Notes pour une allocution de
Mel Cappe
Greffier du Conseil privé et Secrétaire du Cabinet
à la
Semaine de la technologie dans
l’administration gouvernementale
Ottawa (Ontario)
Le 2 octobre 2000
Le texte prononcé fait foi
Bonjour. Encore une fois, j’ai le plaisir de participer au lancement officiel de la Semaine de la technologie dans l’administration gouvernementale. C’est l’occasion idéale pour nous de considérer nos choix et notre potentiel. Grâce à Industrie Canada, je sais que mon intervention est télédiffusée sur le Web pour le bénéfice de ceux et celles qui ne peuvent être ici aujourd’hui. Je précise que je renonce à tout droit sur ces observations; je ne me préoccuperai pas des redevances pour droits d’auteur. Allez-y! Téléchargez le fichier MP3 de mes observations, gravez-le sur vos propres CD et commercialisez-les en direct. Après tout, je cherche un auditoire, le plus vaste possible pour mes messages sur le gouvernement branché.
Ce matin, je parlerai d’abord de la valeur de cet événement pour tous les fonctionnaires. Ensuite, j’aborderai la façon dont l’initiative de Gouvernement en direct s’insère dans l’engagement qui a été pris d’une façon générale de mettre en place un gouvernement branché. Nous sommes déjà bien engagés sur la voie du succès avec cette initiative Gouvernement en direct.
Je veux aussi faire état de certains défis de taille qui se posent à nous pour respecter l’échéance de 2004 pour le Gouvernement en direct. En dernier lieu, je m’attarderai à l’après 2004. Je veux commenter la transformation que représente l’idée de gouvernement branché. Celle-ci est essentielle pour que le Canada atteigne ses objectifs au XXIe siècle. Les fonctionnaires doivent la préparer avec soin.
J’ai deux messages clés à vous livrer aujourd’hui. Premièrement, le gouvernement branché est essentiel pour améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens et maintenir le pays à l’avant-garde de la révolution du savoir. Deuxièmement, pour que le gouvernement branché devienne réalité, il faudra un effort concerté — et nous avons tous un rôle à jouer.
Le sens de la Semaine de la technologie dans l’administration gouvernementale
Je vous parlerai d’abord du sens de la Semaine de la technologie dans l’administration gouvernementale, dont je suis un ardent partisan. En pensant à mes observations d’aujourd’hui, je me suis rendu compte que je participe à la Semaine de la technologie depuis le début des années 90.
Par le passé, l’auditoire était surtout constitué de « catalyseurs », comme le disait avec fierté Richard Manicom en parlant de ses collaborateurs. J’ai donc pris la décision récemment de dire aux sous-ministres qu’ils devraient inciter leurs responsables des programmes, des politiques et des services à y assister. Une visite de l’exposition leur permettra d’avoir une idée de la façon de modifier leurs activités et d’améliorer la prestation de leurs services. Ils pourront ainsi bien sentir à quel point la technologie disponible peut les aider à améliorer leur travail et leur façon de l’exécuter.
Il y a beaucoup de choix parmi les trois grands volets de la Semaine de la technologie. On me dit d’ailleurs que les organisateurs s’attendent à ce que le Forum et son programme de développement professionnel attirent à eux seuls 1 500 personnes. Il y aura également 8 500 visiteurs à l’Exposition GTEC, qui réunira 600 exposants des secteurs public et privé.
Évidemment, un des événements importants est le Gala de remise des prix de distinction qui a lieu ce soir. Je le considère comme une espèce de « jeux olympiques » de la technologie pour les gouvernements au Canada. Quatre-vingt-neuf fonctionnaires de tous les paliers de gouvernement seront honorés. Quelque 43 médailles seront remises aux personnes et aux équipes les plus remarquables.
J’ai toujours manifesté vigoureusement mon enthousiasme lors de ces galas. Pourquoi? Parce que je suis fier de ceux et celles dont le travail acharné ainsi que l’esprit d’innovation et la créativité leur ont valu ces prix. Nous méritons bien de célébrer ce genre de réalisations, et elles sont nombreuses.
Bien sûr, la Semaine de la technologie est une vitrine pour montrer comment tous les paliers de gouvernement mettent la technologie au service des citoyens, en plus de mettre la technologie au service des partenariats intergouvernementaux et intragouvernementaux. La participation des provinces et des municipalités à la Semaine de la technologie de 2000 sera plus importante que jamais auparavant, et mettra en vedette les innovations technologiques du gouvernement du Manitoba.
