Réunion de la Fédération canadienne des municipalités


Le 8 juin 1998
Regina (Saskatchewan)

Je suis heureux d'avoir de nouveau l'occasion de m'adresser à vous, les hommes et les femmes qui contribuent à faire de nos collectivités des endroits où il fait bon vivre, travailler et élever nos familles. Qui dispensent les services quotidiens dont les Canadiens ne peuvent se passer.

J'ai eu l'honneur de vous parler au cours des dernières années à titre de chef de l'Opposition, puis comme Premier ministre. Et croyez-moi, j'aime bien mieux le faire comme Premier ministre!

Nous avons eu l'occasion de travailler avec vous à la mise en oeuvre du programme national d'infrastructure. Ce programme est l'une des réalisations dont nos gouvernements sont le plus fier. Et l'une de celles dont je suis personnellement le plus fier. Nous avons montré aux Canadiens qu'il était possible de travailler ensemble -- les trois ordres de gouvernement -- et d'investir pour rendre notre pays plus fort et plus prospère. Aujourd'hui, vous pouvez constater les résultats dans l'ensemble du pays. Et je veux vous remercier de votre partenariat.

Aujourd'hui, j'aimerais vous parler d'un projet d'infrastructure d'un autre type -- une infrastructure pour le XXIe siècle. Aussi vitale que le réseau routier et les bâtiments. Un projet qui nous aidera à achever le passage vers la nouvelle économie. Il se nomme «Un Canada branché » et vise à garder le Canada dans la voie rapide de la nouvelle inforoute pour faire en sorte:

  • que les entreprises canadiennes puissent mieux soutenir la concurrence dans la nouvelle économie;
  • que les Canadiens -- des villages les plus isolés aux plus grands centres -- bénéficient d'un accès équitable à l'information et à la formation dont ils ont besoin pour faire l'acquisition continue du savoir;
  • que les Canadiens aient un meilleur accès aux services gouvernementaux;
  • que le Canada demeure un chef de file mondial en haute technologie; et
  • de rapprocher encore davantage les Canadiens.

    Mesdames et messieurs, la révolution de l'information transforme le Canada et le monde. Elle crée une économie mondialisée. Des industries de l'information entièrement nouvelles ont germé. Elles sont des forces en elles-mêmes, mais en plus, elles redéfinissent nos secteurs industriels traditionnels -- de l'exploitation minière à la construction automobile et des télécommunications à l'agriculture.

    Dans cette nouvelle économie, nous ne devons pas nous contenter de nous adapter et de suivre le rythme des changements. Car les sociétés qui connaîtront la plus grande prospérité et la meilleure qualité de vie, la plus forte croissance de l'emploi, le meilleur avenir pour leurs enfants, seront les sociétés qui ouvriront la voie dans cette nouvelle révolution de l'information.

    Le Canada doit prendre les devants et non suivre. Et nous sommes bien positionnés pour le faire.

    Pourquoi? Parce que notre histoire entière est celle de la conquête du territoire par notre force de caractère et notre ingéniosité. Le chemin de fer du Pacifique, la route transcanadienne et la mise au point des télécommunications et des satellites ont tous servi à franchir les distances pour relier un peuple et bâtir un pays. Ils ont aussi favorisé la prospérité et le développement d'une société moderne. En même temps, ils ont ouvert de nouvelles perspectives et rehaussé les niveaux de vie et la qualité de vie de nos citoyens. Et ils ont fait de nous des spécialistes et des chefs de file mondiaux dans la conquête des distances.

    Cette même approche a permis au Canada de se retrouver à l'avant-garde de la révolution technologique en cours. Cela nous procure un grand avantage maintenant. Les faits sont éloquents:

  • Nous sommes en tête du G7 pour ce qui est de l'utilisation de l'ordinateur à la maison, des services de câblodistribution et du téléphone.
  • Le Forum économique mondial considère que le Canada possède le meilleur potentiel technologique parmi les pays du G7.
  • Au Canada, le prix des communications téléphoniques et les frais d'Internet sont parmi les moins chers au monde.
  • Le taux d'inscription aux études postsecondaires est plus élevé chez nous que dans l'ensemble du G7.
  • Et notre réseau pancanadien compte parmi les plus rapides au monde.

    Nous devons consolider cet avantage en partenariat entre le secteur privé, les gouvernements et notre réseau national de recherche. Nous devons le faire dans une perspective nationale. Et nous devons le faire rapidement. Parce que nous sommes entrés dans une course à l'échelle planétaire. Une course où la vitesse déterminera l'issue.

