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 Sommet des Amériques 2001

Débat d'ajournement spécial (tempête de verglas) à la Chambre des communes


Le 4 février 1998
Ottawa (Ontario)

Monsieur le Président, je suis très heureux que les chefs de tous les partis et en particulier le chef de l'opposition aient consenti et même demandé d'avoir un débat à ce moment-ci pour parler des événements qui se sont déroulés dans l'est de l'Ontario, au Québec et dans les Maritimes, au début de janvier, et qui ont été tout à fait sans précédent.

Comme vous le savez, il y a des moments où la nature vient nous rappeler qui est vraiment maître sur notre planète. Peu importe l'avancement de notre technologie, peu importe l'avancement de nos connaissances, nous pouvons, un jour ou l'autre, nous trouver à la merci de forces que nous ne maîtrisons pas. C'est une très grande leçon d'humilité. Pour plusieurs millions d'habitants de l'est de l'Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick - de Wolfe Island à Saint-Jean-sur-Richelieu - la tempête de verglas nous a brutalement rappelé notre vulnérabilité lorsque la nature se déchaîne.

Il y a des moments où nous prenons tous conscience du fait que notre statut de citoyen canadien va bien au-delà de notre géographie, de notre citoyenneté et de notre histoire commune. Etre Canadien, c'est être membre d'une collectivité vivante et agissante. Où que nous habitions dans ce grand pays, que nous soyons riches ou pauvres, quelles que soient nos opinions politiques, nous sommes tous des concitoyens. A ce titre, quand les choses vont mal, nous allons au secours les uns des autres, nous nous serrons les coudes et nous sommes solidaires. Tout comme lors des inondations au Saguenay, au Manitoba, la tempête de verglas de 1998 a déclenché ce réflexe naturel qui est en nous.

Il y a quelques semaines, personne n'aurait cru qu'une pluie continue autour du point de congélation plongerait tant de villes et tant de villages dans le froid et l'obscurité, pendant des jours pour certains, et pendant des semaines pour d'autres. Personne n'aurait cru que les réseaux électriques complexes, qu'on a mis des années à construire, seraient dévastés en l'espace de quelques heures, que des pylônes géants plieraient en un rien de temps sous le poids de la glace.

La plupart des députés ainsi que moi-même-certains physiquement et d'autres par l'entremise de la télévision-avons pu constater les dégâts. Tous les Canadiens s'en sont rendu compte. Le choc a été subit. Mais très rapidement, les Canadiens se sont ressaisis et, chez ceux-ci, un désir profond d'aider les victimes de la tempête s'est manifesté. Lorsque ce désastre hivernal a frappé, les familles, les voisins, voire tous les Canadiens sont venus à la rescousse.

Face à cette catastrophe sans précédent, les collectivités se sont serré les coudes. Les gens se sont entraidés. Ils ont tendu la main, ils ont préparé des repas, ils ont ouvert toute grande leur maison. Prenant conscience de l'ampleur de la crise, les gouvernements locaux et provinciaux ont rapidement rassemblé leurs ressources pour évaluer les dégâts, organiser des centres de secours, coordonner le travail des bénévoles, renseigner la population sur les endroits où aller en cas de besoin et prévenir les dangers.

Tout le monde voulait faire sa part. La politique politicienne était absente. J'ai rencontré les premiers ministres du Québec et de l'Ontario. On a communiqué avec tous les premiers ministres dès le début. Le premier ministre de Terre-Neuve a offert d'envoyer ses monteurs de lignes. Les premiers ministres de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick ont fait de même. Les premiers ministres du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont appelé pour offrir leurs services. Ils nous ont dit qu'ils disposaient de matériel en tous genres. Tout le monde voulait venir en aide aux personnes en difficulté. Je voudrais les en remercier. C'était une grande marque de solidarité.

A l'échelle locale, les maires et les conseillers municipaux se sont attaqués à la tâche. Les maires qui étaient très près des problèmes des gens, ainsi que les conseillers municipaux, ont passé des journées et des semaines sans dormir, ou si peu, pour essayer d'aider les gens qui étaient dans le besoin.

Il était très évident qu'il fallait faire un effort exceptionnel parce que cette tempête était vraiment exceptionnelle. La crise, très rapidement, revêtait des proportions nationales, elle exigeait une réponse nationale et elle exigeait les ressources de tout le gouvernement canadien.

Lorsqu'est venu l'appel du gouvernement du Québec et du gouvernement de l'Ontario, toutes les ressources du gouvernement canadien ont été mobilisées. Nous étions prêts à collaborer avec les gouvernements provinciaux et les administrations locales pour accélérer l'effort de secours. Il fallait s'occuper de la protection, il fallait s'occuper de la sécurité des gens, il fallait bâtir la coopération. Nous avons concentré nos efforts sur l'aide aux individus, aux familles, aux petites entreprises, aux agriculteurs.

