NOTES POUR UNE ALLOCUTION DU PREMIER MINISTRE
JEAN CHRÉTIEN À L'OCCASION D'UN DÉBAT INTERACTIF DE HAUT
NIVEAU SUR LE VIH/SIDA
Le 22 septembre 2003
New York
Je suis honoré d'être ici avec vous pour exprimer mon point de vue et celui
de mon gouvernement sur la stigmatisation et la discrimination. En même temps,
je trouve profondément triste qu'il soit encore nécessaire, aujourd'hui, au
XXIe siècle, de se réunir pour discuter de ces fléaux jumeaux qui perdurent
malheureusement aux côtés du VIH/sida et qui continuent d'alimenter la
pandémie et d'entraver les efforts pour la contenir.
Parlons franchement des groupes qui contractent l'infection au VIH. Les
statistiques nous apprennent que le taux d'infection est le plus élevé parmi
les pauvres en milieu rural et urbain et au sein d'autres groupes marginalisés,
y compris les travailleurs du sexe et les utilisateurs de drogues injectables.
Mais qui sont les personnes derrière les statistiques?
Ce sont des gens ordinaires. Nos mères, nos pères, nos fils et nos filles,
nos amis. Un des membres de la délégation du Canada ici aujourd'hui est du
nombre. Combien des personnes ici présentes peuvent affirmer que le VIH ne les
a pas touchés de près? Nous devons nous laisser guider par l'impératif moral
et juridique de promouvoir et de défendre les droits humains de toutes les
personnes atteintes.
La plupart des gens vivant avec le VIH et le sida dans le monde - au Canada
aussi - gardent le silence et hésitent à obtenir des soins et des services de
soutien de crainte de s'exposer à la stigmatisation et à la discrimination.
Cette crainte empêche encore des millions de personnes de chercher à savoir si
elles sont séropositives et constitue l'un des principaux obstacles au
déploiement efficace d'efforts de prévention accrus.
En tant que dirigeants, nous avons le devoir de rompre le silence qui entoure
le VIH, dans notre discours public et privé, dans nos écoles, au travail, dans
la communauté et dans la presse. Il faut pousser en faveur d'une plus grande
sensibilisation. Il faut révéler et atténuer l'incidence de l'épidémie sur
les femmes et les jeunes filles et sur d'autres populations vulnérables, telles
que les démunis, les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur de
leur pays. Il faut renouveler notre engagement de les responsabiliser afin de
briser le cercle vicieux de l'infection. Nous le devons aux populations que nous
servons. C'est aussi dans notre intérêt à tous.
Bien sûr, il ne suffira pas seulement de faire de la sensibilisation pour
combattre la stigmatisation et la discrimination. Nous devrons absolument
travailler à l'échelle nationale et internationale à la mise en place des
cadres juridiques et institutionnels nécessaires pour garantir la protection
des droits de la personne et promouvoir l'évolution de la société. Au Canada,
cette fonction est remplie par notre Charte des droits et libertés, et nous
appuyons les instruments de l'ONU qui prévoient l'adoption de normes
internationales dans ce domaine.
Nous devons également veiller ensemble à ce que des traitements abordables
et efficaces soient offerts à tous ceux et celles qui en ont besoin. L'accès
à des traitements permet à toutes les personnes séropositives de mener une
vie productive, dans la dignité, à titre de membres à part entière de la
société. Le Canada continuera de contribuer à soulager les souffrances
causées par le sida.
Les personnes touchées par le VIH qui sont présentes ici aujourd'hui
peuvent témoigner du fait que la stigmatisation et la discrimination se portent
très bien, autant au Canada que dans chacun de nos pays. Nous nous sommes tous
engagés il y a un peu plus de deux ans à faire preuve de leadership face à ce
problème. Il nous reste encore du chemin à faire. Mettons-nous à l'oeuvre.
Merci beaucoup.
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