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Forum des SMA, Automne 2008

Notes pour une allocution de Kevin G. Lynch,
Greffier du Conseil privé, secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique du Canada

Le 5 novembre 2008
Ottawa (Ontario)


Introduction

Merci aux coprésidents du comité organisateur du Forum des SMA, Patrick Borbey et Deborah Windsor, pour leurs aimables propos. Margaret Bloodworth et moi-même sommes très heureux de nous joindre à vous à l’occasion du Forum des SMA de l’automne 2008.

J’aimerais que cette soirée soit aussi informelle que possible et favorise ainsi le dialogue et le réseautage au sein de la collectivité des SMA, nonobstant bien sûr ma présentation PowerPoint de deux heures et demie.

Mais avant de me lancer dans un discours sans fin sur la productivité, les changements démographiques et la mondialisation, et de vous obliger à courir au bar, lequel semble pratiquer les prix suggérés par Rob Wright pour l’aider à surmonter ses difficultés financières et qui est fermé de toute façon à cette heure car nous sommes des fonctionnaires et qu’il est mal vu de s’amuser, je veux rendre hommage à Margaret Bloodworth qui prend bientôt sa retraite.

Départ à la retraite de Margaret Bloodworth

Comme le Premier ministre l’a annoncé la semaine dernière, Margaret a décidé de prendre sa retraite – je ne sais trop qui avait droit de vote sur la question – après plus de 36 ans de bons et loyaux services au sein de la fonction publique. Margaret représente tout simplement la fonctionnaire idéale qui adhère aux grandes valeurs de notre institution, à savoir dévouement, engagement, impartialité et excellence.

Avocate de formation, fonctionnaire par choix et leader innée, Margaret a été sous-ministre des Transports, de la Défense nationale et de la Sécurité publique; elle a exercé la fonction de conseillère en matière de sécurité nationale auprès du Premier ministre en temps de turbulence dans le monde, ainsi que celle de secrétaire associée du Cabinet et présidente du Comité des sous-ministres sur le renouvellement de la fonction publique, la force motrice de cet exercice. Margaret possède une grande sagesse; elle a acquis un bagage de connaissances unique et prend à cœur le rôle de fonctionnaire.

La leader inspirante qu’est Margaret, la fonctionnaire exceptionnelle, ainsi que la collègue et l’amie, va nous manquer à tous, et à moi particulièrement. Applaudissons‑la afin de lui témoigner toute notre appréciation.

Afghanistan

Je souhaite également remercier le comité organisateur du Forum des SMA de mettre l’accent sur l’Afghanistan et sur la signification de notre approche pangouvernementale à la mission. Nous comptons non seulement 2500 membres du personnel des Forces canadiennes en tout temps en Afghanistan mais aussi une centaine de fonctionnaires du MAECI, de l’ACDI, de la GRC, du CST, du SCC et d’autres ministères; ils servent tous fièrement leur pays et changent réellement le cours des choses pour le Canada et l’Afghanistan, dans des circonstances extrêmement difficiles et dangereuses.

Ce soir, nous comptons parmi nous 12 collègues qui ont servi en Afghanistan. Il s’agit de : Arif Lalani, Glen Hodgins, Megan Foster et Karen Foss du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international; Dan Faughnan, du Service canadien du renseignement de sécurité; le major Patrick Robichaud, le caporal-chef Tomas Larson, la capitaine Julie Jalbert et le major Jason Langelier des Forces canadiennes; Rick Reimann du Service correctionnel du Canada; George Saibel et Timothea Gibb de l’Agence canadienne de développement international. Nous leur devons gratitude et remerciements et je vous demanderais d’applaudir chaleureusement ces hommes et ces femmes qui servent en Afghanistan.

Le contexte changeant

Il faut avouer qu’il s’est passé beaucoup de choses depuis le dernier Forum des SMA, en avril. Trois événements en particulier méritent réflexion en ce sens qu’ils définiront notre environnement de travail.

Tout d’abord, au Canada. Nous avons tenu des élections le 14 octobre, un nouveau Cabinet a été assermenté le 30 octobre, la 40e législature de l’histoire de notre pays commencera le 18 novembre, le discours du Trône sera prononcé le 19 novembre; le ministre des Finances présentera également une mise à jour économique et financière pendant la session d’automne.

Vous consacrez tous beaucoup de temps à préparer les cahiers de transition à l’intention des ministres, nouveaux ou non, et cette transition est une période très importante pour aider vos ministres et leur cabinet à démarrer leurs activités, à se renseigner sur leur ministère et leurs dossiers, à se préparer à l’ouverture de la législature et à commencer leur travail sur les priorités du gouvernement. Je vous remercie de la retenue exemplaire dont vous avez fait preuve au cours de la campagne électorale et pour le travail que vous avez consacré à la transition – c’est souvent pendant les transitions que l’institution impartiale et professionnelle qu’est la fonction publique s’illustre particulièrement.

Ensuite, aux États-Unis. Après une campagne électorale extraordinaire, tant sur le plan de la durée et des coûts, des enjeux, de la portée et de l’importance des questions débattues, tant pour les Américains que pour le monde, un vent de changement à la fois manifeste, subtil et sismique, le peuple américain s’est choisi un nouveau dirigeant, le président élu Barack Obama.

