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CMAJ
CMAJ - July 25, 2000CMAJ - le 25 juillet 2000

Pesticides, politiques et parents

JAMC 2000;163(2) :151


Nous préparons ce numéro à la fin de juin, période de l'année où nous assistons à des pièces dans des écoles. Cette année, la fille d'un membre du personnel a un rôle comme pommier magique et nous avons hâte de voir ce qui se passera. Nous nous joignons à un groupe de parents en train de réparer des baguettes magiques et la conversation dévie vers les pesticides, car juin est officiellement le mois du jardinage. Le mot qui nous vient à l'esprit, sinon aux lèvres, c'est chlorpyrifos, insecticide qui fait les manchettes présentement à la suite d'une révision de l'évaluation du risque publiée par l'Environmental Protection Agency (l'EPA) des États-Unis.1

Composé organophosphaté, le chlorpyrifos est apparenté aux gaz neurotoxiques utilisés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les composés organophosphatés que l'on trouve dans un grand nombre de pesticides domestiques, horticoles et agricoles ont tous une neurotoxicité commune : ce sont des inhibiteurs de la cholinestérase. Les préoccupations soulevées par les risques pour les enfants découlent de deux raisons. Tout d'abord, les enfants sont attirés par les pelouses et les pommiers, moins à cause de leur perfection impeccable que du plaisir qu'ils ressentent à se rouler dans l'herbe ou à se balancer sous leurs branches : ils sont ainsi exposés à des concentrations plus élevées de produits chimiques. Deuxièmement, leur système nerveux en développement est particulièrement vulnérable aux effets neurotoxiques.

L'EPA a décuplé le seuil de sécurité pour le chlorpyrifos lorsque de nouvelles études ont montré que les fœtus de rats auxquels on avait administré l'agent présentaient des dommages cérébraux. Les fabricants américains ont consenti à éliminer volontairement le chlorpyrifos des produits de consommation et ils étudieront la possibilité d'en réduire la concentration dans les produits agricoles.

Le 12 juin, les fabricants canadiens n'avaient pas encore consenti à emboîter le pas. Par l'entremise de son Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (l'ARLA), Santé Canada a déclaré que le chlorpyrifos est «un des pesticides organophosphatés qui fait l'objet d'une réévaluation.2 Nous nous retrouvons dans une situation que nous connaissons bien : nous tirons de l'arrière sur des mesures de protection des consommateurs mises en œuvre aux États-Unis. Le site Web de l'EPA (www.epa.gov) contient des renseignements abondants et détaillés sur le chlorpyrifos et d'autres pesticides. L'absence de source comparable au Canada a incité le Comité de l'environnement de la Chambre des communes à formuler des recommandations fermes sur l'accès public aux dossiers de l'ARLA qui ont trait aux pesticides, y compris les données de fabricants, les statistiques sur les ventes et l'utilisation, les rapports sur les empoisonnements et les effets indésirables, et les décisions prises par l'ARLA sur l'utilisation ou la vente des pesticides.3,4

Or, toute décision prise par Santé Canada n'aura bientôt plus aucune importance. Même si les agriculteurs du Canada peuvent obtenir et utiliser le chlorpyrifos, les récoltes traitées ne seront plus acceptables sur le marché américain et les agriculteurs cesseront donc de l'utiliser. Les parents ne se contenteront pas non plus d'attendre les décisions officielles, qu'elles viennent du gouvernement ou d'ailleurs. Il n'y a pas de pesticide sur la pelouse de l'école que fréquente notre pommier et ce n'est pas à cause d'une politique du conseil scolaire (qui n'en a pas). C'est plutôt à cause des pressions exercées par les parents. Si on leur donne le choix entre une pelouse où fleurissent les pissenlits et le risque d'exposition aux pesticides, les parents savent dans quelles conditions ils préfèrent voir vivre leurs enfants. — JAMC

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Références
  1. Overview of chlorpyrifos revised risk assessment. Environmental Protection Agency, États-Unis. Disponible : www.epa.gov/pesticides/op/chlorpyrifos.htm (consulté le 20 juin 2000).
  2. Agence de la réglementation de la lutte antiparisitaire. Mise à jour sur la réévaluation du chlorpyrifos au Canada. Note sur la réévaluation REV2000-01. Agence de réglementation de la lutte antiparisitaire. Santé Canada. 8 juin 2000. Disponible : www.hc-sc.gc.ca/pmra-arla/french/pdf/REV2000-01f.pdf consulté le 20 juin 2000).
  3. Jacobs D. New pest control legislation urged. Ottawa Citizen 10 juin 2000;Sect A:4.
  4. Comité permanent de l'environnement et du développement durable : Les pesticides : un choix judicieux s'impose pour protéger la santé et l'environnement. Disponible : www.parl.gc.ca/InfocomDoc/36/2/ENVI/Studies/Reports/envi01-f.html

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