Gouvernement du Canada Bureau du Conseil privé
Symbole du gouvernement du Canada

Liens de la barre de menu commune

Bureau du Conseil privé > Greffier du Conseil privé

En quête d’une meilleure productivité : de diplômés à innovateurs

Allocution de Kevin G. Lynch
Greffier du Conseil privé, Secrétaire du Cabinet et chef de la fonction publique
à l’Université de la Saskatchewan

Le 28 mai 2009
Saskatoon, Saskatchewan


En quête d’une meilleure productivité : de diplômés à innovateurs

(Collation des grades du printemps 2009 à l’Université de la Saskatchewan)

J’aimerais tout d’abord remercier l’Université de la Saskatchewan de m’avoir fait l’honneur, et j’en suis très touché, de m’inviter à prendre la parole devant vous à l’occasion de cette journée très particulière. 

En effet, cette journée vous appartient.  Bien entendu, vous entrez dans ce monde mieux outillés que la plupart des gens, après tout, vous avez étudié à l’Université de la Saskatchewan. Évidemment, vous savez mieux que quiconque ce qui rend cette université si exceptionnelle : une riche histoire, de nobles traditions, des étudiants doués, des athlètes performants, la diversité de la population étudiante, des installations de calibre mondial, y compris le Centre canadien de rayonnement synchrotron, et un des campus les plus magnifiques au pays. 

De la galerie d’art Kenderdine à la chapelle Rugby, en passant par le Diefenbaker Canada Centre, ce campus et ses gens ont fait partie de votre vie ces dernières années et vous auront laissé des souvenirs indélébiles. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, cette université occupera toujours une petite place dans vos cœurs.

Vous emportez également avec vous tout un bagage de connaissances. Pas seulement ce que vous avez appris dans le cadre de vos cours, mais aussi la rigueur propre à votre discipline. À une époque où des faits, des données et des renseignements nous arrivent de partout à la fois, la télévision, la radio, l’Internet, les téléphones cellulaires et la messagerie électronique, votre passage ici vous aura appris à y voir clair, à les interpréter, à les appliquer, voire à les enrichir. En d’autres termes, vous aurez appris à apprendre. 

C’est là une aptitude essentielle, surtout en ces temps que nous vivons, et dans le monde d’aujourd’hui, où il n’y a aucun programme préétabli et où tous les choix vous appartiennent. En raison de la mondialisation, vous ferez face à des obstacles fondamentalement différents de ceux que la génération de vos parents a dû surmonter.  

Le monde qui vous attend en est un où la concurrence et vos sources d’inspiration proviendront aussi bien du Canada que d’un peu partout dans le monde. C’est un monde où vos marchés, vos partenaires et les occasions qui se présenteront à vous dépasseront les frontières du continent. Un monde dans lequel vous communiquerez grâce à Internet.

Dans un tel monde, l’innovation est à la fois le billet d’entrée et l’unité de mesure du succès. Vous devrez y redoubler d’efforts simplement pour défendre votre position, ce qui signifie que notre élite doit être en mesure de rivaliser avec les meilleurs au monde.

Bon nombre d’entre vous entrerez directement sur le marché du travail, en pleine tourmente économique. Ne désespérez pas, la récession se résorbera. L’économie mondiale se relèvera et les débouchés se multiplieront. 

Le Canada s’en tirera relativement bien, grâce aux politiques que nous avons adoptées au cours des 10, 20 dernières années. Cela dit, nous nous en sortirons avec brio si nous nous employons à accroître notre productivité. 

Je sais que la productivité est l’une de ces notions qui ne passionnent que les économistes. Vous vous demandez sans doute pourquoi je tiens à vous entretenir de ce sujet en ce jour de célébration.

Parce que la productivité est importante, et qu’elle influera sur le type d’occasions qui se présenteront à vous, voire le type de pays dans lequel vous vivrez. En fait, la façon dont vous, la nouvelle génération de leaders, vous attaquerez aux problèmes de productivité déterminera en grande partie votre qualité de vie, votre cheminement de carrière et la prospérité de votre pays.

