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Allocution du Premier ministre Jean Chrétien prononcée au dîner offert par le président Cardoso du Brésil


Le 27 janvier 1995
Brasilia (Brésil)

Monsieur le président, mesdames et messieurs, c'est un honneur pour moi d'être avec vous ce soir. Cela fait quatorze ans qu'un Premier ministre canadien n'est pas venu au Brésil en voyage officiel. C'est trop long pour de bons amis.

Les Canadiens suivent avec beaucoup d'intérêt l'évolution du Brésil depuis quelques années. Nous vous avons vu faire d'énormes progrès depuis six ans pour instaurer un régime pleinement démocratique dans votre pays et, depuis six mois, pour opérer un remarquable rétablissement économique. Je ne parlerai cependant pas ici de retour du «miracle économique» des années passées, car vous et moi savons bien, monsieur le président, que les pays qui attendent des miracles risquent d'être fort déçus. Les vrais changements ne proviennent en effet que du travail acharné, de la détermination et de la persévérance. Et c'est ce que je vois dans le Brésil d'aujourd'hui.

On parle beaucoup en ce moment de partenariat et d'intégration hémisphériques. Le Sommet des Amériques, qui s'est tenu à Miami le mois dernier, a permis de mieux focaliser nos efforts sur l'avenir. Le Canada continuera d'être un chef de file à cet égard. Nous croyons en effet que cette nouvelle communauté des Amériques permettra d'améliorer les conditions d'existence de nos populations.

Grâce à nos efforts communs, nous disposons déjà d'une base solide.

L'Organisation des États américains constitue l'assise de la coopération politique, économique et sociale dans la région. Certes, comme toute institution, elle doit s'adapter aux nouveaux besoins, mais elle a déjà fait preuve de son efficacité face aux défis difficiles que doit relever la région, par exemple lorsqu'il s'est agi de rétablir la démocratie en Haïti.

Parmi les autres succès notables de l'OAS, nous pouvons mentionner la création d'une unité de promotion de la démocratie ainsi que de nombreuses initiatives visant à étudier des questions telles que l'éthique publique, l'environnement, la participation des ONG et une coopération accrue en matière de politique commerciale. Et bien d'autres mesures ont été prises aussi en matière de sécurité collective.

Nous faisons tous de grands pas en avant en ce qui concerne nos échanges commerciaux et la manière dont nous appuyons notre développement économique respectif.

L'Accord de libre-échange nord-américain est entré en vigueur il y a à peine un peu plus d'un an et, déjà, nous nous apprêtons à accueillir un nouveau partenaire -- un quatrième amigo. Pour sa part, Mercosul est devenue une véritable union douanière entre le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Et les chefs d'états des Amériques sont tous convenus le mois dernier d'oeuvrer ensemble à l'instauration d'une zone de libre-échange qui s'étendra à tout l'hémisphère d'ici à l'an 2005.

C'est là, chacun en conviendra, un succès remarquable.

Pour ce qui est du Canada, le partenariat avec l'Amérique latine est étroitement lié au partenariat avec le Brésil. Nos deux pays sont des pivots de l'hémisphère. Ce sont deux des pays les plus vastes non seulement des Amériques, mais aussi de la planète, et qui ont en commun beaucoup plus qu'on ne le pense généralement.

Nos intérêts communs nous ont souvent amenés à collaborer au sein des organisations internationales sur des questions telles que le désarmement, les droits de la personne, la réforme des Nations Unies, le rôle de la femme, le maintien de la paix et l'environnement.

Je tiens absolument à élargir et à renforcer ce type de partenariat. Nous pourrions faire beaucoup plus ensemble.

Pour relever les défis de demain, nous savons qu'il ne faut pas rester passif, mais qu'il faut aussi agir ensemble.

Nos partenariats commerciaux respectifs au sein de l'ALENA et de Mercosul, du Groupe de Rio et du G-7, peuvent nous ouvrir des marchés et contribuer à notre prospérité. Le Canada attache beaucoup d'importance aux pays du Groupe de Rio et de Mercosul. Nos principes communs de démocratie, de sécurité, de justice sociale et de développement durable sont les solides piliers sur lesquels nous pouvons bâtir pour relever les futurs défis de la région.

