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 Sommet des Amériques 2001

Devant le Sénat des États-Unis du Mexique


Le 9 avril 1999
Mexico (Mexique)

Ce siècle, et ce millénaire, seront choses du passé dans un peu plus de 260 jours.

Toutefois, au moment où je m'adresse à vous, les événements ailleurs dans le monde en incitent certains à s'interroger sur nos perspectives d'avenir. À se demander si l'humanité possède la sagesse collective pour échapper à des conflits et à des attitudes aussi vieilles que le millénaire, et qui donnent naissance à des atrocités aussi terribles que toute autre au cours du dernier siècle.

C'est pourquoi je suis heureux d'être ici, à Mexico. Et d'avoir été invité à m'adresser à vous, les représentants élus du peuple mexicain. Car selon moi, le Mexique d'aujourd'hui s'est donné un plan pour le nouveau millénaire.

Un plan audacieux, qui devrait donner espoir à tous. Et auquel le Canada est fier de s'associer. Vous êtes des exemples vivants du plus important triomphe de ce siècle : celui de la démocratie.

Après des décennies de sacrifices et de violence. Contre des adversaires qui prétendaient posséder une plus grande force de caractère et connaître une meilleure manière de faire les choses. La démocratie – le pouvoir du peuple – est en avance partout. Les nations qui se sont engagées sur la voie de la réforme démocratique sont celles qui avancent vers l'avenir avec confiance et optimisme.

Le Mexique s'est engagé dans cette voie. Vous et le Président Zedillo avez pris des mesures vigoureuses et empreintes de détermination afin de renforcer la démocratie. Bien sûr, la tâche n'est jamais terminée. Nous devons toujours faire preuve de vigilance et de fermeté pour assurer la réalisation de la promesse essentielle de la démocratie : que le gouvernement du peuple est véritablement un gouvernement pour le peuple. Un gouvernement qui place les espoirs du peuple, ses rêves, la protection de ses droits, sa sécurité et l'amélioration de sa qualité de vie devant toute autre préoccupation.

Tout en choisissant la voie démocratique, le Mexique a adopté une approche économique dont les principes, comme le démontre amplement le 20e siècle, sont essentiels à l'atteinte d'une meilleure qualité de vie : l'ouverture des marchés et la libéralisation des investissements.

C'est l'adoption de ces propositions fondamentales qui a donné au Canada et au Mexique des aspirations communes. Ce sont les piliers qui soutiennent un partenariat en pleine croissance. Un partenariat qui rapproche nos populations au moment même où nous travaillons à assurer un avenir meilleur à nos nations respectives, et à nos amis et nos voisins à travers les Amériques.

Nous sommes des partenaires dans la prospérité. De saines politiques économiques ont fait en sorte que nos pays connaissent des taux de croissance économique enviables. Préparant ainsi la voie à une augmentation des échanges commerciaux et des investissements. Ainsi, les échanges commerciaux bilatéraux ont augmenté de 65 % au cours des cinq dernières années, et le Canada est devenu la deuxième destination en importance pour les exportations mexicaines. J'ai été particulièrement heureux de constater qu'en janvier 1998, Équipe Canada, même en l'absence de son capitaine, a réussi à battre tous les records en concluant 91 ententes commerciales d'une valeur de 230 millions de dollars.

Mais notre partenariat va au-delà de la prospérité. Il concerne surtout les gens. Une plus grande prospérité signifie de nouvelles possibilités d'emploi pour les gens. De nouvelles occasions de réaliser leurs rêves. En effet, l'expérience nous a démontré hors de tout doute que nos populations ont grandement bénéficié de la libéralisation des échanges et des investissements en vertu de l'ALÉNA.

Nous devons constamment insister sur cette réalité. Car le libre-échange demeure un bouc-émissaire facile lorsque nos économies traversent des périodes difficiles causées par d'autres facteurs. Ces doutes et ces soupçons persistants nous obligent aussi à travailler en vue d'un partage le plus équitable possible des bénéfices concrets du libre-échange. À mon avis, une nouvelle prospérité ne peut avoir de sens que si elle sert à améliorer le bien-être et la sécurité du plus grand nombre, et non de quelques-uns. Que si elle contribue à élargir l'accès aux soins de santé pour les gens, à leur donner un environnement plus propre, de meilleures conditions de travail et une plus grande certitude que leurs droits fondamentaux seront respectés.

Le Canada et le Mexique partagent le même engagement envers ce principe. Et pour le démontrer, nous approfondissons nos efforts de coopération en vue de faire avancer la cause de la protection et de la promotion des droits de la personne dans le cadre de nos engagements internationaux communs.

Nous cherchons également à ajouter des dimensions autres que commerciales et gouvernementales à notre relation. Nos artistes et nos étudiants, nos professeurs d'université et nos organisations non gouvernementales se rapprochent d'une manière qui enrichit nos deux pays. Le nouvel accord bilatéral relatif aux services aériens, que nous avons signé aujourd'hui, symbolise bien notre relation. En ouvrant nos cieux, nous apprendrons à nous connaître encore davantage.

Mesdames et messieurs, l'adoption de la démocratie et de l'économie de marché ne transforme pas seulement le Mexique. Elle transforme les Amériques. Et à mesure que ces valeurs fondamentales prennent racine, de l'île de Baffin à la Terre de Feu, notre hémisphère devient autre chose qu'un ensemble de nations que la géographie seule a rassemblées. Nous développons une identité bien vivante. Ainsi que la confiance et la maturité nécessaires pour travailler ensemble en vue d'objectifs communs.