Pourquoi? Parce que de même qu’une ferme peut nourrir plus de bouches ou qu’une usine peut obtenir plus de contrats si elle augmente sa productivité, un pays qui l’accroît arrive à mieux s’adapter aux nouvelles situations, à saisir les nouvelles occasions et à créer de nouveaux emplois. Une économie plus dynamique mène à la création de produits, à une baisse des prix et à une augmentation des salaires, ce qui se traduit par une augmentation du pouvoir d’achat et du niveau de vie.

N’oublions pas de mentionner que l’augmentation du produit intérieur brut est synonyme de prospérité, nous donnant ainsi les moyens d’obtenir des soins de santé et de poursuivre nos études. Cela contribue à la formation d’un cercle vertueux, les travailleurs instruits et en santé étant plus productifs que les autres. 

Ces remarques ne s’appliquent pas qu’à un ou deux secteurs. En fait, nous devons trouver des méthodes et des idées plus fructueuses et plus novatrices dans l’ensemble des secteurs de notre économie, de la foresterie aux services publics en passant par les pêches, l’agriculture, l’exploitation minière, la médecine et l’industrie manufacturière.

La productivité ne sert pas qu’à mesurer notre activité économique. C’est aussi un moyen de parvenir à nos fins, une prospérité accrue. Ce n’est pas que l’affaire des économistes ou des personnes invitées à prendre la parole lors d’une collation des grades; c’est également celle de tous les Canadiens et Canadiennes.

Comme vous le dira n’importe quel économiste, il n’y a essentiellement que deux moyens d’accroître le niveau de vie dans un pays, le premier étant d’accroître la population active afin de produire plus, et le second, d’accroître le rendement de chaque travailleur.

Pendant de nombreuses années, la croissance de la productivité du Canada de même que celle de sa population active et la valeur de ses ressources naturelles ont contribué à part presque égale à la hausse du niveau de vie. D’une génération à l’autre, de plus en plus de gens sont entrés sur le marché du travail, parfois en plus grand nombre que ce que l’économie pouvait absorber, ce qui a eu pour effet d’augmenter le taux de chômage. Vous n’avez qu’à interroger vos parents à propos des années 1970 et 1980, ils vous diront ce qu’était le taux de chômage à cette époque.

Mais aujourd’hui, la situation est tout autre, nous manquons plutôt de travailleurs qualifiés. Un nombre record de baby-boomers s’apprêtant à prendre leur retraite, il y aura de moins en moins de travailleurs pour produire, pour créer et pour manufacturer. Cela signifie que la croissance de la population active ne parviendra pas à elle seule à alimenter la croissance économique ou à améliorer le niveau de vie.

Nous devrons plutôt avoir recours au deuxième moyen, accroître la productivité et encourager l’innovation. Pas seulement pour combler le manque à gagner causé par les départs à la retraite, mais également pour couvrir les besoins accrus des retraités en soins médicaux et autres services sociaux.

C’est là un couteau à deux tranchants. Nous assisterons d’une part à une vague de départs à la retraites, et d’autre part, à une sollicitation accrue des services publics par ces retraités. Ceux qu’ils laissent derrière devront donc être, vous l’avez deviné, plus productifs, plus novateurs et plus créatifs.

La bonne nouvelle est que si nous augmentons notre productivité, nous compenserons les coûts liés aux besoins accrus de la population vieillissante par une forte croissance économique, ce qui rendra ces coûts beaucoup plus faciles à gérer.

Comment nous en tirons-nous au chapitre de la productivité? Pour tout vous dire, pas suffisamment bien, à plus forte raison si nous nous comparons avec nos grands partenaires commerciaux. En fait, au lieu d’augmenter, la croissance de notre productivité au cours des cinquante dernières années a ralenti.

J’espère que vous me pardonnerez ce recours aux statistiques afin d’illustrer mes propos. Aujourd’hui, la productivité moyenne dans le secteur privé canadien représente moins de 80 % de celle du secteur américain.

