Notes pour une allocution de l'honorable Robert Nicholson
Leader du gouvernement à la Chambre des communes et ministre de la réforme
démocratique
à l’occasion du débat en deuxième
lecture
du projet de loi C-31 concernant l’intégrité du processus électoral
Le 7 novembre 2006
Le texte prononcé fait foi
Introduction
- Monsieur le Président, j’ai l’honneur
de prendre la parole pour lancer le débat
en deuxième lecture du projet de loi C-31.
- Ce projet de loi vise à améliorer
l’intégrité
du processus électoral et à
réduire les possibilités
de fraude électorale.
- Ce projet de loi, de même que la Loi fédérale
sur la responsabilité, aidera à
préserver la confiance de la population
canadienne dans le processus démocratique.
Contexte - 13e rapport du PROC
- De nombreux députés
reconnaîtront la teneur du projet de loi en
grande partie.
- C’est parce qu’il met en œuvre les
recommandations d’un rapport multipartite du Comité
permanent de la procédure et des affaires
de la Chambre, déposé
en chambre au mois de juin.
- Le Comité a formulé
ses recommandations après avoir
entendu :
- le directeur général
des élections,
- le commissaire à la protection de la vie
privée,
- et des représentants des quatre partis
politiques à la Chambre.
- Comme de raison, le Comité a également
bénéficié
de l’expérience de ses membres.
- Nous avons tous vécu le processus électoral
et nous sommes bien conscients qu’il est toujours possible d’améliorer
le processus qui nous amène à
siéger ici.
- Les recommandations pratiques du Comité
vont améliorer le processus pour tous les
partis et pour tous les Canadiens.
- Le gouvernement a écouté
attentivement le Comité. Nous avons déposé
une réponse globale à
son rapport.
- Mais en plus, nous prenons des mesures concrètes
dans le projet de loi C-31.
Le projet de loi
- Comme vous le voyez, Monsieur le Président,
le projet de loi C-31 apporte toute une série
d’améliorations à
notre appareil démocratique.
- Et j’aimerais profiter de cette occasion pour mettre en relief certaines
des mesures qu’il contient.
Identification des électeurs
- D’abord et avant tout, le projet de loi C-31 crée
un système uniforme d’identification des électeurs
aux bureaux de vote.
- À l’heure actuelle, aucune mesure systématique
n’est en place pour demander aux électeurs
de présenter des pièces
d’identité pour voter.
- Tous les députés
le savent sûrement très
bien, mais je crois que la plupart des Canadiens seraient surpris d’apprendre
qu’une activité d’importance aussi
fondamentale que voter ne nécessite aucune
preuve d’identité.
- Aux termes de la Loi, il suffit de fournir son nom et son adresse pour
recevoir un bulletin de vote.
- Dans la pratique, il arrive souvent que les électeurs
présentent seulement une carte d’information
de l’électeur. Or, cette carte est envoyée
aux électeurs pour leur indiquer à
quel bureau de vote se présenter et n’est
pas destinée à
servir de pièce d’identité.
- D’ailleurs, selon certains témoignages
devant le Comité, ces cartes sont parfois
laissées en vrac dans les halls d’entrée
d’immeubles ou encore sont exposées à
d’autres abus.
- En vertu de la Loi électorale actuelle,
un secrétaire de bureau de vote, un
scrutateur, un candidat ou son représentant
peut demander une preuve d’identité seulement
s’il a des doutes quant à l’identité
de la personne.
- Cependant, l’application de ce droit de questionner l’identité
d’un électeur est souvent inégale
dans les dizaines de milliers de bureaux de vote à
l’échelle nationale.
- Certains membres du personnel de scrutin peuvent hésiter
à exiger une preuve d’identité
alors que la Loi ne l’exige pas.
- Certains candidats peuvent abuser de leur droit de mettre l’identité
des électeurs en doute.
- Entre-temps, les électeurs doivent se
munir de pièces d’identité
au cas où ce droit serait invoqué.
