Conférence des agents financiers supérieurs
Notes pour une allocution du
Ronald Bilodeau
Secrétaire associé du Cabinet et
sous-greffier du Conseil privé,
Cornwall (Ontario)
le 17 novembre 2000
VÉRIFIER AU MOMENT DE L'ALLOCUTION
Introduction
- Mesdames et Messieurs, c’est un plaisir pour moi d’être avec vous ce
matin.
- Le greffier du Conseil privé espérait pouvoir être ici lui-même, mais
malheureusement, son emploi du temps était trop chargé.
- Il vous prie de l’excuser.
- La gestion financière représente toujours un défi de taille, et les
derniers mois ont été particulièrement difficiles pour les gestionnaires.
- Une rencontre comme celle-ci est fort utile, car elle vous permet d’échanger
sur des questions d’intérêt commun.
- Cette année, les problèmes administratifs révélés lors de la
vérification à Développement des ressources humaines Canada ont eu un
impact direct sur chacun de nos ministères et de nos organismes.
- Cette vérification a soulevé plusieurs questions et elle nous a
poussés à examiner de près notre manière de fonctionner.
- Cependant, vérification ou pas, nous nous devions de réfléchir à
plusieurs questions touchant la gestion financière.
- La fonction de contrôleur moderne est le fondement de notre nouveau
modèle de gestion, qui vise à intégrer les ressources humaines et
financières.
- J’aimerais vous parler de quatre questions qui font l’objet d’un
débat en ce moment. Je suis sûr que vous en avez discuté au cours de
cette séance. Vos collaborateurs ont certainement eu l’occasion d’en
parler durant la conférence des agents financiers à temps plein il y a
quelques semaines.
- La première question concerne l’indispensable équilibre entre le
service et le contrôle.
- La deuxième question a pour objet la fonction de contrôleur
moderne : nous allons nous interroger sur son efficacité.
- La troisième question est la suivante : avons-nous un cadre
stratégique convenable pour gérer la prise de risques?
- La quatrième question concerne les ressources humaines et l’élément
humain.
I. Trouver l’équilibre entre service et contrôle
- Parlons d’abord de l’équilibre entre service et contrôle : les
Canadiens prêtent de plus en plus attention au comment et au pourquoi des
dépenses gouvernementales.
- Le débat se poursuit dans la société et dans les milieux politiques au
sujet du niveau des dépenses gouvernementales. C’est un débat légitime.
- Quel que soit le niveau fixé pour les dépenses, l’administration des
finances publiques a toujours fait l’objet de débats. Depuis quelque
temps cependant, les niveaux de dépenses et les types de dépenses
suscitent des discussions encore plus intenses.
- En votre qualité de cadres supérieurs de la fonction publique, vous
devez veiller à ce que les fonds mis à la disposition de votre ministère
soient bien administrés et qu’ils donnent des résultats.
- Ce travail est essentiel pour maintenir la confiance du public envers le
gouvernement.
- Lorsqu’on examine les dépenses du gouvernement au titre des programmes
et des services, il faut se rappeler un certain nombre de choses.
- Nous devons nous assurer que les dépenses sont légitimes et qu’elles
visent des objectifs autorisés. Cela est fondamental.
- Nous avons besoin d’une bonne évaluation des coûts et d’une
bonne idée des échéanciers relatifs aux mouvements de trésorerie et
aux besoins financiers.
- Nous devons choisir la bonne formule pour effectuer ces dépenses
(subvention, aide financière, contrat) et tenir compte du besoin à
combler (partenariat, budget de fonctionnement interne).
- Nous devons aussi faire en sorte que les programmes et les services
offerts soient suffisamment élaborés et qu’ils puissent avoir des
résultats positifs. Il n’est jamais recommandé d’effectuer des
dépenses trop hâtivement.
- Les Canadiens ont le droit de s’attendre à une exécution
efficace, fiable et économique des programmes.
- Le gouvernement du Canada doit être reconnu et respecté pour sa
capacité à satisfaire sa clientèle et pour son efficacité à mener
ses opérations.
- À mesure que nous nous efforçons de fournir de bons services et de
satisfaire nos clients, nous devons continuer à privilégier l’impartialité
et l’équité. Plus nous serons transparents au sujet de nos
dépenses, plus nous serons à l’abri de l’inefficacité et de l’erreur.
- Nous devons mettre en place les bons systèmes — et les bonnes
personnes — afin de garantir une responsabilisation clairement
comprise et bien assumée.
