Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est sceptique, cynique, ironique et documenté!


Revues en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 17 2, du 2015-01-30 au 2015-02-09.


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

C.P. 73580

Succ. Parc octogonal

Montréal H2A 3P9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et interrogatif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.


ISSN : 1701-7696


Soumission de texte: societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en pièce jointe, le sauvegarder sans les notes automatiques.


Note de la rédaction


Depuis 2009 nous faisons cette revue en logiciel libre de façon à en promouvoir l'usage. Ce fut d'abord en Open Office (www.openoffice.org), mais nous utilisons davantage Libre Office (www.documentfoundation.org/) maintenant.


Nous avons placé notre correcteur à « graphie rectifiée » de façon à promouvoir la nouvelle orthographe: www.orthographe-recommandee.info/. Il est presque sûr que certaines citations et références sont modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans que nous nous en rendions compte vu certains automatismes parfois, comme de corriger tous les mots identiques! Ce n'est pas un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On n'y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVIe siècle par exemple. L'important est de ne pas trafiquer les idées ou le sens des citations, ce que n'implique généralement pas la révision ou le rafraichissement orthographique de notre point de vue.


Les paragraphes sont justifiés pour favoriser la compatibilité des différents formats que nous offrons aux bibliothèques (collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus; collections.banq.qc.ca/ark:/52327/61248) avec différents appareils. Ceci favorise aussi la consultation du site sur portables.


« Work in progress » et longueur des numéros (2013-06-18)


Comme il y a un délai entre la mise en ligne et la production du pour bibliothèques, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte plus d'une fois, quand on vient de l’écrire on ne voit pas toujours certaines coquilles. On peut cependant les voir en préparant ce n°.


La longueur des varie en fonction des textes que nous voulons regrouper, par exemple pour un festival de films. Si nous visons les 30 pages pour des raisons de lecture, notamment sur téléphone intelligent, certains peuvent en avoir plus ou moins pour des raisons techniques, comme de le terminer avant le début d'un festival ou de regrouper tous les textes sur un même sujet. Renseignements pris, la question de la taille à respecter pour envoyer un aux bibliothèques est beaucoup plus grande qu'avant. Cette limitation ne se pose donc plus pour nous.



Index


NDLR Ce numéro est plus court, parce que nous y avons forgé un nouveau mot et voulions faire notre dépôt légal pour le protéger ! Vous trouverez ce mot en note 3 de Sur l'éduc, encore!



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


Spécial jamais deux sans trois éditos!

- La démocratie

- Lu : Racisme à l'embauche: le privé pressé d'agir. Et, le gouvernement?

- Sur l'éduc, encore!



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis


DI a vu! - ciné, théâtre, expositions et quelques annonces d’évènements (avec index)


- Felix et Meira

- Le voyeurisme! Texte au sujet de la pièce multidisciplinaire PEEP SHOW et de l'exposition BENJAMIN-CONSTANT EN SON TEMPS



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!


Spécial jamais deux sans trois éditos!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 2, Éditos : www.societascriticus.com


- La démocratie

- Lu : Racisme à l'embauche: le privé pressé d'agir. Et, le gouvernement?

- Sur l'éduc, encore!



La démocratie


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 2, Éditos : www.societascriticus.com



Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2015-02-09)


La démocratie nous donne la liberté d'expression, même à ceux qui sont contre non seulement la démocratie, mais certaines de nos valeurs. C'est notamment le cas de la plupart des religions.


