Tirer des leçons d'une tragédie

Bruce P. Squires, MD, PhD
Rédacteur en chef

Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 154 : 135


L'histoire tragique que Georgina Hunter raconte à la page 246 au sujet de sa fille Madeleine qui a trouvé la mort à la suite d'une série de mésaventures effroyables, soulève de nombreuses questions sérieuses. En fait, certains lecteurs pourront se plaindre qu'on leur présente seulement la version de la famille au sujet de cette histoire complexe.

Nous avons toutefois consenti à publier le compte rendu parce que nous sommes d'avis qu'il met en évidence certains des grands problèmes de communication qui peuvent surgir lorsqu'on essaie de traiter un enfant malade.

Ce qui importe le plus, bien sûr, c'est qu'il est difficile de prédire l'évolution d'une maladie lorsque le patient est un jeune bébé incapable de dire exactement ce qui se passe. La maladie chez les jeunes bébés peut évoluer à une vitesse foudroyante surtout lorsqu'elle met en cause la déplétion hydro-électrolytique. C'est pourquoi les membres de la famille et les soignants doivent être extrêmement prudents lorsqu'ils suivent l'évolution de la maladie et veiller à ce que les instructions soient non seulement très claires mais aussi bien comprises par ceux qui doivent les exécuter.

Il y a un autre problème difficile, soit la tendance de ceux qui connaissent la maladie à s'endurcir, voire à devenir sourds aux préoccupations de ce qu'ils considèrent comme des parents excessivement affolés. Il est particulièrement facile de tomber dans ce piège, et il nous est tous arrivé à un moment ou l'autre de nous dire que nous avions peut-être fait trop peu de cas des préoccupations d'un patient ou d'un parent.

Enfin, les problèmes de la hiérarchie des pouvoirs entre diverses professions de la santé sont particulièrement troublants. Il est facile en l'occurrence de reprocher à l'infirmière de ne pas avoir contesté la décision du résident de ne pas commencer à réhydrater le bébé, ou de reprocher au médecin de ne pas avoir consulté l'infirmière.

Aussi étendues que soient leurs connaissances et aussi bonnes leurs intentions, il reste que le plus grand défi, pour tous les professionnels de la santé, consiste à maintenir ouvertes les communications, entre eux et avec les patients et leur famille. Les préoccupations que l'on néglige et les conseils que l'on comprend mal peuvent se révéler fatals.


| JAMC le 15 janv. 1996 (vol 154, no 2) |
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