Notes pour une allocution à l'occasion du 16e dîner parlementaire du Comité Canada-Israël

Le 29 mars 2000
Ottawa (Ontario)

Mesdames et Messieurs, distingués invités, Monsieur l'Ambassadeur, Monsieur le Ministre,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui. Le Comité Canada-Israël a assumé un rôle déterminant dans le maintien des liens d'amitié profonds et durables qui unissent le Canada et Israël. Des liens indestructibles tissés par la filiation, par l'histoire et par les valeurs partagées. Sur cette base, vous travaillez à édifier de nouveaux partenariats, à promouvoir le dialogue et la compréhension, et surtout, à renseigner les Canadiens sur les défis uniques et complexes qui se posent au Moyen-Orient. Je vous félicite pour le travail louable que vous accomplissez.

Mesdames et Messieurs, nous venons d'entamer un nouveau siècle que les Canadiens envisagent avec tout l'espoir et l'optimisme qui les caractérisent. L'avenir du Moyen-Orient inspire les mêmes sentiments d'espoir et d'optimisme à nos deux peuples. Nous croyons tous les deux à la perspective d'une paix juste, durable et globale. Le Canada et Israël partagent la vision d'une paix faite dans la dignité. Sans gagnants ni perdants. La paix dans la dignité, pour tous.

Les Canadiens assistent avec admiration aux efforts que déploie le Premier ministre Barak, avec vision et ténacité, en vue de conclure la paix avec les Palestiniens et avec la Syrie. Il poursuit bravement cet objectif malgré les résistances de ceux qui préfèrent laisser durer les vieux problèmes au lieu de trouver de nouvelles solutions. Il s'est allié aux représentants de toutes les parties qui font preuve du courage et du cran nécessaires pour mettre de côté les vieilles doléances. Et qui ont répondu à l'aspiration des gens dans toute la région à voir cesser les souffrances et les tueries.

Le Canada se réjouit de la reprise des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens à Washington. Nous accueillons avec satisfaction la récente confirmation de l'intention du Premier ministre de retirer les forces israéliennes du Sud du Liban.

Et nous sommes conscients du caractère audacieux de ce choix, compte tenu des considérations liées à la sécurité dans le Nord d'Israël. Le peuple d'Israël ne sait que trop bien que la paix fondée sur la peur n'est pas la paix du tout. La sécurité d'Israël est au premier plan des préoccupations du Canada. Comme Israël, nous espérons le jour où ses enfants pourront jouer et courir sans que l'ombre de la mort ne plane sur eux. Et nous souhaitons la conclusion d'accords qui garantissent le droit d'Israël à vivre en sécurité dans des frontières reconnues.

Nous sommes conscients que les pourparlers avec la Syrie n'ont pas encore produit les résultats que nous espérons tous. Mais nous savons qu'Israël persistera.

Le Canada est tout disposé à favoriser la progression du processus de paix, de la façon et au moment que les parties dans la région jugeront bon qu'il le fasse.

Au fil des décennies, les soldats canadiens ont apporté une contribution importante au maintien de la paix au Moyen-Orient. Les Canadiens sont à l'oeuvre dans le Sinaï et sur le plateau du Golan depuis plus de 25 ans. Et nous continuerons d'assurer notre aide aux parties, si tel est leur désir, dans le cadre d'un nouvel accord de paix qui pourrait nécessiter une présence internationale entre Israël et la Syrie.

Nous possédons une compétence reconnue en déminage. Nous nous tenons prêts à aider à remettre les terres en état de produire et de servir. Nous appuyons déjà un projet conjoint de déminage dans la vallée du Jourdain. Nous poursuivrons nos efforts à la présidence du Groupe de travail sur les réfugiés en vue d'aider les parties dans la région à parvenir à un règlement équitable de la question des réfugiés.

Monsieur le Ministre, c'est un honneur pour moi de partager ce podium avec vous. Lauréat du prix Nobel. Ancien Premier ministre. Illustre homme d'État. Soldat de la paix. Plus que tout autre leader au Moyen-Orient, vous avez eu la sagesse de comprendre que la route qui conduit aux accords de paix officiels ne s'arrête pas là. Que ceux-ci ne sont, en un sens, qu'un point de départ. Et que le travail véritable ne commence qu'une fois les cérémonies de signature terminées.

La mise sur pied du Centre Pérès pour la paix donne sa pleine expression à votre vision d'un Moyen-Orient où règnent la prospérité économique partagée, la stabilité et la paix. Les activités actuelles du Centre sont essentielles à l'ouverture du dialogue et à la promotion de l'harmonie et de la réconciliation entre les peuples du Moyen-Orient.

Guidé par votre inspiration, le Canada poursuivra ses efforts pour multiplier les contacts entre les gens dans la région. Que ce soit dans le contexte du processus de paix, ou pour favoriser le dialogue régional à tous les niveaux.

Mesdames et Messieurs, le nouveau siècle qui s'amorce voit aussi fleurir d'autres aspects très intéressants du partenariat entre le Canada et Israël. Grâce à bon nombre des personnes ici présentes, nos relations économiques sont en pleine expansion.

La signature de l'Accord de libre-échange Canada-Israël en 1997 a marqué le début d'une nouvelle ère du commerce entre nos pays. Elle a fourni à nos entrepreneurs les outils dont ils ont besoin pour faire des affaires ensemble. Cet accord a grandement stimulé le commerce bilatéral. Les exportations canadiennes vers Israël ont augmenté de plus de 24 p. 100 l'an dernier seulement. Nous importons maintenant des produits israéliens d'une valeur de plus de 400 millions de dollars par année. Et je ne doute pas qu'avec un tel dynamisme, nos échanges bilatéraux franchissent bientôt le cap du milliard de dollars par année. Nos liens économiques sont aussi très diversifiés. Nos échanges ne se limitent plus seulement aux produits. Ils comprennent maintenant des co-entreprises, des alliances stratégiques et des partenariats profitables.