- En rendant obligatoire l’identification des électeurs,
ce projet de loi permettra de remédier à
ces problèmes :
- en assurant l’uniformité et la clarté;
- en réduisant la possibilité
de fraude électorale;
- et en démontrant aux Canadiens et
Canadiennes l’importance de l’exercice du droit de vote.
- Le projet de loi alignera aussi le système
fédéral
sur le système utilisé
au Québec, dans un certain nombre de
municipalités canadiennes et dans de
nombreuses autres démocraties (y compris la
grande majorité des États
américains, en France, en Allemagne, au
Mexique, en Irlande du Nord et dans de nombreuses démocraties
en développement).
- Ces administrations ont eu recours à
diverses méthodes, y compris l’adoption d’une
carte d’identité unique pour les électeurs
ou la présentation obligatoire d’une
carte d’identité avec photo.
- La méthode d’identification des électeurs
prévue dans notre projet de loi a été
soigneusement élaborée
par le Comité permanent pour assurer un équilibre
compatible avec notre système et conforme à
nos valeurs.
- L’équilibre est ainsi préservé
entre la nécessité
de protéger l’intégrité
du processus et celle d’éviter que
quiconque soit privé du droit de voter
faute de pièces d’identité.
- La plupart des électeurs qui possèdent
une carte d’identité avec photo contenant
leur nom et leur adresse – un permis de conduire, par exemple – peuvent la
présenter pour voter.
- Autrement, l’électeur qui ne possède
pas une telle pièce d’identité
peut présenter deux autres pièces
d’identité acceptables qui confirment son
nom et son adresse.
- Aux termes du projet de loi, le directeur général
des élections devra publier le type de pièce
d’identité qui sera accepté,
de sorte que tous les électeurs sauront
lesquelles apporter pour pouvoir voter.
- Nous comptons sur le DGE pour entreprendre les activités
d’information du public nécessaires pour
s’assurer que les électeurs sont au
courant de ces exigences.
- Monsieur le Président, je tiens à
ce qu’il soit bien clair que ce projet de loi n’empêchera
aucunement les électeurs qui ne posséderaient
pas de pièces d’identité
adéquates de voter.
- Ces électeurs devront prêter
serment ou affirmer solennellement leur identité
et demander à un autre électeur
de répondre d’eux.
- C’est une autre façon d’assurer l’équilibre
– prévoir des méthodes
fiables de protéger l’intégrité
du vote, tout en préservant son
accessibilité.
- Comme tous les partis à la Chambre et au
sein du Comité, nous tenons à
ce que tous les électeurs admissibles
puissent voter. Et aux termes de ce projet de loi, ils le pourront.
Autres mesures visant à réduire
la fraude électorale
- Le système d’identification des électeurs
contribuera grandement à réduire
les possibilités de fraude électorale.
- En plus, nous allons renforcer le mécanisme
permettant de recourir à un répondant
pour s’inscrire comme électeur et pour
voter au bureau de vote sans pièce d’identité.
- Les personnes qui se portent garantes d’une personne ne possédant
pas de pièces d’identité
ne pourront pas répondre de plus d’un électeur,
comme c’est le cas maintenant pour l’inscription des électeurs.
- Et l’électeur admis grâce
à ce mécanisme
ne pourra se porter garant d’une autre personne désirant
s’inscrire ou voter sans ses propres pièces
d’identité.
- La date de naissance des électeurs –
un renseignement que contient déjà
le Registre national – sera ajoutée sur
la liste des électeurs utilisée
dans les bureaux de vote.
- De plus, comme le recommande aussi le Comité,
l’électeur dont l’admissibilité
à voter soulève
un doute raisonnable sera tenu de signer un affidavit.
- L’ensemble de ces mesures sera utile par exemple lorsqu’une personne qui
se présente au bureau de vote ne paraît
pas en âge de voter.
- Sa carte d’identité pourrait indiquer
sa date de naissance et permettre d’établir
son droit de voter.
