Allocution du Premier ministre Jean Chrétien à l'occasion d'un dîner en l'honneur de Sa Majesté la Reine et de Son Altesse Royale le duc d'Edimbourg

Le 13 octobre, 2002
Gatineau (Québec)

Ainsi que vous avez pu le constater tout au long de cette visite à l’occasion de votre jubilé, les Canadiens ont été enchantés de pouvoir renouveler les liens de profonde affection qui les unissent à vous. Mais je dois avouer que j’aimerais ce soir, au nom de notre amitié, me permettre de raconter une de mes anecdotes royales préférées.

Votre Majesté se souviendra que l’un des temps forts des relations entre le Canada et la famille royale date de 1939. Votre père, le bien-aimé Roi George VI et Sa Majesté la Reine Elizabeth votre mère – cette grande dame que nous regrettons tant – étaient en visite au Canada.

Ils se sont arrêtés à Montréal, où ils ont passé des moments singuliers en compagnie du maire de Montréal Camilien Houde. Lors d’un déjeuner, la Reine-Mère a remarqué que le maire ne portait pas sa chaîne de fonction. Quand elle lui a posé la question, il lui a répondu qu’il la portait seulement dans les grandes occasions! Eh bien, Votre Majesté, si je regarde autour de moi, je ne crois pas me tromper en disant que nous sommes tous d’avis que c’est une très grande occasion ce soir. Et si j’avais une chaîne de fonction, je l’aurais sûrement portée!

Je dois aussi vous avouer que j’envie Votre Majesté. L’autre soir, au gala à Toronto, j’ai appris que vous aviez reçu un cadeau des Canadiens qui me fait rêver. Et la prochaine fois que je verrai David Broadfoot, je vais lui dire que je voudrais moi aussi un homard en fibre de verre!

Mesdames et Messieurs, une histoire commune et des valeurs partagées ont fait du Canada et du Royaume-Uni de fermes alliés et de proches partenaires. Nous avons évolué ensemble. Nous avons travaillé ensemble. Et quand la cause de la liberté et de l’humanité l’ont exigé, nous avons combattu et péri ensemble. Mais aucun des liens qui nous unissent ne sont plus vitaux que la famille royale et le Commonwealth.

Le jour de votre 21^e anniversaire de naissance, Votre Majesté, vous avez déclaré au Commonwealth : « Si nous allons tous de l’avant avec une foi inébranlable, avec un grand courage et un coeur tranquille, nous pourrons rendre cet ancien Commonwealth que nous aimons tant encore plus noble, plus libre, plus prospère, plus heureux et une force plus puissante pour le bien dans le monde. »

Le Commonwealth a effectivement fait beaucoup de chemin sous votre règne.

Unis à l’origine par une histoire commune, les pays du Commonwealth forment aujourd’hui une association internationale moderne. Un forum où les pays du Nord et du Sud, riches et pauvres, se rencontrent à titre d’égaux. Le Commonwealth a appuyé le développement démocratique, les droits humains, et l’égalité raciale. Et il travaille à réduire les écarts de richesse dans le monde.

Le Commonwealth a aidé à mettre fin à l’apartheid. Il a aidé à rétablir la démocratie au Nigéria. Et il s’est élevé contre les atteintes à la tolérance et à la démocratie au Zimbabwe. Les pays africains membres du Commonwealth ont été les principaux moteurs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique, conçu pour aider les Africains à sortir de la pauvreté pour entrer dans un avenir meilleur. Je suis fier du rôle de premier plan que le Canada, et le gouvernement du Royaume-Uni, ont joué dans l’établissement d’un consensus au sein du G8 en faveur du NEPAD.

Son Altesse Royale a été un fervent défenseur des causes environnementales dans l’ensemble du Commonwealth.

Je tiens à exprimer publiquement ce soir notre reconnaissance pour l’appui qu’il a manifesté récemment en faveur de notre plan de créer de nouveaux parcs nationaux et aires marines. Nous allons poursuivre la mise à exécution de ce plan.

Votre Majesté a entrepris une série de visites sans précédent au sein du Commonwealth au cours de vos 50 ans de règne. Vous vous êtes servie de votre influence pour aider à rapprocher les pays et les peuples du Commonwealth.

Il y a 55 ans, une jeune femme de 21 ans a affirmé devant une assemblée du Commonwealth : « Je déclare devant vous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service. » Ce soir, nous voici rassemblés afin de rendre hommage à cette femme pour avoir fait honneur à cet engagement à tous les égards.

Votre Majesté, votre visite du jubilé a été trop brève. Mais les Canadiens ne l’oublieront jamais. Nous espérons vous avoir fait pleinement sentir notre gratitude, notre respect et notre affection. Et nous formons le voeu de vous revoir avant longtemps.

Mesdames et Messieurs, veuillez vous lever pour un toast : À la Reine.

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