Dans la recherche de notre identité culturelle, à travers nos institutions et nos groupes, nous créons constamment des mythes et modifions ceux qui existent déjà.
De nombreux artistes dans tous les domaines ont composé des oeuvres qui expriment ou mettent en lumière certains aspects du patrimoine canadien.
Certains ont fait vivre des personnages qui représentaient les espoirs et les idéaux d'un groupe. Malgré la réticence bien connue des Canadiens à s'enthousiasmer pour un personnage fictif, notre population a quelques favoris :
Sam Slick, héros d'une série de contes de T.C. Haliburton, est devenu le personnage principal du premier succès Libraire canadien sur le marché international. La popularité d'Anne : La Maison aux pignons verts, personnage de Lucy Maud Montgomery, n'a jamais baissé, et Maria Chapdelaine, l'héroine que Louis Hémon imagina après un bref séjour au Canada, représente maintenant un certain mode de vie.
L'apport extraordinaire de certains de nos plus célèbres créateurs de légendes a été reconnu. II est même arrivé que leur vie soit tellement associée de près à leur art qu'elle devienne partie intégrante de notre patrimoine.
Grey Owl devint célèbre dans le monde entier pour son amour de la nature et son interprétation de la faune et de la flore sauvages. On l'a surnommé le Père des mouvements écologistes. Sa vie, qui constitue en elle même une légende complexe, faisait partie de son art.
Les artistes se sont souvent inspirés de l’attrait familier de la nature sauvage et ont ainsi fait vibrer en nous une corde sensible. Pauline Johnson, par exemple, a été acclamée pour la lecture de ses poèmes dramatiques. Ses vers permettaient à son auditoire d’accéder à la magie des étendues sauvages et à la connaissance que les Autochtones en avaient.
Emily Carr s’inspira de ce qu’elle estimait être un mode de vie en voie de disparition; ses oeuvres nous rappellent le passé de l'Ouest canadien. Tom Thomson, qui trouvait son inspiration dans la nature, y disparut un jour mystérieusement. Sa mort nous rappelle encore les pouvoirs des régions sauvages.
Les interprètes des mythes aussi nous ont permis de mieux nous connaître. L'ethnologue Marius Barbeau a passé des dizaines d'années au début du XXe
siècle à rassembler et à raconter les légendes du Canada français.
En nous faisant prendre conscience de l'écart qui existe entre les mythes de notre société et les réalités politiques, les analystes sociaux comme Nellie McClung nous obligent à modifier nos institutions et à nous fixer de nouveaux objectifs.
La création de mythes est un signe de vitalité dans une société. Les groupes inventent constamment des légendes et s’en servent comme autant de miroirs leur permettant de découvrir ou de reconnaître certains aspects de leur personnalité. Nous nous remettons tous en question lorsque nous évoquons les êtres et les forces qui ont façonné notre pays.
Sam Slick