Le Canada et Israël sont également des partisans convaincus du libre-échange. Et nous mettons nos convictions en pratique. Israël a conclu huit accords de libre-échange – le plus récent avec l'un de nos partenaires de l'ALENA, le Mexique. Grâce à ces accords, Israël bénéficie d'un accès privilégié à de nombreux marchés étrangers. Une des conséquences de nos liens économiques avec Israël, c'est que les sociétés canadiennes et leurs partenaires israéliens travaillent ensemble afin de se tailler une place sur d'autres marchés. Au sein de l'Union européenne et ailleurs.

Les investissements aussi vont bon train. Les entreprises canadiennes et israéliennes continuent de nouer des partenariats dynamiques. Ainsi, au début du mois, Amdocs a fait l'acquisition de la jeune entreprise canadienne Solect pour plus de un milliard de dollars. Et les compagnies Creo Products de Vancouver et Scitex d'Israël ont récemment fusionné pour ensuite investir environ 700 millions de dollars en infographie.

Bien que les gouvernements puissent jouer un rôle dans la promotion des échanges, ce sont clairement les gens d'affaires qui montrent la voie. Voilà pourquoi j'ai le plaisir d'annoncer qu'avec la collaboration et la participation financière égale du gouvernement d'Israël, notre gouvernement continuera de financer la Fondation pour la recherche et le développement industriels Canada-Israël pour les cinq prochaines années.

Cette Fondation existe grâce à la vision et à la prévoyance de Shimon Pérès. Et elle a bien servi les intérêts de nos deux pays. Elle a permis à des petites et moyennes entreprises d'explorer ensemble des projets de haute technologie. Des projets dans le cadre desquels nous mettons en commun nos savoir-faire pour mettre au point de nouveaux produits et des méthodes novatrices. Les projets réussis versent ensuite des redevances à la Fondation. Depuis sa création il y a cinq ans, près d'une trentaine de projets ont été approuvés, qui représentent un investissement total d'environ 10 millions de dollars.

Une de ces réussites est celle de la société Fibronics de Haifa et de PlainTree Systems, une compagnie de Stittsville, non loin d'ici. Ces deux entreprises ont uni leurs forces dans le secteur des réseaux locaux. Et la participation de la Fondation a déjà entraîné le versement de près de 100 000 $ en redevances. Je tiens à féliciter le conseil d'administration de la Fondation et son équipe de gestion du travail formidable qu'ils accomplissent depuis cinq ans.

Avec les encouragements des Palestiniens et des Israéliens, nous envisageons des moyens d'établir des partenariats trilatéraux par l'entremise de la Fondation.

C'est afin de nouer de tels partenariats, de renouveler des liens fructueux et de constater de mes propres yeux comment les Canadiens peuvent le mieux contribuer au mouvement en faveur de la paix que je me rendrai au Moyen-Orient le mois prochain.

Mon voyage débutera en Israël. J'y rencontrerai le Premier ministre Barak de nouveau ainsi que le Président Weizman. Le Premier ministre et moi avons eu d'excellentes discussions sur diverses questions en novembre dernier à la Conférence de l'OSCE à Istanbul. Je profiterai de l'occasion de ma visite pour réaffirmer l'engagement profond du Canada envers la construction de la paix et son appui indéfectible à ceux qui oeuvrent pour la paix.

Je rendrai un hommage solennel aux victimes de l'Holocauste à Yad Vashem. Monsieur le Ministre, je compte aussi me rendre sur la tombe de votre défunt partenaire dans l'oeuvre de paix, Itzhak Rabin, afin de lui rendre honneur au nom de tous les Canadiens. Je rencontrerai également le président de la Cour suprême pour discuter d'un sujet qui me tient à coeur : la Charte canadienne des droits et libertés. Comme vous le savez, Israël considère notre Charte comme un modèle. Et je suis d'autant plus ravi que mon collègue Irwin Cotler m'accompagnera.

Un bon nombre d'entre vous ont étudié à la Hebrew University, qui célèbre cette année son 75e anniversaire. Cet établissement a joué un rôle fondamental dans l'évolution de l'État d'Israël. Ce sera pour moi un grand honneur de recevoir le doctorat honorifique que me conférera l'université.

Pendant mon séjour dans la région, je m'entretiendrai aussi avec des leaders de l'Autorité palestinienne, de l'Égypte, du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite. À toutes ces occasions, je les exhorterai à saisir cette chance unique de faire aboutir le processus de paix. Le temps presse. Et j'examinerai les façons dont le Canada pourrait se rendre utile.

Mesdames et Messieurs, la devise du Comité Canada-Israël résume bien notre relation : « Deux pays extraordinaires. Une amitié extraordinaire ». Voilà pourquoi cette soirée représente en quelque sorte la première escale de mon voyage au Moyen-Orient.

Depuis plus de 50 ans, Israël et le Canada sont de bons amis et partenaires. À l'aube d'un nouveau siècle, nous pouvons contempler avec fierté tout ce que nous avons accompli ensemble, et avancer avec espoir et optimisme vers un avenir où tout est possible.

Ce n'est pas la chance, mais le choix, qui détermine l'avenir, a-t-on dit. En présence de Shimon Pérès, levons maintenant notre verre à l'avenir collectif des peuples du Moyen-Orient. Et au mot le plus doux, dans toutes les langues

À la paix! Shalom!

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