Études de cas : information pour les auteurs et les examinateurs

Patricia Huston, MD, MPH; Bruce P. Squires, MD, PhD

Journal de l'Association médicale canadienne 1995; 154 : 45-47


Le Dr Huston est rédactrice en chef associée et le Dr Squires, rédacteur en chef du JAMC.

On peut obtenir des réimpressions du texte complet en s'adressant à : Dr Patricia Huston, JAMC, CP 8650, Ottawa ON K1G 0G8; fax 613 523-0937; cmaweb@hpb.hwc.ca


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Résumé

Les études de cas sont une des plus anciennes formes de rapports médicaux. Le format de 800 mots utilisé dans le JAMC les rend rapides à lire, et les lecteurs les apprécient parce qu'elles sont pertinentes sur le plan clinique. Cet article, qui met à jour une discussion antérieure(1), décrit les aspects particuliers à la préparation, à l'examen critique par les pairs et à l'acceptation d'études de cas. Comme pour la préparation de tout manuscrit destiné au JAMC, nous recommandons aux auteurs de consulter nos instructions publiées dans le premier numéro de chaque volume et les exigences uniformes pour les manuscrits présentés aux revues biomédicaux(2).

Une étude de cas doit apporter une contribution originale aux connaissances médicales en présentant un phénomène nouveau ou instructif sur le plan clinique. C'est pourquoi la rédaction d'une étude de cas est difficile à planifier d'avance. Cependant, lorsqu'une expérience unique se présente, un auteur a un format simple pour la décrire : un résumé non structuré, une introduction, une description du cas et un commentaire ou une discussion.

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Repérage d'un cas pertinent à décrire

Les bons cas à décrire sont ceux qui mettent en cause une nouvelle maladie ou nous donnent une idée de la pathogenèse d'une maladie, un lien possible entre deux maladies qui n'avait pas été remarqué auparavant, une nouvelle complication d'un traitement ou une méthode nouvelle et pratique de diagnostic ou de traitement d'une maladie.

Il y a deux ou trois exceptions à cette règle générale du «quelque chose de nouveau.» Des cas qui ne sont pas uniques peuvent convenir à l'occasion si, par exemple, ils illustrent un problème qui n'est pas encore très reconnu et qui peut avoir d'importantes répercussions sur la santé publique. En revanche, ce ne sont pas tous les cas uniques qui méritent d'être publiés. Il se peut, par exemple, qu'un cas complexe mettant en cause une combinaison inusitée de maladies, même si elle est unique, ne révèle pas de données cliniques utiles.

Les auteurs peuvent essayer d'affirmer le caractère unique de leur cas en signalant qu'il s'agit du premier de cette nature étudié au Canada. Cette affirmation est convaincante lorsqu'elle s'applique à une maladie infectieuse auparavant inconnue au Canada. Elle l'est moins lorsqu'elle porte sur une réaction médicamenteuse bien documentée mais peu fréquente, car les réactions aux médicaments changent rarement selon la frontière géopolitique.

D'autres types d'études de cas publiés auparavant dans les journaux médicaux sont maintenant rarement étudiés pour publication. Parmi les types définis par Huth(3), mentionnons :

Même s'il peut y avoir quelque chose à apprendre de tous ces types de cas, ils n'ajoutent rien à nos connaissances sur la maladie et les traitements courants.

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Éléments de l'étude de cas

Le résumé

Même si les études de cas sont brèves, les lecteurs aiment en avoir un bref résumé informatif. Le résumé devrait décrire en 100 à 150 mots les caractéristiques principales du cas et pourquoi il vaut la peine d'en faire rapport.

L'introduction

L'introduction établit le contexte pour le lecteur. Elle précise le sujet du rapport et établit un argument pour prouver que le phénomène ou le lien décrit est nouveau et mérite de faire l'objet d'une étude.