Cependant, certaines interprétations sont plus rigoristes et intransigeantes que d'autres contre cette démocratie qui leur assure pourtant les libertés « de conscience et de religion »; « de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression »; « de réunion pacifique »; et « d’association ». (1) C'est le cas de ce que l'on a entendu dire de l'imam « Hamza Chaoui [qui] prône une vision rigoriste de l'islam selon laquelle les femmes doivent avoir un tuteur, les hommes doivent porter la barbe et la musique doit être interdite. » Il « prêche [même] que l'islam et la démocratie sont « complètement » incompatibles parce qu'un homosexuel ou un athée peut devenir député (…) » (2)


Plus troublant est le fait qu'il a étudié en génie et fait ainsi fi de la science au nom de la religion. Ça montre la force des croyances et pourquoi il ne faut surtout pas les surprotéger dans nos chartes des droits et libertés! En conséquence, à Justin Trudeau, qui a écrit sur sa page Facebook « La sécurité des Canadiennes et des Canadiens est notre priorité. Les enjeux liés à la sécurité nationale devraient dépasser les frontières de la partisanerie. Les libéraux appuient le projet de loi C-51 et proposent des modifications pour l’améliorer » (3), j'ai répondu ceci :


« Justin, un des problèmes est aussi que si l'on défend les droits et libertés dans la constitution, on a fait deux oublis: d'abord, pas un mot sur la science dans celle-ci, ce qui laisse la préséance aux croyances; et, secundo, il faudrait ajouter la responsabilité après droits et libertés pour rétablir un équilibre. Je serais même prêt à me présenter pour vous pour défendre ces idées. »


Voilà qui est dit et écrit! Ça ne peut être davantage assumé de ma part.


Notes


1. Les libertés fondamentales de la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 : http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/const/page-15.html


2. PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD, Un imam radical prêchera aux jeunes Montréalais, La Presse, publiée le 29 janvier 2015 : www.lapresse.ca/actualites/montreal/201501/28/01-4839430-un-imam-radical-prechera-aux-jeunes-montrealais-.php


3. www.facebook.com/JustinPJTrudeau/photos/a.101277015648.106166.21751825648/10153160604470649/?type=1&comment_id=10153161232740649&notif_t=photo_reply




Lu : Racisme à l'embauche: le privé pressé d'agir. Et, le gouvernement?


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 2, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-02-09)


Texte rédigé à partir d'un de mes commentaires mis sur Facebook, 2015-01-28, corrigé et très augmenté ici !



Il m'apparait intéressant de commenter ici ces deux passages d'un article, qui, mis côte à côte, sont explicites :


« Le gouvernement devrait commencer par donner l’exemple et accorder un statut particulier aux membres des «minorités racisées» (qu’on pense aux Noirs et aux Asiatiques) lorsqu’il y a embauche dans la fonction publique, a fait valoir le président de l’organisme de défense des droits [1], Jacques Frémont. »



« Ces personnes, trop souvent victimes de discrimination à l’embauche pour des motifs n’ayant rien à voir avec leurs diplômes ou leurs compétences, devraient donc faire partie d’«un groupe cible distinct et spécifique» aux yeux du gouvernement à titre d’employeur, recommande la commission, qui revendique de plus l’adoption d’une politique globale de lutte contre le racisme et la discrimination. » (2)



Pour ma part, j'ai participé 3 fois à des concours gouvernementaux, où on était quelques centaines, pour obtenir une chance d'être sur une liste d'admissibilité et la première chose qu'on nous dit avant ces concours est que « l'examen n'a aucun rapport avec la tâche ou nos connaissances dans le domaine. Prenez des chances, on n'enlève pas de points pour les mauvaises réponses. » Sur 3 séries de concours que j'ai passés, j'en ai réussi une, la deuxième série (début 2000), mais ça ne m'a jamais conduit à un poste, ceux-ci étant généralement comblés à l'interne. Interne, où j'ai de la difficulté à mettre le pied, car ne voyant pas en 3 dimensions, les postes d'entrée, comme policier à Montréal ou la SQ, chauffeur d'autobus, cols bleus à Montréal (qui exige un permis de conduire de classe 3), me sont inaccessibles. Alors, la discrimination à l’embauche pour des motifs n’ayant rien à voir avec les diplômes je sais un peu de quoi il s'agit même si je ne suis pas d'une «minorité racisée» !