Pour le Canada, aucune relation n’est plus importante ni plus complexe que celle qu’il entretient avec les États-Unis. Tout changement à l’Administration américaine est une occasion privilégiée de nouer de nouvelles relations et d’y apporter des correctifs en les axant sur des intérêts communs plutôt que sur des griefs réciproques. Cette relation spéciale n’est pas fondée uniquement sur celle qu’entretiennent les gouvernements, mais aussi sur les relations entre les ministères, les militaires et les représentants des deux pays.  Je sais que vous aurez un rôle important à jouer au fur et à mesure que notre engagement à l’égard de la nouvelle Administration se développera.

Enfin, à l’international. C’est maintenant vrai, nous traversons la pire crise financière planétaire que nous ayons connue depuis des générations, et l’économie mondiale est plus faible qu’elle ne l’a été depuis le début des années 1990. La crise du secteur des prêts hypothécaires à risque aux États‑Unis a commencé il y a un an, en août. Pendant une bonne partie de la dernière année, elle a lentement mais sûrement rongé les institutions financières, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni et en Europe continentale qui avaient inscrit beaucoup de ces éléments d’actif toxiques sur leurs bilans financiers. Les pertes ont été lourdes, les prêts hypothécaires sont devenus de plus en plus chers; les marchés immobiliers surévalués sont tombés en chute libre, le secteur du logement s’est affaissé, et les dépenses de consommation ont fléchi.

Puis vint septembre. Avec une rapidité et une intensité que personne n’avait prévu, les géants financiers mondiaux se sont effondrés, l’un après l’autre, ou ont été renfloués (Bear Stearns, Lehman Brothers, Fannie Mae et Fannie Mac, AIG, Washington Mutual, etc.) et le système financier international a effectivement été paralysé. Pour répondre à cette crise, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d’ailleurs ont donc pris des mesures sans précédent pour prévenir un blocage total du système. Car, si les banques ne prêtent plus d’argent, plus personne n’achète de maisons, les entreprises ne peuvent financer leur inventaire et leur production, les employés sont mis à pied, et les entreprises n’ont pas d’argent pour prendre de l’expansion et investir.

Le Canada n’a pas été trop touché par la première vague de la crise financière internationale, parce que nos systèmes de réglementation sont plus rigoureux que ceux des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Europe; nos institutions financières sont mieux capitalisées et elles utilisent moins l’effet de levier que leurs semblables à l’étranger; et nous avons évité les pires excès du fiasco des prêts hypothécaires à risque. Nous subissons toutefois aujourd’hui, comme le reste du monde, les contrecoups de la crise, car le système financier mondial n’assure pas efficacement l’intermédiation des crédits; les écarts sont énormes, les prêteurs ont peur de prendre des risques, le crédit se resserre. Cette situation se répercute sur l’économie réelle. Dans le cadre de l’engagement du G-7 de stabiliser le système financier international, nous avons fait notre part pour appuyer, aux conditions du marché, nos institutions financières et les protéger des forces à l’œuvre à l’échelle mondiale.

La crise financière mondiale frappe maintenant de plein fouet les économies réelles des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne et tous ceux qui ont des relations commerciales avec eux, y compris le Canada. Chaque jour, les prévisionnistes revoient à la baisse les projections de croissance économique de tous les pays. Le seul point positif pour nous dans cette période sombre que traverse le monde est qu’on s’attend à ce que le Canada se tire relativement mieux d’affaire que les autres pays industrialisés, même si tous connaîtront une croissance économique beaucoup plus faible que celle prévue pour le reste de l’année et l’année prochaine.

Il est donc évident que la gestion de la crise financière mondiale compte parmi les priorités absolues de la communauté internationale. Le ministère des Finances, la Banque du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSFI) étaient aux premières lignes pour préparer les interventions du Canada dans le cadre de l’approche coordonnée du G-7 visant à stabiliser le système financier mondial. La prochaine étape est la réunion extraordinaire des dirigeants des pays du G-20 et de leurs ministres des Finances qui se tiendra à Washington les 14 et 15 novembre. La question de la reconstruction du système financier mondial et la façon de s’y prendre dominera les sommets internationaux des années à venir.

Il est tout aussi évident que la priorité clé du gouvernement sera l’impact fiscal et économique qu’aura le ralentissement économique mondial sur le Canada. Une réunion fédérale-provinciale-territoriale des ministres des Finances a eu lieu le 3 novembre, et une autre est prévue en décembre. Le Premier ministre a convoqué une première réunion des premiers ministres qui aura lieu le 10 novembre pour discuter des défis à relever sur le plan économique et une deuxième rencontre suivra en janvier.

Nous devons être très conscients de l’impact de ces enjeux sur les activités et les priorités du gouvernement. Dans une importante allocution prononcée le 29 octobre à l’occasion d’une séance conjointe de l’Empire Club du Canada et du Canadian Club of Toronto, le ministre des Finances a observé que «… Même si le Canada se porte mieux que la plupart des autres pays, nous devons quand même nous préparer à affronter la situation difficile qui nous attend. » Il a souligné l’importance d’une gestion judicieuse des dépenses des ministères, des examens stratégiques des sociétés d’État, de la croissance de la rémunération dans le secteur public et de la péréquation.

