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Avant-Propos

Sir Ernest MacMillan:
Portrait d'un musicien canadien (1893 - 1973)

S. Timothy Maloney Directeur, Division de la musique


D'autres nations sont fières de placer leurs héros nationaux sur un piédestal, pourquoi ne le sommes-nous pas? ... Nous avons appris à l'école l'existence [d'hommes et de femmes remarquables] qui ont contribué à façonner l'histoire du Canada mais ... ce n'est que dans l'esprit d'une minorité que ces [personnages] vivent réellement. Pour la grande majorité, ce ne sont que des noms. C'est [même] davantage le cas pour les écrivains et les artistes. Bien sûr, le Canada n'a pas donné naissance à un Shakespeare, à un Bach ni à un Michel-Ange, mais nous ne manquons pas d'artistes créateurs qui méritent une place plus importante que celles que nous leur accordons dans notre conscience nationale. 1

Sir Ernest MacMillan a été une figure dominante dans les milieux musicaux canadiens pendant plus de 40 ans, soit depuis le milieu des années 1920 jusqu'à la fin des années 1960. Pour se faire une idée de la portée et de l'influence de ses activités, il suffit d'essayer de trouver de nos jours un successeur ou même un prétendant au titre de pater familias ou d'homme d'État chevronné du monde de la musique au Canada. Personne ne répond à cette description de façon aussi convaincante que MacMillan l'a fait.

Ernest MacMillan était un homme aux talents multiples. Il était un excellent organiste et pianiste de même qu'un compositeur compétent quoique conservateur, mais il a connu ses succès les plus remarquables en tant que chef d'orchestre, administrateur et éducateur. Les musiciens canadiens de son époque se souviendront des 25 années qu'il a passées au poste de chef de l'Orchestre symphonique de Toronto, période pendant laquelle l'orchestre s'est perfectionné sur le plan artistique, a élargi ses rangs, a prolongé sa saison de concerts et a effectué ses premiers enregistrements et ses premières tournées internationales. Les amateurs de chant choral gardent un souvenir agréable des 15 années qu'il a passées à la direction du ch ur Mendelssohn de Toronto et des représentations annuelles du Messie de Haendel à Noël et de la Passion selon saint Mathieu à Pâques. Ce furent des événements importants sur la scène musicale de Toronto et, en fait, de tout le pays lorsqu'on a commencé à diffuser ces représentations à l'échelle nationale sur les ondes de Radio-Canada. Dernièrement, la grande claveciniste Greta Kraus a fait part de ses réactions lorsqu'elle a entendu l'une des premières représentations de la Passion selon saint Mathieu dirigée par sir Ernest : «J'avais entendu cette uvre à Vienne et je ne pensais pas que cette représentation serait très bonne. Mais j'y suis allée - et quel étonnement! Sir Ernest dirigeait de façon magnifique ... et j'ai été surprise par la grande qualité du chant choral - bien supérieur à ce que j'avais entendu à Vienne ...» (Traduction)

Les étudiants en musique de Toronto ont bénéficié des normes élevées en matière d'exécution et d'instruction qu'il a appliquées pendant les 16 années passées à la direction du Conservatoire de musique de Toronto (maintenant Conservatoire royal de musique) et les 25 années au poste de doyen de la Faculté de musique de l'Université de Toronto. Les compositeurs canadiens se souviendront de lui comme d'un champion de la musique canadienne, tant à titre de directeur qu'à celui de compositeur. Par exemple, MacMillan a dirigé plus de premières d' uvres musicales canadiennes que tout autre chef d'orchestre de son temps. Il a également assumé pendant 22 années remarquables les fonctions de président de l'Association des compositeurs, auteurs et éditeurs du Canada (la CAPAC, devenue la SOCAN), travaillant à l'échelle tant nationale qu'internationale en vue d'assurer de meilleures conditions pour le versement des redevances aux compositeurs canadiens, dont les uvres étaient exécutées, enregistrées ou diffusées n'importe où dans le monde. Les personnes qui ont contribué à l'établissement de l'infrastructure culturelle canadienne après la guerre se souviennent que sa présence a donné de la visibilité au Conseil des Arts du Canada nouvellement créé et à d'autres organismes nationaux, par exemple au Conseil canadien de la musique et au Centre de musique canadienne, dont il a assumé la présidence au cours des premières années de leur histoire. À l'étranger, il était un ambassadeur culturel respecté du Canada et il a été chef d'orchestre invité et conférencier aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Amérique du Sud et en Australie.