Je postulais donc avec une formation en sociologie pour des postes supérieurs en mentionnant que je ne pouvais passer par la filière normale. Ça m'a au moins permis d'être invité 3 fois à ces examens de haute voltige, mais sans le cheminement des employés qui y étaient, et de voir de quoi il s'agissait. Je l'ai pris comme une expérience positive, quoique des fois, manquer par 1 point, comme à mon premier concours, ça fait un petit quelque chose, car mon examen le plus fort comptait pour 50 points sur 150. L'autre, mon plus faible, comptait pour 100 points. Si les deux avaient compté pour le même pourcentage, j'aurais réussi. Mais, au final, ça aurait changé peu de choses, car le deuxième concours auquel j'ai participé m'a permis une entrevue, mais finalement cet organisme gouvernemental fut fermé peu de temps après et le poste en remplacement temporaire pour lequel j'avais eu cette entrevue avait de toute façon été pourvu par les disponibilités dans la fonction publique à ce que j'en ai su ! Bref, ça ne m'a pas davantage conduit à un emploi d'avoir réussi ce concours. Et j'en ai fait un troisième par la suite, car qui ne risque rien n'a rien, mais sans illusions.


En fait, ce qui est intéressant, c'est de comprendre de quoi il s'agit quand on parle de concours du gouvernement pour des emplois. C'est donc de mon expérience et de mon point de vue à ce sujet que je vais vous entretenir maintenant.



Le premier concours que j'ai passé (au début des années 1990) comportait un examen de français et un examen sur l'alimentation végétarienne et végétalienne ! C'est ce dernier que j'ai manqué par peu ! Par contre, une fille avait dit à une autre, à la sortie, qu'elle avait trouvé ça facile, car elle connaissait le domaine étant elle-même végétarienne. Alors, quand on parle de neutralité d'un examen, j'ai toujours un doute raisonnable.


Ça avait été mon cas pour le second concours, car, outre l'examen sur le français, le second portait sur un sujet Nouvel Âge dont j'avais déjà fait une critique. Je connaissais donc le vocable, ce qui facilite tout de même la vie quand on vous fait lire quelques textes et qu'une des questions est « parmi les 5 titres suivant lequel choisiriez-vous pour le premier texte ? » Ça aide toujours un peu de connaitre le domaine même si c'est dans une approche critique. En effet, sur 5 choix de titres, un ou deux n'ont pas vraiment de sens, mais ceux qui restent n'ont parfois qu'une légère différence de degré, même un peu subjective ! On peut alors se demander si le choix n'illustre pas plutôt une personnalité ou une façon de pensée plutôt qu'une véritable « bonne réponse », ce qui correspondrait au profil recherché ! En tous cas, je me suis passé la remarque à quelques occasions dans ces examens. Une impression peut-être, mais sachant avec quels soins doivent être montés ces examens, c'est tout de même une possibilité.


Cette pseudo neutralité de ne pas poser de questions dans le champ d'expertise doit aussi avoir ses raisons. Cela permet probablement d'avoir les candidats que l'on veut – une forme de pensée généraliste, adaptable ou malléable peut-être ! -, mais pas nécessairement les meilleurs dans un domaine en particulier. Si l'on ne cherche pas les meilleurs dans un domaine, cela s'explique, car les employés de l'État seront appelés à être trimbalés d'un poste à un autre et d'un ministère à un autre au cours de leur carrière ! C'est donc leur faculté d'adaptation qui compte le plus. Pour les besoins plus spécifiques et pointus, on fera appel à des firmes externes et des experts quand ce sera nécessaire !



