Ouverture du Congrès mondial de la conservation
Le 14 octobre 1996
Montréal (Québec)
Au nom de tous les Canadiens, j'ai le plaisir de vous souhaiter
la bienvenue au Congrès mondial de conservation. Le Canada
est honoré d'être l'hôte de la plus importante
rencontre mondiale sur l'environnement depuis le Sommet de la
Terre qui a eu lieu à Rio, en 1992.
Ce n'est pas la première fois que j'ai l'honneur d'accueillir
au Canada les membres de l'UICN. J'ai en effet prononcé
un discours à l'occasion de l'Assemblée générale
que vous aviez organisée à Banff, en Alberta, en
1972. À cette époque, j'étais le ministre
responsable de Parcs Canada.
Les choses ont bien changé depuis. Votre organisation est
maintenant devenue le plus important regroupement international
de conservation. Le monde se trouve actuellement devant des défis
que bien peu de gens auraient pu prévoir il y a vingt ans.
Et notre façon d'aborder les défis de la conservation
a considérablement changé. Nous reconnaissons maintenant
la nécessité d'une collaboration mondiale, car tous
les pays sont touchés par ce que font les autres. C'est
pourquoi ils doivent tous travailler ensemble afin de trouver
des solutions à des problèmes d'envergure mondiale.
Tous les secteurs de la société doivent également
unir leurs efforts. J'ai toujours pensé que le gouvernement
pouvait et devait être une force constructive dans la société.
Il est clair qu'on ne peut laisser aux seules forces du marché
les défis que présente la conservation.
Au cours de la dernière décennie, le Canada a déployé
de grands efforts pour que soient conclus des accords et des conventions
d'importance. Le Sommet de la Terre a donné naissance à
trois grandes conventions. Je tiens d'ailleurs à féliciter
l'UICN pour sa précieuse contribution à l'élaboration,
en particulier, de la Convention sur la biodiversité. Le
Canada a été l'un des premiers à favoriser
la conclusion de pareille convention et à la ratifier.
J'ai été heureux, il y a quelques mois de participer
à l'inauguration du Secrétariat de la Convention,
ici même à Montréal. Et je suis aussi très
fier du fait que Montréal soit devenue un important centre
du mouvement environnemental mondial.
Bien entendu, la protection des espèces menacées
d'extinction est un aspect essentiel de la protection de la biodiversité.
Chaque pays doit faire sa part. Et j'ai le plaisir de vous annoncer
que le ministre de l'Environnement du Canada déposera bientôt
au Parlement une loi sur la protection des espèces menacées
d'extinction. Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont
également convenu en principe d'un cadre national qui les
engage à faire de même dans leurs sphères
de compétence. Il s'agit là d'un grand pas en avant.
Ici, au Canada, nous avons durement appris certaines leçons
de conservation et de viabilité. Il ne s'agit pas de choisir
entre d'une part, l'économie et les emplois, et d'autre
part, l'environnement. Une économie saine repose sur la
conservation à long terme de nos industries reposant sur
les ressources renouvelables, comme les pêches et l'exploitation
forestière.
Au cours du présent congrès, vous ferez part de
vos expériences, tant positives que négatives. Le
Canada a lui-même vécu l'expérience des répercussions
dévastatrices d'une utilisation non viable des ressources.
Il y a trois ans, lorsque mon gouvernement est arrivé au
pouvoir, il s'est vu confronté à l'effondrement
possible des pêches de l'Atlantique après des années
de surpêche. Des milliers d'emplois étaient alors
en jeu. Le Canada a donc pris des mesures sévères
pour mettre fin à cette surpêche. Nous avons travaillé
avec acharnement pour que soit conclu un nouvel accord de l'ONU
sur les stocks de poissons migrateurs. Nous devons maintenant
concentrer nos efforts sur les 30 ratifications nécessaires
pour faire mettre cet accord en vigueur le plus tôt possible.
