Discours du Premier ministre Jean Chrétien à l'occasion d'un service commémorant le 11 septembre 2001

Le 11 septembre 2002
Gander (Terre-Neuve-et-Labrador)

Le 11 septembre 2001 a commencé comme un jour ordinaire.

Vers cette heure, c'était le début d'une journée de travail comme les autres. Ici à Gander, et dans toute l'Amérique du Nord, la vie suivait son cours normal pour un matin de septembre. À New York et Boston, 24 Canadiens et Canadiennes vaquaient paisiblement à leurs affaires.

Puis, comme un coup de tonnerre, le 11 septembre 2001, est devenu un jour comme nul autre. Une date inoubliable.

La vie, l'espoir et les rêves des innocentes victimes canadiennes et de milliers d'autres ont été brutalement écourtés le 11 septembre. Pour les familles, le monde a basculé ce jour-là dans une douleur atroce. Pour les Canadiens et les gens de partout, ce fut un choc qui nous a laissés sans mot et avec un sentiment d'impuissance devant l'inimaginable. Nous avons vu sur nos écrans de télévision le côté sombre de la nature humaine se déchaîner sauvagement - se révélant dans toute son horreur à la face d'un monde bouleversé.

Mais alors même que le monde essayait de comprendre les attentats perpétrés contre Washington et le World Trade Center, ici à Gander et un peu partout au Canada, le côté le plus admirable de la nature humaine commençait déjà à se manifester.

À notre insu, des milliers de passagers à bord de 239 avions se sont soudain retrouvés incapables de se rendre à destination. Grâce à l'efficacité du système de navigation canadien, ils ont tous pu atterrir en sécurité. Plus de la moitié des avions ont atterri ici à Terre-Neuve-et-Labrador : à Gander, St. John's, Stephenville, Goose Bay et Deer Lake. Ce n'est qu'une fois au sol que le vrai travail a commencé. En l'espace de quelques heures, la population de Gander s'est agrandie de plus de 50%.

On dit qu'à Terre-Neuve-et-Labrador, il n'y a pas d'étrangers, seulement des amis qu'on n'a pas encore rencontrés. Le 11 septembre les gens de Gander et des environs nous ont montré à quel point c'est vrai.

Vous n'avez pas hésité un instant.

Vous avez sorti les draps de vos armoires et les provisions de votre garde-manger. Vous avez ouvert tout grand vos foyers. Vous avez épanché votre sympathie. Vous avez tendu une main secourable et une oreille bienveillante.

Les témoignages de reconnaissance ont été nombreux.

J'ai entendu parler d'un couple du New Jersey qui est parti convaincu que le College of the North Atlantic à Gander était un hôtel quatre étoiles! Ou de l'agente de bord qui a écrit dans sa lettre de remerciement : « Quand nous sommes arrivés des cieux à l'improviste, nous étions des étrangers. Mais quand nous sommes remontés dans les nuages, nous étions vos frères et soeurs. »

Parfois, les paroles les plus émouvantes sont aussi les plus simples. J'ai senti le soulagement total qu'a dû ressentir le voyageur qui était resté coincé dans un avion pendant 21 heures. Il racontait qu'en entrant dans le centre communautaire d'Appleton à trois heures du matin, les premiers mots qu'il avait entendus étaient : « Bienvenue, entrez s'il-vous-plaît. Nous avons du café et de la nourriture. »

Mes amis, le souvenir du 11 septembre restera longtemps celui de la terreur et du chagrin. Mais grâce aux innombrables gestes de bonté et de compassion envers les visiteurs en détresse à Gander et à travers le Canada, il restera toujours celui du réconfort et de la consolation.

Vos actions vous ont fait honneur et ont fait honneur au Canada.

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