    Aujourd'hui, je veux lancer le défi suivant aux municipalités comme vous, aux gouvernements provinciaux ainsi qu'aux entreprises et aux organismes bénévoles : aidez-nous à atteindre ces objectifs nationaux :

  • Relier toutes nos écoles et nos bibliothèques publiques à l'Internet d'ici la fin de l'année.
  • Doter chaque salle de classe de chaque école canadienne d'un ordinateur d'ici la fin de l'an 2000. Cet objectif nécessitera l'installation de quelque 250 000 ordinateurs donnés par les gouvernements et le secteur privé.
  • Établir 10 000 sites Internet publics dans des communautés à travers le Canada d'ici la fin de l'an 2000.
  • Mettre en place un réseau à l'intention des communautés francophones dans toutes les régions du Canada d'ici la fin de l'an 2000.
  • Relier 10 000 organismes bénévoles et caritatifs entre eux et les raccorder à l'Internet d'ici la fin de l'an 2000.
  • Et construire d'ici la fin de l'an 2000 un réseau ultra performant qui sera le plus rapide au monde.

    Mesdames et messieurs, en accomplissant tout cela ensemble nous ferons du Canada le pays le plus branché au monde d'ici l'an 2000. C'est cela le programme «Un Canada branché ».

    Et nous sommes en bonne voie. Voyez tout le progrès que nous avons accompli ensemble en l'espace de quelques années.

    Voyez le Programme d'accès communautaire que nous avons lancé en 1995. Il aide les Canadiens qui vivent dans des régions rurales, isolées ou autochtones à bâtir leur propre rampe d'accès à l'inforoute. Il aide à supprimer les obstacles de temps et de distance qui ont longtemps obligé un trop grand nombre de Canadiens à quitter leur foyer pour s'instruire et pour améliorer leurs perspectives d'avenir.

    Le fait de brancher ces communautés les aidera :

  • à acquérir des compétences précieuses;
  • à développer les entreprises locales;
  • à trouver de nouveaux débouchés -- au pays et à l'étranger;
  • à avoir accès aux services et aux renseignements gouvernementaux; et
  • à mieux se connaître.

    Jusqu'à présent, plus de 2 000 collectivités rurales et isolées ont été raccordées. Notre objectif est de mettre en ligne des sites Internet publics dans 10 000 collectivités rurales et urbaines d'ici la fin de l'an 2000.

    Rescol est l'une des plus grandes réussites de toutes. Depuis sa création en 1994, Rescol relie les élèves canadiens à l'Internet, les uns aux autres, ainsi qu'au vaste monde de la connaissance et des compétences auquel l'inforoute donne accès.

    Notre objectif est de brancher toutes les écoles et toutes les bibliothèques du Canada à l'Internet. Regardez où nous avons commencé en 1994 : zéro. En 1995, 3000 écoles étaient branchées. En 1996, 7000. A la fin de l'année dernière, plus de 13 000. Et à la fin de cette année, nous aurons relié chacune des 16 500 écoles du Canada... et les 3400 bibliothèques publiques.

    L'équivalent anglais de Rescol, SchoolNet, est consulté environ trois millions de fois par mois. Et on m'informe que le Rescol pourrait bien être la plus vaste source française de ressources éducatives à l'échelle de l'Internet.

    Le programme Ordinateurs pour les écoles, dérivé de Rescol, va au-delà du raccordement des écoles pour relier les classes entre elles. Il a permis de fournir quelque 65 000 ordinateurs aux salles de classe du Canada. Tous ces appareils ont été des dons des gouvernements et des entreprises. Il y a quelques mois, j'ai moi-même eu le plaisir d'installer le cinquante millième ordinateur à l'école secondaire Grant Park de Winnipeg. Et nous sommes encore loin du compte. Pour brancher chacune de nos salles de classe, il nous faudra encore 185 000 ordinateurs. Ne lâchons pas!

    Cependant, pour dominer à l'ère de l'information les Canadiens ne peuvent pas compter seulement sur le plus vaste parc d'ordinateurs possible. Ce sont les véhicules. Mais l'inforoute elle-même doit permettre de rouler vite et en douceur. Car dans la course de l'information, le plus rapide l'emporte. Transmission des données rapide, transactions commerciales rapides et recherche rapide sont les mots d'ordre.

    C'est là le but de CANARIE. Cette entreprise conjointe créée en 1993 et dirigée par l'industrie met au point les technologies de l'inforoute de la prochaine génération.

