l'équipement et du matériel dont elle a grandement besoin ainsi que d’autres spécialistes en planification et du personnel spécialisé supplémentaire pour aider les forces de l'UA à mener leurs opérations. Le personnel des Forces canadiennes se déploiera à la demande de l'UA et pourrait être prêt à intervenir en dedans de trois mois. Les détails précis du soutien du Canada à MUAS seront établis avec l'UA en fonction des besoins de celle-ci.

Retour à la page Web:
http://www.pco-bcp.gc.ca/default.asp?Language=F&Page=archivemartin&Sub=newscommuniques&Doc=news_release_20050512_489_f.htm