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Le dîner du Canada Club de Londres


Le 14 mai 1998
Londres (Angleterre)

Je suis ravi -- à la veille du Sommet du G8 à Birmingham -- de m'adresser au Canada Club.

Les temps ont beaucoup changé depuis la naissance du Club au lendemain de la Confédération canadienne. Pourtant, au fil des décennies, il a toujours contribué à la richesse traditionnelle et à la vitalité moderne des relations entre la Grande-Bretagne et le Canada.

Cette richesse est imprégnée de notre histoire commune. Ces liens d'amitié sont entrelacés pour l'éternité dans d'innombrables coins paisibles en Europe et en Asie où reposent nos héros, tombés au champ d'honneur dans la défense de la liberté et de la démocratie. Ce partenariat est fondé sur des décennies de collaboration au sein du Commonwealth, des Nations Unies et du G7.

Hier, nous avons célébré un important symbole de cette histoire commune. Nous avons été honorés de la présence de Sa Majesté à la réouverture de la Maison du Canada, qui a retrouvé tout son éclat et a été équipée pour l'ère de l'électronique. Je sais que vous vous réjouissez comme moi de voir la Maison du Canada ouvrir de nouveau ses portes en plein coeur de Londres!

Les liens historiques qui unissent le Canada au Royaume-Uni nous tiennent à coeur. Mais au moment où je vous parle, il est clair que nous assistons à un nouvel épanouissement de ces rapports. Nous sentons un regain d'énergie, une détermination nouvelle. Ce renouveau provient du souffle d'optimisme et de confiance dans l'avenir qui anime nos deux pays.

Vraiment, pour le Canada et pour la Grande-Bretagne, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Comme l'a si bien dit le Premier ministre Blair, le Royaume-Uni a longtemps été reconnu davantage pour ce qu'il avait été que pour ce qu'il pouvait être. Ce n'est plus le cas. De toute évidence, la nouvelle Grande-Bretagne s'intéresse moins à la gloire des siècles passés qu'aux nouvelles perspectives du siècle que nous abordons.

Il n'y a pas si longtemps, le Canada aussi voguait à la dérive. Nous étions aspirés dans un tourbillon dont nous ne semblions pas avoir la force de nous sortir. N'ayant pas su remédier aux erreurs du passé, nous ne pouvions relever les défis de l'avenir. Le Wall Street Journal nous désignait comme un « aspirant au titre de pays du Tiers-Monde ».

Aujourd'hui, lorsque la presse internationale parle du Canada, il y a fort à parier que ce soit dans les termes du Financial Times, ici-même à Londres, qui disait du Canada cette semaine qu'il était le « Top Dog », c'est-à-dire le premier de classe, du G7 et qu'il amorçait une « Renaissance nordique ». Effectivement, nous sommes sur le point d'entrer dans un nouvel âge d'or de prospérité. Nous jouons de nouveau avec assurance un rôle constructif dans la communauté des nations et dans l'économie mondiale.

Lorsque notre gouvernement est arrivé au pouvoir il y a quatre ans et demi, notre déficit s'élevait à 42 milliards de dollars -- le plus lourd de notre histoire -- et il continuait de s'alourdir. Pire encore, un ratio du déficit au PIB de six pour cent plaçait le Canada au deuxième rang parmi les pays du G7 à ce chapitre. Et nous faisions appel dans une large mesure aux emprunts à l'étranger pour financer notre dette.

Notre taux de chômage national s'élevait à 11,4 p. 100 au début de 1994. Nos taux d'intérêt semblaient condamnés à rester toujours supérieurs aux taux d'intérêt de notre plus important partenaire économique, les États-Unis. En 1994, le Forum économique mondial a classé le Canada numéro seize sur le plan de la compétitivité internationale alors qu'il se classait numéro cinq quelques années auparavant.

Mais tout cela, c'est du passé.

Il y a deux mois, notre gouvernement a présenté un budget équilibré -- le premier en près de trente ans -- et le seul budget équilibré des pays du G7. Et nous avons annoncé que les deux prochains budgets seront également équilibrés -- ce sera la première fois qu'un gouvernement canadien aura réussi à présenter trois budgets équilibrés consécutifs en près de cinquante ans.

Le ratio de la dette au PIB ne cessera de diminuer. Et ce n'est pas tout. Nous avons adopté un plan de réduction de la dette -- année après année après année.

En 1997, la croissance économique au Canada a été plus rapide que celle des autres pays du G7. Et selon les prévisions, nous devancerons encore les pays du G7 en 1998. Plus d'un million d'emplois ont été créés au Canada depuis que nous avons pris le pouvoir en 1993. Toutes proportions gardées, notre économie crée plus d'emplois que celle de tout autre pays du G7. Une baisse de trois points a ramené notre taux de chômage à son niveau le plus bas en près de huit ans.