    Ce réseau a déjà branché les chercheurs dans toutes les provinces et les territoires. En 1997, il a créé le CA*Net -- notre Internet commercial. Et la mise au point d'une version nouvelle et encore plus rapide, CA*Net2, est en bonne voie. Nous investirons une somme additionnelle de 55 millions de dollars dans CANARIE pour la construction du réseau le plus rapide au monde : CA*NET3.

    Les organisations bénévoles dispensent des services essentiels au niveau communautaire. VolNet vise à les aider à s'acquitter de ce rôle vital. Au cours des trois prochaines années, nous investirons dans l'établissement d'un réseau qui branchera 10 000 de ces organismes essentiels à l'Internet et entre eux.

    Nous voulons également accroître le contenu canadien accessible en direct -- un contenu qui traduise les valeurs, les réalisations et les aspirations canadiennes tout en encourageant l'innovation dans l'apprentissage, dans le développement des entreprises et dans la prestation de services.

    Voici quelques exemples de ce que notre pays a déjà entrepris :

  • Le Collège universitaire de Saint-Boniface au Manitoba a été le premier collège canadien à offrir sur l'Internet des cours menant à un diplôme.

  • Les effets spéciaux de la société Softimage de Montréal, utilisés dans des films comme Le parc jurassique, ont été salués dans le monde entier.

  • Nous rendons un plus grand nombre de collections culturelles importantes accessibles en direct, pour renseigner les gens dans le monde entier sur le Canada.

  • Santé Canada fait également la promotion de la santé en diffusant en direct des renseignements sur la santé et en élaborant de nouvelles applications en télémédecine.

  • En partenariat avec d'autres ordres de gouvernement et le secteur privé, Ressources naturelles Canada met au point un projet qui fournira à tous les Canadiens des données géographiques réunies en un seul site. Cela sera très utile aux responsables de l'urbanisme. En effet, vos projets-types font appel à plusieurs sources pour localiser routes, conduites de gaz, lignes téléphoniques et conduites d'eau principales. Désormais, il sera possible de regrouper ces données de telle manière que les urbanistes pourront trouver tous les renseignements dont ils ont besoin au même endroit. Cela fera également une différence dans le domaine de la planification des mesures d'urgence. Imaginez combien ce service aurait été précieux pendant les inondations au Manitoba ou la tempête de verglas l'hiver dernier.

  • Le Canada est également un chef de file mondial en matière de création de contenu français sur l'Internet. Sa contribution représente 30 p. 100 du contenu français alors que nous ne représentons que 6 p. 100 environ de la population francophone du monde. Et par la promotion internationale du Rescol, nous aidons les étudiants de l'ensemble de la Francophonie à se brancher.

    Une des voies les plus rapides des autoroutes de l'information a été réservée au commerce électronique. Où des ententes sont conclues en appuyant sur un bouton.

    Selon une récente étude de l'Organisation mondiale du commerce, la valeur des transactions commerciales par la voie électronique dépassera 300 milliards de dollars d'ici l'an 2001.

    Les pays qui sauront créer, avant les autres, un contexte propice à l'essor du commerce électronique seront ceux qui en profiteront le plus. Nous voulons faire du Canada un centre d'excellence mondial pour le commerce électronique. Toutefois, nous ne réussirons que si les consommateurs accueillent favorablement la nouvelle technologie et ce qu'elle peut leur apporter. A cet égard, il est intéressant de noter jusqu'à quel point les Canadiens sont disposés à utiliser certains outils électroniques. Saviez-vous que le taux d'utilisation par habitant des cartes de débit est dix fois plus élevé au Canada qu'aux États-Unis. Nous n'avons pas à craindre de bousculer les Canadiens. Nous devons veiller à établir un cadre dans lequel cette évolution peut se poursuivre, car les consommateurs canadiens le souhaitent.

    Il en va de même pour les services que les Canadiens reçoivent de leurs gouvernements. En mettant les gouvernements en ligne, nous établissons un lien plus direct entre les Canadiens, tout en assurant aux entreprises et aux consommateurs un moyen d'accéder facilement aux renseignements et aux services dont ils ont besoin.

    En voici quelques exemples :

  • Strategis, le service en ligne d'Industrie Canada qui offre une mine de renseignements sur les entreprises canadiennes. Ce site Web est consulté plus de 220 000 fois par jour.

  • ExportSource, qui fournit en ligne des renseignements à nos exportateurs selon une formule interactive.

  • La Voie Verte. Environnement Canada propose en direct des solutions aux problèmes environnementaux.

