Les membres du Comité consultatif sur la fonction publique nommé par le Premier ministre
Le très honorable Donald F. Mazankowski, c.p., O.C., A.O.E., LL.D.
L’honorable Paul M. Tellier, c.p., C.C., c.r.
Robert Lacroix, C.M., O.Q., MSRC, professeur émérite, Université de Montréal
L’honorable Aldéa Landry, C.M., c.p., c.r., président, Landal Inc.
Dominic D’Alessandro, O.C., président et chef de la direction, Financière Manuvie
Barbara Stymiest, F.C.A., chef de l’exploitation, RBC Groupe financier
L. R. Wilson, O.C., président du conseil d’administration, CAE Inc., chancelier, Université McMaster
Sheila Weatherill, C.M., présidente-directrice générale, Capital Health, Edmonton
Indira V. Samarasekera, O.C., présidente et vice‑chancelière, Université de l’Alberta
Partie II : Observations et recommandations
Structure de gouvernance et de responsabilité des ressources humaines
Gestion du rendement
Recommandations
Le Comité consultatif sur la fonction publique est heureux de vous présenter, Monsieur le Premier ministre, son deuxième rapport annuel sur le renouvellement et le développement futur de la fonction publique du Canada.
Notre premier rapport présentait notre analyse préliminaire de l’environnement de la fonction publique fédérale et nos premières observations sur les divers domaines touchant les ressources humaines, dont le recrutement, le renforcement du leadership, la gestion du rendement et la gouvernance.
Dans le présent rapport, nous vous offrons des remarques et des propositions sur le cadre de gestion des ressources humaines et la structure de responsabilité, de même que sur la gestion du rendement. En outre, nous avons identifié un certain nombre de sujets que nous souhaitons examiner dans le futur.
Nous vous remercions de l’intérêt personnel que vous accordez à ces efforts. Nous remercions également les hauts fonctionnaires du soutien qu’ils nous ont offert. Comme en fait état le rapport, nous croyons que la fonction publique joue un rôle essentiel pour ce qui est de positionner le Canada dans l’économie mondialisé d’aujourd’hui. Quant à nous, nous avons hâte de poursuivre notre travail.
L'honorable
Paul M. Tellier
Qu’a accompli le Comité au cours des douze derniers mois?
Les membres du Comité, qui ont à cœur le renouvellement de la fonction publique :
La fonction publique, qui compte 250 000 employés canadiens dans 200 ministères et organismes, représente la plus vaste et la plus complexe des entreprises canadiennes. Les fonctionnaires fédéraux travaillent dans divers domaines allant de l’inspection des aliments à la santé publique, en passant par les questions de sécurité internationale. Ils élaborent des politiques, donnent des conseils au gouvernement et offrent des services et des programmes directement aux Canadiens. La fonction publique fédérale, non partisane et compétente, contribue à l’avenir du Canada; aucune autre organisation n’intervient autant qu’elle et dans autant de domaines de la société canadienne. Les fonctionnaires sont dévoués et fiers de servir leurs concitoyens.
Au cours des quinze dernières années, le monde dans lequel la fonction publique fédérale évolue est devenu de plus en plus complexe et imprévisible. Ce nouvel environnement est caractérisé par une population vieillissante, un paysage économique mondialisé, des technologies de l’information et des communications en changement perpétuel, l’émergence de nouvelles questions horizontales et de nouvelles attitudes du public à l’égard du gouvernement.
La réalité démographique représente un défi de taille pour la fonction publique. Pour la première fois, le nombre d’employés âgés de 45 ans et plus y domine et elle doit faire face incessamment au départ à la retraite d’une génération de précieux employés. Pour renouveler son effectif, dans le marché du travail le plus compétitif observé en 35 ans, elle doit rivaliser avec des concurrents des secteurs public et privé à la recherche eux aussi de diplômés talentueux issus de nos universités et collèges. Dans ce contexte, comment pouvons‑nous assurer que le Canada continue de compter sur une fonction publique dynamique et efficace pour aider les Canadiens à relever les importants défis qui se poseront au pays dans les années à venir?
Si elle doit prendre des mesures pour conseiller les ministres et fournir des programmes et des services selon des normes d’excellence les plus élevées possible, la fonction publique doit innover et faire preuve de créativité, simplifier ses façons de faire, gérer efficacement les risques et rendre pleinement compte de son rendement. Ce sont là les caractéristiques d’une fonction publique de « haut calibre ».
Pour atteindre ces objectifs, la fonction publique fédérale devra :
Qu’est-ce qu’une fonction publique de « haut calibre »?
C’est une fonction publique :
Le 31 mars 2007, peu après que le Premier ministre eut annoncé la création du Comité, nous avons publié notre premier rapport : La fonction publique : Un atout majeur.