Pour la toute première fois, les taux d'intérêt à court et à long terme au Canada sont inférieurs à ceux des États-Unis. En 1997, le Forum économique mondial a de nouveau attribué le quatrième rang au Canada sur le plan de la compétitivité internationale. Le service de collecte de renseignements de la revue The Economist classe maintenant le Canada troisième parmi une soixantaine de pays où le climat des affaires est favorable à l'investissement pour les quatre prochaines années.

Il s'agit de réalisations historiques.

Elles sont d'autant plus impressionnantes que notre étalon de mesure est très strict. La plupart des pays -- dont le Royaume-Uni, la France et les États-Unis -- présentent leur déficit en fonction de leurs besoins d'emprunt.

Si nous utilisions le même étalon de mesure pour calculer notre solde budgétaire, nous aurions déjà enregistré un excédent l'an dernier. Cette année nous aurons un excédent de douze milliards de dollars au titre des besoins financiers.

Sur le plan pratique, cela signifie que le gouvernement du Canada n'évince plus le secteur privé sur notre marché des capitaux. Finie l'époque où l'entreprise canadienne devait se tourner vers l'étranger pour financer de nouveaux investissements. C'est donc dire que les taux d'intérêt continueront de baisser.

Vous vous demandez peut-être comment le Canada est devenu l'enfant prodigue du monde industrialisé.

La réponse est simple. Cela ne tient ni de la magie, ni du miracle. La seule explication est le courage de la population canadienne. Elle a exigé que nous prenions les décisions difficiles qui s'imposaient pour remettre de l'ordre dans nos finances publiques. Pour en venir à bout. Nous nous en sommes sortis, et comme tant d'autres Canadiens, je ne dissimule pas ma fierté.

L'ère de l'extravagance financière au Canada est terminée. Notre gouvernement ne laissera plus jamais nos finances publiques se détériorer à ce point.

Notre intention, en redressant les comptes, était de le faire une fois pour toutes; pour que personne n'ait jamais plus à le refaire. Nous ne gaspillerons pas le dividende financier que notre succès a permis de dégager sur des expédients politiques qui ne procurent pas d'avantages durables. Ces jours-là sont finis pour de bon au Canada.

C'est parce que nous avons redressé nos finances que les Canadiens et Canadiennes éprouvent le même regain d'optimisme et d'espoir que celui qui se répand dans tout le Royaume-Uni.

Cela a contribué à nous donner la confiance nécessaire pour relever de nouveaux défis. Pour effectuer des investissements stratégiques -- selon nos moyens -- en vue de préparer les Canadiens et Canadiennes aux emplois valorisants et aux niveaux de vie plus élevés du vingt et unième siècle. De fait les investissements les plus importants que nous avons consentis dans l'après-déficit ont été dans des mécanismes tels que le Fonds des bourses d'études du millénaire qui aidera, chaque année, 100 000 Canadiens et Canadiennes à poursuivre des études postsecondaires. Et il ne s'agit là que d'un de nos investissements clés dans l'instruction.

Ce regain de confiance nous a aussi permis de prendre place à l'avant-garde du mouvement -- régional et mondial -- de libéralisation des échanges. Et de renouveler et revitaliser notre partenariat avec le Royaume-Uni et l'Europe.

Le partenariat entre nos deux pays qui connaissent chacun un nouvel essor en dit long sur les valeurs que nous partageons. Ainsi, au cours des derniers mois, nous sommes intervenus tous les deux lorsqu'une crise menaçait d'éclater dans la région du golfe Persique. Et nous avons agi sans tarder ni s'excuser.

Alliés pendant deux guerres mondiales, nous connaissons les horreurs de la guerre, de sorte que nous avons travaillé ensemble sans relâche pour la paix : dans une Bosnie ravagée par la guerre et dans le cadre de la campagne contre les mines terrestres. Cette dernière a porté fruit en décembre dernier quand plus de cent pays ont signé le Traité d'Ottawa.

Et le Canada appuie fortement les efforts de la Grande-Bretagne en faveur de l'adoption des accords de paix prometteurs en Irlande du Nord. Nous sommes très fiers du fait qu'un de nos plus éminents citoyens, le général de Chastelain, joue un rôle déterminant dans ce processus historique.

C'est sur ce partenariat caractérisé par un ensemble de valeurs et d'expériences communes et par un même optimisme à l'égard du nouveau siècle qu'ont porté les discussions que le Premier ministre Blair et moi avons eues aujourd'hui. Il est au coeur de la déclaration conjointe que nos deux pays ont faite il y a un an aussi bien que des accords que nous avons signés aujourd'hui.

Il ne s'exprime pas par de grands discours, mais par les expériences humaines qui rapprochent nos pays et nos peuples. Ainsi, il y a deux semaines, un des grands esprits de notre temps, le chercheur Stephen Hawking, a visité notre passionnant projet de recherche sur les neutrinos dans le Nord de l'Ontario. On peut y voir le symbole de notre collaboration dans l'innovation scientifique à la veille d'un nouveau siècle.