  • Sans compter mon propre site Web, celui du Cabinet du Premier ministre, qui reçoit 10 000 visiteurs par jour en moyenne. Ce n'est pas si mal! Et vous pourrez même consulter cette allocution sur mon site Web.

  • Nous avons mis sur pied un projet-pilote consacré au démarrage d'entreprises en collaboration avec le gouvernement de l'Ontario et la Ville de Mississauga. Il réunira en un seul endroit tous les renseignements dont les entrepreneurs auront besoin pour se mettre en train.

    Notre objectif est de nous doter d'une stratégie nationale coordonnée en ce qui concerne l'Internet établissant des liens entre tous les gouvernements. Mesdames et messieurs, s'il y a une chose qui unit votre organisation et qui unit tous les Canadiens, c'est la conviction que la collectivité est importante et que nous devrions tous pouvoir contribuer au Canada tout en contribuant à la vie des collectivités que nous habitons.

    C'est ici que convergent tous les éléments du Canada «branché» : dans l'initiative des collectivités «intelligentes». Elle utilise l'inforoute pour relier les personnes et les organisations les unes aux autres, pour favoriser l'échange d'idées et pour répondre aux besoins locaux.

    Dans la nouvelle économie, ce n'est pas l'endroit où vous vivez qui compte, ce sont vos connaissances. Lorsque nous serons bien engagés dans cette nouvelle économie, il ne sera pas nécessaire d'aller en ville pour obtenir les emplois valorisants et les salaires élevés. Si vous possédez les connaissances et les compétences voulues et si votre collectivité est reliée à l'inforoute, vous pourrez alors avoir une chance sans même quitter la maison.

    De nombreuses collectivités dans toutes les régions du Canada se préparent déjà à devenir «intelligentes».

  • Entre autres :
  • L'hôtel de ville virtuel à Yellowknife;
  • Hiérapolis-Outaouais;
  • ECO-Net à Peterborough;
  • et la Télécommunauté insulaire francophone de l'Ile-du-Prince-Édouard.

    La ville de Calgary vient d'être choisie pour tenir la conférence SMART 2000.

    Et aujourd'hui, j'ai le plaisir d'annoncer la création d'un comité d'experts. Il aura pour mandat de proposer des façons d'exploiter l'infotechnologie pour rendre les collectivités «intelligentes».

    Le comité d'experts sera présidé par David Johnston, ancien président de l'Université McGill et sera composé de chefs de file dans des secteurs clés. Son mandat sera de travailler avec vous -- les élus municipaux du Canada. Il tentera de déterminer comment chacun de nous, dans l'administration fédérale, provinciale et municipale, ainsi que dans le secteur privé, peut aider nos villes à prospérer dans l'ère de l'information. Et comment nous pouvons travailler ensemble à instaurer des collectivités «intelligentes».

    Le Comité fournira également des conseils experts sur la manière d'établir au moins un projet-pilote de collectivité «intelligente» de classe mondiale dans chaque province, dans le Nord et dans une communauté autochtone, d'ici l'an 2000.

    Mesdames et messieurs, en fin de compte, derrière la nouvelle économie de l'information, l'Internet, Un Canada branché, ainsi que tout le jargon, il y a non pas la technologie ni les ordinateurs, mais les gens. Ce sont des outils conçus pour les aider à bâtir une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants, des communautés plus fortes et une plus grande solidarité.

    La collectivité de Rankin Inlet offre un exemple inspirant. Je laisse la parole aux citoyens et citoyennes. (vidéo)

    Mes chers collègues... voilà l'avenir.

    Tel est l'avenir que nous pouvons aider à bâtir. Il n'est pas seulement à notre portée, il est déjà en cours dans toutes les régions du pays. En un sens, c'est un monde captivant et tout neuf -- qui fait un peu peur aussi. Mais si un vieux routier comme moi peut faire un exposé à la fine pointe de la technologie comme celui-ci, alors tout est possible.

    Mais en réalité, ce défi n'a rien de nouveau. Il est aussi ancien que le Canada lui-même. C'est le même défi que nous avons relevé en construisant un chemin de fer national dont des observateurs ont dit qu'il représentait le «le triomphe de la politique sur la géographie et le bon sens». C'est le défi que nous avons relevé en créant l'industrie des télécommunications la plus avancée au monde. C'est le défi que nous avons relevé en amorçant l'essor industriel de l'après-guerre il y a un demi-siècle.

    C'est un défi que les Canadiens et Canadiennes sont prêts à relever. Et ils veulent que nous y travaillions ensemble. Tous les gouvernements et tous les secteurs de la société.

    Un nouveau rêve national pour un nouveau millénaire.

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