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CHAPITRE XVII*

LA «  PROJECTION » DU CANADA À L'ÉTRANGER

L'ÉTRANGER, en général, connaît mal le Canada. Sans doute, les habitants de bien des pays ont-ils une idée de nos ressources matérielles, mais notre croissance rapide en tant que puissance mondiale et les responsabilités que nous avons assumées sur le plan international ont relégué dans l'ombre les connaissances qu'on pouvait avoir à l'extérieur sur nos institutions, nos mœurs, notre population, notre géographie et, en particulier, nos rapports subtils et importants avec le Commonwealth des Nations. Il n'est pas anormal qu'on ait souvent appelé le Canada « le pays inconnu ». Rien de plus frappant, à cet égard, que l'ignorance dans laquelle nos voisins les plus proches restent à notre endroit, ignorance qui n'a d'égale que leur amitié. La plupart des Américains connaissent peut-être des Canadiens, mais rares sont ceux qui pourraient subir avec succès un examen sur nos institutions. Peut-être les nombreux caractères communs aux deux pays constituent-ils en eux-mêmes une difficulté; souvent les ressemblances peuvent tromper.

2.   Le titre du présent chapitre : « la projection du Canada à l'étranger », est, bien entendu, une métaphore inspirée du cinéma et qui correspond à une méthode maintenant universellement employée. Toutes les nations se « projettent » sur l'écran international de diverses façons, depuis le travail quotidien des attachés de presse jusqu'aux « exportations culturelles », telles que la tournée d'un orchestre ou les expositions de tableaux outre frontière. Il n'est pas toujours facile de distinguer les échanges culturels entre États des échanges de simples renseignements. Dans les pages qui suivent nous traiterons de ces deux questions, car la projection du Canada dans les autres pays, par tous les moyens possibles, doit être, en quelque sorte, une « opération combinée ».

3.   À notre époque, il n'est pas une nation qui ne se reconnaisse officiellement responsable de la diffusion de renseignements sur elle-même et des échanges culturels avec d'autres États. Le Canada, à mesure que croît son importance internationale, remplit ces nouvelles fonctions, et certains services et organes du gouvernement fédéral s'en occupent activement. Il est clair qu'on écoutera d'autant plus attentivement l'opinion



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du Canada qu'on connaîtra davantage notre pays et ses réalisations. La diffusion régulière de connaissances sur notre pays n'est pas un luxe, mais une nécessité. Un plan d'action plus étendu en ce domaine ne manquerait pas d'avoir des résultats importants, concrets d'une part, intangibles de l'autre. La diffusion de renseignements sur le Canada, en tant que nation, stimule notre commerce extérieur et attire chez nous les touristes et le genre d'immigrants que nous voulons. Mais notre enquête porte davantage sur un autre domaine. L'établissement d'un système d'échanges avec les autres pays, dans le domaine des arts et des lettres, nous permettra en effet de fournir un apport original à la vie civilisée. D'autre part, ces échanges étant toujours bilatéraux, nous bénéficierons de ce qu'on nous donnera. Nous sommes persuadés que la réciprocité est ici la condition d'une saine existence nationale. Il a déjà été question, dans le présent Rapport, des déviations possibles dont le caractère national de notre pays a pu souffrir dans le passé par suite du recours trop exclusif à une source de culture particulièrement riche, à laquelle nous avons trop puisé sans donner assez en échange. Une étude plus attentive de la question nous porte à croire que nous avons négligé aussi nos voisins plus éloignés à qui nous n'avons rien donné et dont nous avons pris trop peu de choses.

INITIATIVES D'ORDRE LOCAL ET BÉNÉVOLE

4.   Soixante-quatre des groupements qui nous ont présenté des mémoires ont traité de nos relations culturelles avec l'étranger. N'y a-t-il pas là une démonstration de l'importance qu'on y attache en ce moment, et aussi l'indice que les Canadiens jugent que, dans ce domaine, ils ont un retard à compenser. Néanmoins, bien que les initiatives officielles aient été peu importantes, nous n'en avons pas moins échangé des renseignements et entretenu des relations culturelles avec d'autres pays. On n'envisage pas souvent leur activité sous cet aspect mais on peut dire que les missionnaires que le Canada envoie au loin depuis plus de deux générations ont certes fait connaître leur pays à l'extérieur, encore que ce ne fût pas là le but premier qu'ils recherchaient. En outre, depuis quelques années, les échanges se sont multipliés par la circulation d'imprimés, de films, de tableaux, par la radiodiffusion et, évidemment, grâce aux voyages d'affaires, d'agrément ou d'études. Le développement du commerce et des moyens de communication les ont favorisés. À des fins plus précises, ils profitent des efforts bénévoles de particuliers et d'associations ayant des intérêts spéciaux. L'échange d'instituteurs entre le Canada et la Grande-Bretagne se poursuit depuis près de trente ans. En 1951-1952, la Canadian Education Association et les provinces prendront des dispositions pour qu'environ cinquante-cinq maîtres d'école de Grande-Bretagne changent de poste avec des instituteurs canadiens. L'Institut scientifique franco-canadien se charge d'échanges semblables




