Déjeuner du Saint John Board of Trade


Le 2 mars 1998
Saint John (Nouveau-Brunswick)

La dernière fois que j'ai eu la chance de prendre la parole dans la région du Canada atlantique, c'était en octobre dernier lors de la conférence Atlantic Vision, à Moncton.

Cette conférence a été marquante, car elle a donné naissance à une concertation et à une collaboration entre les provinces atlantiques en vue de préparer leurs économies et leurs populations à la prospérité de la nouvelle économie du XXIe siècle axée sur les connaissances.

Elle a été le symbole d'un changement de démarche. L'abandon des mégaprojets, des contributions et des subventions. Le début des investissements dans les connaissances et les compétences. La recherche de nouveaux moyens de travailler ensemble, les gouvernements fédéral et provinciaux, le secteur privé, celui du bénévolat et les établissements d'enseignement pour faire en sorte que le Canada atlantique entre de plein-pied dans le nouveau millénaire.

Mesdames et Messieurs, un autre fait marquant m'amène aujourd'hui au Nouveau-Brunswick. Un point tournant de notre histoire qui nous préparera à concrétiser la promesse de l'égalité des chances au siècle prochain.

La semaine dernière, le ministre des Finances a annoncé qu'il aura un budget équilibré dès cette année, une première pour le gouvernement fédéral en près de 30 ans. Nous avons aussi annoncé des budgets équilibrés au cours des deux prochaines années, soit la première fois depuis près de 50 ans qu'un gouvernement canadien déposera un budget équilibré trois exercices de suite.

L'équilibre budgétaire est une réalisation extraordinaire, celle d'un remarquable retour économique et financier du Canada et ce, à tous points de vue.

Il y a quatre ans, le déficit s'élevait à 42 milliards de dollars, ce qui représentait près de 6 p. 100 de notre PIB. Il est maintenant à zéro.

Il y a quatre ans, nous empruntions 30 milliards de dollars sur les marchés financiers chaque année pour payer les programmes et la dette. Or, au cours des neuf premiers mois de l'exercice, non seulement nous n'avons pas eu à emprunter d'argent frais, nous avons remboursé 12 milliards de dollars de notre dette négociée sur les marchés.

Il y a quelques années, les Canadiens et Canadiennes étaient écrasés par le triple fardeau des taux élevés des intérêts, de l'inflation et du chômage. En ce début de 1998, le taux de chômage, même s'il est encore trop élevé, est descendu à son niveau le plus bas depuis sept ans. Plus d'un million de nouveaux emplois ont été créés dans le secteur privé depuis que nous formons le gouvernement. Les faibles taux d'intérêt, la confiance renouvelée des consommateurs et des entreprises et l'accroissement fulgurant des exportations ont relancé l'économie canadienne.

Notre pays est passé de ce que le Wall Street Journal appelait, il y a quelques années, un candidat au Tiers-Monde à ce que le Business Week qualifie aujourd'hui de foyer du miracle canadien.

Comment expliquer tout cela? Comme toujours, il faut commencer par parler du courage des Canadiens. Il y a quatre ans, les citoyens insistaient pour que l'on prenne les décisions difficiles qui s'imposaient pour redresser nos finances, pour que le travail se fasse. Nous l'avons fait. Nous avons gardé notre foi dans la population, et elle a gardé sa foi en nous.

Je me dois aussi de rendre hommage à notre ministre des Finances, Paul Martin. C'est lui qui a donné le ton à notre lutte contre le déficit en 1994, lorsqu'il a promis aux Canadiens et aux Canadiennes que le travail serait fait «contre vents et marées». Nous n'oublierons jamais ses mots, ni le fait qu'il a tenu promesse.

Et notre gouvernement ne permettra jamais qu'on perde à nouveau la maîtrise des finances du pays. Lorsque nous avons assaini les finances du pays, notre but était de le faire une fois pour toutes. Pour que plus personne n'ait à le refaire. Nous ne gaspillerons pas le dividende budgétaire de nos succès dans des solutions politiques à courte vue qui ne rapporteront pas de bénéfices durables. Nous ferons preuve de la même rigueur dans notre prochain budget, et dans tous les autres.

