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Déjeuner du Economic Club of New York


Le 3 mars 1998
New York

Je suis ravi d'avoir la possibilité de prendre la parole devant l'Economic Club aujourd'hui. Et de pouvoir faire le point sur les progrès remarquables de l'économie canadienne.

J'attends depuis très longtemps cette occasion. Pour être franc, je la reporte aussi depuis très longtemps. Parce que nous avons été occupés au Canada au cours des quatre dernières années. Occupés à rebâtir l'économie, à mettre de l'ordre dans nos finances publiques délabrées et, plus important encore, à raviver l'espoir et l'optimisme au sein de la population canadienne.

Il n'est possible de vraiment comprendre les progrès que nous avons accomplis ensemble qu'en prenant connaissance de la situation dans laquelle se trouvait notre pays il y a quatre ans... et du chemin parcouru.

Lorsque notre gouvernement a pris le pouvoir il y a un peu plus de quatre ans, voici quel était l'état de l'économie canadienne. Notre déficit se chiffrait à 42 milliards de dollars - le plus élevé de notre histoire - et il augmentait. Pire encore, le Canada occupait le deuxième rang parmi les pays du G7 en ce qui concerne le ratio du déficit au PIB, soit 6 %. Le ratio de la dette fédérale au PIB était supérieur à 70 % et s'accroissait - et nous faisions appel dans une large mesure aux emprunts à l'étranger pour financer notre dette.

Notre taux de chômage national s'élevait à 11,4 % au début de 1994. Nous sortions d'une récession deux fois plus grave que dans votre pays. Nos taux d'intérêt semblaient condamnés à rester toujours supérieurs aux taux d'intérêt des États-Unis, même si notre taux d'inflation était plus faible. En 1994, le Forum économique mondial a classé le Canada au 16e rang sur le plan de la compétitivité internationale alors qu'il se classait au 5e rang quelques années auparavant. Et pour couronner le tout, le Wall Street Journal désignait le Canada comme un « aspirant au titre de pays du Tiers-Monde ».

Voilà pourquoi je ne me suis pas précipité à New York pour prendre la parole devant l'Economic Club il y a quatre ans. Toutefois, Mesdames et Messieurs, la situation a changé du tout au tout.

En quatre ans, le Canada, de membre honoraire du Tiers-Monde, est devenu, selon la publication Business Week, le « miracle à la feuille d'érable » et, d'après la revue The Economist , le « virtuose financier » des pays du G7.

Il y a une semaine aujourd'hui, le ministre des Finances, M. Paul Martin, a présenté un budget équilibré - le premier en près de 30 ans - et le seul budget équilibré déposé par un pays membre du G7. En outre, il a annoncé que les deux prochains budgets seront également équilibrés - ce sera la première fois qu'un gouvernement canadien aura réussi à présenter trois budgets équilibrés consécutifs en près de 50 ans.

Le ratio de la dette au PIB ne cessera de diminuer. Et ce n'est pas tout. Nous réduirons la dette - année après année après année.

En 1997, la croissance économique au Canada a été équivalente à celle des États-Unis - et a été plus rapide que celle des autres pays du G-7. En 1998, toutefois, le Canada devrait afficher la croissance la plus rapide de tous les pays du G7. Plus d'un million d'emplois nets ont été créés au Canada depuis que nous avons pris le pouvoir, la totalité de ceux-ci dans le secteur privé. En fait, il y a 100 000 emplois de moins dans le secteur public au Canada. En termes relatifs, notre économie crée plus d'emplois que celle de tout autre pays du G-7. Même s'il est encore trop élevé, notre taux de chômage est passé de 11,4 à moins de 9 %, et la tendance à la baisse est évidente.

Pour la première fois, les taux d'intérêt à court et à long terme au Canada sont inférieurs à ceux des États-Unis. Un propriétaire canadien qui contracte un prêt hypothécaire de 100 000 $ amorti sur cinq ans économise plus de 3 000 $ par année sur ses versements hypothécaires comparativement à il y a trois ans.

En 1997, le Canada était de nouveau classé par le Forum économique mondial au quatrième rang sur le plan de la compétitivité internationale. Le service de collecte de renseignements de la revue The Economist a évalué récemment le climat des affaires de plusieurs pays en fonction de divers indicateurs : marché potentiel, politiques fiscales et du marché du travail, compétences en infrastructure et contexte politique. Pour les années 1997 à 2001, le Canada se classe au troisième rang des pays où il est avantageux de faire des affaires.

