Notes pour une allocution du Premier ministre Jean Chrétien à l’occasion de la 47e Assemblée annuelle des parlementaires de l’OTAN

Le 9 octobre 2001
Ottawa (Ontario)

Je n’aurais pu me trouver à un endroit mieux choisi aujourd’hui que devant cette assemblée des parlementaires de l’OTAN. L’OTAN est une coalition qui s’est formée au début de la dernière grande lutte pour la justice au XXe siècle : la Guerre froide. Elle est aussi l’alliance militaire la plus féconde de l’histoire. Elle est un symbole transatlantique de la volonté et de la détermination des nations libres de protéger leur mode de vie.

Dans les jours qui ont suivi le 11 septembre 2001, nous avons vu les nations libres et civilisées du monde se donner la main pour mener la première grande lutte pour la justice du XXIe siècle. Une lutte qui vise à défier et à vaincre les forces du terrorisme.

Nous puisons courage et confiance dans l’exemple de l’OTAN, une alliance fondée sur des objectifs partagés et une détermination commune. Et nous pouvons tous être fiers de la façon dont l’OTAN s’est comportée dans les jours qui ont suivi les attentats. En invoquant l’article 5 pour la première fois de notre histoire, nous avons dit clairement qu’une attaque contre l’un de nous est une attaque contre nous tous.

Le Canada a été un membre fondateur de l’OTAN. Mon ami et prédécesseur Lester Pearson comptait parmi les visionnaires qui ont assisté à sa création. Et nous comptons maintenant parmi les membres fondateurs de cette nouvelle coalition multinationale et multiethnique contre la terreur.

À la demande du Président George Bush, les forces armées du Canada sont en marche. À l’heure actuelle, des tâches précises ont été assignées à des navires, des transporteurs aériens et des appareils de surveillance aérienne. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont conscients de ce qui est attendu des membres de nos forces armées et de leurs familles. Comme toujours, ces hommes et ces femmes sont prêts à servir. Comme toujours, ils feront honneur au Canada.

À l’aube de cette campagne, une chose doit être claire dans nos esprits. Nous sommes engagés dans un nouveau genre de conflit contre un nouveau genre d’ennemi. Nous ne pouvons pas nous fier à la rhétorique et à l’expérience des guerres passées pour définir nos tactiques ou mesurer notre succès.

Notre adversaire n’est pas une armée ou une nation en maraude visant à imposer ses volontés par l’invasion ou l’occupation d’autres États. C’est plutôt une bande d’extrémistes qui maraude. Et qui veut imposer un état d’esprit. Un état de terreur. La mesure perverse du succès qu’utilisent ces extrémistes n’est pas l’accumulation de gains territoriaux, mais l’étendue des dommages qu’ils peuvent causer par la terreur. Ils veulent s’attaquer aux fondations même de nos sociétés. Perturber nos économies. Susciter des affrontements entre communautés, entre religions ou entre citoyens.

La terreur est une menace pour nos sociétés et notre mode de vie. Une menace sans précédent et sans pareille dans l’histoire. Pour la vaincre, notre coalition devra agir sur plusieurs fronts. Nous devrons notamment mener des actions militaires, diplomatiques et financières. Fournir de l’aide humanitaire. Améliorer les programmes et les lois en matière de sécurité intérieure.

Je veux prendre quelques instants pour souligner la patience et la sagesse dont le Président Bush a fait preuve pour rallier le monde à sa cause depuis le 11 septembre. Il a été patient et mesuré dans sa riposte. Et il a assemblé une coalition sans précédent par sa taille et sa composition ethnique. Une coalition qui transcende les anciennes divisions de la Guerre froide.

Mesdames et Messieurs, nous avons également dit de façon très claire que nous ne ciblons pas l’islam. Nous luttons contre un groupe d’extrémistes dont le but est de terrifier et de perturber les nations. Et dont les actes meurtriers ont injustement sali une grande religion mondiale.

