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 Sommet des Amériques 2001

Discours du Premier ministre Jean Chrétien devant l'assemblée plénière du Forum économique mondial

Le 1er février 2002
New York (New York)

Pendant un moment terrible le 11 septembre, ce grand centre international est devenu un symbole de terreur planétaire. Mais, depuis lors, il en est venu à symboliser quelque chose de beaucoup plus grand. Il symbolise désormais la force de l’action collective au service d’un but commun. Il a en effet démontré tout ce qu’il est possible d’accomplir en mobilisant la volonté et les ressources de la famille des nations dans la défense des valeurs civilisées. Avant tout, il symbolise une vérité universelle, à savoir que quand vient le temps de s’attaquer de front à des problèmes internationaux, rien ne vaut le leadership. Le leadership des nations grandes et petites. Riches et pauvres.

Cela m’amène au message d’espoir et d’optimisme que je voudrais partager aujourd’hui au sujet d’un autre défi international pressant – celui de veiller à ce que les bienfaits de la mondialisation soient véritablement mondiaux.

Au mois de juin, j’aurai le privilège d’accueillir les leaders du G8 à Kananaskis, en Alberta. Nos discussions seront centrées sur les moyens de combattre le phénomène selon lequel certains pays sont laissés pour compte par la mondialisation. Une marginalisation qui trouve sa preuve la plus flagrante dans le fait que depuis 1960, le rapport entre le revenu des pays de la tranche supérieure de 20 p. 100 et celui de la tranche inférieure de 20 p. 100 est passé de 30 contre 1 à 74 contre 1.

« La pauvreté, selon le Mahatma Gandhi, est la pire forme de violence. » C’est particulièrement vrai en Afrique. La situation dans la plus grande partie du continent est mauvaise et continue d’empirer.

L’Afrique est aujourd’hui le seul continent où la pauvreté est en hausse. En 1965, le produit intérieur brut réel par habitant au Tchad représentait un quinzième celui des États-Unis. En 1990, il ne représentait plus qu’un cinquantième. Le revenu de près de la moitié de la population de l’Afrique subsaharienne est de moins d’un dollar par jour. L’Afrique compte 10 p. 100 de la population mondiale, mais sa part du commerce mondial se chiffre seulement à 1,5 p. 100. L’espérance de vie n’y est que de 47 ans et va en diminuant. Pourtant, c’est déjà environ 16 ans de moins que la région ayant la plus faible espérance de vie après l’Afrique. Des 40 millions de personnes infectées par le VIH/sida, plus des deux tiers habitent dans l’Afrique subsaharienne. Et près de 70 p. 100 des nouveaux cas y sont recensés. Plus de 140 millions de jeunes Africains sont analphabètes. L’Afrique est la seule région où le nombre de décrocheurs augmente. Un Africain sur cinq vit dans une zone de conflit armé.

Quels que soient l’indice ou la mesure utilisés, l’Afrique vit aujourd’hui en marge de la société mondialisée. Et elle risque de prendre tellement de retard qu’elle n’arrivera jamais à le rattraper. Il faut éviter cela à tout prix. Tous les pays ont l’obligation morale de redresser ces chiffres décourageants. C’est d’ailleurs dans leur intérêt économique de le faire.

En travaillant en partenaires avec les Africains à concrétiser leurs espoirs, nous affirmons notre humanité commune. En même temps, il faut souligner qu’il serait myope de notre part de refuser de les aider.

La présence en Afrique d’économies prospères créera de nouvelles possibilités d’investissement à l’étranger. On y trouvera aussi des consommateurs avec de l’argent en poche pour acheter les produits et services que nous voulons vendre. À vrai dire, une Afrique où règnent la cohésion et la prospérité, une Afrique promise à un meilleur avenir, est le gage d’un monde plus sûr et plus prospère. Or, un meilleur avenir pour l’Afrique commence non pas par des sermons, mais par du leadership.

Des dirigeants africains progressistes, dont un bon nombre sont parmi nous aujourd’hui, ont pris l’initiative. Ils ont adhéré à une nouvelle vision – une vision incorporée dans un document marquant intitulé Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique. C’est une vision fondée sur la liberté et la démocratie de même que sur le principe selon lequel les Africains eux-mêmes détiennent la clé du progrès en Afrique.

Ils souhaitent un nouveau partenariat, pas seulement parmi les Africains, mais aussi entre l’Afrique et les amis de l’Afrique. Un nouveau partenariat qui tienne compte des erreurs et des échecs répétés du passé. Un partenariat, enfin, qui vise à dissiper l’impression trop bien enracinée selon laquelle il n’est pas rentable d’investir de l’argent en Afrique. Dans le cadre de ce partenariat, les gouvernements ayant démontré une réelle volonté de réforme et de prise en mains de leur propre développement national bénéficieraient d’une assistance enrichie.