Pour être plus précis, nous accusons un retard dans des domaines tels que l’innovation et les technologies de l’information et des communications, qui sont d’importants moteurs de la productivité et des outils essentiels pour renforcer la concurrence. En 2007, les entreprises canadiennes ont investi environ deux fois moins que leurs homologues américains dans la recherche et le développement de même que dans les technologies de l’information et des communications.

Nous devons également augmenter le nombre de produits et de services canadiens voyant le jour à la suite des recherches menées au pays. En effet, un trop grand nombre d’idées proposées à Saskatoon ou à Régina sont concrétisées par des gens de Boston ou de Raleigh, ce qui prive notre économie des retombées de l’innovation.

L’Université de la Saskatchewan est consciente de ce problème. Grâce à son association avec le parc scientifique Innovation Place, elle aide à trouver des applications concrètes aux études effectuées. Voilà le type d’exemple à suivre partout au pays.

Nous devrions tous participer au processus d’accroissement de la productivité, en tant que citoyens et décideurs de la sphère publique. Il y a dix ans, le gouvernement fédéral a modifié sa stratégie de recherche, de sorte qu’il privilégie désormais l’excellence et les occasions plutôt que le droit au financement.

De nouveaux fonds destinés aux infrastructures universitaires, aux organismes subventionnaires et au remboursement des coûts indirects de la recherche ont été débloqués. De nouveaux programmes dynamiques de recherche ont été créés, tels que le Programme des chaires de recherche du Canada, les Chaires de recherche d’excellence mondiale du Canada, Génome Canada, les bourses d’études Vanier et le Programme de bourses d’études supérieures du Canada. 

La Fondation canadienne pour l’innovation, une société indépendante du gouvernement, en est un autre exemple. Issus de la collectivité de la recherche et du secteur privé, ses membres apportent au financement de la recherche une rigueur et une discipline inconnues auparavant et qui se faisaient attendre depuis longtemps. 
 
La Saskatchewan et cette université font partie des plus importants bénéficiaires du financement consacré à la recherche, notamment le Centre canadien de rayonnement synchrotron, en raison de l’excellence de la recherche effectuée ici, du potentiel de vos idées et du talent des professeurs et des étudiants. Cette université ainsi que son éminent recteur, Peter McKinnon, appuient sans réserve l’octroi du financement pour la recherche selon des critères d’excellence.

Voilà qui nous ramène exactement là où nous avons commencé, les diplômés et l’importance d’un système d’éducation de premier ordre. Dans un monde mû par les idées, l’ingéniosité et l’imagination, les travailleurs instruits représentent notre ressource naturelle la plus importante et le seul moyen confirmé de prendre les devants de façon permanente. 

Le Canada dispose d’une chance unique de façonner son avenir. Comme en témoigne clairement la performance relative de son économie en cette période de récession et de crise financière mondiale, notre approche a porté fruit. Il n’en reste pas que moins que nous devons accomplir des progrès, améliorer notre productivité et encourager l’innovation.

C’est pourquoi nous avons plus que jamais besoin de gens comme vous, c’est-à-dire des gens brillants, bien instruits et très motivés. Des gens qui aspirent à devenir les meilleurs et qui sont capables de se mesurer à l’élite. Une génération de diplômés qui est consciente de l’homogénéité du monde dans lequel nous vivons et du pouvoir de la technologie, et qui saura en tirer parti.
 
En ce jour où vous quittez l’Université de la Saskatchewan, vous avez tous les droits de vous sentir fiers, et parfaitement préparés à faire profiter notre monde d’une sagesse dont il a grand besoin, à mettre à sa disposition les ressources que vous a données la formation que vous avez reçue ici.

Devant vous se dressent à l’horizon des perspectives sans précédent, des possibilités jusqu’à maintenant inconnues. Ce fut un honneur pour moi que de vivre à vos côtés cette journée mémorable. Notre pays et le monde entier ont besoin de votre dynamisme, de votre enthousiasme et de vos idées. Je souhaite à tous et à toutes tout le succès que vous méritez.

Merci.