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Cérémonie de remise des diplômes automne 2008 à l'université Queen's

Notes pour une allocution de Kevin G. Lynch,
Greffier du Conseil privé, secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique du Canada

Le 31 octobre 2008
Kingston (Ontario)


Monsieur le Chancelier, Monsieur le Président et Vice-chancelier, Monsieur le Recteur, distingués membres du corps professoral, chers diplômés, honorables invités, Mesdames et Messieurs.  

C’est un grand honneur pour moi d’être ici aujourd’hui, dans cette université qui a tant fait depuis des décennies pour promouvoir les universités canadiennes sur la scène internationale, et qui a tant formé de hauts fonctionnaires.  

Nous avons eu en effet, à une période remarquable de notre histoire, un groupe de diplômés de l’Université Queen’s qui ont exercé une influence considérable à Ottawa et ont contribué à changer la gouverne de notre pays. Je pense ici à O.D. Skelton, figure de proue de son époque et fondateur du ministère des Affaires extérieures; à W. Clifford Clark, qui a été sous-ministre des Finances et a participé à la création de la Banque du Canada; et à Jake Warren, qui a contribué à l’élaboration de la politique commerciale du Canada d’après guerre et qui a été l’un des principaux architectes du cycle de Tokyo des négociations commerciales multilatérales.
 
Et il y a eu bien sûr David Dodge – un homme que je suis heureux d’avoir pour ami et collègue, et qui est à mon avis le plus brillant fonctionnaire de sa génération. Merci donc à l’Université Queen’s, à David, et félicitations pour ta nomination au poste de chancelier.  

Lorsque j’ai demandé à David combien de temps devrait durer mon allocution, il m’a répondu qu’il serait émerveillé si je pouvais m’en tenir à 15 minutes, et très reconnaissant si je ne dépassais pas 5 minutes. Pour lui faire plaisir donc – et pour vous faire plaisir à tous – je serai bref!

Je tiens toutefois à vous faire part de quelques réflexions sur l’importance de l’université – pour notre économie, notre société et notre planète.

Je ne vous apprends rien en vous disant que nous vivons des temps exceptionnels. La mondialisation est en train de redéfinir les principes à la base de la concurrence entre les pays, du succès de nos économies et de l’organisation de nos sociétés. Le niveau d’interdépendance sans précédent que les pays ont atteint a créé des relations complexes entre les individus, les associations et les pays eux-mêmes. Comme nous le révèle la crise financière mondiale actuelle, cette interdépendance est porteuse également de nouveaux risques et nous devons mieux en comprendre les rouages.  

Au milieu d’un tel bouleversement, la question que l’on doit se poser n’est plus « qu’est-ce qui a réussi par le passé et comment le reproduire? » mais « de quoi avons-nous besoin pour l’avenir et comment le créer? ».  

Eh bien, je crois que l’un des meilleurs outils à notre disposition pour créer ce dont nous avons besoin est la recherche; une recherche qui s’effectue en grande partie dans nos universités, et ce pour trois raisons.   

La première est que dans un monde propulsé par les idées, la recherche est ce qui sert de carburant. À l’heure actuelle, l’économie mondiale est basée à plus des deux tiers sur le savoir et des industries complètement nouvelles sont créées sur la base d’une idée novatrice.  Cela nous procure des avantages concrets à tous.  

Au Canada, plus du quart de la recherche est réalisée dans les universités, une proportion beaucoup plus forte que dans tous les autres pays du G7. De plus, la recherche peut avoir des retombées énormes en termes d’innovation, de développement technologique et de brevets d’invention dans les régions où ces universités sont situées. La recherche peut servir de catalyseur à l’innovation et devenir un moteur de développement économique. Nous pouvons faire beaucoup plus.  

La deuxième raison est que la recherche d’aujourd’hui est la technologie de demain. Pour ce faire, il faut que la nouvelle application logicielle, le nouveau traitement contre la maladie ou la nouvelle source d’énergie propre soit commercialisé. Il est donc important que nos idées se transforment en produits et services qui aboutissent sur les marchés.   

La recherche est, par ailleurs, ce qui nous aidera demain à mieux comprendre le choc des cultures qui nous attend dans un monde sans frontières. La mondialisation est beaucoup plus que la libre circulation des biens, des services, du capital et des idées. Nombre de grands défis que nous aurons à relever au XXIe siècle seront de nature sociale, culturelle et institutionnelle – et c’est pourquoi nous avons besoin de disciplines qui peuvent faire la synthèse des connaissances en provenance de maintes sources et nous faire mieux comprendre la sagesse de nombreuses traditions.

Bref, la recherche est ce qui nous permet de repousser les frontières de la connaissance humaine sous toutes ses formes et de mieux comprendre le monde qui nous entoure. C’est un principe que l’Université Queen’s a toujours fait sien; comme le montre bien le fait que quatre de vos professeurs ont été honorés dernièrement par la Royal Society pour leurs travaux de recherche. Il faut élargir les bases du savoir sur lesquelles d’autres chercheurs pourront bâtir demain.

La troisième raison est que l’excellence a des répercussions sur la qualité des étudiants, et des diplômés, que l’on produit. Dans un discours qu’il a prononcé il y a environ deux ans, Mike Lazaridis, cofondateur de l’entreprise RIM, disait à peu près ceci: «...les étudiants sont les moteurs d’innovation au sein de nos entreprises. Ils sont la forme de commercialisation la plus prolifique, la plus efficace et la plus pratique connue de l’homme. Comment produit-on les meilleurs étudiants? En ayant les meilleurs professeurs et les meilleurs chercheurs pour les former. Comment obtient-on les meilleurs professeurs et les meilleurs chercheurs? En finançant leurs travaux de recherche. C’est très simple ». Fin de la citation.

Ces diplômés sont ceux qui, demain, bâtiront les industries et les institutions de notre société. D’autres demeureront au sein de nos universités pour former la prochaine génération, en instaurant ainsi un cercle vertueux d’excellence. 

Mais il faut au départ une recherche universitaire de première classe. C’est important pour notre économie, pour notre société et pour le type d’avenir que nous voulons bâtir ensemble. 

Car, pour renforcer la place qu’occupe le Canada dans le monde, nous ne pouvons nous contenter du statu quo. Nous devons accroître notre productivité, grâce à de nouveaux produits et services et à de nouvelles idées. Nous devons pour cela valoriser les moteurs de productivité, notamment la recherche universitaire, et investir dans ces derniers.

Nous devons faire de l’excellence notre norme. Il ne suffit pas simplement de se situer dans « la moyenne ». Nous ne pouvons pas, en effet, nous contenter de la moyenne quand les meilleurs chercheurs peuvent aller travailler n’importe où dans le monde, là où l’on fait les meilleurs travaux de recherche. 

C’est pourquoi des universités comme Queen’s doivent toujours s’efforcer de créer un environnement où l’on vise l’excellence, où l’on stimule la curiosité, où on développe le talent, et où l’on encourage l’expérimentation et la pensée novatrice. C’est pourquoi les Canadiens et les Canadiennes doivent croire en l’importance de la recherche. C’est pourquoi le Canada doit être un chef de file dans la création du savoir.  

Comme la devise de l’Université Queen’s nous le rappelle si bien «  La sagesse et le savoir seront ta stabilité ».

J’ai été très honoré de pouvoir prendre part à ce jour mémorable avec vous.     

Merci [- et  Cha Gheill (kay-yah!]