Gouvernement du Canada, Bureau du Conseil privé Canada
Gouvernement du Canada, Bureau du Conseil privé
English Accueil Contactez-nous Aide Recherche canada.gc.ca
Carte du site

Allocution du Premier ministre Jean Chrétien lors de l'installation du Gouverneur général Roméo LeBlanc


Le 8 février 1995
Ottawa (Ontario)

Excellence,

Je suis très heureux de vous adresser aujourd'hui les meilleurs voeux des membres du gouvernement, des parlementaires et de toute la population canadienne à l'occasion de votre installation.

En leur nom, je me permets de demander que votre premier geste officiel soit d'adresser à Sa Majesté la Reine du Canada un message exprimant notre loyauté et notre affection.

Je tiens aussi à offrir mes remerciements et ma plus sincère reconnaissance à votre prédécesseur, le très honorable Ramon Hnatyshyn, et à Madame Hnatyshyn, pour les services éminents qu'ils ont longuement rendus au Canada.

C'est avec beaucoup de fierté et de plaisir, Excellence, que j'accueille votre prise de fonction comme représentant de Sa Majesté.

Vous êtes le premier Acadien et le premier citoyen de la région de l'Atlantique à assumer cette importante fonction.

Il y a deux cents ans, vos ancêtres ont dû lutter pour assurer la survie d'une petite collectivité acadienne après des années de guerre et de terribles difficultés économiques. Ils ont souffert des luttes que se livraient les empires européens. La plupart ont été déportés. La faim et la maladie ont fauché beaucoup d'entre eux. D'autres ont péri en mer lorsque les navires qui les menaient en exil ont fait naufrage.

Mais quelques exilés déterminés ont réussi à s'échapper et à revenir ici malgré les autorités coloniales qui tentaient de les disperser.

Finalement, ils ont non seulement survécu à ces terribles épreuves, mais encore leurs descendants se sont développés et épanouis sur cette terre dont ils ont fait leur patrie. Avec un courage exceptionnel, ils ont préservé leur culture. Ils ont résolument mis de côté les vieilles rancunes et choisi de vivre en paix et en harmonie avec leurs concitoyens du Canada, en privilégiant ce qu'ils avaient en commun avec eux, pas ce qui pouvait les diviser. C'est à cause d'eux, nous le savons tous, que le Canada atlantique bénéficie d'une culture acadienne remarquablement riche et dynamique.

Aujourd'hui, le représentant du chef de l'État au Canada est un digne descendant de cette race de bâtisseurs. C'est un Acadien, une des multiples façons d'être Canadien. C'est ça la réalité canadienne.

Votre installation nous offre l'occasion de réfléchir à tout ce que nous avons accompli ensemble dans ce pays. Elle nous rappelle que nous formons une société d'immigrants qui, avec les Premières nations, ont fait de ce pays ce qu'il est aujourd'hui. Que l'unité de notre pays s'est construit dans la diversité, et que cette diversité fait également notre force. C'est en fait une caractéristique canadienne fondamentale.

Elle nous rappelle également tout ce que les francophones de chaque région ont apporté à l'édification du Canada en préservant leur culture particulière au sein du continent nord-américain. Et elle nous rend fiers d'avoir assuré l'épanouissement du bilinguisme et de la dualité linguistique canadienne.

Les gouvernements auxquels j'ai participé se sont toujours fait un point d'honneur de protéger les minorités de langues officielles partout au Canada, les francophones hors-Québec et les anglophones au Québec. J'ai eu l'occasion de rencontrer récemment les représentants de plus d'un million de francophones qui vivent à l'extérieur du Québec. J'ai pu ainsi réitérer l'engagement du gouvernement fédéral de continuer à défendre et promouvoir les droits des minorités de langues officielles partout au Canada.

C'est un des grands principes que j'ai défendus durant toute ma carrière politique. Et il continuera d'être au premier plan dans le gouvernement que je dirige. Le gouvernement veillera par ailleurs à ce que toutes les institutions fédérales susceptibles de jouer un rôle dans le développement des communautés francophones tiennent compte de leurs besoins particuliers.

Notre pays a connu de profondes transformations, qu'il a intégrées de manière typiquement canadienne. Tranquillement. Sans tapage. Une étape à la fois. Parce que le Canada, c'est aussi cela : un pays en constante évolution. Un pays qui dispose de toute la souplesse nécessaire pour aller là où il le veut.