Il ne s’agit pas d’un événement qui se limite strictement au Canada. La participation internationale est également impressionnante. Un rapide coup d’œil au programme nous permet de constater que les visiteurs auront la chance d’entendre parler d’expériences novatrices qui se sont déroulées dans les secteurs publics du monde entier. Il y a la présence de délégations de plus de 25 pays venues apprendre ce qui se fait au Canada et partager avec nous les bienfaits que les administrations publiques peuvent tirer de la technologie moderne.
J’aimerais notamment souhaiter la bienvenue aux 26 délégués de divers pays qui sont ici pour participer au Programme de gestion de l’information stratégique, parrainé par l’Agence canadienne de développement international.
Je souhaite également la bienvenue aux 18 délégués venus du Brésil, et plus particulièrement au représentant de TV Ventura. Le Consulat général du Canada à São Paulo a choisi TV Ventura comme lauréat de l’innovation en technologie de l’information dans le secteur public au Brésil, et le prix est un voyage à Ottawa. Félicitations.
Le gouvernement branché - Une aventure bien engagée
Un aspect intéressant de la Semaine de la technologie est la façon dont elle correspond souvent aux grandes activités du gouvernement. Permettez-moi de passer à l’une des plus importantes de ces activités, le volet Gouvernement en direct de notre grand projet de gouvernement branché.
Juste avant la Semaine de la technologie dans l’administration gouvernementale de 1999, le gouvernement du Canada a pris un engagement important dans le discours du Trône.
Le gouvernement deviendra un utilisateur modèle des technologies de l’information et d’Internet. D’ici 2004, nous voulons être connus dans le monde entier comme le gouvernement le mieux branché avec ses citoyens. Les Canadiens et les Canadiennes auront accès à toute l’information et à tous les services gouvernementaux en direct, à l’endroit et au moment qui leur conviennent.
Lors du lancement du programme Gouvernement en direct, la plupart d’entre vous se sont dit, du moins je l’espère, « il est grand temps! » De fait, certains se sont sans doute demandés pourquoi le programme était étalé sur cinq ans. Pourquoi une si longue période? À plusieurs égards, ce n’est pas là un record mondial ni une performance digne d’une médaille d’or. Dans le secteur privé, un tel délai serait ridiculement long. Si une banque annonçait qu’elle serait entièrement branchée dans un délai de cinq ans, les marchés réduiraient la valeur de ses actions et les actionnaires seraient au désespoir. Et pourtant, on nous félicite de nous être fixé cet objectif.
En outre, nous avons eu une influence sur d’autres gouvernements. Le gouvernement du Royaume-Uni avait déjà fixé à 2008 son échéance pour le service en direct. Quand nous avons annoncé notre échéance de 2004, il a avancé la sienne à 2005.
Je tiens à apporter deux précisions concernant l’échéance de 2004. Premièrement, nous disposons d’une assise impressionnante : nous ne partons pas de rien. Dans la course à l’échéance de 2004, nous avons une bonne longueur d’avance. Deuxièmement, l’importance des autres défis à relever explique que nous ayons un plan sur cinq ans, et pourquoi nous pouvons parler d’un plan très ambitieux. Ces nombreux défis signifient qu’il ne s’agit pas d’un sprint; nous sommes plutôt engagés dans un triathlon.
Permettez-moi donc de parler d’abord des atouts impressionnants dont nous disposons. Nous avons déjà d’excellentes assises pour des services gouvernementaux en ligne. Il y a de nombreux projets réalisés jusqu’ici. Nous avons été les premiers à brancher toutes nos écoles et nos bibliothèques à l’Internet. Nous avons mis en place un vaste réseau d’accès public pour les Canadiens. Nous avons conçu des politiques et mis en place des mécanismes qui nous aideront à progresser vers le gouvernement en direct.
De nombreux renseignements gouvernementaux sont déjà en ligne. Les Canadiens ont accès à plus de 450 sites fédéraux à partir du site du gouvernement du Canada. Nos prévisions de la météo, nos renseignements sur la santé, nos offres d’emploi et beaucoup d’autres renseignements sont présentés en ligne.
Nous avons insisté pour afficher un contenu culturel et scientifique sur la toile. On peut voir en direct non seulement ce qui se trouve dans nos musées mais aussi des choses qui ne sont pas montrées régulièrement aux visiteurs.
Les déclarations de revenu en ligne sont devenues l’un de nos plus gros services en ligne. L’an dernier, 3,8 millions de Canadiens ont été invités à présenter leur déclaration au moyen de l’Internet. J’ai moi-même fait partie de ceux qui ont répondu à cette invitation.