Atteindre l'équilibre budgétaire constitue une réalisation remarquable. Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Nous devons maintenant tourner notre attention vers le fardeau que représente la dette publique. Nous nous sommes engagés à une réduction graduelle et permanente du ratio de la dette en proportion du PIB, soit le rapport entre ce que nous devons et les recettes de notre pays. En fait, le rapport entre la dette et le PIB a commencé à diminuer de façon importante l'an dernier, soit pour la première fois en 20 ans.

Nous continuerons de progresser grâce à une stratégie en deux volets : un appui de tous les instants à la croissance économique et la réduction du niveau absolu de la dette.

Mesdames et Messieurs, les années d'excès financiers au Canada sont révolues -- pour toujours. Nous venons d'entrer dans l'après-déficit. Une ère où le gouvernement ne vit plus au-dessus de ses moyens. Une ère où nous pourrons offrir des allégements fiscaux là où ils sont les plus nécessaires. Une ère où nous sommes en mesure de faire des investissements stratégiques qui permettront à tous les Canadiens d'avoir davantage accès aux compétences et aux connaissances, ce dont ils auront besoin pour obtenir de bons emplois et un meilleur niveau de vie au XXIe siècle.

Nous sommes conscients du fait que le fardeau fiscal des Canadiens est trop lourd. C'est pourquoi nous avons adopté des mesures ciblées d'allégement fiscal dans tous nos budgets précédents. Maintenant que nous avons équilibré le budget, nous pouvons passer à la prochaine étape, à savoir offrir des allégements fiscaux généralisés aux Canadiens à revenu faible ou moyen, eux qui ont supporté le poids de notre lutte contre le déficit.

Pour l'instant, les mesures doivent être modestes, car les dividendes financiers qui les rendent possibles sont encore modestes. Mais tout de même 90 p. 100 des contribuables profiteront dans une certaine mesure d'un dégrèvement d'impôt personnel grâce au budget présenté la semaine dernière. Et 400 000 Canadiens à faible revenu n'auront plus d'impôt fédéral à payer. A mesure que nos ressources nous le permettront, nous étendrons la portée et l'importance des allégements fiscaux.

La réduction des impôts et le remboursement de la dette constitueront des priorités importantes au cours de notre deuxième mandat. Mais il ne s'agit pas là de l'unique raison pour laquelle nous nous sommes attaqués au déficit.

Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons toujours suivi une politique économique équilibrée. Une politique alliant rigueur budgétaire avec des investissements clés qui favorisent une économie plus vigoureuse et une société plus sûre d'elle-même. Le but de l'assainissement des finances publiques n'est pas de me fournir l'occasion de vous réciter une litanie de chiffres. C'est de nous donner les ressources nécessaires pour investir dans notre avenir, pour donner aux plus vulnérables les moyens de s'aider eux-mêmes, pour être en mesure de remettre plus d'argent dans la poche des contribuable par des allégements fiscaux. C'est cela la signification de ce budget.

Notre histoire nous enseigne que nous avons toujours su effectuer les investissements nécessaires à notre croissance et à notre prospérité.

Il y a en de nombreux exemples. Macdonald, qui a investi dans une compagnie de chemin de fer canadienne pour réaliser un grand « rêve national », celui de relier le pays d'un océan à l'autre. Laurier, qui a ouvert l'Ouest. King, Saint-Laurent et C.D. Howe qui ont investi dans l'infrastructure qui a achevé le passage d'une économie agricole à une économie industrialisée. Ils ont relevé les défis propres à chaque nouvelle époque. Ils ont ouvert de nouvelles perspectives et créé une prospérité nouvelle pour les générations nouvelles.

Notre tâche comme pays, aujourd'hui - notre obligation - n'est pas différente de ce qu'elle était par le passé. Mais il nous faut maintenant aider les Canadiens et les Canadiennes à achever le passage de l'économie industrielle à l'économie de l'information. Une économie dans laquelle les connaissances sont les produits de base les plus importants. Une économie dans laquelle ce ne sont pas les ressources qui détermineront la richesse des nations mais bien la technologie. Une économie dans laquelle l'accès à l'égalité des chances est fonction de la possession des compétences requises. Et où la prospérité dépend plus que jamais auparavant d'un niveau d'instruction plus élevé.