- La question qui se pose est de savoir si le système actuel
privilégie le service au point où il devient difficile d’appliquer
un mécanisme de contrôle pourtant essentiel. Comme le faisait
remarquer récemment un haut fonctionnaire, courons-nous le risque de
revenir aux contrôles à la manière d’antan, comme avant la
Commission Glassco?
- J’aimerais connaître votre opinion sur les points dont je viens de
parler.
II. Contrôleur moderne
- La deuxième question concerne la fonction de contrôleur moderne et son
efficacité.
- En tant qu’agents financiers supérieurs, vous faites face à cette
question.
- Vous êtes les experts. Aucune dépense ne peut être effectuée sans
votre autorisation officielle.
- Nous entendons dire sans cesse qu’il faut abandonner les structures de
contrôle rigides en faveur d’un système plus flexible qui permettra d’accroître
l’efficience et la qualité des services; et ce sont souvent ces mêmes
personnes qui disent qu’une meilleure gestion financière est une
priorité.
- La modernisation de la fonction de contrôleur repose sur l’idée que
la gestion intégrée des ressources, tant humaines que financières, est
nécessaire pour administrer de façon responsable l’argent des
contribuables.
- Nous devons améliorer notre capacité de prendre des décisions, en
fournissant à notre personnel l’information et les outils dont il a
besoin et en rendant compte à la population des résultats que nous avons
obtenus.
- La fonction de contrôleur moderne est sans contredit un objectif
important qui requiert des efforts de grande envergure.
- Cela m’amène à me poser une question. Avons-nous les bons outils en
main pour bien gérer nos finances? Nos outils sont-ils adaptés à notre
époque? Avons-nous les bonnes personnes et, est-ce nécessaire de le
demander, avons-nous tout le personnel dont nous avons besoin?
- Depuis 35 ans, les rapports et les commissions se succèdent pour
conclure que nos pratiques comptables ne sont pas aussi efficaces qu’elles
devraient l’être.
- Dans le passé, les systèmes financiers ne permettaient pas d’intégrer
l’information sur les opérations, les finances et les ressources
humaines de manière à pouvoir déterminer les coûts des programmes et
autres.
- Connaissons-nous le coût réel des programmes que nous administrons?
Sommes-nous en mesure de comparer les coûts entre les différents
ministères ou avec l’extérieur?
- Notre gestion financière doit reposer sur un rendement bien documenté,
sur des systèmes de contrôle efficaces, sur des cadres bien adaptés de
gestion des risques, sur des valeurs sûres et sur une éthique à toute
épreuve.
- Le gouvernement est en train de délaisser la comptabilité de
trésorerie au profit de la comptabilité d’exercice. Avec cette
information financière en main, nous aurons une bien meilleure indication
du coût réel des programmes, de la valeurs des actifis du gouvernement.
- Ce changement de cap nous permettra de mieux évaluer les coûts par
rapport aux résultats.
- Cela représente un grand pas en avant.
- Je me demande aussi si nous savons tirer profit de la fonction de
vérification. Sommes-nous capables d’apporter rapidement les correctifs
recommandés dans les rapports de vérification? Les discussions des
gestionnaires vont-elles assez loin?
- Le Contrôleur général devrait-il imposer une vérification plus
serrée et moins épisodique des livres? On me dit que Rick Neville
vous a parlé hier d’un plan d’action sur la surveillance active.
III. Un cadre stratégique pour bien gérer la prise de risques
- Ma troisième question est la suivante : avons-nous un cadre
stratégique pour bien gérer la prise de risques?
- Tous les gouvernements s’efforcent d’élaborer de nouveaux cadres qui
encouragent les gens à gérer les risques au lieu de les éviter.
- La fonction publique du Canada essaie de trouver des solutions qui vont
dans ce sens.
- La fonction publique a-t-elle encore trop d’aversion pour le
risque?
- À mon avis, nous devrons nous pencher davantage sur cette question.
- L’innovation est la clé du succès dans l’économie du savoir. La
fonction publique doit continuer de jouer un rôle important dans cette
économie si elle veut tirer son épingle du jeu.
- Parce que nos ressources sont limitées, nous devons inciter nos gens à
essayer de nouvelles approches afin d’obtenir de meilleurs résultats au
regard de l’effort financier consenti.
- Cela dit, les gens ne sont pas prêts à prendre des risques sans filet
de sécurité.
- Cela nous ramène à la question de l’équilibre entre les résultats
et la gestion prudente.
- Idéalement, il faudrait que le gouvernement adopte une nouvelle façon
de concevoir la responsabilité ministérielle et accepte de prendre
certains risques à l’occasion.