Par exemple, le gouvernement du Canada envisage déjà le jour, sans doute très proche, où nous pourrons accueillir à nouveau Cuba au sein de notre collectivité hémisphérique. Nous continuerons aussi d'appuyer un nouveau régime stable et démocratique à Haïti suite au retour du président Aristide, en octobre dernier.

Je dois admettre, monsieur le président, que je suis enthousiasmé par mon premier voyage au Brésil. Je perçois en effet énormément de potentiel dans votre pays et, sous votre présidence, beaucoup d'optimisme pour l'avenir. Et sachez que le Canada est résolu à faire tout son possible pour transformer notre longue relation d'amitié en un partenariat dynamique.

Je ne manquerai pas de dire aux gens d'affaires canadiens tout ce que j'ai vu de remarquable au Brésil, où surgissent de nouvelles possibilités d'échanges commerciaux et d'investissement. Je leur dirai que notre objectif est de faire du Canada un partenaire important de la renaissance économique du Brésil.

Le Canada participe depuis déjà près d'un siècle à l'expansion économique du Brésil; en effet, il y a une centaine d'années déjà, nous avons apporté l'électricité et le tramway à Rio.

Votre pays est aujourd'hui notre premier partenaire commercial en Amérique latine -- avant l'Argentine et le Chili pris ensemble. Il est aussi l'un de nos plus importants partenaires au chapitre des investissements.

Et je puis vous garantir que le volume de nos échanges commerciaux aura déjà augmenté lorsque mon voyage s'achèvera. Plus de 100 chefs d'entreprises canadiennes font ce voyage avec moi et ils entendent bien tirer parti des énormes possibilités qu'offre votre pays. Et le ministre canadien du Commerce extérieur et moi-même devons rencontrer demain vos chefs d'industrie à Rio de Janeiro.

Aujourd'hui marque donc le début d'une nouvelle ère dans nos relations bilatérales. Ce matin, nos gouvernements respectifs ont ratifié des ententes et des traités sur la coproduction cinématographique, l'aide juridique mutuelle et l'extradition. Nous allons mettre sur pied un conseil économique et commercial mixte. Nous sommes convenus d'entretenir un dialogue beaucoup plus étroit au moyen de consultations politiques annuelles. Et, plus tard cette année, nous tiendrons des pourparlers sur un large éventail de questions de sécurité.

Nous tenons tous à favoriser le développement durable. Le programme canadien de coopération économique avec le Brésil est spécialement axé sur l'environnement. Nous lancerons bientôt deux nouveaux projets visant à renforcer notre coopération dans le secteur des technologies environnementales. Et nous avons inauguré la nouvelle année par une visite au Brésil de notre ministre de l'Environnement.

D'autres dignitaires canadiens feront des voyages officiels au Brésil plus tard cette année. Nous espérons également avoir le plaisir de vous accueillir bientôt au Canada, monsieur le président, avec des membres de votre cabinet.

Les relations d'amitié enrichissantes doivent être entretenues si l'on ne veut pas qu'elles se distendent et s'étiolent. Et cela vaut autant pour les nations que pour les personnes. Certes, le Brésil et le Canada sont quasiment aux extrêmes opposés de la planète, ce qui est sans doute fort loin pour des amis. Mais cela veut simplement dire que, si nous acceptons de faire des efforts un peu plus soutenus, les récompenses que nous en tirerons seront d'autant plus agréables. Et l'accueil que vous m'avez réservé aujourd'hui fait précisément partie de ces récompenses.

Les rencontres que nous avons eues aujourd'hui, monsieur le président, m'ont permis de mieux saisir votre vision du Brésil. J'ai compris aussi pourquoi tant de Brésiliens vous font confiance, à vous et à votre gouvernement, pour les guider vers le XXIe siècle.

Je sais qu'aucun pays ne fêtera l'arrivée de ce nouveau siècle, si riche de promesses et d'espoir, avec plus de faste et d'enthousiasme que le Brésil... et j'espère qu'il s'agira d'une grande fête de quartier et que le Canada, en bon voisin et en partenaire fidèle, sera invité aux célébrations.

Monsieur le président, honorables invités, veuillez vous joindre à moi pour porter un toast à l'amitié canado-brésilienne et à notre avenir commun.



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Mise à jour : 2007-04-11 Haut de la page Avis importants