Le gouvernement branché - les questions qui se poseront
Cela dit, j’en viens maintenant à mon deuxième point : les défis que nous devrons relever pour respecter l’échéance de 2004. Il y a quelques moments, j’ai dit que plusieurs d’entre vous pensiez en termes de « temps » face à l’échéance de 2004. Mais je sais aussi que plusieurs dirigeants, gestionnaires et spécialistes de la technologie se sont inquiétés. Ils se sont demandé : Comment allons-nous offrir tous nos programmes et services en ligne? Comment pourrons-nous administrer des programmes de prestations complexes en ligne? Comment parviendrons-nous à intégrer toutes nos technologies? Comment pourrons-nous gérer la prestation des services par des canaux multiples tout en respectant des critères d’uniformité pour la qualité et le contenu? Comment pourrons-nous répondre aux attentes en matière de service dans les deux langues officielles ou à celles des personnes handicapées?
Une bonne partie des défis que nous devons relever sont liés aux attentes très fortes des Canadiens et au très faible niveau de risque qu’ils sont disposés à accepter, particulièrement en ce qui a trait aux questions de sécurité et de protection des renseignements personnels.
Nous devons montrer aux Canadiens que leurs transactions électroniques avec le gouvernement seront protégées, que les renseignements qui les concernent personnellement seront protégés et que les programmes seront à l’abri des abus.
Les Canadiens veulent savoir que nous nous préoccupons constamment d’éviter qu’un jeune pirate informatique de 14 ans quelque part en Europe ou ailleurs ne puisse profiter de prestations parce qu’il a déjoué nos ordinateurs en leur faisant croire qu’il a 80 ans et qu’il est la veuve d’un ancien combattant. Ils veulent être rassurés que quelqu’un de 17 ans quelque part en Asie ou ailleurs ne peut accéder aux données sur le revenu personnel de milliers de Canadiens.
J’ai mentionné que 3,8 millions de Canadiens avaient été invités à présenter leur déclaration au moyen de l’Internet l’an dernier, mais moins d’un million ont répondu à l’invitation. Pourquoi? Ils veulent être protégés.
Et ils ont tout à fait raison. C’est pour cela que nous travaillons ferme pour régler ces problèmes et d’autres aussi. Par exemple, l’Agence des douanes et du revenu du Canada jouit d’une très solide réputation auprès du secteur privé du Canada pour ce qui est de la sécurité et de la protection des renseignements.
Nous devons également aborder les défis associés à la rapidité du service. Tout comme les anciens records olympiques nous paraissent assez modestes par rapport aux performances d’aujourd’hui, les attentes d’hier en matière de rapidité du service étaient beaucoup moins élevées qu’elles ne le sont aujourd’hui.
Les Canadiens qui nous envoient des courriels s’attendent à une réponse dans les heures qui suivent, contrairement à ceux qui passent par la poste. Nos processus ne sont pas axés sur ce type de réponse, mais nous devons trouver des façons de nous rapprocher des attentes du public sans pour autant négliger l’importance de bien préparer nos réponses.
Les fonctionnaires peuvent-ils résoudre ces problèmes et relever bien d’autres défis afin d’atteindre les objectifs du gouvernement en direct? Bien évidemment, nous le pouvons, comme nous l’avons fait pour le passage à l’an 2000. Les assises existent déjà, et la réflexion et la mise à l’essai sont en cours. Nous travaillons avec des fournisseurs et des partenaires du secteur privé qui possèdent l’expérience dont nous avons besoin. Notre défi sera d’engager tous les fonctionnaires dans cette initiative, particulièrement aux niveaux les plus élevés. En effet, il est question des éléments de base à mettre en place et de la façon de le faire. Il ne s’agit pas seulement de questions techniques.
Le gouvernement branché – Travail d’équipe et leadership afin d’obtenir des résultats
Nous avons beaucoup travaillé depuis un an pour implanter le Gouvernement en direct et pour résoudre les problèmes qui se poseront sur le chemin qui mène à la réussite. Linda Lizotte-McPherson a accompli un énorme travail quand elle était dirigeante principale de l’information, afin de sensibiliser la fonction publique, et surtout ses leaders, à la tâche qui nous attendait et à l’impact que nous pouvions avoir. Michelle d’Auray a pris la relève. Elle est bien engagée et son expérience va être profitable. Elle en dira davantage sur son travail cet après-midi.