Dans les années 2010, j'ai passé une autre série d'examens que j'ai manqués encore là par quelques points. Il y en avait 5 ou 6, je crois, pour ce concours. Le premier examen portait sur des façons de faire dans cette catégorie d'emplois, ce qui est certainement mieux qu'un examen sur le végétalisme et le végétarisme ou sur des approches Nouvel Âge, car si on le manque, on sait au moins qu'on ne faisait pas dans ce type de poste et pourquoi, surtout qu'on applique souvent sur un concours en sachant très bien qu'on ne répond pas nécessairement à toutes les exigences, du moins quand on a étudié en sociologie ! Mais, si on attendait toujours le poste parfait, on risquerait de ne jamais le voir affiché. Il faut donc savoir provoquer les occasions et se dire qu'on apprend aussi de certains échecs, entre autres sur nous, une chose que l'école semble oublier d'enseigner de nos jours.


Une fois sur place, j'ai remarqué que ce concours n'était pas limité à la sociologie de l'environnement, ce pour quoi j'avais envoyé mon CV (3), car on trouvait là des centaines de gens avec des profils universitaires très différents. Suffisait d'écouter les gens parler pour comprendre qu'il y en avait en sciences de l'environnement, en génie ou en droit par exemple ! C'est que le ciblage est assez large à l'entrée pour avoir le plus vaste bassin de choix possibles que l'examen servira à filtrer. Puis, à mesure que le processus avancera vers un poste, l’entonnoir rétrécira. Donc, il n'est pas dit que la réussite de l'examen conduira à un poste. C'est une chose à savoir. Ni que de l'avoir manqué aurait fait que vous n'auriez pas été bon pour le poste, car on ne pose pas de questions sur le champ d'expertise dans ces examens comme je l'ai déjà dit plus haut ! Ça explique aussi pourquoi certains fonctionnaires que l'on entend à la radio ne semblent pas pouvoir répondre aux journalistes et disent à répétition, comme je l'ai déjà entendu à Radio-Canada, ce n'est pas de mon domaine, ce n'est pas mon expertise ! Mais, alors, qu'est-ce que tu fais là? Pourquoi est-ce toi qui dois répondre aux questions si tu ne peux pas répondre? Parce que tu as réussi un examen pas rapport avec le poste que tu occupes !? Est-ce voulu cette sélection?


Les autres examens de ce concours portaient davantage sur les façons d’interagir avec les autres dans ce milieu de travail et encore une fois j'ai manqué par quelques points, n'ayant pas connu de telles expériences de travail, étant plutôt autonome et créatif.


Sociologiquement parlant, je suis d'ailleurs de l'école qui croit que si les systèmes ont été faits pour répondre à certains problèmes et certains besoins, ils ne sont pas non plus immuables et doivent être changés quand les conditions le demandent, car ce ne sont ni des dogmes, ni des icônes, mais des moyens que ce sont donnés des gens pour atteindre des objectifs communs. Quand les conditions changent, ils doivent au moins s'adapter pour ne pas devenir un fardeau ou disparaitre. Je suis quelque part entre Touraine, avec la création de la société par elle même (4), et Michel Crozier, qui s'en prenait à la société bloquée ! (5) Mais, je ne suis pas non plus de l'autre extrême qui vise à tout faire disparaitre sous prétexte que le monde change, car la tabula rasa n'est pas davantage une solution que l'immuabilité des organisations ! Il faut savoir juger et ça ne s'apprend pas toujours dans les livres ni ne se trouve par un examen à choix multiple, donc avec des réponses prédéterminées ! Alors, dans ces questionnaires, je choisis parfois « Aucune de ces réponses ». C'est peut-être un peu de ma faute si je les manque, car je ne joue pas nécessairement le jeu, sans nécessairement m'en rendre compte, question de formation ou de personnalité probablement, car je suis critique de formation (6) et sceptique de nature ! (7)


Plusieurs des candidats présents à cet examen semblaient déjà employés de la fonction publique, soit temporaires, soit dans un autre poste, et cet examen semblait une occasion de gravir un échelon de plus pour eux. Ils savaient certainement mieux que moi quoi répondre concernant les façons d’interagir avec les autres dans ce milieu de travail normé et syndiqué. Était-ce même un calque des normes d'une convention collective pour certaines des questions? Possible. Mais, au moins, on comprend mieux ce qui est recherché qu'avec un examen sur l'alimentation végétarienne et végétalienne. C'est une amélioration, car on se sent moins visé personnellement si on le manque.


