Toast porté par le Premier ministre Paul Martin en l’honneur de George W. Bush, Président des États-Unis d’Amérique

Novembre 30, 2004
Gatineau (Québec)

Le texte prononcé fait foi

Monsieur le Président, Madame, permettez moi de vous souhaiter la bienvenue au Canada.

Nous sommes réunis ce soir dans un cadre qui est spécifiquement canadien. Vous n’avez qu’à regarder autour de vous pour avoir un aperçu de nos origines.

Voici, derrière moi, des mâts totémiques issus des cultures autochtones du nord ouest du Pacifique. À l’étage se trouve le parcours de notre histoire sociale, à compter du premier établissement des Vikings sur les côtes de Terre Neuve.

Pas loin d’ici, on présente une vue d’ensemble de la Nouvelle France – comme étaient autrefois désignés notre pays et de grandes parties du vôtre. Tout près, l’histoire de la transmission des communications et du commerce par les chemins de fer aux coins reculés du jeune pays qu’était le Canada. Et au fond de ce corridor, des articles souvenirs d’un joueur de hockey qui savait joindre l’adresse et une passion fougueuse dans une mesure jamais connue auparavant ni depuis – Maurice « The Rocket » Richard.

À l’extérieur, on voit la rivière d’Ottawa, où d’immenses trains de flottage, pilotés par des bûcherons, brisaient autrefois les rapides. Avec ce bois ils ont construit les voies ferrées, qui s’étendaient vers le sud jusqu’au fleuve Saint Laurent et vers le nord ouest, à l’autre bout de l’Ontario jusqu’au nord du Lac Supérieur – et, finalement, vers l’Ouest et l’océan Pacifique.

Ces voies ferrées, comme un système nerveux vital reliant les membres de la population de notre jeune pays en esprit et en activité, nous ont transporté, ont contribué à notre croissance. Elles nous ont aidé à garder le contact, nous ont donné un sentiment d’accomplissement, ont forgé notre identité.

En effet, des deux côtés de notre frontière commune, des voies parallèles s’étendent, un mile après l’autre, qui ont donné à nos deux pays ce sentiment que tout est possible qui fait l’envie du monde. De chaque côté de la frontière ont évolué de grandes nations – indépendantes et souveraines, mais unies dans leur désir d’égalité et de prospérité, dans leur attachement à la liberté et à la démocratie, et dans leur détermination à bâtir un monde meilleur.

La frontière que nous partageons n’a pas été un obstacle et elle ne doit jamais en devenir un. Elle reflète notre amitié historique et sert de voie d’accès à notre prospérité future. Son ouverture est signe de la confiance et de la bienveillance que nous avons développées en tant que peuples et en tant que nations.

Le 11 septembre 2001, plus de 200 avions commerciaux ont été déroutés vers des aéroports partout dans notre pays, du Pacifique à l’Atlantique. Sans délai, les Canadiens ont ouvert leurs foyers et leurs cœurs. Trois jours plus tard, le 14 septembre, 100 000 Canadiens convergeaient spontanément vers la colline du Parlement; ce fut la manifestation silencieuse la plus importante jamais vue dans notre capitale.

Depuis nous avons, ensemble et séparément, pris des mesures visant à protéger notre continent et notre frontière. Mais particulièrement remarquables sont la force et la résolution de nos citoyens, leur capacité de s’adapter, dans la compréhension et la solidarité, pour assurer que notre frontière demeure, aux yeux du monde, un exemple d’ouverture au commerce et un témoignage de confiance. Pour cette raison, notre relation, enrichie par son passé, demeure prévoyante et vitale, axée sur l’avenir.

Monsieur le Président, nous nous sommes entretenus aujourd’hui de questions allant du commerce et de la sécurité à la prospérité et à l’amélioration de notre qualité de vie, de l’environnement à la défense de l’Amérique du Nord. Nous avons discuté du monde et de quel serait l’apport d’un nouveau multilatéralisme à l’instauration de la paix dans des pays en difficulté. Nous avons évoqué aussi la responsabilité que nous avons d’alléger la pauvreté et la maladie là où elles se manifestent. Nous avons parlé de notre détermination à mener le combat contre le terrorisme partout dans le monde. Finalement, nous avons discuté de notre place dans la communauté mondiale.

Monsieur le Président, l’amitié inébranlable entre nos deux nations et entre nos peuples est source de force, de vocation et d’espoir. Nous ne sommes pas toujours d’accord, et nous ne serons pas toujours d’accord. Mais un esprit de renouveau anime la relation entre nos deux pays. Nous sommes résolus aujourd’hui à bâtir un partenariat plus éclairé, motivé par la volonté de coopérer en Amérique du Nord et au delà de nos frontières.

C’est dans l’esprit de ce partenariat que je porte un toast à notre amitié, au peuple des États-Unis et à vous, Monsieur, son président.

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