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Allocution du greffier du Conseil privé et secrétaire du cabinet

Série de conférences d’automne à l’intention des anciens de McMaster

Ottawa, (Ontario)
26 octobre, 2006

Introduction

Merci Peter (George) pour cette aimable présentation.

Merci également à Eme Onuoha, qui m’a invité au nom des anciens de McMaster-Ottawa, à vous adresser la parole aujourd’hui et qui, avec de nombreuses autres personnes, a organisé l’activité qui nous réunit. C’est un véritable honneur pour moi et je vous remercie tous.

Comme bon nombre d’entre vous, je suis un fonctionnaire de carrière. Comme pour vous tous, l’Université McMaster m’a aidé à me préparer en vue de ma carrière. Une tâche à laquelle l’Université excelle.

Fermement enracinée dans une collectivité industrielle de la classe moyenne, McMaster illustre les meilleures valeurs qui se rattachent à notre système d’universités publiques – un enseignement rigoureux au premier cycle; des secteurs d’innovation et d’excellence ciblés aux niveaux des études et de la recherche aux deuxième et troisième cycles; le sentiment que les étudiants et le corps professoral font partie d’une collectivité intégrée axée sur l’apprentissage; et la transmission aux étudiants d’une ambition, celle de se mesurer au monde et de le transformer, ainsi que les outils éducatifs dont ils auront besoin pour ce faire.

Manifestement, McMaster a bénéficié d’étudiants talentueux, comme les personnes ici présentes le démontrent si amplement. Mais McMaster a aussi bénéficié de bons dirigeants, et jamais autant que sous la présidence de Peter George. Non seulement Peter a piloté la transformation continue de McMaster afin de répondre aux besoins changeants de ses étudiants, du personnel enseignant, de la collectivité et du pays, il a aussi joué un rôle de direction parmi les présidents d’universités en façonnant le débat public sur l’éducation postsecondaire au Canada. McMaster a beaucoup de chance d’avoir à la barre une personne aussi intelligente, visionnaire et dévouée que lui.

Les activités pour les anciens comme celle d’aujourd’hui sont importantes – non à cause de la sagesse de mes propos, soyez-en assurés, mais parce qu’elles nous rappellent le rôle crucial que jouent les universités dans la croissance et la réussite de notre pays. Ce sont les universités qui produisent nos travailleurs du savoir, qui forment nos dirigeants et qui créent en grande partie notre capital intellectuel. Ce sont des institutions clés dans leur collectivité et leur région, et sur le plan collectif, elles constituent une composante essentielle de l’infrastructure nationale d’une économie fondée sur le savoir et d’une société du XXIe siècle.

Par conséquent, les universités doivent être des intervenants de premier plan dans les grandes questions de politique générale qui se posent au Canada et dans la plupart des autres pays industrialisés – comment pouvons nous maintenir notre compétitivité, améliorer notre productivité, réagir devant les tendances démographiques et accroître notre niveau de vie au cours de la prochaine décennie dans un monde où la mondialisation s’accroît et dont la croissance est propulsée de plus en plus par la Chine, l’Inde et le Brésil?

Dans ce contexte, il y a un nombre de questions clés:

  • Quel est le rôle de la recherche et du développement, de l’innovation et des travailleurs hautement qualifiés, si nous voulons relever ces défis économiques? 
  • Sommes nous à la fine pointe de la recherche et du développement dans le secteur des technologies qui contribueront à transformer l’économie canadienne? 
  • Assurons-nous la mise en marché des résultats de la recherche de manière à traduire nos idées en revenus et en emplois? 
  • Pourquoi les travaux de recherche dans notre secteur privé accusent ils un aussi grand retard comparativement à la recherche financée par le secteur public? 
  • Globalement, de quelle façon le milieu universitaire peut il contribuer à répondre à ces questions et à affronter ces défis dans l’intérêt des Canadiennes et des Canadiens?