Il s'agit d'une réalisation historique. Il n'est pas surprenant que le Canada soit considéré comme l'enfant prodigue du monde industrialisé.

Je ne voudrais pas donner l'impression de me vanter. Après tout, nous savons tous qu'il ne convient pas à un Canadien de le faire. Mais quoi qu'il en soit, il ne m'appartient pas réellement de me vanter. Ni à notre excellent ministre des Finances, Paul Martin. Ni à notre gouvernement. Seuls les Canadiens peuvent le faire. Ce sont eux qui ont exigé que nous prenions des mesures. Ce sont eux qui ont fait les sacrifices. Ce sont eux qui ont cru en notre plan - et qui ont insisté pour l'appliquer.

Mais comme bien des Canadiens, je ne saurais dissimuler la fierté que me procure le fait d'avoir réussi à équilibrer le budget. Cette réalisation est d'autant plus impressionnante que notre étalon de mesure est très strict. Nous nous fondons sur les comptes publics, qui comprennent tout le passif comptabilisé pendant l'année, et non uniquement les fonds versés. Cela comprend le passif des régimes de retraite des employés de l'État.

Il s'agit là d'une exigence très rigoureuse. Aucun autre pays du G7, y compris les États-Unis, n'utilise un étalon de mesure aussi strict. En fait, je crois que la Nouvelle-Zélande est le seul autre pays qui mesure son déficit et sa dette de cette façon. Les États-Unis, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Japon et d'autres pays présentent leur solde budgétaire en fonction de leurs besoins de trésorerie ou de leur excédent résultant des opérations gouvernementales.

Si nous utilisions le même étalon de mesure pour calculer notre solde budgétaire, nous aurions déjà enregistré un excédent l'an dernier. Et cette année nous aurons un excédent de 12 milliards de dollars au titre des besoins financiers, soit 1,4 % du PIB. Pour vous donner une meilleure idée, cela équivaudrait en gros pour les États-Unis à un excédent de plus de 110 milliards de dollars américains cette année.

Mais quel que soit l'étalon de mesure utilisé, nous avons atteint notre objectif plus rapidement que nous n'aurions osé l'imaginer. Tout comme le cercle vicieux des déficits et du malaise économique peut plonger un pays plus profondément dans le marasme financier, un cercle vertueux de discipline financière et de croissance économique peut engendrer des avantages plus importants et plus rapidement que prévu.

Voilà pourquoi, à l'instar de la plupart des Canadiens, je crois que nous sommes entrés dans une nouvelle ère d'optimisme et d'espoir. Je voudrais maintenant vous expliquer comment nous en sommes arrivés là. Quelles sont les leçons que nous avons tirées. Et comment nous mettrons à profit ce succès.

Peu après avoir pris le pouvoir et commencé à saisir l'énormité et la gravité du déficit dont nous avions hérité, nous savions qu'il fallait absolument repenser le rôle de l'État; non pas seulement assainir les finances publiques, mais nous assurer que le gouvernement du Canada ne se retrouverait jamais plus dans une telle situation.

Nous avons entrepris ce que nous avons appelé l'Examen des programmes, dans le cadre duquel nous avons examiné ministère par ministère, programme par programme, ligne par ligne, les services offerts par l'État. Nous avons posé des questions simples au sujet de chaque programme, mais auxquelles il était difficile de répondre : S'agit-il d'un domaine qui doit relever de l'État au cours des années 90? Dans l'affirmative, l'administration fédérale doit-elle en assumer la responsabilité ou devrait-il être confié à un ordre de gouvernement régional, comme les provinces ou les municipalités? Et, si un programme continue de relever de l'administration fédérale, pouvons-nous améliorer la prestation des services pour le rendre plus efficace?

Ce processus a permis dans une large mesure de réduire la taille de l'administration fédérale et de ses dépenses. L'an prochain, les dépenses de programmes fédérales par rapport à la taille de l'économie seront les plus faibles en 50 ans.

Mais l'Examen des programmes s'est traduit par des avantages encore plus importants et plus durables. Il nous a amenés à créer des formes nouvelles et plus modernes de partenariat avec les autres ordres de gouvernement et avec les secteurs privé et bénévole. Les services que le secteur privé pouvait le mieux dispenser ont été privatisés ou commercialisés. Et les programmes que les provinces pouvaient le mieux offrir ont été transférés, d'où la réduction des chevauchements et du double emploi.

