Réunion des chefs de gouvernement du Canada et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)


Le 3 mars 1996
St.George's (Grenade)

C'est un plaisir d'être ici dans cette merveilleuse île de Grenade et de rencontrer des dirigeants de pays qui sont de vieux amis du Canada. En fait, dans le cas des provinces de l'Atlantique, ces amitiés remontent à une époque où aucun de nous n'était encore devenu un pays indépendant.

Nous avons un ordre du jour ambitieux et je sais qu'il donnera lieu à des échanges de vues francs et détaillés.

J'aimerais maintenant vous brosser un tableau de l'approche internationale du Canada et vous dire où se situent les Caraïbes dans ce tableau.

Les Canadiens voient leur pays comme un participant actif sur l'échiquier international, un pays qui sait nouer des liens solides un peu partout dans le monde.

Cela s'explique du fait que nous sommes une nation commerçante, et du fait aussi que nous accueillons des gens de tous les coins du monde en travaillant fort pour qu'ils se sentent chez eux au Canada.

Cette ouverture d'esprit, ces ponts que nous bâtissons entre les peuples et les pays, ce sont là nos principaux atouts.

Et cela m'amène à parler des Amériques. Notre gouvernement est arrivé au pouvoir en 1993 en promettant d'ouvrer à l'édification d'une grande communauté occidentale.

Nous honorons donc cette promesse. Le Sommet des Amériques à Miami a établi un programme ambitieux pour notre hémisphère et nous sommes en train de donner suite à ce programme. Notre appartenance à l'Organisation des États américains nous permet de bien cibler nos efforts.

Sur le plan économique, le Canada veut garantir la prospérité à tout le monde en établissant une zone de libre-échange à l'échelle des Amériques.

Sur le plan politique, nous voulons que la démocratie et des sociétés civiles plus fortes prennent racine et s'épanouissent partout dans les Amériques, et nous souhaitons que les droits de la personne y soient respectés.

Notre engagement face à l'hémisphère occidental nous a obligés à repenser nos perceptions de l'avenir. Nous savons que vous aussi, vous réfléchissez à votre avenir au sein de cet hémisphère et nous vous invitons à suivre le même chemin que nous.

C'est vrai que nous devons travailler ensemble pour façonner l'avenir des Amériques.

Pendant des décennies, le Canada a cherché l'appui des États des Caraïbes aux Nations unies et au Commonwealth, pour défendre la démocratie et les libertés individuelles.

Aujourd'hui, nous poursuivons également cette tâche au sein de l'Organisation des États américains.

Depuis 1990, date de la dernière rencontre, 13 des 15 pays représentés ici ont changé de gouvernement de manière démocratique et pacifique. Pendant des années, vous avez prouvé que la démocratie peut réussir à s'implanter dans les petits pays comme dans les grands, dans les pays en développement comme dans les pays industrialisés. La liberté, ce n'est pas quelque chose qui vient après coup, une fois qu'on a fait tout le reste.

C'est là une leçon qui a été comprise partout dans le monde et qui finira par s'imposer partout dans l'hémisphère occidental, en raison du vent de développement démocratique qui souffle sur les Amériques.

C'est une leçon que la communauté des Caraïbes peut et devrait mettre à profit en participant à la consolidation de notre hémisphère.

Les pays des Caraïbes sont pour nous de vieux amis et de précieux partenaires. Notre engagement à votre égard est un engagement bien ferme. Vous vous en rendrez compte au cours des entretiens que nous aurons.

Même si le Canada a dû réduire son aide au développement, c'est encore aux Caraïbes que cette aide fait le plus de bénéficiaires si on fait le calcul par habitant. Les nouvelles compressions budgétaires et les nouvelles priorités en matière de développement nous obligent à maximiser l'impact de nos programmes.

C'est pourquoi nous travaillons avec vous à des projets qui permettent de développer l'expertise et le talent dont vous aurez besoin pour relever les défis du siècle prochain.

La réunion des ministres du commerce à Cartagena dans quelques semaines nous rapprochera du but que nous nous sommes fixé d'avoir une zone de libre-échange du nord au sud des Amériques d'ici l'an 2005. Nous sommes conscients que ce projet soulève des préoccupations dans les Caraïbes et que certains se soucient des coûts. Le Canada a lui-même dû s'ajuster à de nouveaux régimes commerciaux, mais notre expérience révèle que les avantages dépassent de beaucoup les inconvénients lorsqu'on procède comme il faut.

Nous vous encourageons à aborder les questions commerciales avec confiance. Nous sommes disposés à vous aider à résoudre les questions de politique commerciale qui ne manqueront pas de surgir.

En tant que dirigeants politiques et en tant qu'individus, nous partageons la même inquiétude au sujet de la drogue et des ravages qu'elle cause dans nos sociétés. Je suis ici pour écouter, mais je peux vous promettre que le Canada continuera à coopérer avec vous bilatéralement et par le biais de l'OEA et de l'ONU pour venir à bout de cette menace à la santé de nos citoyens et à l'intégrité de nos systèmes politiques et judiciaires.

Si nous voulons bâtir des pays forts pour les générations à venir, nous devons nous doter de politiques environnementales sensées.

Voilà pourquoi la protection de l'environnement constitue la pierre angulaire de notre cadre stratégique pour le développement des Caraïbes.

Nous reviendrons sur ces questions plus tard, mais je veux vous exprimer notre gratitude pour votre appui pendant les négociations de la convention de l'ONU sur les stocks chevauchants. J'espère que vous ne tarderez pas à ratifier cette convention.

La dette internationale est une autre de vos préoccupations, j'en suis convaincu. Ces dernières années, le Canada et les Caraïbes se sont attaqués à la question, et je veux discuter de la façon dont nous pouvons poursuivre notre coopération, notamment dans les banques de développement multilatérales.

Je crois que nous avons tout un programme sur la table : commerce, démocratie, droits de la personne, développement, coopération, stupéfiants, environnement, endettement.

En terminant, je tiens à vous faire savoir que les pays des Caraïbes sont toujours aussi importants pour le Canada. Nous sommes tous confrontés aux énormes bouleversements qui transforment notre monde. Mais le changement ne viendra jamais à bout des amitiés qui se sont forgées au fil des ans. Nous comptons sur votre amitié à l'endroit du Canada. Et sachez qu'en retour vous pouvez compter sur nous, sur l'estime que nous vous portons et sur l'engagement actif qui nous lie aux pays des Caraïbes.


Retour à la page Web:
http://www.pco-bcp.gc.ca/default.asp?Language=F&Page=archivechretien&Sub=Speeches&Doc=speeches1996030338_f.htm