Les musiciens amateurs et ceux qui désiraient de faire carrière comme professionnels, qui l'ont rencontré pendant qu'il sillonnait le Canada, se souviennent de ses activités diverses : juge à des festivals, examinateur au Conservatoire, auteur de manuels et éditeur d'anthologies de la musique, protecteur des Clubs des beaux-arts sir Ernest MacMillan et soutien des jeunes talents. Il s'est particulièrement intéressé à la carrière débutante de la soprano Lois Marshall, de la violoncelliste Zara Nelsova, du chef d'orchestre Victor Feldbrill, du pianiste Glenn Gould et du ténor Jon Vickers, par exemple. À la fin de sa vie, il a participé au Concours national de Radio-Canada à titre de chef d'orchestre ou de juge. Les gens se souviennent de MacMillan en tant qu'animateur à la radio, conférencier, essayiste et éditeur attachant et bien renseigné. Les Torontois gardent peut-être parmi leurs meilleurs souvenirs les concerts Pop et les concerts bénéfice de Noël de l'Orchestre symphonique de Toronto dirigés par MacMillan, où il laissait libre cours à sa fantaisie en écrivant divers arrangements et parodies spirituels et humoristiques pour l'orchestre.

Comme il se doit pour souligner une carrière aussi remarquable que la sienne au service de la musique, de nombreuses distinctions et marques d'appréciation ont été décernées à Ernest MacMillan. Il a reçu dix doctorats honoris causa d'universités américaines et canadiennes et il est le seul musicien canadien à avoir jamais été fait chevalier par un monarque britannique. Une série de conférences de qualité portant son nom a été présentée chaque année à l'Université de Toronto de 1963 à 1977, avec l'appui financier de la CAPAC. En 1964, la Faculté de musique de l'Université de Toronto a nommé le théâtre MacMillan en son honneur - la même année, il a reçu la médaille du Conseil des arts du Canada et, en 1969, il a été fait compagnon de l'Ordre du Canada. En 1973, il a reçu à titre posthume la médaille du Conseil canadien de la musique. En 1993, pour souligner le centenaire de sa naissance, des hommages publics ont été rendus, et des représentations de sa musique ont été offertes par l'Orchestre symphonique de Toronto, le ch ur Mendelssohn de Toronto et l'Université de Toronto, entre autres. En 1993, le festival de musique de Parry Sound, en Ontario, a consacré une fin de semaine complète, dans le cadre de son programme, à une rétrospective MacMillan. Le Centre de musique canadienne a produit un disque compact commémoratif de ses compositions auparavant enregistrées sur disque de vinyle, y compris l'enregistrement non disponible depuis longtemps de son Quatuor à cordes en do mineur par le Quatuor Amadeus, tandis que Les disques SRC produisaient un nouvel enregistrement de la même uvre par le Quatuor à cordes Saint-Laurent. L'Université de Toronto a repris la série de conférences sous le titre Conférences SOCAN-MacMillan à l'automne de 1993.

La Bibliothèque nationale, gardienne des volumineuses archives MacMillan qu'elle a acquises de la famille en 1984, a également participé aux activités organisées pour souligner le centenaire de la naissance de MacMillan. À l'automne de 1993, elle a offert un deuxième lieu de présentation pour la première conférence SOCAN-MacMillan. En décembre de la même année, avec l'aide financière de la fondation commémorative sir Ernest MacMillan, la Bibliothèque nationale a organisé une exposition de documents ayant appartenu à MacMillan au Roy Thomson Hall, à Toronto. En 1994, la Division de la musique de la Bibliothèque nationale a travaillé en collaboration avec Enregistrement Analekta inc., de Montréal, à la préparation d'un autre disque compact de MacMillan, celui-ci contenant des enregistrements d' uvres exécutées, dirigées ou composées par lui. Les activités, à la Bibliothèque nationale, atteindront leur point culminant à l'ouverture de cette importante exposition, à Ottawa, en octobre 1994. Parmi les événements connexes qui se dérouleront pendant l'exposition, mentionnons la conférence SOCAN-MacMillan de 1994, une séance de lecture de la première biographie parue de MacMillan, par Ezra Schabas, et le lancement du disque compact d'Analekta, pour n'en nommer que quelques-uns.

Il est juste qu'on rappelle le souvenir de cet homme qui a contribué de façon aussi remarquable à l'avancement de la musique au Canada plus tôt au cours du siècle et qu'on l'honore pour ses réalisations. Sa vie et sa carrière devraient être connues de tous les apprentis musiciens et des étudiants qui s'intéressent à la culture canadienne comme celles d'un modèle d'épanouissement personnel et de dévouement à sa profession et à son pays. À la Bibliothèque nationale du Canada, nous sommes heureux de contribuer à rappeler sa mémoire et nous espérons que cette exposition sera un grand témoignage de la vie et de la carrière musicale remarquables d'Ernest MacMillan.

Notes

1. Traduction de : Ernest MacMillan, [Memoirs] (inédit, s.d.), chapitre «Canadiana», pages 3-4. Fonds sir Ernest MacMillan, Section des manuscrits, Division de la musique, Bibliothèque nationale du Canada.


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