Cela dit, je voudrais aujourd’hui vous entretenir d’une autre institution….la fonction publique du Canada, et de l’importance d’une fonction publique solide, professionnelle et apolitique pour la réussite d’un pays. Je crois qu’il s’agit d’une question qui est trop souvent tenue pour acquise et trop peu discutée dans un pays fier de sa tradition d’administration des affaires publiques – qu’il s’agisse des forces armées, de la fonction publique ou des élus.

Je veux axer mes observations essentiellement sur quatre grands points :

  • Premièrement, les questions de politiques publiques sont importantes pour la prospérité d’un pays dans le contexte actuel de la mondialisation; 
  • Deuxièmement, la fonction publique est importante pour la performance d’un pays; 
  • Troisièmement, le renouvellement de la fonction publique est important pour garantir une fonction publique où règnent l’excellence et le leadership; et 
  • Quatrièmement, l’engagement et l’appui du secteur privé sont importants, pour les politiques publiques et la fonction publique.

Importance des politiques publiques

En premier lieu, les politiques publiques sont importantes. Pour tous les pays, petits et grands, la mondialisation et la révolution du savoir sont des réalités d’aujourd’hui. Elles changent de fond en comble la façon dont nous travaillons, vivons et interagissons.

Cependant, la mondialisation ne prédétermine pas les résultats économiques, sociaux et en matière de sécurité d’un pays : même si les politiques publiques et les institutions publiques peuvent dépendre dans une grande mesure de ces influences mondiales complexes, leur force revêt une grande importance.

Dans l’environnement mondial d’aujourd’hui, les pays comme le nôtre, qui sont relativement petits et très ouverts, doivent mieux comprendre les tendances, les enjeux et les débouchés mondiaux que leurs voisins de plus grande taille.

La prospérité du Canada dépendra de notre agilité et de notre souplesse, de notre capacité d’apprendre des autres, de notre capacité de canadianiser les meilleures pratiques mondiales et de notre volonté d’appliquer les bonnes politiques publiques au bon moment. Nous devons penser en fonction du monde pour réussir sur le plan intérieur.

Dans ce contexte, il est utile de faire un retour en arrière sur les 25 à 30 dernières années, et d’examiner la mesure dans laquelle les politiques publiques du Canada ont contribué à façonner le présent alors que la mondialisation changeait le contexte international. Il est utile aussi d’examiner la façon dont les universités ont contribué à définir les débats sur les politiques publiques et leurs résultats.

Permettez-moi de vous donner trois exemples éloquents :

  1. Au début des années 80, le déficit fédéral équivalait à plus de 4 % du PIB, la dette montait en flèche, les dépenses fédérales correspondaient à plus de 17 % de l’économie, les impôts augmentaient et le RPC/RRQ accusait un déficit. Aujourd’hui, le budget fédéral est équilibré (pour une neuvième fois consécutive), la dette est remboursée progressivement (81 milliards de dollars); les dépenses de l’État équivalent à 13 % de l’économie, les impôts diminuent et le régime national de pensions est sain sur le plan actuariel (pour 70 ans). 
  2. Il y a 25 ans, le Canada avait une économie de 250 milliards de dollars (américains), un déficit courant chronique, une dette extérieure qui augmentait rapidement, une réglementation lourde, un taux d’inflation élevé et changeant, et un important écart de productivité par rapport aux États-Unis. Aujourd’hui, l’économie canadienne atteint 1 billion et quart de dollars (américains), le Canada fait partie intégrante de l’ALÉNA, enregistre un excédent courant et a une dette extérieure plus faible que celle des États-Unis. Grâce à nos cibles d’inflation, nous avons connu pendant plus d’une décennie un taux d’inflation stable et faible et de bas taux d’intérêts. Mais l’écart de productivité freine encore notre pays. 
  3. Au début des années 80, les enjeux en matière de sécurité attribuables à la guerre froide et au terrorisme n’étaient pas une préoccupation mondiale, et nos dépenses au titre de la défense et de la sécurité affichaient une tendance à la baisse à long terme. Aujourd’hui, la guerre froide est terminée, le terrorisme international est notre principal défi en matière de sécurité, les budgets de la défense et de la sécurité augmentent, des Canadiens et des Canadiennes combattent en Afghanistan, et le contrôle sécuritaire et efficace de la frontière entre le Canada et les États-Unis constitue une question stratégique clé.