Lors de notre dernier sommet, à Gênes, les leaders du G8 ont convenu de travailler avec les dirigeants africains convaincus à bâtir et à développer un tel partenariat. Nos représentants personnels ont entrepris d’élaborer un plan d’action concret pour l’Afrique en vue de son adoption à Kananaskis.

Je suis particulièrement heureux et fier du fait que mes collègues du G8 ont demandé au Canada de prendre en mains ce dossier vital, avant même que nous n’assumions la présidence le 1er janvier. C’était une grande marque de confiance au niveau international à l’égard de notre crédibilité sur la scène mondiale. À l’égard aussi des valeurs progressistes que nous projetons dans le monde – des valeurs de solidarité et de compassion – ainsi que de notre volonté de veiller au partage équitable de la prospérité et des opportunités à l’échelle mondiale.

Depuis de nombreuses années, le Canada est un chef de file innovateur en matière d’aide au développement. Grâce à notre Programme d’aide publique au développement et aux liens historiques qui nous unissent aux pays de la Francophonie et du Commonwealth, nous avons noué des relations avec plus d’une quarantaine d’États africains.

Notre longue expérience nous a incités à souscrire aux principes du Nouveau partenariat. En fait, il y a deux ans, à Okinawa, au Japon, j’ai dit à mes collègues du G8 que les pays en développement devaient être associés à leur propre développement à titre de partenaires à part entière. Par conséquent, le Plan d’action du G8 pour l’Afrique sera conçu pour aider les gouvernements africains qui veulent travailler avec leurs citoyens et en leur nom à instaurer une paix et une sécurité durables, à remédier aux crises en matière de santé et d’éducation, à renforcer la gouvernance démocratique et à libéraliser le commerce et l’investissement.

Notre dernier budget prévoit, en plus d’une augmentation de l’aide au développement, la création d’un fonds d’affectation spéciale de 500 millions de dollars pour l’Afrique. Ce fonds permettra d’appuyer les objectifs du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique au moyen de la mise en oeuvre du Plan d’action pour l’Afrique.

Par contre, un meilleur avenir pour l’Afrique ne passe pas seulement par un accroissement de l’aide. Nous devons également travailler avec les pays qui mettent en oeuvre le Nouveau partenariat en remédiant au problème de la dette écrasante qui empêche les gouvernements de répondre aux besoins de leurs citoyens.

Le Canada a donné l’exemple en ce qui concerne l’allégement de la dette. Les gouvernements canadiens ont effacé plus d’un milliard de dollars de la dette étrangère contractée auprès de nous par des pays en développement. Le 1er janvier 2001, nous avons cessé de recouvrer nos créances auprès de 11 pays pauvres très endettés qui se sont engagés dans la réforme. L’aide à la réduction de la dette restera l’une de nos priorités.

Cependant, elle ne permettra pas elle non plus de remédier à tous les maux de l’Afrique. Pour pouvoir soutenir la forte croissance économique qui seule lui permettra d’offrir une meilleure qualité de vie à sa population, l’Afrique a besoin de plus d’investissements privés et de commerce. Nous devons donc encourager la mise en place des conditions dont les entreprises ont besoin pour prospérer. Des conditions comme la démocratie, la primauté du droit et une réglementation transparente, prévisible et obligatoire. Il nous faut aussi reconnaître que les perspectives de croissance des investissements et du commerce seront limitées si les Africains n’ont pas accès à nos marchés.

À cet égard, je veux vous assurer aujourd’hui que le marché canadien sera ouvert à l’Afrique. J’engage les chefs d’entreprise ici présents à former avec les Africains déterminés un nouveau partenariat pour le développement, la croissance et la prospérité. Je ne lance pas ce défi à la légère. Ce sera assurément une tâche gigantesque que de redresser l’Afrique.

Les Africains ont beaucoup trop souffert de malheurs, de guerres, de privations, de tyrannie et de corruption. Beaucoup de brillants espoirs et de nobles idéaux ont échoué sur les rives de l’Afrique.

Cependant, au cours de ma longue carrière publique – bientôt 39 ans –, j’ai acquis la conviction profonde que les individus qui y travaillent de bonne foi ont le pouvoir de façonner un meilleur avenir. Et, surtout, que rien ne peut remplacer le leadership de la part de nations grandes ou petites, riches ou pauvres.

Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique représente une occasion marquante d’ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’humanité. Il n’est pas seulement juste d’en mettre en oeuvre les principes. C’est aussi un bon investissement. Un investissement dans notre avenir commun, dans notre sécurité collective et dans notre humanité commune. Car la qualité de vie que la mondialisation a apportée à un si grand nombre d’entre nous doit nous être accessible à tous. Car pour avoir un sens véritable, la prospérité doit être porteuse de progrès et d’espoir pour tous.

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