Notes pour une allocution de Kevin G. Lynch,
Greffier du Conseil privé et secrétaire
du cabinet
15e dîner annuel du conseil d’administration
de la chambre de commerce du Canada
Le 4 décembre 2006
Ottawa (Ontario)
Bonsoir. J’aimerais remercier Nancy Hughes Anthony pour cette aimable présentation
et la Chambre de commerce du Canada pour l’invitation à
vous dire quelques mots à l’occasion de
ce 15e dîner annuel du conseil d’administration.
Ce dîner annuel où
se retrouvent des dirigeants d’entreprise de tout le Canada et des cadres de
toute la fonction publique représente à
la fois l’occasion d’un échange de vues
utile sur des questions d’actualité et un
bon exemple d’interaction et de dialogue entre le secteur privé
et le gouvernement.
D’abord, j’aimerais féliciter la
Chambre de commerce du Canada pour son travail. Je suis un fonctionnaire fédéral
depuis plus de trois décennies et, pendant
tout ce temps, votre organisation a contribué
à l’amélioration
des politiques gouvernementales et a réclamé
des mesures pour aider le milieu canadien des affaires et pour renforcer l’économie.
Vous savez très bien que, de par leur
nature, les gouvernements sont appelés à
établir des priorités,
à faire des choix, à
choisir entre des positions divergentes. Lorsque les gouvernements examinent ces
choix et que les fonctionnaires mûrissent
leurs conseils sur les politiques, je tiens à
vous assurer que la voix de la Chambre de commerce est entendue et que vos
opinions sont respectées.
Par exemple, la Chambre réclamait depuis
longtemps des réductions de taxes et d’impôt
afin de stimuler les dépenses de
consommation, d’accroître la compétitivité
et la productivité et de donner ainsi un
nouvel élan à
l’économie canadienne.
Et le gouvernement est clairement du même
avis. Dans le budget fédéral
de mai dernier et dans la mise à jour économique
et financière du mois dernier, le
gouvernement a mis l’accent sur les réductions
d’impôt. Le Budget de 2006 contenaient
des diminutions de taxes et d’impôt d’environ
20 milliards de dollars au cours des deux prochaines années,
ce qui comprenait l’élimination de la
surtaxe des sociétés
et de l’impôt fédéral
sur le capital, ainsi qu’un engagement à
réduire le taux général
d’imposition des sociétés.
À la fin d’octobre, le gouvernement a agi
de manière décisive
dans le dossier des fiducies de revenu pour rétablir
l’équité
du régime d’imposition des sociétés.
En plus, dans la mise à jour économique
et financière de l’automne, le
gouvernement a signalé que la réduction
des impôts était
l’une des grandes priorités du
gouvernement.
Le gouvernement a dévoilé
les priorités de sa politique économique
le 23 novembre dernier dans son nouveau plan économique
pour le Canada. Ce plan, intitulé Avantage
Canada, n’est pas une série de
mesures à court terme, mais un plan à
long terme conçu pour améliorer
durablement la prospérité
économique nationale. L’objectif qu’il
vise est de conférer cinq avantages clés
au Canada dans un marché de plus en plus
mondialisé et compétitif.
- Un avantage financier, y compris le remboursement progressif de la dette, l’affectation,
à compter de 2005-2006, de toutes les économies
réalisées
au chapitre du service de la dette à la réduction
de l’impôt sur le revenu des
particuliers, le recours à une solution
fondée sur des principes pour régler
le déséquilibre
fiscal, et un nouveau Système de gestion
des dépenses.
- Un avantage fiscal, soit la réduction
des taxes et des impôts de tous les
Canadiens et, en particulier, l’établissement
du taux d’imposition le plus bas sur les nouveaux investissements des
entreprises au sein des pays du G7.
- Un avantage du savoir, notamment un secteur de recherche-développement
de niveau mondial et une main-d’œuvre
qualifiée et souple.
- Un avantage entrepreneurial, en particulier un climat des affaires plus
concurrentiel, une union économique plus
robuste, une politique commerciale liée
davantage à celle d’autres pays et une réglementation
plus efficiente.
- Un avantage infrastructurel, y compris une approche pluriannuelle à
l’égard du renouvellement des
infrastructures qui met l’accent sur les grands projets avantageux pour l’économie
canadienne.
En mettant en œuvre le plan Avantage
Canada, le gouvernement a indiqué qu’il
concentrera ses efforts sur les meilleures façons
d’offrir des perspectives intéressantes
aux Canadiens et sur les mesures les plus favorables à
la compétitivité
de nos entreprises. Ce plan cadre très bien
avec l’action que votre organisation a réclamée
de la part du gouvernement en faveur du développement
d’une économie canadienne souple,
dynamique et plus productive. Cependant, pour rendre le Canada plus souple,
dynamique et productif, l’action du gouvernement ne suffira pas – notre économie
est axée sur le marché,
et les chefs d’entreprise canadiens doivent se demander s’ils sont à
la fine pointe de la recherche-développement
au niveau international, du développement
de produits, du marketing, de la formation et de la prospection de nouveaux
marchés.