Importance de la fonction publique

Un élément se dégage de ces exemples : le fait que la politique générale peut influer profondément sur les perspectives actuelles et futures d’un pays. Et c’est la principale raison pour laquelle la fonction publique revêt autant d’importance – l’expérience partout dans le monde montre qu’il existe une étroite corrélation entre des politiques publiques judicieuses et une excellente fonction publique.

Dans son écrit intitulé The Lexus and the Olive Tree, Thomas Friedman soutient que dans le système mondialisé l’un des avantages concurrentiels les plus importants et les plus durables dont peut jouir un pays aujourd’hui, c’est une fonction publique réduite, efficace et honnête. En d’autres termes, la fonction publique revêt de l’importance, et une fonction publique efficace, efficiente et responsable peut faire partie des avantages comparatifs d’un pays.

Telle a certainement été l’expérience du Canada. En fait, les valeurs démocratiques, l’éthique de la recherche du bien public, le professionnalisme, l’impartialité politique et l’engagement qui caractérisent la fonction publique du Canada font ressortir son rôle en tant qu’institution nationale fondamentale.

Importance du renouvellement de la fonction publique

Le défi que pose le renouvellement de la fonction publique est bien réel. Par exemple :

  • Comme la population canadienne, la fonction publique vieillit, et à un rythme encore plus rapide. 
  • À l’instar de la main-d’œuvre canadienne, la fonction publique est de plus en plus diversifiée, mais des mesures doivent être prises pour mieux refléter cette diversité grandissante. 
  • Comme les employeurs, nous devons composer avec la nature évolutive du travail étant donné que la technologie est en train de changer complètement nos façons de faire les choses. 
  • Comme tous et chacun, nous devons faire face au marché du travail national le plus vigoureux des 30 dernières années, et de nombreuses perspectives s’offrent aux plus compétents. 
  • Parallèlement, les attentes de la population à l’égard de la fonction publique évoluent constamment : la responsabilisation, une gestion saine des fonds publics et des services essentiels efficaces constituent leurs priorités. 
  • De plus, « l’image de la fonction publique » est probablement moins claire et peut-être moins positive pour la population qu’elle ne l’était au cours des dernières décennies.

Dans ce grand contexte canadien, le profil démographique de la fonction publique fédérale est encore plus déconcertant. Aujourd’hui, 50 % des fonctionnaires ont entre 45 et 64 ans. Le vieillissement de l’effectif de la fonction publique se fait davantage sentir dans les échelons supérieurs: l’âge moyen des sous-ministres adjoints est de 53 ans, et celui des cadres supérieurs est de plus de 50 ans.

Avant de crier au désespoir devant le défi associé au renouvellement des effectifs, notons que la fonction publique dispose d’un avantage de taille – elle offre des emplois d’une diversité et d’un intérêt incomparables, ainsi que la perspective d’une carrière variée, à l’intérieur de la même institution. Notre « proposition de valeur » est la suivante: « Ces carrières sont sans pareilles! »

Par exemple, la fonction publique fédérale est le plus grand employeur au Canada, avec 230 000 employés; l’employeur le plus national du Canada, avec plus de 1 600 points de service dans tout le pays; la main-d’œuvre la plus polyvalente du Canada, car elle offre plus de disciplines professionnelles que tout autre employeur, et l’employeur le plus international du Canada, car elle est présente dans 115 pays partout dans le monde. Une telle ampleur et une telle portée constituent des possibilités sans pareilles de carrières différentes, dans des domaines diversifiés, au sein même de la fonction publique. C’est pourquoi nous avons été si nombreux, ici dans cette salle, à nous y joindre – pour faire bouger les choses.

