« Réaliser le cybergouvernement : un défi à relever »
Notes pour le discours d'ouverture de
M. Mel Cappe,
greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet,
à
l'occasion
de la conférence donnée dans le cadre de la Semaine de la technologie dans
l'administration gouvernementale 2001
le 15 octobre 2001
Introduction
- Nous sommes en 2001. En revenant sur les mois écoulés, il apparaît que
cette année restera dans nos mémoires comme celle où le monde a fixé son
attention sur le terrorisme.
- En préparant mon discours, je me suis mis à réfléchir au rôle de la
technologie dans cette guerre.
- La semaine dernière, un article du Globe and Mail parlait de la facilité
avec laquelle on pouvait localiser les installations d'alerte-radar
nordiques et les centrales nucléaires du Canada avec l'Internet.
Lorsque des renseignements de cette nature sont à la disposition de tous
ceux qui ont accès à l'Internet, qu'advient-il de la sécurité nationale?
- Je suis certain que, tout au long de la conférence, nombre d'entre vous réfléchirez
à cette nouvelle réalité et à ses implications pour chacun d'entre nous.
- 2001 est également l'année où Sir Arthur C. Clarke, auteur du livre
2001, l'Odyssée de l'espace, a imaginé que nous voyagions sur Jupiter et
Saturne, accompagnés de HAL - un ordinateur capable d'éprouver des
sentiments et de dépasser l'intelligence humaine.
- En réfléchissant à ses prédictions je me suis demandé : quels sont
nos progrès réels?
- À maints égards, nous avons fait du chemin. Par exemple, qui aurait cru
dans les années 1960 que nous pourrions faire nos opérations bancaires et
payer nos comptes par téléphone ou par ordinateur, expédier notre déclaration
de revenus en direct, nous promener avec un téléphone mobile et faire des
transactions en bourse avec un sans-fil?
- Or, c'est la réalité aujourd'hui! Mais, à de nombreux autres égards,
nous avons encore du chemin à faire.
- La Semaine de la technologie dans l'administration gouvernementale a, elle
aussi, fait beaucoup de chemin. Aujourd'hui, tous les ordres de gouvernement
participent à la conférence. Les provinces et les municipalités seront en
effet plus présentes que jamais cette année.
- L'Île-du-Prince-Édouard et Ottawa seront, respectivement, la
province et la municipalité vedettes de l'édition 2001.
- La conférence reçoit en outre une attention grandissante sur la scène
internationale. Nous sommes fiers d'accueillir cette année l'Australie
comme premier pays vedette de cette rencontre, ainsi que plus de 40 autres
pays.
- La Semaine de la technologie dans l'administration gouvernementale 2001
accueille aussi, pour la première fois, un forum international sur la façon
de combler le fossé numérique.
- Le forum rassemblera des hauts fonctionnaires du monde entier venus échanger
de l'information sur les défis que pose le fossé numérique et sur les
diverses initiatives nationales mises en oeuvre pour le combler.
- En assumant la présidence du G8 en 2002, le Canada s'est engagé à
contribuer aux efforts visant à combler le fossé numérique et a
accepté de diriger les travaux de suivi du Groupe d'experts du G8 sur
l'accès aux nouvelles technologies (GEANT).
- Enfin, le gala des Prix de distinction sera l'un des points saillants de
la Semaine de la technologie.
- Ce soir, quelque 33 médailles seront décernées à des
fonctionnaires et à des groupes exceptionnels, fédéraux, provinciaux
et municipaux, qui, par leur leadership et leur excellence, ont favorisé
l'utilisation innovatrice de la technologie.
- Les prochains jours nous offrent une occasion idéale d'apprentissage afin
de partager nos expériences et nos réussites.
- Ce matin, on vous mettra au courant - à l'aide de démonstrations - des
exploits de notre pays dans l'espace. Vous entendrez aussi parler, au
cours des prochains jours, des progrès de la recherche sur le génome
humain et vous découvrirez aussi comment les technologies de l'information
aident nos troupes canadiennes déployées à l'étranger.