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entre le Canada et la France, mais, dans ce cas, sur le plan universitaire. Avec le temps, l'effet de ces initiatives ingénieuses ne peut que profiter aux pays intéressés.

5.   Nous avons entendu le témoignage d'un certain nombre de groupements qui, à divers degrés, s'occupent d'échanges culturels avec d'autres pays. Ainsi, depuis quelques années la Canada Foundation sert officieusement de bureau d'information et, comme nous l'indiquons ailleurs, elle entretient une correspondance régulière avec plus de quarante pays. L'International Student Service, tout en fournissant des secours matériels aux étudiants qui se trouvent hors du Canada s'intéresse surtout à l'échange des étudiants. En outre, ses cours annuels de vacances en Europe ménagent des contacts utiles et stimulants entre étudiants et professeurs de divers pays. La Canadian Federation of University Women et d'autres groupements ont des relations internationales actives. Quelques associations, comme l'Imperial Order Daughters of the Empire et la Canadian Federation of University Women, ainsi que certaines provinces, donnent des bourses d'études à l'étranger. La province de Québec, en particulier, accorde, depuis plusieurs années, des bourses généreuses en vue d'études en France. Nos sociétés savantes s'efforcent, dans la mesure de leurs moyens, de maintenir des contacts avec les sociétés du même genre ailleurs et, d'ordinaire, le Canada est représenté aux conférences internationales consacrées à des questions telles que l'enseignement postscolaire, les coopératives, le travail, ainsi qu'aux sujets propres à intéresser les femmes. Certaines sociétés canadiennes, l'Association Canada-inter-Amérique, par exemple, favorisent les échanges culturels surtout pour des motifs économiques. Des maisons commerciales de tous genres, soit indépendamment, soit par l'entremise de leurs associations, appuient des entreprises analogues.

6.   La liste des interventions bénévoles doit, évidemment, comprendre les efforts vraiment héroïques que font les artistes canadiens pour apporter ou envoyer leur production à l'étranger. Des musiciens et conférenciers canadiens visitent les États-Unis et, à l'occasion, séjournent outremer. Les Canadiens sont fréquemment en mesure d'accueillir ceux de l'étranger qui leur rendent ces visites.

INTERVENTION DE L'ÉTAT

7.   Toute cette activité bénévole n'est, cependant, que peu de chose si l'on songe à ce que les Canadiens veulent réaliser ou à ce qu'ils estiment nécessaire. En outre, les dernières années ont démontré de façon éclatante combien sont insuffisants ces contacts internationaux, eu égard à la place que le Canada s'est taillé dans un monde en évolution. Des services de l'État dont nous avons déjà parlé, certains ont en partie comblé la brèche que les initiatives bénévoles et spontanées ne parvenaient pas à franchir. Point n'est besoin d'indiquer ici en détail l'œuvre



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essentielle du ministère du Commerce, en ce qui concerne les services d'information de divers genres. Plusieurs autres ministères ou organismes d'État, outre les Affaires extérieures dont il sera question plus loin, s'occupent de questions culturelles. Depuis vingt-cinq ans, (elle avait commencé par une participation remarquable à l'Exposition de l'Empire britannique en 1924-1925), la Galerie nationale envoie dans les autres pays des tableaux canadiens et fait venir au Canada ceux d'autres pays. De temps à autre aussi, la Galerie prête, pour de longues périodes, des tableaux canadiens à nos missions diplomatiques.