La Chambre de commerce soutient aussi depuis longtemps que nous devons améliorer
notre relation avec les États-Unis à
tous les niveaux : de gouvernement à
gouvernement, de Parlement à Congrès
et d’entreprise à entreprise. Le
gouvernement le fait sur la base d’une compréhension
commune des intérêts
de l’un et l’autre pays, et d’un engagement mutuel, ainsi que l’a
souligné le Premier ministre dans son
discours devant le Club économique de New
York, « un solide partenariat dans la construction d’une Amérique
du Nord prospère, concurrentielle et sûre ».
Le Premier ministre Harper a d’ailleurs ajouté
à la même
occasion que le Canada est un pays stable et une force du bien et qu’il a l’intention
d’apporter sa contribution.
Le gouvernement a mis cette nouvelle approche en pratique en négociant
un règlement du conflit du bois d’œuvre
qui durait depuis plusieurs années et
envenimait de plus en plus les relations commerciales et politiques entre le
Canada et les États-Unis. D’autre part,
le gouvernement du Canada tient des discussions intenses avec les États-Unis
sur l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère
occidental, sans contester l’importance de renforcer la sécurité
des frontières, mais en insistant pour que
la mise en œuvre se fasse de manière
pragmatique et viable, et suivant un calendrier réaliste.
Une frontière sûre
et efficiente intéresse les milieux d’affaires
canadiens et américains, et j’encouragerais
la Chambre de commerce du Canada, et autres entreprises, à
multiplier les démarches auprès
de la Chambre de commerce des États-Unis
pour faire mieux comprendre l’Initiative et les répercussions
que des perturbations de la circulation frontalière
pourraient avoir sur les entreprises de part et d’autre de la frontière.
Jusqu’à présent,
nous avons parlé essentiellement de
politiques publiques et de leur importance pour le succès
à long terme de notre pays. Pour ces
raisons, il est naturel que le secteur des affaires s’intéresse
aux politiques publiques et ait son idée
sur celles qui serviraient mieux l’intérêt
national. Cela m’amène à
un sujet connexe, soit la corrélation entre
la qualité des politiques publiques et l’excellence
de la fonction publique. Dans son ouvrage intitulé
The Lexus and the Olive Tree, Thomas Friedman soutient que dans le système
mondialisé l’un des avantages
concurrentiels les plus importants et les plus durables dont peut jouir un pays
aujourd’hui, c’est une fonction publique réduite,
efficace et honnête.
Telle a certainement été
l’expérience du Canada. À
vrai dire, les valeurs démocratiques, l’éthique
de la recherche du bien public, le professionnalisme, l’impartialité
politique et le dévouement qui caractérisent
la fonction publique du Canada font ressortir son rôle
en tant qu’institution nationale fondamentale.
Nous devons toutefois veiller à ce que
la fonction publique fédérale
soit aussi solidement en mesure dans l’avenir de servir la population
canadienne qu’elle l’a été
dans le passé. Voilà
le défi du renouvellement. Et l’intérêt
du monde des affaires, de même que du
public canadien en général,
est en jeu dans ce renouvellement, car c’est vous tous qui bénéficiez
de l’excellence de la fonction publique. Afin d’entendre un plus grand
nombre de voix au sujet du renouvellement à
long terme de la fonction publique, le Premier ministre a récemment
mis sur pied un Comité consultatif sur la
fonction publique formé de neuf grands
chefs de file Canadiens que coprésideront
le très honorable Don Mazankowski et Paul
Tellier.
Dans cet esprit, j’espère que les
chefs d’entreprise, qu’ils soient membres de la Chambre ou non, s’intéresseront
plus activement aux grands enjeux publics et à
la fonction publique. Il est temps, selon moi qu’un plus grand nombre de
dirigeants d’entreprise canadiens montent au créneau
et fassent entendre leur voix dans les domaines qui ont une incidence directe
sur l’avenir de ce pays, en particulier les enjeux à
long terme qui se posent à tous les pays et
sociétés,
et pas seulement ceux qui vous paraissent avoir de l’importance pour les
affaires ou pour votre secteur d’activité
particulier. Mais les gouvernements de tous niveaux ne peuvent entreprendre ces
discussions seuls et ils ne peuvent cerner les problèmes
et proposer des solutions en vase clos. L’établissement
de politiques publiques judicieuses requiert les perspectives et les aperçus
des dirigeants d’entreprise et ceux des autres sphères
de la société,
dans le cadre d’un dialogue public engagé.
En ce qui a trait à la fonction
publique, j’aimerais attirer votre attention sur les 2 500 hommes et
femmes dévoués
des Forces canadiennes et les employés des
Affaires étrangères
et de l’ACDI qui servent aujourd’hui leur pays en Afghanistan dans le cadre
d’une mission de l’OTAN sanctionnée par
l’ONU, dans le but d’apporter la sécurité,
le développement et des institutions démocratiques
à un peuple qui est privé
depuis trop longtemps de la plupart de ces droits fondamentaux que nous tenons
pour acquis.
Pour conclure par où j’ai commencé,
mes collègues et moi au sein de la fonction
publique attachons une grande valeur à
notre interaction avec les dirigeants d’entreprise. Nous avons tous à
cœur le bien du Canada et des politiques
publiques qui permettront aux Canadiens et Canadiennes de prospérer
et d’exceller dans ce grand pays. Nous comptons sur votre appui soutenu et
actif envers une fonction publique du Canada solide.
Je vous remercie.
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