- Aujourd'hui, les administrations publiques au Canada et à l'échelle du
monde contribuent au cybergouvernement. « Réaliser le cybergouvernement :
un défi à relever » est donc un thème très pertinent pour cette conférence
puisqu'il reflète à la fois notre situation actuelle et les possibilités
de l'avenir.
- Cela m'amène à vous parler de mon principal message aujourd'hui : le
cybergouvernement n'est pas une mode! Au Canada, nous sommes déterminés à
en faire une réalité.
- Nous avons un projet, connu sous le nom de Gouvernement en direct
(GED), qui vise à offrir nos renseignements et nos services en direct
d'ici 2004. Nous sommes déjà bien partis pour y parvenir.
- Nous planifions également une transformation plus vaste encore, celle
du cybergouvernement.
- Les événements récents aux États-Unis ne font qu'accroître
l'importance pour nous de bâtir une fonction publique moderne et dynamique,
capable d'assurer de façon continue le bien-être de tous les citoyens, et
notre détermination à cet égard. Or le cybergouvernement constitue un élément
clé de nos efforts.
La place du Canada dans le contexte mondial du cybergouvernement
- Quelle place occupe le Canada dans le contexte mondial du
cybergouvernement?
- Dans son livre intitulé The Lexus and the Olive Tree, Thomas
Friedman soutient que dans le monde branché de demain, les gouvernements
seront soit des « inventeurs », soit des « imitateurs ».
- L'auteur avance également que, s'il sera essentiel d'être branché pour
entrer en concurrence avec les autres et connaître le succès, cela ne sera
pas suffisant en soi. Il affirme, et je cite :
- « Les mieux placés ne seront pas nécessairement ceux qui
seront les plus branchés, mais ceux qui feront preuve de plus
d'imagination pour trouver des moyens de réunir entreprises,
gouvernements, capital, information, consommateurs et gens talentueux au
sein de réseaux à valeur ajoutée. »
- Le Canada est en bonne position pour être un « inventeur » - pour
façonner notre avenir à l'aide des technologies et demeurer à
l'avant-garde en ce domaine.
- En fait, notre périple vers le cybergouvernement est déjà bien enclenché.
Je suis fier que l'initiative GED du gouvernement du Canada fait de notre
pays un leader dans le domaine de la prestation des services en direct.
- Selon un récent rapport Accenture, le Canada est le plus « novateur » parmi les 22 pays qui se sont engagés sur la voie des
services en direct.
- C'est un grand accomplissement, et je félicite tous ceux qui ont
contribué à le réaliser.
- Le défi maintenant est de rester un leader dans le domaine, ce qui
exigera un effort collectif et un engagement à continuer d'innover et
de créer.
- Être un « inventeur » dans un monde branché, cela veut dire faire
preuve d'innovation, de dynamisme et de créativité.
- Cela veut également dire que nous ne devons pas nous laisser mener
par la technologie. Nous devons plutôt trouver des façons de la mettre
à profit pour nous aider à atteindre nos objectifs, tout en respectant
les valeurs qui caractérisent la fonction publique.
- Souvenons-nous que le cybergouvernement est un concept plus large que
celui qui fonde le Gouvernement en direct. Il va au-delà de la prestation
des services en direct.
- Le cybergouvernement est davantage qu'un gouvernement numérique.
C'est un nouvelle forme de gouvernement.
- Pour moi, « cyber » traduit trois réalités :
- un gouvernement électronique (qui a recours à la technologie pour
gouverner);
- un gouvernement bien outillé (qui a ce qu'il faut pour atteindre ses
objectifs);
- un gouvernement dynamique (qui donne à ses citoyens les moyens d'agir et
facilite les relations entre ceux-ci et leurs élus).