Bref, nous devrons à l’avenir relever le double défi des compressions budgétaires et des rajustements économiques. Dans ce contexte, je sais que je pourrai compter sur vous tous pour gérer efficacement et avec retenue les programmes et les ressources.

Gestion de la fonction publique

Un des éléments clés d’une gestion efficace et efficiente est la gestion de nos ressources humaines. J’aimerais souligner en terminant les façons dont la gestion collective par les cadres supérieurs s’est améliorée dans le contexte du renouvellement de la fonction publique.   

Premièrement, la gestion du rendement. Au cours des deux dernières années, nous  avons déployé beaucoup d’efforts pour modifier complètement nos approches sur le plan de la gestion du rendement des sous-ministres et des sous-ministres délégués. Dans mon rapport de 2009, je présenterai ce nouveau système de gestion du rendement. Selon le Comité consultatif du Premier ministre sur la fonction publique et le Comité consultatif sur le maintien en poste et la rémunération du personnel de direction, il s’agit de pratiques exemplaires tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Ils croient en outre qu’il faudrait maintenant appliquer la même rigueur, le même niveau de quantification, de transparence, de respect et de rétroaction à tous les niveaux de gestion.    

La collectivité des sous-ministres, dirigée par le Comité des hauts fonctionnaires (CHF) a décidé d’appliquer une approche rigoureuse similaire à la gestion du rendement des EX de tous les niveaux. Après tout, une haute direction très performante favorisera l’excellence dans l’ensemble de la fonction publique. En collaborant avec votre SM, toute la collectivité des SMA sera la clé de la mise en œuvre efficace de cet important changement.

Deuxièmement, le Forum des SMA. Le Forum a été établi dans les années 1990 afin de développer le sentiment d’appartenance au sein de la collectivité des SMA au lendemain de l’examen des programmes. Je crois qu’il a atteint cet objectif, mais il est maintenant temps de lui donner une nouvelle orientation, comme nous l’avons fait pour les comités des SM chargés de la haute gestion collective de la fonction publique.

Le temps est venu d’adopter un modèle semblable à celui des séances de réflexion des SM, où toutes les questions clés sont discutées collectivement, qu’il s’agisse des ressources humaines, des opérations, des programmes, de la gestion ou de la prestation de services. Une telle « retraite des SMA » devrait durer plus longtemps, être plus structurée, plus interactive, avoir lieu chaque année, être moins optionnelle pour les SMA, et conserver le dîner de réseautage qui est un élément important du renforcement de la collectivité. Une telle retraite reconnaîtrait clairement que, compte tenu de la taille et de la complexité de la fonction publique du Canada, nous devons mieux collaborer aux échelons supérieurs afin de mieux servir les Canadiens et de relever les défis clés qui se présentent à nous.

Troisièmement, l’image de marque de la fonction publique. Il s’agit d’un élément clé pour atteindre nos objectifs de recrutement et de maintien en poste. En examinant les divers nouveaux modèles de gestion de la fonction publique dans les pays de système britannique, nous observons que plus nous faisons ressortir notre parenté avec le secteur privé, plus nous risquons de diluer notre image de marque et plus nous nous dévalorisons. Nous ne sommes pas presque comme le secteur privé; nous sommes fondamentalement différents. Nous ne devrions pas tenter d’atténuer les distinctions entre nous; nous devrions les mettre en lumière. Bien sûr, nous utiliserons les meilleurs outils de gestion du secteur privé, mais ce ne sont là que des moyens de nous acquitter de nos tâches fondamentalement différentes, et non une fin en soi. Les nouveaux modèles de gestion ont parfois confondu les fins et les moyens; ils ont confondu efficacité et but. 

Donc, que ce soit dans nos messages de recrutement, dans nos messages à l’interne, dans nos cours de formation en gestion, peu importe, nous devons améliorer notre image de marque; nous ne sommes pas le secteur privé sans objectif financier; nous sommes la fonction publique avec un défi très clair et très différent, faire une différence dans notre pays.

Conclusion

En terminant, j’aimerais attirer votre attention sur notre nouvelle approche en matière de recrutement à l’aide de salons de l’emploi et le rapport avec l’image de marque.

Dans le cadre des quatre projets pilotes de salons de l’emploi dans les différentes régions du pays cet automne, nous avons mis cette nouvelle image à l’essai. La présentation sur le recrutement utilisée à ces occasions est maintenant disponible à pco-bcp.gc.ca, emplois.gc.ca et canada.gc.ca et prochainement, je l’espère, sur tous les sites d’offre d’emplois des ministères. Cette présentation souligne le caractère bien particulier de la fonction publique, le fait que nous sommes l’employeur le plus présent partout au Canada avec des milliers de possibilités de carrière très intéressantes.

Je vous remercie à nouveau de votre engagement à l’égard de la fonction publique et de votre accueil chaleureux de ce soir.