Notre partenariat s'exprime par la jonction de notre Réseau scolaire national, Rescol, avec son pendant britannique, le National Grid for Learning. Au Canada, Rescol relie chacune de nos quelque 16 000 écoles et 4000 bibliothèques publiques à l'Internet -- et entre elles. Et désormais, grâce à notre nouvelle entente, des connexions pourront s'établir entre les jeunes Canadiens et les jeunes ici en Grande-Bretagne. Ils pourront échanger leurs expériences et leurs idées, apprendre les uns des autres, ériger des milliers de ponts individuels de compréhension et d'amitié par delà l'Atlantique.

L'image des ponts illustre bien la relation entre nos deux pays -- des ponts entre nous, certes, mais qui donnent aussi accès aux plus vastes communautés qui nous entourent. Ainsi, le Canada est la porte d'entrée non seulement de l'Amérique du Nord et de l'ALENA, mais aussi de la famille hémisphérique grandissante -- la gran familia -- des Amériques. Pour nous, la Grande-Bretagne est la porte d'entrée de la nouvelle Europe.

En effet, pendant les six premiers mois de cette année, la Grande-Bretagne exercera la présidence de l'Union européenne. La Grande-Bretagne a toujours été un pivot de l'Europe et l'a toujours orientée vers le monde qui l'entoure. L'intérêt accru que suscite le partenariat économique transatlantique le démontre bien.

Beaucoup d'entre vous savent que je préconise depuis longtemps une entente commerciale ALENA- Union européenne. Je continuerai d'ailleurs de promouvoir cette idée chaque fois que l'occasion s'en présentera. Le Canada restera à l'avant-garde de la libéralisation du commerce transatlantique -- tout comme il l'est dans la promotion du libre-échange dans les Amériques et dans la région de l'Asie- Pacifique. Au Sommet Canada-Union européenne aujourd'hui, nous avons renouvelé notre engagement de revitaliser notre relation transatlantique.

Le commerce est la clé de la croissance et de la prospérité économique au Canada. Quarante pour cent de notre PIB dépend des exportations, soit une proportion plus élevée que dans tout autre pays industrialisé.

Il ne fait aucun doute cependant que le commerce est aussi la clé d'une plus grande prospérité mondiale, d'un niveau de vie supérieur et d'une meilleure qualité de vie pour les gens partout dans le monde. Notre pays en est la preuve vivante. Pour maintenir et améliorer la qualité de vie de nos citoyens, nous devons continuer de libéraliser les échanges. Surtout, les populations des autres pays, des pays plus démunis, méritent les mêmes chances que nous avons eues -- les chances d'accéder à la prospérité que permettent les portes ouvertes pour le commerce. C'est la raison pour laquelle il est si essentiel que le libre-échange accru soit le moteur économique de l'économie mondialisée du nouveau millénaire.

Il faudra faire appel à notre détermination commune de résister aux pressions du protectionnisme et de l'isolationnisme. Tout au long de notre siècle, ces pressions ont été la recette de la pauvreté et du marasme.

En outre, il nous faudra faire face sans détour aux défis, incertitudes et craintes que la mondialisation a soulevés. La crise financière en Asie nous l'a appris. Nos citoyens ont le droit d'être rassurés. Ils ont des préoccupations légitimes au sujet du changement et de la mondialisation. Et il faut y répondre.

Il faut aussi poursuivre les efforts au niveau international pour faire en sorte que la mondialisation ne soit pas perçue comme une malédiction par les gens ordinaires dans le monde, pour qu'elle ne soit pas seulement une affaire de fusions et de bilans financiers.

Voilà pourquoi le Canada travaillera au sein du G8 à l'instauration d'un système international de surveillance des secteurs financiers nationaux. Nous avons amorcé ce processus à la réunion du G7 dont j'ai eu l'honneur d'être l'hôte à Halifax en 1995. Mais la crise en Asie a montré clairement que cela ne suffit pas. Lors de la réunion des ministres des Finances du G8, le Canada a proposé un mécanisme de collaboration entre les institutions financières internationales et les organismes de réglementation internationaux. Nous ne souhaitons pas mettre en place un lourd appareil bureaucratique. Nous voulons un moyen souple et efficace d'empêcher une crise comme celle qui est survenue en Asie. Nous le devons bien à tous nos citoyens.

C'est une question que je compte soumettre de la part des ministres des Finances au Sommet des chefs à Birmingham.

Mesdames et messieurs, mon séjour au Royaume-Uni cette semaine m'offre l'occasion de réfléchir à tous les aspects des relations entre le Canada et le Royaume-Uni : le passé et le présent; les domaines politique et commercial; les rapports en temps de paix et de guerre.

Les raisons de célébrer sont nombreuses. Mais ma réflexion sur l'histoire que nous partageons débouche sur l'avenir.

Nous avons vu renaître Britannia. Et le Canada est l'enfant prodigue. Chacun de notre côté, nous avons accompli de grandes choses ces dernières années. Imaginez ce que nous pourrons accomplir comme partenaires.

En ce printemps de 1998, vraiment, pour nous, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

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Mise à jour : 2007-04-11 Haut de la page Avis importants