On semble aussi y chercher davantage des compétences quantitatives que qualitatives, car les chiffres disent toujours la vérité, on le sait, comme une moyenne de 1,8 bébé/famille ! Les techniques qualitatives, même si ces techniques d'analyse s'apprennent en sociologie, me semblent un peu moins prisées dans ce monde où on en est toujours aux calculs pour savoir où couper plutôt que de regarder s'il existe de nouvelles façons de voir le problème et de le résoudre. Un jour, il faudra bien comprendre que les chiffres en cachent autant qu'ils en disent et qu'avant de frapper ce mur il y a bien des signaux, et même une précaution à prendre, ce que le qualitatif aiderait à voir ! Mais, on n'en est pas là. (À ce sujet voir le texte qui suit : Sur l'éduc, encore ! )


Comme je suis critique et que j'ai un certain esprit d'analyse, mais plus qualitatif que quantitatif, je pense que ces examens servent un peu à écarter des gens comme moi et sélectionner davantage des esprits cartésiens (mathématique) comme les fonctionnaires patentés que l'on a entendus à la commission Charbonneau, mais qui n'ont jamais eu connaissance de ce qui se passait à côté d'eux ! C'était tout simplement hors de leurs schèmes de pensée. Serait-ce aussi un à côté de ces examens : trouver la bonne personne pour les postes à combler, mais aussi celle qui fera le moins de vague? Si oui, cela a des conséquences qu'il faudra revoir.


Ce n'est probablement pas de la discrimination à proprement parler comme le prétend l'article cité au début de ce texte, car on ne veut tout simplement pas de ceux qui ont des compétences et un tempérament assez fort pour être critiques du système à l'interne sans égards à la race, au sexe, à la couleur ou au handicap. Mais, si, pour des raisons de discrimination, vous avez toujours dû vous battre pour faire votre place, que ce soit à l'école ou dans le sport par exemple, vous avez peut-être développé les mauvaises compétences pour réussir à ces examens ! C'est donc culturel.


Il ne faut cependant pas baisser les bras, car, comme on le dit dans les consignes d'avant examen, « Vous pouvez prendre des chances, il n'y a pas de points perdus pour les mauvaises réponses. » Par chance, s'ils réussissent à passer les autres étapes de l’entonnoir, entreront peut-être ainsi quelques esprits qui pourront amener une autre vision des choses, plus qualitative, à côté de la vision quantitative toujours dominante. Si vous avez fait sciences humaines sans math, vous comprendrez très bien ce que je veux dire.


Notes


1. Il s'agit de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.


2. Jocelyne Richer de La Presse Canadienne, Racisme à l'embauche: le privé pressé d'agir, in Métro, 28 janvier 2015 : http://journalmetro.com/actualites/national/710526/racisme-a-lembauche-le-prive-presse-dagir/