Je veux que L'UICN sache qu'il s'agit là d'une grande priorité
pour le Canada. Nous espérons que tous les autres pays
en feront également leur priorité.
J'aimerais maintenant aborder un sujet qui me tient beaucoup à
coeur, le réseau des parcs nationaux du Canada.
Au cours de ma carrière politique qui a débuté
il y a plus de 30 ans, rien ne m'a donné plus de satisfaction
que ma participation à la création de dix nouveaux
parcs nationaux lorsque j'étais ministre responsable de
Parcs Canada.
Depuis la création du parc de Banff en 1885, nos parcs
nationaux sont le symbole du Canada. En 1911, le gouvernement
fédéral a établi la première direction
générale des parcs dans le monde. Aujourd'hui, Parcs
Canada s'occupe de nos parcs et lieux historiques nationaux, situés
dans chaque province et territoire. Nous sommes très fiers
de cet organisme. Nous veillerons à ce que Parcs Canada
ait les pouvoirs et la souplesse nécessaires pour relever
les défis du XXIe siècle.
Il convenait tout à fait que l'UICN se réunisse
à Banff en 1972. Banff est peut-être notre parc national
le plus célèbre, un endroit unique au monde, dont
la beauté et la grandeur coupent le souffle. Le parc de
Banff est très important pour les Canadiens et pour notre
gouvernement. Nous nous considérons comme les gardiens
de ce site du Patrimoine mondial. Lorsque nous avons pris le pouvoir,
il y a trois ans, nous avons reconnu que Banff était en
danger. Nous avons mis sur pied un groupe de travail pour examiner
la situation. Il a présenté ses recommandations
la semaine dernière, et la vice-première ministre
a immédiatement annoncé des mesures vigoureuses
pour limiter le développement. Nous sommes déterminés
à protéger - pour toujours - l'intégrité
écologique de Banff pour les Canadiens et les citoyens
du monde entier.
Notre gouvernement a aussi créé deux nouveaux parcs
nationaux cette année. Le parc national Wapusk, dans le
Nord du Manitoba, compte plus de 11 000 kilomètres carrés
et constitue l'un des plus grands sites de naissance de l'ours
polaire au monde. Nous avons aussi créé le parc
national Tuktut Nogait, qui s'étend sur plus de 16 000
kilomètres carrés dans l'Ouest de l'Arctique.
Je suis très heureux d'annoncer aujourd'hui que le gouvernement
du Canada créera deux nouveaux parcs dans l'Arctique canadien.
Le premier sera établi dans un vaste bassin versant autour
de la baie Wager et représentera l'écosystème
de la toundra. Le deuxième, sur l'île Bathurst, comprend
le site de mise bas d'une population menacée de caribous
Peary.
Cela signifie que, depuis six mois, le gouvernement du Canada
a réservé plus de 60 000 kilomètres carrés
en vue de la création de nouveaux parcs nationaux, soit
une superficie plus grande que la Suisse et que la Nouvelle-Écosse.
Je suis également heureux d'annoncer aujourd'hui que notre
gouvernement déposera bientôt un projet de loi en
vue de la création d'un réseau d'aires marines nationales
de conservation - l'équivalent marin de notre réseau
de parcs nationaux terrestres.
Créer de nouveaux parcs nationaux et protéger l'intégrité
écologique des parcs existants demeurera une grande priorité
pour mon gouvernement et pour moi-même.
Il convient tout à fait que le Premier congrès mondial
de la conservation se déroule durant la fin de semaine
de l'Action de grâces, au cours de laquelle les Canadiens
ont l'habitude de se réunir pour remercier la nature de
ses largesses.
Ce congrès témoigne du souci de protéger
la planète et ses habitants à l'aube du XXIe siècle.
Les Canadiens et le gouvernement du Canada appuient le travail
important que vous accomplissez. Je souhaite que vos délibérations
soient productives. Merci.
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