- Elle pourrait également servir à
confirmer son identité si elle correspond
au nom et à la date de naissance sur la
liste des électeurs. Ce renseignement est
particulièrement utile lorsque deux noms se
ressemblent beaucoup.
- En revanche, si la carte d’identité n’indique
pas la date de naissance, mais qu’elle confirme l’identité
de la personne, elle peut être admise à
voter après avoir signé
l’affidavit.
- Si l’on constate par la suite qu’elle avait moins de 18 ans, soit l’âge
requis pour voter, l’incident aura été
consigné.
- Cette réforme corrige une lacune évidente
de la loi actuelle dans les cas où l’admissibilité
d’une personne à voter est en doute.
- D’autre part, Monsieur le Président,
le gouvernement a appuyé, dans sa réponse
au Comité, un certain nombre de
recommandations concernant des mesures qui ne sont pas de nature législative
pour contrer la fraude électorale.
- Et nous nous ferons un plaisir de collaborer avec le Comité
et le directeur général
des élections pour veiller à
la mise en œuvre de ces mesures.
- À ce moment-ci, je voudrais souligner la nécessité
de faire preuve de vigilance pour garantir un système
électoral sain et pour assurer l’intégrité
de son fonctionnement.
- Bien que la fréquence de la fraude électorale
soit difficile à déterminer
avec précision, il est clair qu’il s’en
est produit.
- On a beaucoup parlé de cas où
des personnes ont voté sans avoir la
citoyenneté ou ont voté
deux fois, et de la nette possibilité que
des individus se fassent passer pour quelqu’un d’autre, par exemple en présentant
une carte d’information de l’électeur
jetée au rebut.
- De tels exemples peuvent miner la confiance du public dans le processus démocratique,
influencer les résultats d’une élection
serrée et porter un véritable
préjudice à
l’intégrité
de notre système.
- C’est la raison pour laquelle notre gouvernement passe à
l’action pour mettre en œuvre les
recommandations du comité parlementaire.
Autres améliorations opérationnelles
- Bien sûr, protéger
l’intégrité
du processus électoral ne signifie pas
seulement réduire les possibilités
de frauder le système.
- Cela signifie également améliorer
le fonctionnement du système. Un système
électoral qui fonctionne bien favorisera
grandement la confiance du public dans le processus électoral.
- Les améliorations opérationnelles
seront apportées dans quatre principaux
domaines dont j’aimerais vous parler brièvement.
- Améliorer l’exactitude du Registre
national
- Premièrement, le projet de loi prévoit
des mesures pour améliorer l’exactitude
du Registre national des électeurs.
- Les erreurs dans le Registre peuvent compromettre l’intégrité
du processus électoral, car il sert à
indiquer qui a le droit de voter.
- Par exemple, le Comité a entendu parler
de cas où un électeur
figurait plusieurs fois sur la liste, où
des électeurs étaient
inscrits à des adresses commerciales ou
encore, où la liste contenait le nom de
personnes décédées.
- Le projet de loi apportera des changements importants aux méthodes
utilisées pour assurer la mise à
jour du Registre national des électeurs et
en améliorer l’exactitude.
- Il permettra d’inclure une déclaration
de citoyenneté dans la déclaration
de revenus, afin de s’assurer que seuls les renseignements des électeurs
admissibles à voter seront transmis à
Élections Canada, avec le consentement de
ces électeurs.
- L’Agence de revenu du Canada pourra transmettre à
Élections Canada des renseignements sur les
contribuables décédés
pour faciliter le retrait rapide de leurs noms du Registre.
- Les directeurs du scrutin seront expressément
autorisés à
participer à des initiatives de mise à
jour du Registre. Cette disposition permettra, par exemple, des mises à
jour ciblées dans les régions
à forte mobilité
ou dans les nouveaux quartiers.
