Discours du Premier ministre Jean Chrétien à l'occasion du débat de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD)

Le 16 septembre 2002
New York

Merci, Monsieur le Président, d’avoir pris l’initiative de présenter le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) à cette assemblée.

Le NEPAD a été présenté à l’assemblée générale parce qu’il pourrait marquer un point tournant au niveau international – un point tournant dans les relations entre les États africains de même qu’entre les pays industrialisés et l’Afrique. Avant tout, le NEPAD pourrait marquer le début de l’espoir pour les peuples africains et la fin de générations de déclin socio-économique.

Le NEPAD a été conçu par des Africains, pour les Africains. Il propose des solutions spécifiquement africaines à des problèmes profondément enracinés à l’échelle du continent. Cependant, tous les États membres ont un rôle à jouer pour que la vision du NEPAD puisse se matérialiser.

Qui plus est, tous les États membres peuvent s’inspirer de cette vision. De la reconnaissance que la paix, la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de la personne et la saine gestion économique sont les conditions du développement durable. De l’importance qu’elle accorde à la promotion du rôle des femmes, qui est considérée comme l’un de ses deux principaux objectifs à long terme. De l’acceptation du fait que la propagation de maladies comme le VIH/sida risque de compromettre les acquis du développement humain. Ainsi que de l’engagement personnel et concret des dirigeants africains progressistes de se tenir mutuellement responsables de l’exécution du projet porteur d’espoir qu’est le NEPAD.

Le Canada considère ce débat comme un moyen d’inscrire le NEPAD au coeur de l’action des Nations Unies, et nous sommes déterminés à apporter notre contribution.

En juin dernier, j’ai eu l’immense privilège de présider le Sommet du G8. L’Afrique et le NEPAD étaient au centre de l’ordre du jour de nos travaux. En fait, plusieurs des leaders africains visionnaires qui ont donné naissance au NEPAD se sont joints à nous et ils sont de nouveau parmi nous aujourd’hui. Les chefs d’État et de gouvernement du G8 ont adopté un ambitieux Plan d’action pour l’Afrique à l’appui du NEPAD. Nous avons affecté des ressources à la mise en oeuvre du Plan d’action. Nous avons mis en place un processus de suivi afin d’assurer l’efficacité des mesures prévues. Et je sais pertinemment que mon successeur à la présidence du G8, le Président Chirac, partage mon engagement envers l’Afrique.

Pris ensemble, le NEPAD et le Plan d’action du G8 pour l’Afrique pourraient transformer la relation entre les gouvernements du G8 et les gouvernements africains qui donnent suite au NEPAD.

Monsieur le Président, il est temps de passer de la parole aux actes maintenant que nous avons un plan d’action en vue d’un nouveau partenariat.

Cela signifie que les pays africains doivent donner corps au NEPAD. Les pays d’Afrique qui mettront en oeuvre tous les aspects du NEPAD, y compris en matière de bonne gouvernance, bénéficieront d’une aide accrue de la part du monde industrialisé.

Cela signifie aussi que les partenaires du G8 doivent donner suite aux engagements concrets contenus dans le Plan d’action pour l’Afrique. Nous devons également veiller à ce que l’ensemble de nos politiques et de notre action contribuent à renforcer ces engagements. Y compris les positions que nous prendrons dans le cadre des négociations commerciales de Doha.

Cela signifie que l’ensemble des pays industrialisés doivent rendre l’aide au développement plus efficace et ouvrir davantage leurs marchés à l’Afrique.

Cela signifie que les entreprises du monde entier devront réévaluer les possibilités commerciales en Afrique au fur et à mesure que s’instaureront les nouvelles conditions économiques que le NEPAD vise à établir. Qu’elles devront revoir le stéréotype trop bien ancré selon lequel il n’est pas payant d’investir en Afrique.

Monsieur le Président, au Canada, le processus de mise en oeuvre du Plan d’action du G8 pour l’Afrique a débuté le jour même de son adoption au mois de juin. Nous avons alors annoncé un engagement de 6 milliards de dollars sur cinq ans, en ressources actuelles ou nouvelles, en faveur du développement de l'Afrique, sous réserve de notre cadre financier. Nous comptons doubler notre aide au développement par rapport aux niveaux actuels d’ici 2010. Au moins la moitié de cette augmentation sera destinée à l’Afrique. Nous avons réaffirmé notre intention de délier l’aide consentie par le Canada.

Nous avons annoncé que d’ici le 1er janvier 2003, le Canada supprimera les droits de douane et les contingents sur presque tous les produits provenant des pays les moins avancés.

Les subventions à l’agriculture dans les pays riches demeurent un obstacle fondamental au développement africain. L’aide publique au développement versée chaque année par les pays industrialisés totalise environ 50 milliards de dollars, tandis que les subventions de ces pays à leur secteur agricole dépassent les 350 milliards de dollars par année. Ces énormes subsides grèvent les trésors publics, font baisser les prix et ferment effectivement la porte aux producteurs des pays en voie de développement. Le Canada appelle les pays industrialisés à faire de l’élimination de telles subventions une priorité.

Monsieur le Président, le NEPAD traduit la prise de conscience du fait que la marginalisation continue de l'Afrique du processus de mondialisation et l'exclusion sociale de la vaste majorité de ses peuples est profondément contraire à l’intérêt mondial.

Nous nous devons d’aider l’Afrique à se redresser dans l’intérêt de l’humanité tout entière. Dans l’intérêt aussi d’un monde prospère et de la création de nouveaux marchés. Et dans l’intérêt de notre propre sécurité. Nous avons pu constater ici même à New York les conséquences tragiques qui peuvent résulter de la dérive d’États lointains.

Nous ne pouvons simplement pas nous permettre de ne pas nous attaquer à ces problèmes. Le temps est venu d’agir. Le NEPAD trace la voie à suivre. Le reste n’est qu’une question de volonté politique.

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