8.   Parmi les organismes les plus importants qui s'occupent de mieux faire connaître le Canada dans le monde, il faut mentionner la Société Radio-Canada, qui établissait son service international en 1944. Son but est « de présenter un tableau honnête, objectif et vivant du Canada et de la vie canadienne, au moyen de chroniques instructives, de commentaires, de nouvelles et d'émissions d'agrément »(1). La Voix du Canada, maintenant diffusée tous les jours en treize langues, y compris le russe et le tchèque, est entendue en Europe, dans les deux Amériques, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et dans le sud du Pacifique. Le courrier reçu des auditeurs étrangers augmente : durant l'année écoulée, on a reçu, de l'Europe, de l'Amérique centrale et de l'Amérique du sud, des Antilles et du Pacifique-sud, plus de trente-sept mille lettres. Les émissions consistent en chroniques variées et en commentaires sur le Canada, en nouvelles et en émissions d'agrément, y compris des pièces et des concerts radiophoniques réalisés par des Canadiens pour illustrer la vie canadienne. Radio-Canada dirige ce service international au nom du gouvernement du Canada. Un crédit voté directement par le Parlement en acquitte les frais, de sorte que l'argent que Radio-Canada reçoit de la vente des permis ou en recettes commerciales n'est pas en jeu. Un comité consultatif du gouvernement fédéral, où sont représentés les ministères des Affaires extérieures et du Commerce, arrête la ligne de conduite à suivre.

9.   Outre les émissions quotidiennes transmises directement, le Service international diffuse aussi un certain nombre d'émissions spéciales que retransmet, dans les bandes de fréquence ordinaires, la radiodiffusion nationale des pays vers lesquels ces émissions sont dirigées, notamment l'Allemagne occidentale, la Grande-Bretagne et la France. La Radio-diffusion française a fait preuve d'un grand esprit de collaboration en retransmettant des chroniques et des pièces canadiennes réalisées et adaptées à l'intention des auditeurs français par le Service international de Radio-Canada. Dans le dessein de stimuler un peu partout l'audition de la musique canadienne, le Service international a également entrepris de publier cinq albums de disques de musique composée par huit musiciens canadiens éminents. Les missions diplomatiques du Canada distribuent ces albums aux postes de radiodiffusion et aux groupements



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intéressés. En octobre 1949, le Service international lançait un concours de chansons ouvert à tous les compositeurs vivant au Canada. Des compositeurs des dix provinces ont inscrit plus de mille chansons et neuf d'entre eux ont reçu des prix de $250 chacun. Le Service international a aussi pris des mesures afin que des postes des Pays-Bas, de la Belgique, du Pakistan, de l'Afrique du Sud et de l'Amérique du Sud diffusent régulièrement des émissions qu'il réalise ici.

10.   Sur le front publicitaire, l'Office national du film occupe un secteur particulièrement important. La distribution des films canadiens à l'étranger se fait par l'entremise des bureaux de l'Office et de l'État canadien, d'organismes gouvernementaux et culturels d'autres pays et par les voies commerciales. Actuellement, quarante missions diplomatiques et consulaires(1a) et dix-neuf commissariats du commerce, outre les centres de l'Office du film à Londres, New-York et Chicago, distribuent gratuitement des films du gouvernement canadien. Nos diverses missions possèdent chacune environ deux cents films. Il y a eu augmentation constante des projections ainsi que des auditoires atteints par l'intermédiaire des bureaux canadiens. Parmi les missions, le centre de distribution le plus important est celui de Sydney (Australie) qui, en 1949-1950, a organisé 4,425 représentations auxquelles ont assisté 521,830 personnes. Les rapports provenant de nos missions diplomatiques démontrent la popularité des films canadiens et leur importance comme instrument de publicité nationale. Des réalisations de l'Office national du film ont été primées, depuis quelques années, à plusieurs festivals internationaux, entre autres ceux de Venise, 1949 et 1950; Bruxelles, 1949; Édimbourg, 1949; Cleveland (Ohio), 1949. Nous avons dans nos dossiers de chaleureux hommages, émanant de nombreuses parties du globe, rendus à l'excellence artistique et technique ainsi qu'à l'intégrité des productions de l'Office national du film.

11.   De plus en plus, ces dernières années, le ministère des Affaires extérieures a constaté qu'il lui fallait ajouter à ses responsabilités, dans le domaine des services d'information dans les autres pays, celle de coordonner le travail d'autres institutions de renseignements, officielles et bénévoles, et celle de favoriser les échanges culturels. Le ministère a assumé une bonne partie de ces fonctions à cause de demandes pressantes venant de l'intérieur aussi bien que de l'extérieur du pays. Ni les fonctionnaires intéressés, ni le public ne sont parfaitement satisfaits des improvisations qui en ont résulté. En guise de préface à nos recommandations, formulées à la deuxième partie du présent Rapport, il nous semble opportun de faire ici un exposé assez complet des fonctions actuelles du ministère des Affaires extérieures en matière d'information et de service culturels; de signaler ce que réalisent d'autres pays dans ce domaine; de faire part d'avis et de commentaires que nous ont présentés divers groupements bénévoles intéressés et, enfin, de souligner les insuffisances et les lacunes les plus graves de notre régime actuel.