- De plus, le pouvoir du DGE de créer, de
recueillir, de communiquer et de conserver des renseignements d’identification
en vue de mettre à jour le Registre sera précisé.
- Faciliter l’exercice du droit de vote
- Deuxièmement, le projet de loi apportera
des changements pour éviter que des
obstacles opérationnels ne découragent
des électeurs potentiels.
- Par exemple, les électeurs ayant un
handicap physique ne seront plus obligés de
demander un transfert à un bureau de vote
offrant un accès de plain-pied trois jours
d’avance.
- Ce délai n’est pas pratique pour les électeurs
qui se rendraient compte que leur bureau de vote n’est pas accessible
seulement à leur arrivée
le jour du scrutin.
- De même, les électeurs
dont le bureau de vote a été
changé pourront désormais
voter à leur bureau de vote original.
- Cette mesure évite de causer du désagrément
aux électeurs ou de les décourager
en raison d’un changement administratif.
- Le projet de loi rend également plus
accessibles les bureaux de vote par anticipation.
- Selon la loi actuelle, les bureaux de vote par anticipation doivent regrouper
au moins deux sections de vote.
- Dans les régions où
la population est dispersée sur une vaste
superficie, l’électeur pouvait être
obligé de se déplacer
sur une grande distance pour aller voter.
- Améliorer les communications avec les
Canadiens
- Troisièmement, le projet de loi améliorera
la façon dont les candidats et les
fonctionnaires électoraux communiquent avec
les Canadiens et Canadiennes.
- À cause de la façon dont la Loi électorale
du Canada est rédigée
à l’heure actuelle, les candidats peuvent
faire campagne dans les immeubles à
logements multiples, mais pas dans les ensembles résidentiels
protégés,
dont l’accès est contrôlé
par une personne autre que les résidents.
- Le libellé du projet de loi précisera
que les candidats peuvent solliciter des votes à
l’intérieur de ces ensembles.
- Les Canadiens devraient pouvoir décider
eux-mêmes s’ils veulent parler aux
candidats qui briguent une charge publique en leur nom.
- De même, le projet de loi précisera
la capacité des fonctionnaires électoraux
d’avoir accès aux immeubles à
logements multiples et aux ensembles résidentiels
protégés
pour mettre à jour le Registre et les
listes électorales.
- Et les candidats auront clairement accès
aux lieux publics pour renseigner les électeurs
sur leurs campagnes.
- Ces changements que prévoit le projet de
loi, de même que l’amélioration
des méthodes de distribution des listes électorales,
permettront une meilleure communication avec la population pendant une campagne électorale.
- Autres améliorations opérationnelles
et techniques
- Enfin, le projet de loi apportera d’autres améliorations
conçues pour assurer le fonctionnement
efficace du processus électoral.
- À titre d’exemple, les erreurs de rédaction
dans la Loi seront corrigées, et les échéances
pour la production de la liste électorale
annuelle seront prolongées.
- Comme tous les autres changements que j’ai mentionnés,
ces réformes ont été
recommandées par le Comité,
souvent à partir des suggestions et de l’expérience
du directeur général
des élections.
- Comme tous ces autres changements, ceux-ci contribueront à
améliorer l’intégrité
de notre système électoral.
Conclusion
- Avant de terminer, Monsieur le Président,
je tiens à remercier le Comité
du travail important qu’il a accompli.
- Le Canada est une grande démocratie.
Mais elle doit évoluer et s’adapter aux
nouvelles réalités.
- Même le plus petit changement d’ordre
technique peut aider tous les Canadiens à
exercer leur droit de vote.
- Ce projet de loi fondé sur les
recommandations du Comité effectue ces améliorations
techniques et plus encore.
- Il fait en sorte que tous les Canadiens puissent exercer leur droit de vote
tout en améliorant l’intégrité
du système électoral.
- Ce projet de loi servira l’intérêt
de tous les Canadiens et de tous les partis et j’engage tous les députés
à appuyer son adoption rapide.
- Merci, Monsieur le Président.
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