- Avec le temps, il faudra modifier les règles pour permettre plus de
flexibilité dans la gestion des risques. D’après vous, la vitesse à
laquelle nous nous tournons vers la gestion des risques est-elle
adéquate ou trop rapide?
- Il nous faut un système qui valorise davantage l’innovation tout en
permettant aux employés de première ligne d’avoir plus d’autonomie
dans l’exercice de leurs fonctions.
- Il nous faut un système qui vous amène à assumer une plus grande part
de responsabilités dans la gestion des risques.
- Nous devons donner à nos employés de première ligne la liberté d’action
dont ils ont besoin pour bien servir le public, avec le pouvoir de décision
que cela suppose en matière de finances.
- Nos employés feront des erreurs : cela est inévitable. Mais nous devons
les soutenir s’il leur arrive de prendre une mauvaise décision ou d’obtenir
des résultats qui ne sont pas ceux que nous attendions.
- Heureusement, la technologie est là pour faciliter la délégation et le
suivi.
- Pour atteindre nos objectifs, nous devrons tous penser autrement et
utiliser les nouveaux systèmes et les nouvelles technologies avec plus d’efficacité.
- C’est là le but visé par l’initiative du Gouvernement
électronique.
- Le gouvernement électronique, c’est bien plus que l’accès aux
renseignements en ligne.
- Le gouvernement électronique aura une incidence réelle sur notre
façon de travailler avec la clientèle, les partis intéressés et les
citoyens.
- Le gouvernement électronique facilitera la gestion, y compris la
gestion financière, en temps réel et avec toute l’information
voulue.
- Le gouvernement électronique aura pour effet d’accélérer le
processus décisionnel et de remettre en question les structures
traditionnelles de décision pyramidales.
- Comme vous pouvez le constater, nous avons du pain sur la planche.
- Même si nous passons beaucoup de temps à parler de technologie dans
le secteur des politiques et des programmes, nous savons que toute
démarche constructive dans ce domaine doit s’appuyer sur l’élément
humain.
- La bonne gestion des ressources humaines est étroitement liée à la
bonne gestion financière.
IV. Les ressources humaines et l’élément humain
- Cela m’amène à ma quatrième et dernière question : les ressources
humaines et l’élément humain.
- Je sais que, grâce à votre appui, plusieurs mesures sont prises pour
favoriser le développement de la collectivité des agents financiers.
- Au vu de cette priorité, le greffier du Conseil privé a mis sur pied
trois comités des sous-ministres à qui il a demandé d’étudier les possibilités qui
s’offrent à nous.
- Les gestionnaires financiers, comme les autres gestionnaires, ont besoin
d’un programme de recrutement pour assurer la relève, de recevoir une
aide pour assurer leur apprentissage et d’un milieu de travail
accueillant.
- Mais pour véritablement aider nos gens, nous devrons penser
différemment.
- Nous devrons faire preuve d’imagination pour déterminer ce que
nous voulons vraiment accomplir et ce dont nous aurons besoin pour y
parvenir.
- Nous devrons trouver des idées nouvelles qui permettent d’équilibrer
vie professionnelle et vie familiale.
- Je crois comprendre que le thème des ressources humaines a été
largement discuté lors de la Conférence des agents financiers supérieurs
à temps plein qui s’est déroulée il y a quelques semaines, et que des
débats animés ont eu lieu notamment sur la norme générale de
classification et le recrutement.
- Je vous invite tous à continuer de faire avancer les dossiers du
recrutement, du maintien en poste et du perfectionnement.
- Le recrutement et le maintien en poste sont des défis de taille;
vous devez examiner ce que vous pouvez faire dès maintenant et mettre
en place un plan d’action.
- Nous avons là une excellente occasion d’améliorer la
représentativité de la collectivité des finances et d’accroître la
diversité.
- J’aimerais beaucoup entendre ce que vous avez à dire au sujet de ces
dossiers.
Conclusion
- Toutes les questions dont je viens de parler ne trouveront pas de
solution du jour au lendemain. Mais des changements, il y en aura, qu’on
le veuille ou non.
- Nous devons faire face à cette réalité et relever les défis tous
ensemble et non pas individuellement dans chacun de nos ministères ou dans
chacune de nos divisions.
- Les projets pilotes liés à la modernisation de la fonction de
contrôleur ont révélé que les gens font preuve de détermination et que
des progrès très encourageants ont été réalisés.
- Nous devons continuer sur cette lancée et poursuivre les réformes.
- Il y a de l’enthousiasme dans l’air et nous devons en profiter.
- En tant que cadres supérieurs, vous êtes invités à montrer la voie à
suivre.
- Et à cet égard, je suis persuadé que nous sommes entre bonnes mains.
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