Ce processus comporte implicitement une recension des écrits : il faut présenter brièvement les cas semblables afin d'informer le lecteur de l'état des connaissances sur la question. S'il existe une masse importante d'écrits, l'auteur doit se demander si une autre étude de cas y ajoutera quelque chose. Dans un tel cas, il convient peut-être davantage d'effectuer un examen critique des écrits(4).

La description du cas

L'auteur qui présente un cas raconte essentiellement une histoire. Il doit fournir suffisamment de renseignements pour recréer la situation pour le lecteur : trop de détails finiront par ennuyer tous les lecteurs sauf les plus ardents. L'étude doit porter avant tout sur les caractéristiques nécessaires pour assurer aux lecteurs que le cas était bien ce que les auteurs croyaient.

Il faut décrire les résultats de tous les tests pertinents et toutes les techniques de diagnostic. Il faut présenter les valeurs normales uniquement dans le cas des tests de laboratoire moins courants, mais il faut préciser les posologies et les calendriers exacts. Il faut aussi expliquer le raisonnement clinique qui a amené le clinicien à exclure d'autres diagnostics possibles.

Il est parfois raisonnable de décrire deux ou trois cas semblables dans un même rapport. Habituellement, le premier est décrit entièrement et, dans le cas des autres, on ne signale que les différences importantes au niveau des constatations physiques ou des résultats de laboratoire. Un petit tableau peut présenter un résumé utile des résultats lorsqu'on décrit plusieurs cas.

Des photographies du patient sont parfois jointes aux études de cas. S'il est possible d'identifier le patient, il faut lui demander la permission de publier ces photographies ou, si le patient est inapte, il faut la demander aux membres de sa famille. Il est sage d'obtenir la permission de publier l'étude de cas, même lorsqu'on n'utilise pas de photographies(5).

Les commentaires

La structure et l'objet de la section des commentaires d'une étude de cas sont semblables à ceux de la partie discussion d'un article de recherche original. L'auteur doit résumer les données probantes à l'appui de ses affirmations. Il faut examiner et réfuter d'autres explications possibles et reconnaître toute limite des données probantes. Il faut mettre en évidence les répercussions et la pertinence du cas. Toutes les recommandations fondées sur les répercussions du cas (c.-à-d. pour l'investigation et le traitement de cas semblables) doivent s'appuyer sur des données probantes.

Les auteurs signalent beaucoup trop souvent que les médecins devraient «demeurer constamment sur le qui-vive» afin d'identifier une maladie rare. La plupart des lecteurs préféreront que les auteurs s'abstiennent de cet avertissement banal. Les auteurs peuvent être sûrs qu'en lisant les constatations et les répercussions du cas, le lecteur deviendra davantage sensibilisé au problème en cause.

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Examen critique par des pairs

Toutes les études de cas sont soumises à l'examen critique par des pairs qui évaluent s'il convient de les publier. On demande aux examinateurs de répondre à une série de questions pour déterminer si tous les éléments d'une bonne étude de cas sont présents. Le tableau 1 contient les critères d'évaluation des études de cas.

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Conclusion

Le rôle des études de cas dans les journaux médicaux a changé. Auparavant, elles jouaient un rôle général dans l'enseignement. Maintenant plus limité, leur rôle demeure quand même important : un «système d'avertissement» qui prévient les médecins de nouvelles affections possibles, d'associations ou de réactions indésirables.

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Références

  1. Squires BP : Case reports: what editors want from authors and peer reviewers. CMAJ 1989; 141 : 379-380
  2. Comité international des rédacteurs de revues médicales : Exigences uniformes pour les manuscrits présentés aux revues biomédicales. CMAJ 1995; 152 : 1466-1473
  3. Huth EJ : The case report. Dans How to Write and Publish Papers in the Medical Sciences, ISI Press, Philadelphie, 1983 : 58-63
  4. Squires BP : Biomedical review articles: what editors want from authors and peer reviewers. CMAJ 1989; 141 : 195-197
  5. Nelenna M, Riis P : Identification of patients in medical publications: need for informed consent. BMJ 1991; 302 : 1182

| JAMC le 1er janv. 1996 (vol 154, no 1) |
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