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CMAJ
CMAJ - July 11, 2000CMAJ - le 11 juillet 2000

Un traité sur l'eau

JAMC 2000;163(1) :7


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Artiste et visionnaire du XVIIe siècle, Léonard de Vinci a cherché toute sa vie à décrire et à comprendre les éléments et les forces qu'il observait autour de lui. Les médecins qui connaissent de Vinci surtout pour les contributions qu'il a apportées à l'anatomie apprendront peut-être avec étonnement que le phénomène qui le fascinait le plus, c'était l'eau, «l'humeur vitale de la machine terresse». Espérant résoudre les mystères de la création en étudiant les lois du mouvement de l'eau sur la terre et dans l'atmosphère, de Vinci aspirait à rédiger un «traité» sur «la nature de l'eau».1 Il écrivait dans ses notes :

C'est le milieu de croissance et l'humeur de tous les corps vitaux. Sans elle, rien ne garde sa première forme. Elle unit et grossit les corps par son gonflement. Rien de plus léger qu'elle-même ne peut la pénétrer sans violence. La chaleur la transforme facilement en vapeur diaphane dans l'air. Le froid la congèle. La stagnation la rend nauséabonde. C'est-à-dire que la chaleur la met en mouvement, que le froid l'immobilise et que l'immobilité la corrompt. Elle prend toutes les odeurs, les couleurs et les saveurs, et elle n'a rien d'elle-même. Elle traverse tous les corps poreux par percolation. Contre sa furie, il n'y a aucune défense humaine qui tienne, ou s'il y en a une, elle est éphémère.

Tout comme les veines qui se ramifient dans tout le corps humain proviennent de la même origine, l'océan remplit le corps de la terre de la même manière, par un nombre infini de veines d'eau.1

De Vinci comprenait la mobilité essentielle de l'eau et son lien avec la terre. Même si l'analogie avec le corps semble peut-être constituer un cliché, nous conviendrions pour la plupart que nous avons oublié la force et la furie qui ont tellement impressionné de Vinci et que nous sommes devenus possessifs et complaisants au sujet de ce que nous considérons maintenant avec si peu d'inspiration comme un service public.

Le Canada a environ 9 % des réserves d'eau renouvelables du monde.2 L'eau abonde à la surface de la terre. Au sol, nous contaminons les eaux de ruissellement par des pesticides et des déchets toxiques. Sous terre, nous épuisons les aquifères trois fois plus rapidement qu'elles se renouvellent.3 Chaque Canadien consomme en moyenne 326 litres d'eau par jour,4 dont la majeure partie est chassée dans les égouts. Les eaux usées de 74 % des Américains, de 86,5 % des Allemands et de 99 % des Suédois sont traitées; au Canada, nous traitons les eaux usées de 57 % seulement de la population.5 Après avoir utilisé l'eau en amont comme eau potable, solvant, moyen de transport et source d'énergie, nous la buvons au robinet sans arrière pensée et nous élisons des gouvernements provinciaux dont les programmes réduisent la qualité de l'eau aux limites de budgets municipaux et aux communiqués de laboratoires privés.

Dans le sillage de l'affaire de Walkerton, localité de l'Ontario où au moins 14 personnes sont mortes après avoir consommé de l'eau municipale contaminée par Escherichia coli O157:H7, les Canadiens doivent réexaminer leurs relations avec cet élément essentiel. Il faut agir : l'immobilité corrompt. – JAMC

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Références
  1. Richer E, éditeur. The notebooks of Leonardo da Vinci. Oxford: Oxford University Press; 1980.
  2. Environnement Canada. Water: nature's magician. Disponible à l'adresse : www.ec.gc.ca/water/en/info/pubs/fs/e_fsa1.htm
  3. Bunce N. Environmental chemistry. Winnipeg: Wuerz Publishing; 1991.
  4. Environnement Canada. Water works! Disponible à l'adresse : www.ec.gc.ca/water/en/info/pubs/fs/e_fsa4.htm
  5. Environnement Canada. Clean water: life depends on it. Disponible à l'adresse : www.ec.gc.ca/water/en/info/pubs/fs/e_fsa3.htm

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