Nous n’avons rien contre le peuple afghan. Et le peuple afghan n’est pas en conflit avec nous. Nous luttons contre les terroristes. Et contre le régime des talibans qui insiste pour les abriter.

Comme toujours, tous les efforts possibles ont été déployés dans la planification des actions militaires en vue de limiter les victimes civiles. Et les pays de notre coalition fourniront toute l’aide humanitaire nécessaire à ceux qui ont été déplacés.

Mesdames et Messieurs, la nature même de la menace qui pèse sur nous fait en sorte qu’il nous faudra l’affronter non seulement à l’étranger, mais aussi chez nous. Le massacre perpétré le 11 septembre a prouvé, hors de tout doute, qu’aucun pays n’est à l’abri de la menace terroriste. Et il a accru l’importance de prendre des mesures efficaces – ici comme à l’étranger; seuls comme de concert avec nos partenaires de la coalition – pour protéger nos citoyens.

Notre gouvernement a pris des mesures vigoureuses pour protéger les Canadiens. La Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité collaborent avec les enquêteurs internationaux pour dépister et arrêter les terroristes. Et détruire leurs réseaux clandestins.

Nos postes frontaliers demeurent en état d’alerte. Les mesures de sécurité touchant les voyageurs aériens ont été resserrées. Les avoirs tant d’Oussama ben Laden que de ses associés au Canada ont été bloqués. Et en réponse à la résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations Unies, nous avons adopté de nouvelles dispositions réglementaires très sévères pour supprimer le financement du terrorisme.

Le Parlement étudiait déjà un projet de loi qui renforcera les contrôles pour les immigrants et les réfugiés et qui nuira aux efforts des terroristes pour recueillir des fonds au Canada.

J’ai nommé un comité du Cabinet sur la sécurité pour planifier nos prochaines initiatives. Et grâce au travail et aux suggestions de ce comité, nous serons déjà en mesure d’annoncer cette semaine de nouveaux programmes qui renforceront la sécurité aux frontières et pour les voyageurs aériens.

De plus, la semaine prochaine, nous annoncerons une série de programmes et de mesures législatives qui vont améliorer substantiellement les outils que nous possédons pour contrer les forces de la terreur et les contraindre à faire demi-tour.

Nous allons également travailler avec nos partenaires du G7 pour assurer la stabilité de l’économie mondiale. Nos ministres des Finances se sont d’ailleurs déjà rencontrés la fin de semaine dernière à Washington.

Ici au Canada, les assises de notre économie sont plus solides, beaucoup plus solides, qu’elles ne l’ont été depuis plus de 30 ans. Cela est resté inchangé dans la foulée du 11 septembre. Et notre gouvernement va continuer à mettre en oeuvre des politiques économiques et budgétaires qui vont permettre aux entreprises et aux consommateurs d’envisager l’avenir avec optimisme et confiance et ce, en dépit des événements du 11 septembre.

Mesdames et Messieurs, une campagne est maintenant engagée. Une lutte globale contre un adversaire déterminé. Une lutte dont l’issue changera le cours du XXIe siècle de façon aussi fondamentale que les conflits épiques du siècle dernier. Dans lesquels l’OTAN a joué un rôle décisif.

Les terroristes auront maintenant le réveil pénible. L’époque où ils pouvaient s’esquiver et se terrer est maintenant révolue. À l’instar des idéologies mortes et enterrées du passé, ils ont commis l’erreur fatale de sous-estimer la volonté et la détermination des peuples libres et civilisés.

Il ne faut pas se faire d’illusions. La lutte sera longue. Les sacrifices pénibles seront peut-être nombreux. Mais nous devons rester forts et vigilants. Nous devons insister pour vivre comme nous l’entendons. Selon nos valeurs. Et non selon les conditions dictées par des forces tapies dans l’ombre.

Mes amis, nous n’avons pas cherché ce conflit. Mais nous aurons le dernier mot!

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