Les Forces armées canadiennes ont été le fer de lance de l'effort du gouvernement canadien. Au plus fort de l'opération Récupération, plus de 15,000 soldats des forces régulières et de réserve étaient déployés dans toutes les régions dévastées par la tempête. Ils ont aidé les équipes des entreprises hydroélectriques à rétablir le courant, ils ont enlevé les débris, ils ont aidé les gens à se rendre aux centres d'hébergement. Ils ont nourri les gens, ils ont fourni des lits, ils ont fourni des couvertures à ceux qui en avaient besoin. Ils ont visité chaque famille qui n'avait pas quitté leur domicile, pour s'assurer que les gens étaient en sécurité. Ils ont apporté une aide à tout le monde.

Le mandat qu'ils avaient était de faire ce qu'il y avait à faire et de poser les questions après, parce que c'était une urgence nationale, et ils se sont comportés de façon extraordinaire pour aider les autorités locales et tous les citoyens.

Il y a eu un pont aérien qui a pris de l'équipement à partir de Vancouver et Victoria, en s'arrêtant dans chacune des capitales provinciales pour prendre le matériel que les autorités locales mettaient à la disposition des sinistrés: des génératrices, de l'équipement venant des compagnies hydroélectriques de chacune des provinces. Ils ont même dû louer des avions étrangers pour pouvoir le faire.

Ils ont fait appel à l'armée américaine parce que nous avons une entente avec eux. Je tiens à signaler que l'armée américaine a été, immédiatement, à notre disposition pour aider l'armée canadienne à remplir son devoir. A mon avis, cela a été une aide importante à l'armée canadienne qui a eu à agir si souvent à l'étranger.

Les soldats avaient l'occasion de servir le peuple canadien et je sais, pour les avoir rencontrés, qu'ils voulaient bien faire. C'est une attitude qu'ils ont acquise au fil des ans, au cours des missions auxquelles ils ont participé à l'étranger dans des conditions difficiles. Ils étaient heureux de pouvoir aider les citoyens canadiens qui connaissaient de graves ennuis.

J'ai discuté avec des soldats qui venaient de tous les coins du Canada. Ils débarquaient dans les localités pour aider les gens. Les soldats étaient originaires de la Colombie-Britannique, de Terre-Neuve, de la Nouvelle-Écosse, de l'Alberta et du Manitoba. Bon nombre d'entre eux avaient été dépêchés au Québec et, même s'ils ne parlaient pas un mot de français, ils trouvaient le moyen de communiquer avec les gens pour rétablir l'ordre et offrir un peu de réconfort.

Ce fut pour eux une expérience extraordinaire. Tous les députés devraient être fiers de ce que les forces armées canadiennes ont accompli dans ces localités en difficulté.

Nos soldats en ont également retiré beaucoup de fierté. Leur devoir les appelait. Ils ont maintenant été redéployés. Certains sont encore en poste, parce que les problèmes n'ont pas tous été réglés. Ils demeureront sur place tant que leurs services seront nécessaires.

A l'arrivée des soldats dans les villages et dans les villes, tous les citoyens ont éprouvé un sentiment de sécurité, un sentiment de solidarité. Nous avons parfois tendance à critiquer nos soldats, mais il faisait bon de les voir accomplir un travail fantastique quand nous avions besoin d'eux.

Le gouvernement fédéral, dans l'opération Récupération, a fait tout ce qu'il pouvait faire pour aider à ce moment-là. Jusqu'à ce jour nous avons dépensé environ 250 millions de dollars pour aider les gens qui ont eu des difficultés à cause de la catastrophe. Nous avons avancé 50 millions de dollars au gouvernement du Québec et 25 millions au gouvernement de l'Ontario pour les aider à faire face aux difficultés.

Évidemment, la note n'est pas complète à ce moment-ci. Elle sera énorme, malheureusement, mais encore là la solidarité canadienne se fera sentir parce que jusqu'à 90 p. 100 des dépenses encourues par les gouvernements provinciaux sera remboursé par le gouvernement fédéral. C'est cela qu'est la solidarité canadienne. On est là pour s'aider lorsqu'on est en difficulté.

Le ministre du Développement aux ressources humaines a mis à la disposition des municipalités un fonds de 45 millions de dollars pour les aider à faire la réparation et le nettoyage qui s'imposent.

Le ministère des Travaux publics a mis tout ce que le gouvernement fédéral avait de matériel à la disposition des sinistrés. Le ministre a fait parvenir aux maires-c'était très urgent, il a payé d'avance-les paiements de taxes ou les versements en lieu de taxes, de telle façon que les municipalités aient du comptant pour rencontrer les obligations inattendues auxquelles elles avaient à faire face.