Pour les appuyer, nous avons créé une vaste structure de gouvernance par l’entremise du SCGI1. Le SCGI a été dirigé par des sous-ministres de premier plan dont l’appui et l’engagement ont joué un rôle important (Georgina Wyman, Andy Macdonald, Peter Harder, Ian Glen, Kevin Lynch et moi-même). Alex Himelfarb dirige maintenant le SCGI et veille à ce que nous avancions ensemble vers 2004 et au-delà. Ce groupe de sous-ministres fait office d’entraîneurs, et ils surveillent les progrès d’une série de projets éclaireurs qui nous aideront à tester nos idées et nos approches.
Ce n’est qu’une partie des travaux en cours actuellement. Les sous-ministres se sont également engagés dans des initiatives horizontales visant à regrouper les services en ligne de nombreux ministères. Les particuliers, les entreprises et de nombreux groupes de clients trouveront ainsi plus facilement ce qu’ils cherchent.
Dans le cadre du suivi concernant cette priorité, la plupart des objectifs de rendement des sous-ministres reflètent les engagements relatifs au Gouvernement en direct. Les ministères ont des plans précis qui visent d’abord les services qui ont le plus d’importance pour les Canadiens.
Nous mettons en place les outils, y compris l’accès à l’Internet. Les Canadiens se branchent à un rythme incroyable, soit près de sept personnes à la seconde. Selon les prévisions actuelles, 80 p. 100 des Canadiens seront branchés d’ici 2002. Par contre, seulement 50 p. 100 de nos fonctionnaires ont accès à l’Internet. La situation doit changer, de même que les outils qui leur permettent de profiter efficacement de cet accès. Nous devrons nous assurer que tous les fonctionnaires auront accès aux mêmes renseignements que les Canadiens.
Le gouvernement branché - La grande transformation
Je suis convaincu que nous pouvons respecter l’engagement d’offrir des services en ligne d’ici 2004. Mais cela n’est pas la même chose que le gouvernement branché. Le concept de gouvernement branché est plus vaste. La notion de « gouvernement branché » va bien au delà de la numérisation des services, ou de l’accès en ligne à des formulaires, à des outils, à des bases de données et même à des transactions.
La notion de « gouvernement branché » suppose aussi que nous repensions notre façon de travailler et d’interagir avec les citoyens, compte tenu de la nouvelle technologie disponible. Cela représente une évolution majeure de ce que nous faisons pour les citoyens, de la façon dont nous travaillons avec eux et de la façon de faire notre travail. Cela représente aussi une transformation de notre main-d’oeuvre afin que chacun devienne un travailleur du savoir et non seulement quelqu’un qui répond à une définition étroite quelconque. Nous avons l’occasion de faire un pas de géant afin d’améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens et de maintenir le Canada à l’avant-garde de la révolution du savoir.
Reg Alcock, député de Winnipeg-Sud, l’a bien dit, « le gouvernement doit innover et non seulement automatiser ». Cette phrase illustre bien notre défie : automatiser est relativement simple, alors qu’innover l’est moins.
Je pourrais vous entretenir longuement sur ce sujet. Je me contenterai de vous rappeler les questions qui se posent quand on cherche à imaginer le type de transformations qui se cachent derrière la notion de gouvernement branché.
Premièrement, soyons clairs en ce qui a trait à l’ampleur de la transformation. Nous semblons nous acheminer vers un nouveau paradigme de gouvernance. Je déteste vraiment ce cliché, mais à l’occasion, même le plus gros cliché finit par s’imposer. C’est le cas ici.
Quand Thomas Kuhn a élaboré le concept de changement de paradigme, il y a 40 ans, il pensait aux révolutions scientifiques. Il ne se limitait pas à la simple évolution de la façon de voir le monde. Il imaginait un bond fondamental par rapport à la façon acceptée de voir les choses, le passage à une toute nouvelle façon de voir : quand on est passé d’une science qui considérait que l’univers était centré sur la terre à une vision de la terre qui gravite autour du soleil, par exemple. Cela a profondément modifié les modes de pensée et les perceptions, que l’on soit scientifique ou simple citoyen.
Le même changement de paradigme pourrait s’appliquer au gouvernement, dans un monde où l’information est plus disponible et plus accessible que jamais et où les attentes des citoyens en matière d’accès et de communications sont bien différentes de ce qu’elles étaient.
