Étude de suivi annuelle de 2016-2017 et recherche qualitative

Sommaire

Produit pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC)
Rédigé par :
Will Daley
Vice-président
Les Associés de recherche EKOS inc.
613-235-7215
wdaley@ekos.com

Numéro de contrat : B8815-170622/001/CY
Numéro d’enregistrement de la ROP : 125-16
Date d’attribution du contrat : 2017-03-29
Date de livraison : 29 mars 2018
Valeur de ce contrat (incluant la TVH) : 209 095,20 $

Pour obtenir de plus amples renseignements sur le présent rapport, veuillez écrire à l’adresse suivante : IRCC.COMMPOR-ROPCOMM.IRCC@cic.gc.ca.

This report is also available in English.

Énoncé de neutralité politique

Par la présente, je certifie, à titre de cadre dirigeant des Associés de recherche EKOS inc., que le produit fourni est en tous points conforme aux exigences en matière de neutralité politique prévues dans la Politique de communication du gouvernement du Canada et dans la Procédure de planification et d’attribution de marchés de services de recherche sur l’opinion publique.

Plus précisément, les produits livrables ne comprennent pas d’information sur les intentions de vote électoral, les préférences quant aux partis politiques, les positions des partis ni l’évaluation de la performance d’un parti politique ou de ses dirigeants.

Signature :

Signature de Will Daley

Will Daley
Vice President
EKOS Research Associates, Inc.

1. Sommaire

1.1. Présentation

Contexte et objectifs

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) effectue des recherches continues afin d’acquérir une meilleure compréhension des attitudes des Canadiens à l’égard de questions liées à la citoyenneté et à l’immigration. Ainsi, IRCC a mandaté Les Associés de recherche EKOS inc. pour mener un projet combiné de recherche quantitative et qualitative en vue d’examiner les questions suivantes :

Le présent rapport fait état des résultats détaillés de cette recherche. Les données sur l’opinion publique recueillies au moyen de cette recherche seront communiquées à l’échelle du Ministère pour aider ce dernier à établir ses priorités, élaborer ses politiques, ses produits de communication et ses stratégies, et à planifier ses programmes et ses services.

Aperçu de la méthodologie

Ce projet de recherche comportait deux phases : un sondage téléphonique quantitatif et une série de groupes de discussion qualitatifs en personne.

Quantitatif

Pour atteindre les objectifs de cette recherche, EKOS a mené un sondage téléphonique du 31 juillet 2017 au 30 août 2017 auprès d’un échantillon de n=2 503 Canadiens adultes; la marge d’erreur globale est de +/-2,0 points de pourcentage (calculé selon un intervalle de confiance de 95 %). Il fallait en moyenne 21,5 minutes pour répondre au questionnaire. Les participants pouvaient répondre dans la langue officielle de leur choix.

Un rapport complet sur la méthode quantitative, qui comprend toute l’information sur l’exécution du travail sur le terrain nécessaire pour reproduire ce projet de recherche, se trouve à l’annexe A. Les outils de recherche quantitatifs, en anglais et en français, se trouvent à l’annexe B.

Qualitatif

Quatorze groupes de discussion en personne ont été organisés à l’échelle du pays, du 22 au 31 janvier 2018. Chaque groupe a duré de 1,5 à 2 heures. Deux groupes ont été organisés dans chacune des villes indiquées ci-dessous :

L’approche proposée consistait à segmenter les groupes en fonction du revenu des participants, soit un groupe à revenu élevé et un groupe à faible revenu, dans chaque ville. Cette approche a toutefois été réexaminée à la suite du sondage quantitatif. Ainsi, avec l’accord d’IRCC, l’outil de mesure a été conçu de manière à segmenter les groupes en fonction des opinions à l’égard de la façon dont le gouvernement du Canada administre le système d’immigration.

Compte tenu de l’intérêt à mettre à l’essai des messages de communication, les groupes ont été segmentés de façon à éliminer les personnes qui ont des idées bien arrêtées et qui sont peu susceptibles de modifier leur point de vue à la suite d’une campagne de communication. Pour y parvenir, les critères d’évaluation définissaient les participants comme étant « relativement satisfaits » ou « relativement insatisfaits » comme suit :

Les participants ont été joints par téléphone selon la méthode de sélection aléatoire. De cinq à dix personnes ont pris part à chacune des discussions et chacune a reçu un montant de 75 dollars pour sa participation.