3. En fait, mon champs d'expertise, était la sociologie de l'organisation si je me fie à mon mémoire de maitrise qui date de la fin des années 1980 (La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail: une nouvelle perspective), mais j'ai aussi fait un cours de sociologie de l'environnement dans mes études et été impliqué plusieurs années dans un organisme environnemental de mon quartier montréalais, une forme d'expérience en environnement, qui est aussi à considérer pour un emploi en environnement en milieu urbain, mais pas nécessairement en milieu forestier par exemple, tout comme l'inverse serait aussi vrai. Bref, je savais que je n'étais pas le candidat parfait dès le départ. Mais, existe-t-il le candidat parfait? C'est sûr que j'aurais préféré avoir un examen sur l'environnement pour pouvoir mesurer mon incompétence s'il y a lieu, mais tel n'était pas le cas, l'examen n'étant pas lié à l'emploi postulé ! Elle est là la frustration parfois des candidats rejetés. Et, si je me fie au concours que j'avais réussi en 2000 pour des postes de chercheurs à la SQ, on m'a demandé des CV par la suite pour des postes demandant 10 ans d'expérience, que je n'avais pas, au ministère de la Condition féminine, du Développement économique et d'un organisme sur l'interculturalisme pour ne nommer que ceux que je me rappelle ! Alors, ces expériences diverses en critique de cinéma et de théâtre, en analyse de l'éducation ou de l'économie que je fais sur societascriticus.com auraient pu me servir même si je n'ai pas fait ma maitrise en sociologie de la culture ou du féminisme par exemple, car un jour vous pouvez être dans un ministère économique et un autre dans un ministère culturel, juridique ou de l'agriculture sans même avoir vu une vache de près dans votre vie ! Ça prend des candidats mobiles plus qu'experts et c'est ce qu'il faut comprendre pour ne pas se sentir frustré par ces examens.


4. Pour comprendre cette pensée de Touraine, l'actionnalisme, lire Jean-Paul Lebel, 28/02/2013, Alain Touraine - Des mouvements sociaux à l'acteur, in Sciences Humaines : www.scienceshumaines.com/alain-touraine-des-mouvements-sociaux-a-l-acteur_fr_30350.html


5. C'est d'ailleurs le titre d'un ouvrage de Michel Crozier: La société bloquée, Paris: Seuil, 1970.


6. La sociologie critique est d'ailleurs un courant fort de la sociologie ! Je pense ici à Marcel Rioux, que j'ai eu comme professeur et qui a écrit un Essai de sociologie critique (Montréal : Cahiers du Québec/Hurtubise HMH, 1978). Ou, encore, à Jean Ziegler qui a écrit Retournez les fusils! (Manuel de sociologie d'opposition), Paris: Seuil, point politique, 1981.


7. Je suis d'ailleurs membre des Sceptiques du Québec : www.sceptiques.qc.ca



Sur l'éduc, encore!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 2, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-02-09)


Depuis quelques jours, on nous parle de l'échec de la réforme scolaire :


« La réforme pédagogique mise en place dans les écoles québécoises il y a une quinzaine d'années est un échec et nuit particulièrement aux garçons, aux élèves d'écoles anglophones et aux élèves qui ne sont pourtant pas à risque, conclut une étude commandée par le ministère de l'Éducation. » (1)


Je ne suis pas surpris ni ne condamne la réforme intégralement, car avant elle les chiffres disaient aussi que ça n'allait pas en éducation et qu'il fallait changer des choses. J'en ai cependant contre cette dictature des chiffres sans une certaine précaution qualitative ! En 2007 j'écrivais ceci dans une note à la fin d'un texte :


« Je pense ici aux scènes 8 et 9 (Another Brick In The Wall part I and II) du film The Wall (1982) inspiré de l’album du même nom (1979) de Pink Floyd, où l’on montre un système d’éducation qui fait marcher les enfants au pas et les transforme ensuite en de petites saucisses identiques ! Des saucisses idéologiques. Ça a changé dit-on, car on n’utilise plus la même méthode. Mais, on est toujours dans une forme de pensée unique. Une pédagogie « fit all » comme pour les T-shirt ! Une vérité idéologique; dogmatique! Une façon d’enseigner pour tous. Mais, s’il y en avait au moins quelques-unes pour répondre à des façons différentes d’apprendre? Si certains peuvent s’émanciper par projets; d’autres auraient besoin de cours plus magistraux, à

l’ancienne, pour acquérir une certaine discipline; alors que certains aimeraient naviguer entre les deux: un cours plus magistral là où ils ont des difficultés et plus libéral là où ils sont plus créatifs, pour ne pas étouffer leur développement ! Leur offre-t-on? Ou, est-on dans une école digne du fordisme? Tout est permis à condition que tu choisisses ce qu’on t’offre comme Henry Ford offrait toutes les couleurs pour son célèbre modèle T à condition que ce soit noir, ce que dit l’adage populaire !