De nos jours, les fonctionnaires sont très axés sur leur direction générale et leur ministère. Même si la collaboration horizontale est plus grande que jamais, notre paradigme est habituellement ministériel ou même axé sur un programme en particulier. Les gens considèrent d’abord les échelons supérieurs et inférieurs de la hiérarchie. L’information et les points de vue ne sont donc pas communiqués ou échangés facilement entre les ministères ou à l’échelle du gouvernement.
Ce paradigme influe même sur nos rapports avec les citoyens. Nos services de première ligne ne sont pas vraiment orientés vers l’intégralité de la personne. Nous faisons affaire avec les gens en fonction du mandat des ministères ou des programmes.
L’expérience des nouvelles technologies montre que nous devons remettre en question cette façon de procéder. L’information est échangée et utilisée plus facilement, la collaboration n’est plus limitée par l’espace ou par le temps. Les citoyens ont accès à plus d’information, qui provient d’un plus grand nombre de sources, et ils veulent avoir davantage accès aux décisions. Les parlementaires constatent déjà cette demande croissante, et nous aussi. Et en implantant les changements, il faut respecter les députés et leurs rôles, sans pour autant avoir recours à la désintermédiation des élus.
Que signifie tout cela? De quoi le gouvernement branché aura-t-il l’air? Comment modifiera-t-il le fonctionnement de l’État? Il n’y a pas de réponse claire.
L’évolution de la technologie au cours de la dernière décennie nous enseigne qu’il n’y a pas d’état final et qu’il n’est pas vraiment utile d’en trouver un. Mais nous pouvons viser un certain horizon pour orienter nos efforts. Nous sommes un peu comme un marathonien, mais sans parcours défini. Et comme tout coureur qui vise un point à l’horizon, certains détails sont précis, tandis que d’autres le deviendront à mesure qu’il se rapprochera du but. Malheureusement, cet horizon est fuyant et il n’y a pas de point d’arrivée.
Dans les circonstances, qu’est-ce qui est clair? Premièrement, nous devons continuer d’abattre les obstacles au sein de l’appareil gouvernemental et entre les gouvernements. Nous devons élaborer des structures plus horizontales et plus souples. Nous devons mettre en place des systèmes de récompense qui stimulent le travail en équipe et la réflexion horizontale.
Deuxièmement, nous devons nous assurer que nos cadres stratégiques, juridiques et réglementaires sont ouverts à tout changement qui pourrait survenir, afin de faciliter la mise en oeuvre du gouvernement branché.
Troisièmement, nous devons nous assurer que le gouvernement branché, y compris toute ouverture des processus d’élaboration de politique, est véritablement accessible à tous les Canadiens et non seulement aux adeptes du numérique. Nous devons agir comme des leaders pour faire en sorte que tous les Canadiens participent à l’économie et à la société du savoir, conformément aux engagements du gouvernement en matière de qualité de vie.
Quatrièmement, nous devons avoir conscience que notre réflexion sur ces questions, et sur d’autres questions aussi, devra s’harmoniser avec les valeurs de la fonction publique : respect démocratique du parlement, professionnalisme de notre personnel, éthique des fonctionnaires et, surtout, respect de notre personnel.
Il faut éviter de nous laisser entraîner par la technologie. Notre rôle et nos capacités doivent servir à trouver les façons dont la technologie pourrait nous aider à atteindre nos objectifs. Nous devons aider à définir les types de solutions que nous voulons. De fait, nous n’avons pas besoin des outils technologiques les plus reluisants et les meilleurs qui soient; nous avons surtout besoin de nous concentrer sur la meilleure façon d’utiliser ces outils.
Bref, nous devons décider comment la technologie doit nous aider à servir les Canadiens.
Les personnes sont au coeur de l’évolution vers un gouvernement branché
Si nous voulons que le Canada soit un leader, non seulement sur le plan national ou dans le secteur public, mais bien un véritable leader, nous devons nous concentrer sur les personnes qui effectueront le passage des anciennes façons de faire aux nouvelles. Après tout, les gens ne sont pas tous impressionnés par le potentiel des nouvelles technologies ni convaincus de la nécessité de modifier ce qui existe déjà.
Il nous faut des défenseurs plus assurés, y compris des personnes qui peuvent faire des choix et prendre des mesures intelligentes et réfléchies. À cette fin, nous avons besoin de personnes qui sont bien conscientes que la notion de « branché » ne se limite pas à l’aspect « électronique ». Il n’est pas uniquement question d’outils et de machines.
Nous avons besoin de personnes qui savent que le gouvernement « branché » est aussi un gouvernement prêt à toutes les éventualités, une institution résolument moderne capable de relever les défis du XXIe siècle, formée de personnes conscientes de ce que la technologie peut faire pour nous aider à relever les défis quotidiens qui se posent à la qualité de vie, et déterminées à mettre la technologie et ses applications à notre service.