C'est pourquoi le Canada s'est joint à l'Organisation des États américains il y a près de dix ans. C'est pourquoi le Canada et le Mexique ont pris l'initiative audacieuse de négocier l'ALÉNA avec les États-Unis. Et c'est pourquoi, lors du Sommet des Amériques de Miami en 1994, les dirigeants de l'hémisphère ont adhéré à une vaste vision et à un plan d'action sur notre avenir commun.

À Miami, et l'an dernier à Santiago, nous avons affirmé qu'un plus grand partage de la prospérité était au centre de cette vision. Et nous avons souscrit à l'idée que la création d'une zone de libre- échange des Amériques était un moyen principal pour y parvenir.

Toutefois, mesdames et messieurs, nous avons aussi dit clairement qu'en soi, l'intégration économique ne peut mener à l'amélioration de la qualité de vie que nous désirons tous. Il faut également une volonté ferme de consolider la démocratie, de promouvoir les droits de la personne et de s'attaquer aux inégalités sociales à travers la promotion de l'éducation et l'élimination de la discrimination raciale.

En adoptant le plan d'action de Santiago, nous avons souscrit à des initiatives dans tous ces domaines. Et au cours de l'année qui s'est écoulée depuis, des progrès réels ont été accomplis vers la réalisation de cet ambitieux programme. La lutte contre le fléau des stupéfiants en est un exemple. Ma proposition à Santiago de créer un groupe d'action sur les stupéfiants a fait son chemin. Le Canada a présenté des idées sur ce que les pays peuvent faire ensemble pour s'attaquer aux effets corrosifs du trafic des drogues sur les jeunes et les familles, sur le respect des droits de la personne et sur les institutions démocratiques.

Le Canada considère que les progrès pouvant être accomplis dans chacun de ces domaines sont les pierres angulaires d'une prospérité hémisphérique véritablement partagée. Et qu'ils vont de pair avec la progression des négociations sur la Zone de libre-échange des Amériques.

Avec le Canada à la présidence du Comité de négociations commerciales, les négociations sur la ZLEA ont véritablement progressé. Notre ministre du Commerce international, l'honorable Sergio Marchi, accueillera ses collègues en novembre prochain à Toronto afin de faire le point sur cette question et de planifier les prochaines étapes.

Mais il est clair que des défis importants subsistent. Des défis que nous devons aborder et dont nous devons venir à bout.

L'absence d'une procédure accélérée aux États-Unis est une déception. Elle constitue un signal guère encourageant au sujet de l'engagement des États-Unis envers des négociations qui sont essentielles au développement économique de tout l'hémisphère.

Nous devons réduire les tracas administratifs. Afin que les gens, les produits et les services puissent circuler plus librement.

Il existe des opinions différentes sur le rôle de la société civile. L'appui informé du public est essentiel à la légitimité de la ZLEA, car nous devons prouver qu'un accord ne vise pas seulement à améliorer la marge de profit des compagnies.

Nous devons aussi agir avec fermeté afin de réduire les impacts négatifs des événements financiers mondiaux et de résister à la tentation du protectionnisme qui les accompagne.

Enfin, nous devons être sensibles aux différences qui existent aux plans de la taille et du développement économique des États. Un accord réussi ne laissera aucun membre en marge.

Il ne fait aucun doute que ces défis sont de taille. Mais j'ai confiance que nous atteindrons notre objectif de conclure une entente sur la ZLEA d'ici 2005.

Mesdames et messieurs, à Miami j'ai parlé du Canada et de ses partenaires de libre-échange comme étant des amis, « amigos ». À Santiago, j'ai dit que les nations des Amériques étaient devenues « una gran familia ».

À l'approche du nouveau millénaire, le temps est venu d'aller au-delà des belles paroles. De tisser des liens collectifs et identitaires qui feront en sorte que nos peuples sentiront qu'ils font véritablement partie de cette grande famille.

Je perçois la possibilité de bâtir une véritable communauté des Amériques à la fois comme un défi passionnant et une chance inouïe. Et je ne pense pas que cela fait de moi un rêveur ou un simple idéaliste.

Car bâtir une véritable famille est un travail exigeant, l'oeuvre d'une vie, voire de plusieurs générations. Je sais également que même le plus long voyage débute par un premier pas, et que nous en avons déjà faits plusieurs ensemble. La géographie a fait de nous des voisins, et l'histoire nous a liés d'amitié. L'accueil chaleureux qui m'est fait partout où je vais dans l'hémisphère en témoigne.

Le Canada aura l'occasion d'en faire autant à plusieurs reprises au cours des deux prochaines années. Winnipeg accueillera les Jeux panaméricains. Et l'Assemblée générale de l'Organisation des États américains se tiendra au Canada l'an prochain. Tout comme la prochaine rencontre des épouses des chefs d'État et de gouvernement des Amériques.

Je suis particulièrement fier de mentionner que le Canada aura le privilège d'accueillir le prochain Sommet des Amériques. Permettez-moi d'exprimer le souhait qu'à leur départ du Canada, tous les participants au prochain Sommet considéreront que leur relation va au-delà du statut de partenaire, au-delà des liens de voisinage.

Bâtissons ensemble sur la base des triomphes du 20e siècle qui transforment le Mexique, les Amériques et le monde entier. Ces triomphes ne sont pas ceux d'une idéologie ou des armées. Ils sont le fruit du seul véritable moteur de l'histoire et du progrès : les gens.

Je souhaite que l'esprit de ces victoires difficilement acquises continue à nous inspirer au cours du prochain millénaire. Et que nous reconnaissions enfin que nous faisons tous partie d'une seule famille. Une grande famille dynamique et diversifiée. La famille des Amériques.

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