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12.   Les services d'information et les services culturels ressortissent les uns et les autres à la Division de l'information du ministère des Affaires extérieures. (Un service de presse distinct s'occupe d'alimenter les journaux canadiens). Bien entendu, c'est par la voie des missions diplomatiques et du service consulaire que le ministère transmet officiellement ses renseignements. En 1939, abstraction faite des commissariats du commerce, le Canada n'avait que six missions diplomatiques à l'étranger, et il n'y entretenait aucun consultat. Aujourd'hui, il possède quarante-cinq missions diplomatiques et consulaires dans trente-quatre pays(2)et, en outre, des commissaires du commerce dans dix-neuf villes étrangères où notre pays n'a ni ambassade ni consulat. On voit donc à quel point le volume du travail a pu augmenter, sans parler de sa diversité.

13.   Les renseignements sont transmis, règle générale, sous forme imprimée ou polycopiée. On s'efforce, par des mesures très soignées, de fournir à la presse canadienne et étrangère des informations complètes et précises, et de transmettre à toutes nos missions des résumés suffisants des nouvelles et des commentaires publiés dans nos journaux. Nos ambassades reçoivent par la poste aérienne un bulletin quotidien et un bulletin hebdomadaire, ainsi qu'une revue mensuelle, les Affaires extérieures, qui fait aussi l'objet d'une large diffusion au Canada et ailleurs. De plus, on prépare régulièrement une revue de la presse canadienne. Des dispositions spéciales sont prises pour la transmission de renseignements à Washington, New-York et autres missions aux États-Unis.

14.   Outre ces services, le ministère assure encore la parution, sous forme polycopiée ou imprimée, de toutes sortes de documents qui sont transmis à nos missions, à des journalistes, à des bibliothèques, à des écoles et à des particuliers intéressés(3). Le Canada d'un océan à l'autre est une brochure illustrée et très estimée dont on a distribué trois quarts de million d'exemplaires publiés en quatre langues : anglais, français, espagnol et portugais. On songe en ce moment à une nouvelle édition qui, en outre, paraîtrait en italien. Les principales publications annuelles sont le rapport officiel du ministère et un autre ouvrage; le Canada et les Nations Unies. On prépare à l'intention des services extérieurs de nos missions une étude périodique sur l'activité culturelle au Canada. Cette étude constitue un commentaire intéressant et instructif des événements et des progrès survenus dans les domaines de l'éducation, des arts, des lettres et des sciences. Outre ces diverses publications plutôt éphémères, nos ambassades ont de petites bibliothèques de consultation renfermant des ouvrages sur le Canada (histoire, économie, politique). Ce flot régulier d'informations est complété par le bureau chargé de répondre aux demandes directes de renseignements. Ces demandes, qui lui parviennent tant du Canada que des autres pays, atteignent le chiffre d'environ 1,700 par mois et imposent le plus lourd travail au ministère dans le domaine de l'information.


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15.   S'il n'ignore pas que toute information sérieuse et digne de foi doit provenir en grande partie de documents et de publications, le ministère a conscience, d'autre part, de l'influence plus immédiate de l'image et de la parole. Comme nous l'avons fait observer, deux importants services nationaux, Radio-Canada et l'Office national du film, s'occupent déjà de la diffusion de renseignements à l'étranger. Le ministère des Affaires extérieures collabore étroitement avec eux. Il fournit aide et conseils à Radio-Canada sur les émissions à prévoir et, comme nous l'avons déjà dit, ses bureaux à l'étranger sont un élément essentiel des services de distribution de l'O.N.F. D'autre part, le ministère achète aussi de la Galerie nationale, en petit nombre, des sérigraphies et des reproductions de tableaux canadiens, dont il assure la distribution, non seulement à nos missions, mais encore aux galeries, écoles, cercles, etc., de certains pays.