Dans le budget de l'année dernière, nous avons créé la Fondation canadienne pour l'innovation, une organisation indépendante dotée d'un fonds de 800 millions de dollars qui serviront à financer les infrastructures de recherche dans les universités et les hôpitaux d'enseignement d'un bout à l'autre du Canada.

Et dans le budget de la semaine dernière nous avons investi dans les personnes. Nous avons annoncé la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances, une initiative conçue expressément pour donner aux Canadiens un meilleur accès, et à moindres frais, à l'enseignement, à la formation professionnelle et à la technologie de pointe qui, d'une simple pression sur une touche ouvre tout un monde de connaissances.

La Stratégie couvre tout ce que nous pouvons faire pour aider les parents à mettre de l'argent de côté en vue de permettre à leurs enfants d'étudier; pour alléger la dette des étudiants; pour promouvoir l'apprentissage continu; pour augmenter les fonds alloués au Rescol et faire en sorte que les enfants de familles à faible revenu connaissent un bon départ dans la vie.

Mais le programme dont je suis le plus fier - la pièce de résistance de cette stratégie - demeure la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire, qui bénéficiera d'une dotation unique du gouvernement fédéral de 2,5 milliards de dollars. Cet investissement, sans précédent dans les efforts déployés pour accroître l'accès des Canadiens et des Canadiennes à l'enseignement postsecondaire, permettra de venir en aide chaque année, et ce, pendant toute la prochaine décennie, à plus de 100 000 personnes à revenu faible ou moyen qui poursuivent un diplôme d'études postsecondaires.

Les bourses seront octroyées par la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire, un organisme privé et indépendant du gouvernement fédéral. La gestion de la Fondation sera confiée à un conseil d'administration formé de particuliers. Le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, représentant les gouvernements provinciaux, ainsi que des représentants du milieu de l'enseignement, auront un rôle à jouer dans la détermination des administrateurs de la Fondation. Nous nous assurerons également que les personnes les plus intéressées au succès de la Fondation -- les étudiants -- soient eux aussi représentés au conseil.

Le mandat de la Fondation sera assez souple pour lui permettre de travailler étroitement avec les provinces et les milieux de l'enseignement. Son but sera d'octroyer les bourses tout en évitant les dédoublements et en complétant les programmes déjà en place dans les provinces. Son mandat sera assez souple pour lui conférer le pouvoir, sous réserve de critères ayant fait l'objet d'un accord mutuel, de permettre aux autorités provinciales compétentes d'effectuer la sélection des boursiers de la Fondation dans cette province.

Mesdames et messieurs, cette façon de célébrer le changement de millénaire en dit long sur les Canadiens. Plutôt que d'opter pour un monument de briques et de mortier, nous avons préféré nous tourner vers ce qui vit et respire. Nous avons choisi d'améliorer encore notre qualité de vie et d'enrichir notre pays.

La Stratégie canadienne pour l'égalité des chances est un outil de bâtisseur -- une démonstration concrète de notre engagement à aider les jeunes Canadiens à se préparer en fonction de la nouvelle économie. Alors que nous vivons à une époque où l'on observe un certain cynisme face à l'action gouvernementale, il est important que les jeunes voient des gestes concrets et n'entendent pas seulement des discours creux. Je suis très fier du geste que nous avons posé dans le budget de la semaine dernière.

Tout ce que nous avons accompli -- de l'élimination du déficit à la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances, en passant par les bourses du millénaire -- n'avait qu'un objectif bien défini : mettre en place un environnement social et économique dans lequel les jeunes Canadiens et Canadiennes auront la chance de concrétiser leurs rêves et leur potentiel.

C'est là une responsabilité qui incombe à tous les gouvernements, pour ne pas dire à tous les secteurs de la société. Nous devons travailler ensemble, en partenariat - les parents, les étudiants, le secteur privé, les provinces et le gouvernement fédéral. L'économie mondialisée, la nouvelle économie, n'est pas affaire de compétences exclusives, elle dépend plutôt de notre capacité de bien canaliser nos forces et de travailler ensemble. Et c'est ce que nous ferons.

Telle est notre vision de l'avenir, comme en témoigne le Budget de 1998, et comme en témoigneront aussi les budgets suivants. La vision, tout à la fois simple et ambitieuse, d'une vie meilleure pour nous- mêmes et pour nos petits-enfants.

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