Excellence, vous serez notre gouverneur général à l'approche du nouveau millénaire. Profitons-en pour refléchir au siècle extraordinaire que nous venons de vivre, et n'ayons pas peur d'afficher notre fierté de ce que nous avons réussi à bâtir ensemble.

De petite colonie que nous étions, nous sommes devenus un membre à part entière de la collectivité internationale. Nous avons largement contribué à la défense de la liberté et de la démocratie pendant les deux guerres mondiales. Nous avons inventé la notion de maintien de la paix et avons témoigné à cet égard d'un engagement inégalé. Nos chefs d'entreprise, nos scientifiques, nos savants, nos athlètes et nos artistes sont connus d'un bout à l'autre de la planète. Des Canadiens ont gagné des prix Nobel et voyagé dans l'espace. Nous avons osé rêver et nous avons oeuvré ensemble pour que nos rêves se réalisent.

Nous avons accueilli des gens de tous les coins de la terre, et nous avons montré au monde comment bâtir une société pacifique, prospère, tolérante et généreuse. Notre qualité de vie est sans égale et nous faisons l'envie du monde entier.

Le Canada, nous le bâtissons ensemble, selon nos valeurs. Comme nos prédédesseurs l'ont fait, nous cherchons nous aussi à doter notre pays d'un système qui procure à chaque personne, les moyens indispensables à son épanouissement. Si notre pays demeure perfectible, il faut néanmoins reconnaître sa constante évolution.

Votre Excellence connaît très bien par exemple, les progrès réalisés dans sa province natale, le Nouveau-Brunswick, au cours des trente dernières années. En 1967, le Premier ministre de cette province, Louis Robichaud, s'est attaqué avec détermination au problème des disparités régionales, en instaurant son ambitieux programme d'égalité des chances. Ses réformes économiques et linguistiques ont profondément modifié les institutions de la province, et amorcé un processus visant à procurer à chaque citoyen de meilleurs services en matière d'éducation, de soins de santé, et de soutien du revenu.

En poursuivant ces réformes, les premiers ministres Hatfield et McKenna ont fait en sorte que les progrès réalisés soient remarquables et s'inscrivent dans la continuité. Ainsi, depuis mars 1993, la volonté des deux principales communautés linguistiques du Nouveau-Brunswick, française et anglaise, est inscrite dans la Charte canadienne des droits et libertés : on leur reconnait des droits et privilèges égaux.

Votre excellence, à l'aube d'un siècle nouveau, cet exemple comme beaucoup d'autres, nous permet d'envisager l'avenir avec optimisme. Certes, nous venons de subir une pénible récession, mais notre économie se rétablit actuellement avec plus de vigueur que celle des autres grands pays industriels. Bien sûr, nous avons encore des défis difficiles à relever, mais nous saurons le faire avec un nouveau sentiment d'espoir et de confiance en nous-mêmes.

Excellence, j'ai l'honneur de vous connaître depuis longtemps et je sais que, loin de rechercher la gloire, simplement, vous vous êtes toujours efforcé de servir la population canadienne.

Enseignant, journaliste, député fédéral, ministre, sénateur et président du Sénat, vous avez largement démontré votre attachement indéfectible à ce pays et à son peuple. Et vous vous êtes ainsi assuré le respect et l'affection de vos collègues et de vos concitoyens. Votre carrière est un exemple d'engagement social et une source d'inspiration pour tous les habitants de ce pays.

Au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, je vous remercie d'avoir accepté cette nouvelle fonction. Et j'adresse aussi mes remerciements et mes meilleurs voeux à votre épouse et à votre famille, car je sais qu'ils partagent votre dévouement à la chose publique.

Les Canadiens sont souvent trop timides pour dire toute la fierté qu'ils éprouvent à l'égard de leur pays. Mais je vous connais bien, Excellence, et je sais que ce n'est pas votre cas.

Je sais de plus que vous rendrez d'inestimables services à la population dans votre nouvelle fonction parce que, d'abord et avant tout, vous aimez profondément votre patrie. Je vous souhaite donc tout le succès possible, dans l'intérêt de notre grand pays, le Canada.


	Haut de la page
Mise à jour : 2007-04-11 Haut de la page Avis importants