Dans ce document, nous avons décidé de nous concentrer sur le recrutement. Les impératifs démographiques de la fonction publique offrent l’opportunité de recruter les meilleurs de la prochaine génération de Canadiens. Ils amèneront à l’institution des idées neuves et une énergie nouvelle afin de tirer parti des compétences et des talents existants.
Nous observons avec satisfaction que la fonction publique a pris la question du recrutement au sérieux. Le greffier du Conseil privé et les différents sous-ministres ont pris des engagements concrets à court terme concernant le recrutement dans les universités et les collèges, la planification intégrée des activités et des ressources humaines, la gestion des talents et la planification de la relève.Pourquoi le recrutement est-il une priorité pour la fonction publique?
La fonction publique doit :
Par exemple, l’objectif pour 2007-2008 consistait à nommer directement au moins 3 000 diplômés de niveau postsecondaire à des postes à temps plein permanents. Cette mesure réduira le recours, actuellement, à des travailleurs auxiliaires, temporaires ou embauchés pour une durée déterminée, d’une part, et permettra à la fonction publique de rivaliser dans le marché de l’embauche, d’autre part. Les ministères et les organismes doivent aussi établir des plans d’activité intégrés et mettre en œuvre des plans de gestion des talents pour tous les sous-ministres adjoints.
Il s’agit là de la bonne approche. Toutefois, nous encourageons le greffier et les hauts fonctionnaires à faire encore plus d’efforts dans ces domaines, à intervenir davantage eux-mêmes et à veiller à ce que les stratégies de recrutement soient compétitives.
De plus, nous avons été impressionnés par l’éventail de programmes actuels et nouveaux de développement des leaders de demain, en particulier le Programme avancé en leadership pour les hauts fonctionnaires.
Nous croyons que le fait d’investir dans le renforcement du leadership profitera énormément au rendement futur de la fonction publique. Nous savons que le rapprochement entre le recrutement et les besoins organisationnels exige temps et efforts de la part des hauts fonctionnaires. Toutefois, nous sommes convaincus qu’il s’agit là de la meilleure façon de procéder. Le recrutement continu d’employés à temps plein, pour une durée indéterminée, est essentiel pour combler les besoins de compétences et d’expertise qui permettront aux ministères et aux organismes d’accomplir leur mandat à long terme.Au cours des douze derniers mois, nous avons étudié l’environnement actuel ainsi que les nombreuses réflexions sur la fonction publique fédérale venant de l’extérieur. Nous avons étudié les possibilités d’amélioration à partir de nos recherches et de nos expériences respectives dans le secteur privé.
Le Comité a choisi principalement de concentrer ses observations et ses recommandations sur deux secteurs :Nous avons longuement étudié ces domaines et en avons abondamment discuté. Dans les pages qui suivent, nous vous présentons nos observations et une série de recommandations qui, à notre avis, permettraient à la fonction publique fédérale de fournir des services aux Canadiens et de conseiller les ministres selon des normes d’excellence supérieures.
Dans la fonction publique fédérale, quatre organismes centraux (l’Agence de la fonction publique du Canada, l’École de la fonction publique du Canada, le Secrétariat du Conseil du Trésor et le Bureau du Conseil privé) et un organisme indépendant (la Commission de la fonction publique) sont responsables des divers volets de la gestion des ressources humaines. Ils jouent un rôle de chef de file sur différents plans, à savoir le recrutement, la dotation en personnel, le perfectionnement, la rémunération et la gestion des fonctionnaires.
De plus, le régime de gestion des ressources humaines de la fonction publique, contrairement à ceux du secteur privé, est assujetti à une surveillance externe intensive par les comités parlementaires ainsi que le vérificateur général et d’autres agents indépendants du Parlement.*LMFP - Loi sur la modernisation de la fonction publique
Le tableau ci-dessus montre que la structure de gouvernance des ressources humaines est exagérément complexe. Les intervenants sont trop nombreux ce qui entraîne un dédoublement des règles, lesquelles sont souvent inutiles. Cette complexité ralentit les processus internes et nuit à la gestion des activités de ressources humaines dans la fonction publique. Au sein du gouvernement, ce sont les sous-ministres et les administrateurs généraux qui sont responsables de la gestion des personnes. Le rôle principal des organismes centraux devrait être d’établir les attentes et de fournir des cadres stratégiques et des directives aux ministères et aux organismes, sans exercer un contrôle excessivement rigoureux.
Combien de temps faut-il pour doter un poste (durée indéterminée) dans la fonction publique fédérale?
Le processus de dotation interne comprend six étapes :
De trois à quatre organismes peuvent prendre part aux différentes étapes du processus (dans certains cas plus d’une fois).