The Wall, un film qui devrait être obligatoire dans la formation des maitres à l’Université. Si vous ne l’avez pas vu, vous ne savez pas ce que l’on attend de vous ni comment l’on vous voit de l’autre côté de la classe, surtout que les enfants ont l’information au bout des doigts avec l’internet maintenant! » (2)


Cette dictature des chiffres, c'est aussi ce qui conduit à imposer des temps de nettoyages trop restreints dans les hôpitaux ou à normer (3) le nombre de patients qu'un médecin doit voir à l'heure; à accroitre le nombre d'emplois en gestion des temps et en vérification des statistiques; et à conclure dans quelques années que statistiquement le personnel de gestion est trop élevé par rapport au personnel dispensant les services ! Voilà, je viens de vous sauver quelques millions en essais, erreurs et évaluation et quelques années de déroute encore une fois ! Mais, je sais, je n'ai pas la compétence pour vous aider, vos examens me le prouvent ! (Voir le texte Lu : Racisme à l'embauche: le privé pressé d'agir.) Alors, surtout, ne m'écoutez pas et continuez dans cette voie. Quand vous frapperez le mur, vous comprendrez peut-être !


Notes


1. Louise Leduc, La réforme pédagogique n'a pas rempli ses promesses, in La Presse, 04 février 2015 : www.lapresse.ca/actualites/education/201502/04/01-4841236-la-reforme-pedagogique-na-pas-rempli-ses-promesses.php


Autre texte d'intérêt sur le sujet :


Lisa-Marie Gervais - Avec La Presse canadienne, Étude: la réforme scolaire aurait nui aux garçons, Le Devoir, 5 février 2015 : www.ledevoir.com/societe/education/430859/echec-de-la-reforme-scolaire-au-secondaire


Les commentaires des lecteurs au bas de ce texte de Lisa-Marie Gervais sont aussi à lire. J'y ai même trouvé le lien vers le rapport en question, donné par un lecteur du Devoir : www.eres.fse.ulaval.ca/fichiers/site_eres/documents/Communication_et_publication/Rapport_secondaire/Rapport_ERES.pdf


2. Michel Handfield, Note 12 de Parlons d’éducation : de la pénurie de personnel enseignant aux problèmes scolaires, une réflexion s’impose, in Societas Criticus/Essais, Vol. 9 no 4 (Du 19 mai au 25 juin 2007).


Pour lire ce texte en HTML à Bibliothèque et Archives Canada :

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2007/v09n04/Vol9no4html.htm#Education


Pour lire ce texte en PDF à Bibliothèque et Archives nationales du Québec :

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs61995


3. Normer : ce mot n'est pas dans le dictionnaire d'Antidote ni mon Larousse sur cellulaire, ni le Trésor de la langue française du CNRS, ni le grand dictionnaire terminologique de l'OLF. Je dirais donc, verbe transitif qui signifie faire ou établir une norme. Je le conjuguerais comme nommer.



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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS (révisé le 2014-03-23)


Dans les textes cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, non le mot à mot.


Si, pour ma part, j'écris commentaires ou sociocritique, c'est que par ma formation de sociologue le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques et les questions soulevées. Le film, par exemple, est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique. C’est ainsi que, pour de très bons films selon la critique plus traditionnelle, je peux ne faire qu’un court texte alors que pour des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit davantage de matériel. Je n’ai pas la même grille ni le même angle d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi. Je peux par contre comprendre leur angle. J’encourage donc le lecteur à lire plus d'un point de vue pour se faire une idée juste.