Ces changements ne nous ont pas seulement aidés à équilibrer notre budget. Nous voulons que nos finances soient saines non seulement aujourd'hui, mais demain et après.

C'est pourquoi nous avons procédé à une réforme structurelle en profondeur des programmes. Par exemple, nous avons transformé le Programme d'assurance-chômage pour créer le Programme d'assurance-emploi. Comme son nom l'indique, ce programme vise surtout à aider les gens à obtenir un emploi et à le conserver en supprimant les freins à l'emploi.

La réforme de notre régime de retraite universel - le Régime de pensions du Canada - a été une réalisation encore plus importante. Par suite de ce remaniement en profondeur, le Canada est le premier pays industrialisé à assurer la pérennité de son régime de retraite universel pour les générations futures au siècle prochain.

Dans son discours sur l'état de l'Union, le président Clinton a déclaré que l'un de ses principaux objectifs consistait à réviser la Sécurité sociale pour en garantir la survie. Nous l'avons déjà fait au Canada. Et nous adopterons cette année une nouvelle Prestation aux aînés qui entrera en vigueur à temps pour éviter que le vieillissement de la population impose aux futurs gouvernements un fardeau financier impossible à supporter.

L'engagement que nous avons pris d'assainir les finances publiques à long terme est l'une des priorités principales de mon gouvernement et un thème clé de notre budget. Croyez-moi, nous ne nous sommes pas imposé - en tant que pays - tous ces sacrifices et toutes ces souffrances pour retomber dans l'ornière des déficits. Nous ne dilapiderons pas les gains chèrement acquis en adoptant des solutions politiques simples ou en nous lançant dans une orgie de dépenses.

Cette période est terminée pour de bon au Canada. Un point, c'est tout.

Nous voulons maintenant recourir à la méthode que nous avons utilisée pour supprimer le déficit afin de réduire le fardeau de notre dette. Nous savons que le ratio de notre dette au PIB est trop élevé. Nous sommes déterminés à le réduire de façon soutenue et permanente. En 1996-1997, le ratio de notre dette au PIB a diminué - il s'agissait de la première baisse réelle depuis 1974-1975.

Nous prévoyons que le ratio de la dette au PIB, qui était de 72 % en 1995-1996, tombera à moins de 63 % en 1999-2000 - la plus forte baisse en pourcentage de tous les pays du G7. Et il continuera de diminuer de façon constante par la suite.

Dans le budget de la semaine dernière, nous avons annoncé un Plan de remboursement de la dette qui permettra d'abaisser notre dette - non seulement en proportion de notre économie, mais en valeur absolue. Nous projetons d'effectuer des remboursements sur la dette chaque année. En fait, au cours des neuf premiers mois de l'exercice actuel, nous rembourserons 12,9 milliards de dollars sur la dette contractée sur les marchés.

Cependant même si nous faisons preuve d'une discipline inébranlable pour réduire notre dette, nous devons aussi continuer de créer un climat propice à la poursuite de la croissance économique à l'approche du nouveau millénaire.

C'est pourquoi, par exemple, nous continuerons de faire de l'expansion des échanges une priorité. Les exportations constituent 40 % de notre PIB - nous sommes le pays du G-7 qui dépend le plus des échanges. En fait, les échanges et l'attraction des investissements constituent une clé de voûte de la politique économique de notre gouvernement.

Ils revêtent une importance aussi grande à moyen terme pour la reprise économique que notre plan financier. C'est pourquoi nous n'avons ménagé aucun effort pour promouvoir la libéralisation du commerce dans le monde entier. Que ce soit dans le cadre d'une zone de libre-échange des Amériques, d'une zone de libre-échange du Pacifique ou d'un lien entre l'ALENA et l'Union européenne; ou pour combattre un texte mal avisé et inefficace comme la loi Helms-Burton, notre gouvernement est déterminé à promouvoir le libre-échange et l'accroissement des échanges.

Ne vous y trompez pas, notre gouvernement est déterminé à adopter la procédure accélérée pour libéraliser le commerce.

L'assainissement de nos finances publiques n'avait pas pour seul but de me permettre de venir à New York pour vous réciter des statistiques. Il vise à dégager les ressources nécessaires pour investir dans notre avenir, aider les plus démunis à s'aider et remettre de l'argent dans les poches des Canadiens en diminuant les impôts. Tel est l'objectif du budget présenté la semaine dernière.