Revenu Canada a permis à tous ces gens qui faisaient venir des génératrices des États-Unis et autres matériels à passer la frontière rapidement et poser les questions plus tard pour s'assurer que les lois étaient toutes respectées. Le ministère de la Santé, qui a des systèmes d'urgence partout au pays, a donné ordre immédiatement de prendre les lits, les couvertures et les médicaments disponibles et de les envoyer dans les endroits dévastés dans les plus brefs délais.

Je crois que le gouvernement a fait tout ce qui était possible dans les circonstances, et lorsque nos concitoyens sont en difficulté, c'est notre devoir de ne rien ménager pour leur rendre la vie plus facile.

Les Canadiens de toutes les régions ont fait preuve de solidarité. Ils ont envoyé des couvertures, de la nourriture et de l'argent. Ils ont fait toutes sortes de dons. Jusqu'à maintenant, la Croix-Rouge a reçu 6 millions de dollars en aide aux sinistrés. Grands et petits ont fait des dons.

La LNH a versé un demi-million de dollars. Sur l'avion qui transportait les membres d'Équipe Canada, les gens d'affaires ont amassé 150,000 $. L'un d'eux s'est levé pour dire qu'il y avait un problème et tous ces entrepreneurs se sont mis à signer des chèques, même s'ils avaient dû payer au moins 15,000 $ pour participer au voyage. Ces gens d'affaires ont donné 150,000 $.

On a eu bien des exemples de ce genre. Je voudrais parler particulièrement de Kaija Belfry et de Linnea Clough, deux étudiantes de 11ième année de l'Ile-du-Prince-Édouard qui se trouvaient au Québec au moment de la tempête et qui ont immédiatement lancé vis-à-vis de leurs amis à l'Ile-du-Prince-Édouard l'idée de percevoir des fonds pour envoyer les aux gens sinistrés, et de deux jeunes enfants du Nouveau-Brunswick, deux petits garçons, Joshua et Christopher Ogden, qui ont envoyé une partie de leur allocation hebdomadaire. Ils ont envoyé 2 $. Pour eux, c'était important, 2 $, et ils l'ont envoyé.

On a recueilli à Halifax, à Windsor et à Sydney, en Nouvelle-Écosse, quelque 360 cordes de bois de chauffage, qui ont été chargées à bord de six wagons de chemin de fer pour être expédiées dans les régions privées d'électricité. Le député de Renfrew-Nipissing-Pembroke a envoyé 12 camions chargés de bois de chauffage provenant de l'entreprise qu'il exploite avec son frère. Des députés en ont appelé d'autres pour offrir leur aide. De l'équipement arrivait de toutes parts. Le député de Provencher a recueilli des génératrices à envoyer au Québec et en Ontario à cause de la situation, parce qu'on en avait besoin. L'armée recueillait des fournitures à envoyer là-bas.

Imaginez comment s'est senti l'agriculteur incapable de traire ses vaches quand il a vu arriver les soldats canadiens avec une génératrice pour l'aider à faire son travail. Imaginez-le à la porte de sa grange recevant de l'aide venant peut-être du Manitoba, de la Saskatchewan ou d'ailleurs en Ontario.

Des députés ont appelé les députés des régions touchées pour offrir leur aide. C'est quelque chose dont il faut être fier. Je dois mentionner la contribution d'Ashley Franzon, une élève de quatrième année à l'école publique James Bolton, près de Toronto, qui a organisé une collecte de fournitures d'urgence.

Un club francophone de Windsor, en Ontario, Place Concorde, a procédé à une collecte de fonds qu'on a appelée «Brise-glace». L'école secondaire de Grand Forks, en Colombie-Britannique, a communiqué avec les élèves de Saint-Jean-sur-Richelieu pour leur offrir de l'aide et même les inviter, durant la tempête, à aller en Colombie-Britannique pour partager avec eux les installations qu'ils avaient. Le poste de radio CHMB de Vancouver a ramassé plus de 15,000 $. Ce ne sont là que des exemples de solidarité, d'entraide et d'affection jamais vus au pays.

C'est pourquoi, mes chers amis, je pense qu'à ce moment-ci, même si tout n'est pas fini, nous pouvons dire merci à tous les Canadiens au nom de ceux qui en ont bénéficié.

J'ai toujours été d'avis que si les temps changent, les valeurs fondamentales, elles, ne changent pas. Cette extraordinaire réaction des Canadiens, qu'ils soient du quartier d'à côté ou de l'autre bout du pays, m'a confirmé dans cette opinion. Je n'oublierai jamais tout ce qui a été fait. Mais la chose la plus importante encore, c'est que les victimes ne l'oublieront jamais non plus.

Nous avons tous constaté une fois de plus la chance que nous avons d'être Canadiens, parce que dans ce pays qui a tellement de qualités, il y a une chose qui est très claire aujourd'hui, c'est que dans notre pays, le mot solidarité n'est pas qu'un mot, c'est une réalité.

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