Sommaire : Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 154: 210
Les participantes admissibles n'avaient pas eu de grossesse antérieure de 20 semaines ou plus, portaient un foetus âgé de 13 à 27 semaines, avaient une tension artérielle inférieure à 135/85 mm Hg et ne souffraient pas de protéinurie. Les facteurs de risque potentiels évalués étaient la taille de la mère, le poids avant la grossesse, la race, l'état civil, un avortement ou une fausse couche dans le passé, les années d'études, la consommation de tabac et d'alcool, les tensions artérielles systolique, diastolique et moyenne à la ligne de base et l'âge du foetus. La tension artérielle, le poids relatif de la mère et le taux de protéines dans l'urine ont été mesurés au cours des visites prénatales régulières. On a considéré que les participantes étaient en prééclampsie si elles souffraient d'hypertension et de protéinurie à deux occasions séparées d'au moins 4 heures.
On a diagnostiqué une prééclampsie chez 156 (5,3 %) des femmes. On a constaté un lien important (p < 0,001) entre la tension artérielle systolique au moment de la répartition pour traitement et la prééclampsie : l'incidence de prééclampsie a atteint 2,8 % chez les patientes qui avaient une tension systolique de moins de 100 mm Hg et 8,9 % chez celles qui avaient une tension systolique de 120 à 134 mm Hg. Les tensions artérielles diastolique et moyenne étaient moins révélatrices. Le poids avant la grossesse par rapport au poids souhaitable en fonction de la taille était un important prédicteur de prééclampsie (p < 0,001) : une augmentation du risque s'est manifestée à un seuil d'environ 120 % du poids souhaitable et l'incidence globale la plus importante (11,3 %) s'est manifestée chez les femmes dont le poids dépassait de 140 % ou plus leur poids souhaitable. Les femmes qui avaient des antécédents d'avortement ou de fausse couche risquaient moins la pré- éclampsie : plus le nombre de grossesses antérieures était élevé, moins élevé était le risque (p = 0,054). Les femmes qui fumaient au cours de la grossesse ou qui avait cessé immédiatement avant de devenir enceintes avaient des taux d'incidence de prééclampsie beaucoup plus bas (3,7 % et 2,7 % respectivement) que celles qui n'avaient jamais fumé ou qui avaient cessé de fumer un an ou plus avant le début de la grossesse (5,9 %) (p < 0,05). La race, la consommation d'alcool, l'instruction, l'état civil, l'âge et la taille de la mère n'affectaient pas le risque. Il n'y avait pas de différence significative entre le groupe des sujets qui ont reçu de l'AAS à faible dose et le groupe de celles qui ont été traitées par placebo.
Les chercheurs ont conclu que les praticiens qui conseillent les femmes nullipares et les chercheurs qui conçoivent des études sur la prophylaxie de la prééclampsie devraient tenir compte de variables prédictives.