Un rapport complet sur la méthode qualitative, qui comprend toute l’information sur l’exécution du travail sur le terrain nécessaire pour reproduire ce projet de recherche, se trouve à l’annexe C. Les outils de recherche qualitatifs, en anglais et en français, se trouvent à l’annexe D.

La recherche qualitative vise à faire état d’un large éventail d’opinions et d’interprétations, plutôt que de mesurer le pourcentage de la population cible ayant un point de vue particulier. Compte tenu du fait que les résultats ne sont pas statistiquement extrapolables, les résultats présentés ici ne doivent pas être utilisés pour estimer la proportion de la population ou le nombre de personnes ayant un point de vue en particulier.

Valeur du contrat

Au total, la valeur de ce contrat, incluant la TVH, s’élève à 209 095,20 $.

1.2. Principales constatations

Analyse du sondage quantitatif

Niveaux d’immigration

L’incidence de l’information

Catégories d’immigration

L’incidence de l’immigration

Satisfaction quant à la façon dont le gouvernement administre l’immigration

Raison d’être de l’immigration

Attitudes envers l’incidence sociétale de l’immigration

Le Canada d’abord

Intégration et établissement

La contribution des immigrants

Réfugiés

Étudiants étrangers

Sentiment de bien-être économique

Analyse quantitative poussée du sondage

La partie qui suit fait état des constatations à la suite d’une analyse poussée, et résume les grands thèmes et la dynamique de l’opinion publique dans l’ensemble des données.

Cette analyse poussée comportait deux étapes, qui visaient à expliquer la principale question de recherche d’IRCC.

La principale question de recherche d’IRCC :

Qu’est-ce qui fait changer l’appui des Canadiens envers l’immigration et les niveaux d’immigration?

La perception générale quant à l’immigration et au rendement du gouvernement est favorable, mais certaines questions préoccupent tout de même les Canadiens.

Pour cerner les thèmes centraux et la dynamique de l’opinion publique envers l’immigration, nous avons mené une série d’analyses poussées des données dans le but de répondre à trois questions fondamentales :

Méthodes de recherche et justification

Analyse factorielle

À la suite de l’analyse de ces résultats, il se dégage cinq grands facteurs parmi les données et ceux-ci offrent une répartition fiable de la plupart des questions qui ont été posées. Voici ces cinq facteurs :

  1. Les avantages de l’immigration
  2. Ouverture quant à la diversité
  3. Devoir d’aider
  4. Inquiétudes concernant l’immigration
  5. Attrait des étudiants étrangers
Analyse de régression

Parmi ces cinq facteurs, ce sont les inquiétudes concernant l’immigration et les avantages de l’immigration qui sont le plus susceptibles d’aider à prévoir l’appui ou l’opposition à l’endroit de l’immigration. Plus précisément, ce sont les inquiétudes concernant l’immigration qui ont le plus de répercussions sur les perceptions à l’égard du nombre d’immigrants et de réfugiés. La variation quant à ce facteur, que ce soit à la hausse ou la baisse, est ce qui influe le plus sur le sentiment des Canadiens par rapport au nombre d’immigrants et de réfugiés. Les avantages de l’immigration ont beau n’avoir qu’une faible incidence sur le sentiment des Canadiens vis-à-vis du nombre d’immigrants ou de réfugiés, c’est tout de même le facteur qui influe le plus sur la perception des Canadiens vis-à-vis de la façon dont le gouvernement administre le système d’immigration. Plus les Canadiens seront d’accord pour dire que l’immigration est avantageuse, plus favorables seront les opinions à l’égard de la façon dont le gouvernement administre le système d’immigration s’amélioreront.

Parmi les autres facteurs, le devoir d’aider est dans l’ensemble l’un de ceux qui ont le moins d'incidence, mais il est fortement lié au point de vue selon lequel le Canada accueille juste assez de réfugiés ou qu’il devrait en accueillir encore davantage. L’ouverture quant à la diversité est peu susceptible d’aider à prédire le degré d’appui.

D’autres facteurs liés à l’attitude, ou les facteurs démographiques comme l’âge, le sexe ou la scolarité, n’ont en général qu’une faible incidence.