En moyenne, le processus peut durer 22,4 semaines. Des facteurs (p. ex. zone de sélection, nombre de candidatures, exigences linguistiques et relatives à la sécurité) peuvent avoir une incidence sur le temps requis pour doter un poste*.
Nous savons qu’un changement organisationnel n’est jamais chose facile. Toutefois, dans les circonstances actuelles, nous croyons que cela est essentiel. Nous avons formulé quatre recommandations touchant la structure de gouvernance en matière de gestion des ressources humaines qui, selon nous, serviront de base au renforcement ultérieur de la structure au profit à la fois des gestionnaires et des employés.
Avec le temps, le Premier ministre et ses collaborateurs pourraient vouloir officialiser par une loi ces changements et d’autres modifications similaires concernant la gouvernance des ressources humaines et les mandats s’y rattachant. Cependant, vu le besoin pressant d’outiller les ministères et les organismes pour qu’ils puissent relever les défis propres au renouvellement, nous proposons de concrétiser rapidement ces changements, lesquels sont relativement simples.
Nos recommandations, une fois mises en œuvre, rendront la structure de gouvernance des ressources humaines plus cohérentes; les chevauchements seront beaucoup moins nombreux en ce qui concerne les rôles et les responsabilités, comme le montre le tableau ci-après.Nota : Assujettissement au même mécanisme de surveillance
Exemple d'un meilleur rendement à Passeport Canada
1. Passeport Canada a actualisé son infrastructure, ce qui a donné des résultats significatifs :
2. Passeport Canada a simplifié le processus de renouvellement des passeports :
En tant que le plus important employeur au Canada, la fonction publique fédérale devrait disposer d’un mécanisme efficace de gestion du rendement pour tous les employés. Une gestion rigoureuse du rendement permet de concentrer les compétences et les talents sur les priorités clés de l’organisme, et permet aux gestionnaires de gérer l’ensemble du spectre des résultats (c.‑à-d. excellent, bon, moyen et piètre). Lorsque le tout est bien en place, la gestion du rendement favorise l’excellence et permet d’atteindre de meilleurs résultats organisationnels.
Nous sommes heureux de constater que le greffier du Conseil privé a mis en place un régime plus structuré et rigoureux d’évaluation du rendement pour les sous-ministres et les sous-ministres délégués. Ce régime semble correspondre davantage aux pratiques du secteur privé.
Comme nous l’avons indiqué, le greffier a établi des engagements précis dans les secteurs suivants :En outre, nous avons été impressionnés par les pratiques mises en place dans certains ministères. Par exemple, nous avons reçu des commentaires de ministères qui ont instauré des programmes rigoureux de gestion du rendement comprenant un processus de planification et de surveillance des activités, ainsi que des outils de formation et de soutien pour les gestionnaires. Des organismes centraux ont aussi élaboré des outils (p. ex. Programme de gestion du rendement) pour évaluer les cadres, les ministères et les organismes.
Comment améliorer la gestion du rendement dans la fonction publique?
Ces processus de gestion du rendement (planification, surveillance, renforcement, reconnaissance) sont importants. Toutefois, ce qui importe vraiment, ce sont les résultats atteints. Une bonne gestion du rendement devrait contribuer au maintien en poste, au perfectionnement et à la productivité. Le processus doit d’abord et avant tout donner des résultats pour les Canadiens.
Malgré les progrès réalisés jusqu’à maintenant, le Comité estime qu’il est possible d’en faire plus.En conclusion, bien que nous soyons convaincus que la fonction publique soit en mesure de bien évaluer le travail des employés, elle doit investir davantage dans l’établissement des objectifs dès le départ, et améliorer la gestion du rendement dans l’ensemble du spectre des résultats.
La tâche du Comité consiste à :
Le Comité recommande donc ce qui suit :
Structure de gouvernance et de responsabilité des ressources humaines
Gestion du rendement
Dans notre premier rapport, nous avons mis l’accent sur la question du recrutement, et au cours des douze mois qui ont suivi, nous avons commencé à constater des résultats. Les recommandations contenues dans notre deuxième rapport visent à favoriser la poursuite des progrès dans la gestion efficace des ressources humaines de la fonction publique.
Au cours des prochains mois, le Comité compte explorer des domaines tels que :Ces domaines de réflexion guideront nos travaux futurs. Dans le présent rapport, nous offrons nos conseils afin de soutenir le Premier ministre et le greffier du Conseil privé concernant le renouvellement et le développement futur de la fonction publique du Canada. Le Comité envisage avec enthousiasme la suite de ses travaux.
* D’après une étude statistique de la Commission de la fonction publique du Canada : La durée du processus de dotation au sein de la fonction publique fédérale – mai 2006 (ne tient pas compte de tous les avantages prévus dans la Loi sur la modernisation de la fonction publique – toutes les composantes de la Loi sont entrées en vigueur en décembre 2005).