Réaliser le cybergouvernement
- En 1999, lors du lancement de la Semaine de la technologie dans
l'administration gouvernementale, j'ai parlé de l'importance de
l'innovation, de la créativité et de la diffusion de la technologie pour
aider le Canada à demeurer à la fine pointe du progrès.
- L'an dernier, j'ai reparlé de l'importance des gens, du travail d'équipe
et de la collaboration comme d'éléments indispensables pour bâtir un
cybergouvernement.
- Le cybergouvernement est basé sur une fonction publique où les gens, de
façon continue, veulent innover et visent l'excellence.
- Pour encourager l'innovation et l'excellence que les citoyens et les
ministres attendent de nous, nous devrons :
- valoriser la culture et les compétences qui mènent à l'amélioration
des résultats;
- encourager la collaboration au sein du gouvernement, avec les autres
ordres de gouvernement, ainsi qu'avec les citoyens et les différents
secteurs de la société (dans le respect des responsabilités ministérielles);
- être constamment à l'affût des possibilités nouvelles, encourager et récompenser
l'innovation;
- encourager la prise de risques, en veillant à ce que les fonctionnaires
aient les outils, les compétences et le soutien nécessaires pour savoir
quels risques ils peuvent courir.
- L'esprit de collaboration au sein de la fonction publique du Canada n'a
jamais été aussi manifeste que lorsqu'un grand nombre de fonctionnaires
ont retroussé leurs manches pour régler les problèmes soulevés par les
événements tragiques du 11 septembre aux États-Unis.
- Mentionnons à titre d'exemple la création immédiate d'un lien «
Crise aux États-Unis » sur le site du Canada et de renseignements
similaires sur la ligne 1-800-O-Canada.
- Les principaux ministères et organismes ont uni leurs efforts
sur-le-champ pour fournir une multitude de renseignements en direct ou par téléphone
sur divers sujets comme les voyages à l'étranger, le temps d'attente aux
frontières et les mesures de sécurité.
- Cet exemple témoigne de notre capacité à trouver de nouvelles façons
de travailler ensemble afin de fournir aux Canadiens les renseignements et
les services dont ils ont besoin, et ce, de manière ponctuelle, accessible
et utile. Il montre en outre notre capacité à livrer les résultats même
dans les situations les plus difficiles.
- Les employés de la fonction publique fédéral ont également su
travailler de manière exemplaire avec leurs homologues provinciaux et
municipaux, ainsi qu'avec leurs autres partenaires, pour répondre aux
nombreux besoins du moment.
Défis pour les fonctionnaires
- Notre défi en tant que fonctionnaires est de nous préparer tout de suite
aux répercussions de la transition vers le cybergouvernement.
- Quelle valeur ajoutée pouvons-nous offrir, en tant que fonctionnaires,
dans un monde où tous peuvent avoir accès à la même information, sinon
à une meilleure information?
- Comment préserver la responsabilisation ministérielle, une pierre
d'angle du système britannique, dans un monde où les réseaux
d'information et la nature complexe des dossiers exigent que nous
travaillions de façon horizontale?
- Les gouvernements améliorant leurs façons de communiquer avec les
citoyens, comment nous assurer que les élus ne sont pas laissés en marge
du circuit?
- De quelle manière le cybergouvernement modifie-t-il la relation entre les
citoyens et le gouvernement? Quelles en sont les répercussions sur la
gouvernance et la démocratie?
- Si nous oeuvrons tous ensemble dans un milieu où la prise de décisions
est partagée, comment peut-on également partager les responsabilités?
Devons-nous le faire? Comment pouvons-nous définir la responsabilisation
dans le contexte actuel?
- Comment protéger les renseignements personnels et la sécurité?
- Comment assurer l'accès à tous les Canadiens et éviter de créer un
fossé numérique? Comment aider à combler ce fossé au niveau
mondial?
- Et, pendant que le cybergouvernement transforme le milieu de travail,
comment s'assurer que nous avons les personnes possédant les compétences
requises?