Pour réussir, nous devons aborder le renouvellement de façon ciblée, pragmatique et axée sur les résultats. Nous devons :

  • repenser notre modèle de recrutement; la fonction publique ne peut pas se contenter de recruter les talents passivement; 
  • repenser notre modèle de perfectionnement; gérer avec un objectif d’excellence et mettre l’accent sur le leadership; 
  • repenser le modèle des emplois à vie, bons pour tous; encourager les échanges avec le secteur privé, le recrutement à mi-carrière et en fin de première carrière; 
  • repenser l’image de marque de la fonction publique; mettre l’accent sur l’excellence, les carrières uniques et la possibilité de faire une contribution utile au pays.

Importance du soutien du secteur privé

Permettez-moi de vous entretenir quelques instants de l’importance du soutien qu’offrent le milieu universitaire et le secteur privé à l’égard à la fois de l’élaboration des politiques publiques et de la force de la fonction publique.

En premier lieu, l’élaboration de bonnes politiques publiques nécessite l’apport d’une diversité de voix, tant du milieu universitaire que de celui des affaires, de même que d’une forte capacité en la matière au sein du gouvernement. Lorsque des théoriciens stratégiques des milieux des affaires et des universités se sont présentés avec des opinions claires et bien énoncées fondées sur un savoir faire démontré dans des dossiers précis, et qu’ils ont entamé un dialogue soutenu avec le gouvernement, des progrès impressionnants ont été accomplis. À mesure que s’accroît la complexité du monde, cet échange devient crucial.

En deuxième lieu, le renouvellement de la fonction publique peut bénéficier amplement de l’appui de ceux qui sont à l’extérieur du gouvernement. L’accroissement des échanges avec le secteur privé et les universités nous permettrait d’élargir nos horizons et nous aiderait à préparer notre prochaine génération de dirigeants.

En troisième lieu, des institutions solides, excellentes sur le plan international ….qu’il s’agisse d’établissements d’enseignement supérieur ou de la fonction publique, sont essentielles à la réussite du Canada.

Comme le disait le Premier ministre Harper dernièrement pendant son allocution devant l’Economic Club de New York, le Canada est un pays stable et une force positive dans ce monde, et il a l’intention d’apporter sa contribution. Voilà un défi réel qui nous est tous lancé.

Pour réaliser ce potentiel, nous devons avoir une perspective mondiale, tout en étant bien enracinés dans nos valeurs et nos forces économiques canadiennes. Nous devons être centrés, agiles, souples et davantage axés sur le savoir.

Conclusion

Pour conclure, les Canadiens et les Canadiennes ne devraient s’attendre à rien de moins qu’à l’excellence de leur fonction publique, et nous ne devrions accepter rien de moins de nous-mêmes. Les meilleurs et les plus brillants ne veulent pas travailler pour une organisation moyenne, et des politiques publiques ordinaires ne propulseront pas le Canada aux premiers rangs des pays. Nous devons centrer l’image de la fonction publique sur l’excellence.

Je crois en la fonction publique et j’ai l’intime conviction que nous avons tous un rôle à jouer pour nous assurer d’une fonction publique forte, excitante et dynamique, aussi bien maintenant que dans les années à venir. La population canadienne a un intérêt dans cette entreprise, car c’est elle qui profite de l’excellence de la fonction publique. Il ne peut s’agir d’un intérêt passif.

Un ancien Premier ministre de l’Irlande a fait la célèbre déclaration suivante, à propos du miracle économique irlandais : « Bien sûr que cela fonctionne en pratique, mais j’ignore si cela fonctionne en théorie! » Eh bien, en m’inspirant de cette boutade, je vous dirai que de bonnes politiques publiques et une fonction publique solide vont de pair, aussi bien en théorie qu’en pratique. Le Canada en est la preuve incontestable.


Merci.


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Mise à jour : 2007-06-06 Haut de la page Avis importants