Un gouvernement « prêt à toute éventualité » s’assurera que nos fonctionnaires ont les bonnes compétences — je les appelle des « fonctionnaires sans frontières » — et peut-être aussi un ensemble de compétences différentes de ce que nous attendons d’eux aujourd’hui. Il aura les outils et les connaissances voulues pour ces fonctionnaires et investira constamment dans ces outils et ces connaissances.
Un gouvernements « prêt à toute éventualité » sera attentif et ouvert à l’évolution des besoins des citoyens et des parlementaires dans un monde où les citoyens peuvent avoir davantage de contacts enrichissants avec leurs représentants élus, leur gouvernement et leur fonction publique.
Il fera preuve de souplesse et de réceptivité et saura fonctionner « à la vitesse de l’intérêt du public », comme Bill Gates l’a écrit en parlant des affaires « menées à la vitesse de la pensée ». Il continuera de développer la fière tradition des valeurs de notre fonction publique. Il continuera de servir les Canadiens et les Canadiennes avec professionnalisme et intégrité.
Pour y parvenir, nous devons continuer de porter attention aux questions qui concernent nos fonctionnaires et leurs lieux de travail. Nous devons repenser notre façon de gérer dans une fonction publique plus diversifiée et beaucoup plus représentative des Canadiens qu’elle sert. Il faudra porter une grande attention au recrutement, au maintien en poste et à l’apprentissage dans un monde où le savoir et les idées évoluent à une vitesse encore jamais vue. Nous voulons que nos fonctionnaires soient à l’aise avec la technologie, et nous pouvons y parvenir.
Au coeur même de cette notion de gouvernement branché, de gouvernement « prêt à tout », il y a l’élément humain, primordial. Parce qu’il nous est impossible de dire avec exactitude vers quoi nous nous en allons, nous devons pouvoir compter sur des gens capables de nous mener à bon port et de faire en sorte que nous empruntions la bonne voie pour la fonction publique du Canada, afin que tous les Canadiens puissent bénéficier d’un gouvernement branché.
Conclusion
En 2004, il y aura de nouveaux héros et de nouveaux exploits olympiques, et nous assisterons aussi à la culmination de notre programme de Gouvernement en direct.
À la manière des milliers d’athlètes qui sont déjà à l’entraînement en vue des Jeux d’Athènes, qui auront lieu dans quatre ans, nous travaillons à mériter cette année-là les plus hauts honneurs en matière de gouvernement branché.
Ce jour-là, nous serons en mesure d’offrir le type de gouvernement branché qui contribue à améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens et qui maintienne le Canada à l’avant-garde de la révolution du savoir. Nous le ferons grâce à un effort concerté de tous les éléments de la fonction publique et avec la contribution de nos partenaires de la société canadienne.
Je suis déterminé à atteindre ces objectifs. Je m’attends à la même détermination chez les leaders de tous les niveaux, dans toutes les régions et dans tous les ministères, en collaboration avec les autres paliers de gouvernement, les secteurs privé et bénévole, afin que nos objectifs deviennent réalité.
C’est pour cette raison que des événements comme celui-ci sont trop importants et trop riches d’enseignements pour que ceux qui s’occupent des politiques, des services et des programmes les ratent. Nous avons besoin de tout le monde pour réaliser le potentiel de la technologie comme catalyseur permettant de transformer notre façon de servir les Canadiens – de donner aux Canadiens l’information et les services dont ils ont besoin, quand et où ils en ont besoin.
Nous avons besoin dans la fonction publique de leaders compétents et d’esprit ouvert. Nous sommes déterminés à aider les fonctionnaires à relever les défis qui se poseront d’ici 2004, et par la suite.
Au cours des jours qui viennent, je sais que chacun de vous profitera de la conférence pour se renseigner sur les technologies naissantes et sur les approches qui nous aideront à atteindre nos objectifs. Et j’espère que vous saurez ramener ces acquis dans vos ministères respectifs et les partager avec vos collègues.
Je compte sur chacun de vous pour continuer d’aller de l’avant et d’innover, afin que le gouvernement soit en ligne en 2004, et afin d’ouvrir les esprits au nouveau monde du gouvernement branché au delà de 2004.
Merci.
1 | SCGI est le Sous-comité du Comité consultatif du Secrétariat du Conseil du Trésor sur la gestion de l’information. |