Groupes de discussion de la recherche qualitative

Ce qui vient d’emblée à l’esprit

Les réfugiés (surtout les réfugiés syriens) et les demandeurs d’asile (qui arrivent à pied des États-Unis) étaient habituellement la première réponse de tous les participants confondus lorsqu’ils se faisaient demander ce qu’ils avaient récemment entendu, vu ou lu à propos de l’immigration. Les autres volets de l’immigration étaient mentionnés moins souvent en premier lieu.

Les propos concernant les réfugiés et les demandeurs d’asile étaient quelque peu différents selon qu’on s’adressait à un groupe relativement satisfait ou relativement insatisfait. Certains des participants relativement satisfaits avaient tendance à dire que l’accueil de réfugiés est la concrétisation des valeurs de compassion et de tolérance auxquelles sont attachés les Canadiens. Les participants relativement satisfaits ont exprimé quelques craintes quant à la situation, mais ils étaient en majorité favorables à leur accueil et convaincus que le Canada traiterait ces personnes équitablement.

En revanche, certains des participants relativement insatisfaits avaient tendance à penser que le Canada adoptait une approche très généreuse envers les réfugiés, et à se montrer inquiets de l’incidence que les réfugiés pourraient avoir sur la sécurité publique, la prestation des services gouvernementaux et les dépenses que cette situation occasionne pour les contribuables. Qui plus est, certains de ces participants ont l’impression que la générosité du Canada envers les réfugiés pourrait être injuste à l’égard des immigrants qui ont présenté un autre type de demande pour entrer au Canada, et également à l’égard des Canadiens qui ont besoin du soutien et des services offerts par le gouvernement. Mis à part les questions touchant le nombre de réfugiés, bon nombre de participants relativement insatisfaits se demandent si le Canada est en mesure d’accueillir un aussi grand nombre de personnes qui ont besoin d’aide.

Mythes et perceptions erronées

Au début de la conversation, les participants étaient invités à parler des « mythes et perceptions erronées » entourant l’immigration, dont ils auraient entendu parler soit dans les médias soit dans des discussions sur le sujet. Voici les exemples les plus souvent mentionnés :

La discussion a permis de mieux comprendre comment les « mythes et perceptions erronées » prennent racine chez ceux qui sont méfiants à l’égard des immigrants et des réfugiés. Souvent, les participants relativement insatisfaits racontaient leur propre expérience, faisaient part de leurs propres observations ou parlaient de renseignements trouvés dans les médias sociaux et les reportages pour corroborer leurs craintes et inquiétudes générales en ce qui concerne les immigrants.

Mise à l’essai des messages

Le point central des groupes consistait en un exercice pendant lequel les participants étaient invités à examiner plusieurs pages d’information contenant sept messages clés sur l’immigration, qu’ils pourraient entendre, voir ou lire dans les médias. Les messages mis à l’essai se trouvent à l’annexe D.

Les résultats de cet exercice montrent que les messages que préféraient les participants relativement satisfaits et ceux que préféraient les participants relativement insatisfaits étaient sensiblement les mêmes. Dans les deux groupes, le message « Miser sur l’immigration » (un message sur l’histoire de longue date de l’immigration au Canada) était celui qui venait en tête de classement. Voici d’autres messages que les participants ont aimés : « L’immigration économique » (qui porte sur la nécessité de l’immigration sur le plan économique) et « Compassion, possibilités et protection » (un énoncé relatif à l’approche du Canada envers l’immigration).

En ce qui concerne les méthodes entourant une éventuelle campagne de communication, les participants avaient beaucoup d’idées à donner, notamment en ce qui concerne les médias traditionnels, sociaux ou en ligne. Parmi les suggestions sur la façon de les joindre, beaucoup ont insisté sur leur préférence pour les occasions où ils peuvent communiquer en personne avec les représentants du gouvernement, par exemple une réunion de type assemblée publique. Les événements en personne sont perçus comme étant un moyen que le gouvernement peut utiliser pour informer le public et pour ce dernier, c’est une occasion de se faire entendre et d’exprimer son point de vue sur l’immigration. En ce qui concerne les participants relativement insatisfaits, qui ont souvent l’impression que leurs commentaires ne sont pas pris en compte, les événements en personne avec des représentants du gouvernement semblent être l’occasion de tenir les fonctionnaires responsables des décisions prises à Ottawa.