- Le cybergouvernement exige des « fonctionnaires sans frontières », des
gens capables de voir au-delà des ministères, des programmes et des autres
frontières; qui sont aptes à sortir des sentiers battus; qui situent les
problèmes dans un contexte élargi, à l'horizontale; qui comprennent que
l'information n'a d'utilité qu'une fois partagée; et qui sont conscients
que l'innovation passe par l'esprit de collaboration et le travail d'équipe.
- Le cybergouvernement est sans doute l'une des raisons les plus importantes
qui nous amène à promouvoir la modernisation de la gestion des ressources
humaines dans la fonction publique.
- Il est essentiel d'établir un cadre législatif et stratégique qui nous
permettra d'acquérir les compétences nécessaires pour devenir un
cybergouvernement.
- Nous voulons attirer, retenir et encourager les personnes qui nous
aideront à prendre ce virage vers le cybergouvernement.
Conclusion
- Lorsque je pense au chemin parcouru depuis l'avènement de la première
conférence de la technologie dans l'administration gouvernementale il y a
neuf ans, je ne peux m'empêcher de penser également à quoi ressemblera
cette conférence dans neuf ans.
- S'agira-t-il d'une réunion où l'on viendra en personne ou d'une réunion
virtuelle?
- La technologie devenant omniprésente, la conférence s'intitulera-t-elle
encore « la technologie dans l'administration gouvernementale »? Peut-être
devrions-nous commencer à parler de « l'administration gouvernementale
dans un monde technologique »?
- Quel sera le thème de la conférence? Peut-être s'agira-t-il d'une
version « Jetsons » de la Semaine de la technologie dans l'administration
gouvernementale ou d'une version Arthur C. Clarke, où
l'on mettra l'accent sur l'intelligence artificielle.
- HAL fera-t-il le discours d'ouverture?
- Et de quoi parlerons-nous? On peut imaginer des séances sur les sujets
suivants :
- Qui se souvient de l'époque où nous avions des directeurs principaux de
l'information?
- La démocratie en direct rend-elle le parlement superflu?
- Comment préserver les contacts humains dans un monde virtuel?
- Les ordinateurs éprouveront-ils quelques sentiments?
- Bien qu'il soit amusant de spéculer sur une conférence qui aura lieu
dans l'avenir, il n'en demeure pas moins que nul d'entre nous ne peut savoir
honnêtement à quoi le gouvernement ressemblera dans neuf ans.
- Nous savons toutefois que cybergouvernement est synonyme de transformation
- il transformera nos façons de travailler, de faire des affaires, de nous
organiser, de gérer, de mobiliser les citoyens et nos autres partenaires.
- Comme je l'ai mentionné au début, le cybergouvernement n'est pas une
mode! Au Canada, nous sommes déterminés à en faire une réalité.
- Nous sommes montés à bord du bateau pour y rester et nous sommes résolus
à passer au travers des changements que nécessite le passage à un
cybergouvernement.
- En bout de ligne nous attend un excellent gouvernement - un gouvernement
qui nous aidera à « inventer » l'avenir et non pas à nous y adapter.
- En fait, dans neuf ans, nous ne parlerons plus de cybergouvernement, car
ce sera « le » gouvernement.
- Avant de laisser ma place à notre conférencier invité, c'est avec
plaisir que je voudrais lancer la nouvelle version en direct d'Une journée
dans la vie de la fonction publique du Canada. Ce magazine a été créé
par le Réseau du leadership dans le but de faire le portrait des employés
de la fonction publique au travail et d'humaniser la fonction publique
canadienne.
- Le nouveau numéro est consacré au cybergouvernement. Le magazine présente
une foule de beaux exemples de travaux menés en collaboration par des
organismes et des ministères, divers ordres de gouvernement, et des
responsables syndicaux et patronaux.
- Le lancement de la troisième édition Internet du magazine est particulièrement
appropriée à la Semaine de la technologie dans l'administration
gouvernementale. J'espère que vous visiterez le site à www.leadership.gc.ca.
- Merci et bonne conférence.
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