16.   Quoique le ministère, grâce aux moyens précités, fournisse beaucoup de renseignements à des institutions ou personnes étrangères, avec lesquelles il entretient des contacts directs, les grands organes de diffusion restent les missions diplomatiques et consulaires. C'est de leur activité et de leur ingéniosité, ainsi que des moyens matériels mis à leur disposition, que dépend la qualité du travail exécuté en cet important domaine. Il y a des préposés d'information à Londres, Paris, Rome, Mexico, Canberra, Washington et New-York. Dans ces deux dernières villes, nous en avons même deux. En outre, à Londres, Paris, Washington et New-York, nous avons un personnel réduit chargé particulièrement de répondre aux demandes courantes de renseignements, d'aider tous les correspondants ou écrivains qu'intéressent les affaires canadiennes, de fournir des documents aux associations d'éducation et autres groupements, de donner suite, s'il y a lieu, aux mentions que font du Canada les revues ou les journaux locaux. Dans tous les postes, toutefois, on rappelle aux fonctionnaires qu'ils ne doivent jamais cesser d'éveiller autour d'eux l'intérêt envers notre pays et de communiquer des renseignements à son sujet. Il est bien entendu que la mission elle-même doit constituer un centre canadien de culture intellectuelle. Les fonctionnaires du ministère en poste à l'extérieur entretiennent des relations étroites avec les journaux, grâce à des conférences de presse et d'autres moyens ; en outre, ils sont fréquemment appelés à prononcer, à des réunions d'une importance numérique plus ou moins considérable, des discours ou des conférences qui constituent une publicité directe de grande utilité.

17.   Pourtant, en regard des réalisations d'autres pays, nos initiatives en ce domaine semblent plus que modestes, même si l'on tient compte de la différence de population. La Grande-Bretagne emploie au total, dans divers services et ministères, environ 230 attachés ou fonctionnaires spécialement chargés des relations avec la presse; les États-Unis en ont presque 500, et  la France, qui, dans chaque ambassade ou légation, a au moins un attaché chargé des relations avec les journaux, la radiodiffusion et le


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cinéma, a organisé plus de trente missions culturelles à l'étranger, dont la plupart comportent un personnel de quatre ou cinq personnes.

18.   Il convient de prendre note d'une autre des fonctions du ministère. Il en a d'ailleurs déjà été question. C'est la tâche qui lui incombe de coordonner dans son ensemble l'activité administrative ayant l'information pour objet. Le chef de la Division de l'information préside une Commission interministérielle de l'information canadienne à l'étranger. Cette commission, qui réunit des hauts fonctionnaires des ministères les plus directement intéressés, a pour fonction d'empêcher le gaspillage que pourrait amener le chevauchement inutile des travaux, ainsi que de coordonner la ligne de conduite et l'activité des divers services d'information du Canada.

19.   Il est toutefois un problème de coordination aussi important que discuté, celui des questions relatives à l'UNESCO, qui, maintenant, ressortit exclusivement au ministère des Affaires extérieures. Ce ministère, en effet, non seulement propose des listes de délégués aux conférences de l'UNESCO, mais encore, dans une certaine mesure, remplit les fonctions d'une commission nationale pour l'UNESCO, s'assurant la collaboration de sociétés bénévoles et facilitant l'exécution des entreprises de l'UNESCO chez nous. La question des relations du Canada avec l'UNESCO a suscité beaucoup d'intérêt et, il faut le dire, beaucoup de critiques et de controverses. Comme il s'agit d'une des questions que nous sommes particulièrement chargés d'étudier, nous avons consacré un chapitre distinct de la présente partie du Rapport à une étude de cette organisation, de ses principes, de ses méthodes et de son activité au Canada. Nous mentionnons ici l'UNESCO afin d'inclure aussi, dans notre revue de la question de l'information à l'étranger, cet important élément du problème général qui consiste à assurer un échange satisfaisant de renseignements avec les autres pays, et un degré suffisant de sympathie et de compréhension entre le Canada et tous ses voisins, proches et moins proches.

20.   Enfin, nous devons mentionner l'œuvre qu'accomplit l'Office canadien du tourisme, organisme fédéral chargé de stimuler, de façon générale, le tourisme au Canada. Cet Office, division du ministère des Ressources et du Développement économique qui fonctionne depuis 1934, a un personnel de 70 employés et un budget annuel de l'ordre d'un million et demi de dollars, dont il consacre près des deux tiers à faire connaître les attraits touristiques du pays par la réclame dans les revues et journaux des États-Unis, d'où le Canada tire plus des neuf dixièmes de ses recettes à ce chapitre. L'Office entretient un bureau à New-York et il a un représentant au consulat général du Canada à Chicago. En 1950, l'Office a répondu à plus de 350,000 demandes de renseignements distinctes, relatives aux voyages au Canada. Plus de 1,000 publications, aux États-Unis et ailleurs, lui servirent à disséminer des renseignements précis d'une manière attrayante sur les ressources touristiques, si variées, du Canada.


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*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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