La communication entourant l’immigration

L’opinion de nombreux participants vis-à-vis de l’immigration, qu’elle s’appuie ou non sur des faits ou sur leur expérience personnelle, montre qu’il n’est pas si facile de communiquer les avantages de l’immigration uniquement du point de vue de l’ensemble des éléments de données. Il ne faut pas oublier que l’opinion des participants repose parfois sur des perceptions erronées, lesquelles découlent de renseignements erronés. Par ailleurs, leurs inquiétudes en ce qui concerne les réfugiés et les demandeurs d’asile ainsi que la perspective du « Canada d’abord » pourraient nuire à leur réceptivité à l’égard des messages d’une campagne.

Lorsqu’ils étaient invités à s’exprimer sur le type de campagne que devrait mener le gouvernement, les participants ont souvent mentionné les idées suivantes :

1.3. Conclusion

Notre analyse présente la structure qui sous-tend l’appui et l’opposition à l’endroit de l’immigration sur le plan des thèmes qui créent la dynamique de l’opinion ainsi que sur le plan des segments déterminants de la population, autant favorable que défavorable envers l’immigration.

Au bout du compte, les données quantitatives donnent à penser que la population est favorable aux immigrants et qu’une proportion importante est disposée à reconnaître les avantages de l’immigration.

Or, il n’en reste pas moins que les données quantitatives montrent aussi que ceux qui sont mal à l’aise avec l’immigration ont certaines craintes. On constate également que la proportion de Canadiens qui sont d’avis que le pays accueille trop d’immigrants a légèrement augmenté.

En un mot, c’est un environnement dans lequel une meilleure communication et de plus amples renseignements sur les avantages de l’immigration pourraient aider à calmer les craintes de ceux susceptibles se montrer en faveur de l’immigration, mais qui n’ont pas d’opinion ferme ou bien arrêtée.

Les données quantitatives montrent que l’approche du Canada quant à l’accueil des réfugiés est assez bien perçue. Les groupes de discussion organisés pour la partie qualitative mettent en lumière le fait que les demandeurs d’asile et les réfugiés, et parfois même les immigrants, se confondent aux yeux des répondants. Cette situation représente une difficulté à résoudre pour faire comprendre au public que l’immigration habituelle, fondée sur le mérite et les raisons économiques, et la réinstallation des réfugiés sont deux choses distinctes.

Les participants des groupes de discussion sont d’avis que le gouvernement doit faire valoir le côté personnel et humain de l’immigration tout en présentant des indicateurs crédibles qui montrent que le système atteint ses buts ou, au contraire, qu’il manque sa cible. La vaste notion des participants sur la façon dont une campagne de communication devrait être menée reflète deux souhaits très différents : d’une part, que les faits et des renseignements sur l’incidence de l’immigration leur soient communiqués, d’autre part, donner à l’incidence de l’immigration un côté plus local et personnel. Les participants ont eu beau souvent mentionner qu’ils souhaitaient recevoir de l’information qui s’appuie sur des faits, ils étaient peu nombreux à pouvoir communiquer clairement ou à pouvoir donner de l’information factuelle en ce qui concerne l’immigration. En effet, les participants exprimaient habituellement leur point de vue à ce sujet au moyen d’un amalgame de choses qu’ils avaient entendues ou lues dans les médias sociaux ou dans les médias d’information, mais dont ils ne se souvenaient pas très bien. Bien que les données et les faits avérés puissent servir à bien faire comprendre la nécessité de l’immigration et à contrebalancer les opinions qui s’appuient sur des rencontres et des expériences personnelles, des renseignements erronés (par l’entremise des médias sociaux, des blogues, etc.) ou un manque d’information, il faut présenter ces indicateurs avec circonspection et en des termes qui soient très directs et francs, et les puiser dans des sources canadiennes reconnues (à savoir Statistique Canada). Dans l’ensemble, il semblerait qu’une campagne de communication qui amène les tendances nationales et les objectifs des politiques à une échelle locale et personnelle et qui montre des preuves tangibles soit appropriée.

Par-dessus tout, les participants s’attendent à ce que les campagnes de communication du gouvernement soient crédibles et menées de façon à cerner les besoins et à souligner les aspects positifs, mais qu’elles tiennent également compte des domaines problématiques et qu’elles présentent des plans pour s’attaquer à ces problèmes. Autrement dit, les participants souhaitent que le gouvernement aborde la question de l’immigration comme une démarche planifiée et axée sur l’atteinte d’objectifs et de résultats, et qu’il communique ces résultats.