Nous croyons qu'un gouvernement est évalué non seulement à l'aune de la façon dont il résout les problèmes courants, mais aussi de la manière dont il prépare l'avenir. Notre façon de procéder est très claire. Nous visons des secteurs où l'impact est maximal, nous concentrons tous nos efforts sur ceux-ci et nous agissons de manière décisive là où nous pouvons obtenir des résultats réels à long terme au profit des Canadiens et des Canadiennes.

Il ne saurait y avoir de rôle plus important pour un gouvernement que de préparer un pays à l'économie du savoir du XXIe siècle. C'était le but de notre budget.

Nous avons annoncé une stratégie globale pour offrir à tous les Canadiens qui veulent s'instruire la possibilité de le faire. Nous l'appelons la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances - stratégie qui préparera les Canadiens en vue de la nouvelle économie de l'information du XXIe siècle. Elle vise à permettre aux Canadiens d'avoir accès aux compétences et aux connaissances dont ils ont besoin pour soutenir la concurrence et réussir dans la nouvelle économie.

Elle comprend une nouvelle Subvention canadienne pour l'épargne-études pour inciter les parents à épargner pour les études collégiales et universitaires de leurs enfants. Permettre aux Canadiens d'effectuer des prélèvements en franchise d'impôt dans leur régime enregistré d'épargne-retraite afin de parfaire leurs compétences au cours de leur vie active, réduire le fardeau de la dette des diplômés universitaires et collégiaux, et permettre aux enfants des familles à faible revenu de connaître un nouveau départ dans la vie.

Mesdames et messieurs, l'un des éléments les plus intéressants de la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances est la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire. Cette fondation accordera tous les ans des bourses d'études à plus de 100 000 étudiants au cours des dix prochaines années, qui seront financées grâce à une dotation initiale de 2,5 milliards de dollars. Il s'agira de l'investissement le plus considérable jamais réalisé par un gouvernement fédéral pour appuyer les jeunes Canadiens fréquentant les universités, les collèges et les écoles professionnelles.

Encore une fois, permettez-moi de faire une comparaison avec la situation aux États-Unis. Vous vous souvenez sans doute de l'effet du G.I. Bill sur les anciens combattants de retour au pays. De la façon dont il a aidé à susciter l'essor économique le plus soutenu que le continent, ou le monde, ait jamais connu.

Les bourses d'études du millénaire s'appuient sur le même principe.

Imaginez l'impact sur notre économie. Encore une fois, l'effet de ces bourses d'études, transposé aux États-Unis, serait comparable à un fonds de bourses d'études de 25 milliards de dollars accordées à un million d'étudiants chaque année. Cela peut vous donner une idée des retombées de ce projet pour le Canada et son économie au début du prochain siècle.

Avant de terminer, je voudrais parler quelques instants du phénomène de la mondialisation auquel nous assistons. Il est peut-être devenu redondant de parler de mondialisation, mais aborder la question de nos responsabilités dans le monde est toujours d'actualité. Il est dans l'intérêt de tous de créer les conditions propices au rétrécissement de l'écart entre les pays riches et les pays pauvres.

La semaine dernière, dans notre budget, nous avons augmenté l'aide extérieure qui avait fait l'objet de compressions en raison de notre situation financière difficile. Nous avons insisté pour faire davantage parce que nous croyons qu'il incombe aux pays riches - à mesure qu'ils équilibrent leur budget - d'assumer certaines responsabilités à l'extérieur de leurs frontières.

New York est le siège des Nations Unies, institution qui joue un rôle vital dans le monde. L'intervention du secrétaire général Kofi Annan, la semaine dernière, en témoigne éloquemment. Mesdames et messieurs, le Canada paie sa part à temps et en totalité. J'espère que votre Congrès permettra sous peu au président Clinton de se targuer d'en faire autant.

Mesdames et messieurs, comme vous pouvez le voir, l'avenir, et l'avenir de mon pays en particulier, m'inspirent confiance et enthousiasme. Nous voulons faire connaître au monde notre réussite. Et je suis ravi d'être ici pour vous le dire, même s'il m'a fallu attendre quatre ans.

Mais il ne s'agit pas seulement de l'optimisme d'un premier ministre qui se vante de son pays - bien que je sois fier de le faire. L'optimisme dont je parle, c'est l'optimisme d'un pays qui sort d'une situation très difficile. Qui n'a épargné aucun effort pour s'en sortir.

Et dont les perspectives d'avenir sont pleines d'espoir et de promesses, qui a repris confiance dans ses capacités et qui croit de nouveau à sa destinée.

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Mise à jour : 2007-04-11 Haut de la page Avis importants