Il faut aussi dire que je choisis les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu. Lorsque je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai mon tour, car pourquoi priverais-je le lecteur de voir un film qui lui tente? Il pourrait être dans de meilleures dispositions que moi. Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.


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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’évènements)


Felix et Meira


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Un film de Maxime Giroux


Le troisième long métrage de Maxime Giroux, Félix et Meira (prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto 2014 et Louve d’or du meilleur long métrage de la compétition internationale du Festival du nouveau cinéma 2014) a été présenté en compétition officielle au Festival international de San Sébastian et en novembre dernier, le 34e Festival international du film d’Amiens (France) lui a décerné deux prix d’interprétation (Meilleur acteur à Luzer Twersky et meilleure actrice à Hadas Yaron) tandis que le 28e Festival du film francophone en Acadie le récompensait avec le prix du meilleur film canadien. Il a aussi gagné le prix de la meilleure actrice et celui du meilleur acteur au Festival de Turin en Italie ainsi que le prix œcuménique. Il a reçu le prix du public au Festival Arte Mare de Bastia (Corse) et le prix Tobias Szpancer du meilleur film de la section Between Judaism and Israelism du Festival international du film à Haïfa. Finalement, rappelons que Félix et Meira a remporté 4 prix au dernier Festival du film de Whistler: meilleur film, meilleur scénario, meilleure réalisation ainsi que le prix de la meilleure interprétation à Hadas Yaron.


Produit par Sylvain Corbeil et Nancy Grant de Metafilms, Félix et Meira met en vedette Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, Anne-Élisabeth Bossé, Benoît Girard, Josh Dolgin et Mélissa Weisz. Grâce à sa présentation dans de nombreux festivals, le film a été vendu dans 12 pays incluant la France, l'Australie, la Suisse et les États-Unis. Le Royaume-Uni, le Brésil et Israël ont aussi manifesté leur intérêt pour acquérir les droits de distribution.


Félix est un hurluberlu francophone sans le sou, dont le père fortuné est mourant. Meira est une juive hassidique mariée et mère d’un enfant, à la recherche de nouveauté. Ils s’amourachent l’un de l’autre. Félix & Meira est l’histoire d’un amour impossible entre deux êtres à part qui veulent s’abreuver de ce qu’ils ne connaissent pas, deux êtres issus de deux communautés distinctes, fermées et ouvertes à leurs façons, deux communautés qui entreront en conflit et qui tenteront de s’apprivoiser.


Début 2015, Félix et Meira prendra l’affiche en France et sera présenté au New York Jewish Film Festival.


Maxime Giroux a réalisé plusieurs courts métrages, dont Le rouge au sol et Les jours. Son premier long métrage, Demain, a été sélectionné en compétition officielle à Turin et a obtenu la mention spéciale du jury à Tübingen. Son deuxième long métrage, Jo pour Jonathan, a été révélé en première mondiale au Festival international du film de Locarno en 2010, avant d’aller dans plus de quarante festivals. En cours de route, Jo pour Jonathan a remporté le prix Gilles-Carle du meilleur film aux Rendez-vous du cinéma québécois, le prix de l’Association québécoise des critiques de cinéma du meilleur film au Festival du nouveau cinéma, le prix Cinéma et City à Thessalonique, le prix du meilleur film au Gotham Film Festival, ainsi que deux prix du meilleur acteur pour Raphaël Lacaille au Gotham et à Whistler. En 2013, Maxime Giroux a réalisé le court métrage La tête en bas.

Les images de Félix et Meira sont de Sara Mishara, le montage de Mathieu Bouchard-Malo et le son de Frédéric Cloutier. La direction artistique a été assurée par Louisa Schabas, les costumes par Patricia McNeil, le maquillage et la coiffure par Audray Adam et la musique originale est une composition d'Olivier Alary.


Le film est distribué au Canada par FunFilm Distribution Inc.


www.youtube.com/watch?v=_fbiiQssaTQ


Commentaires de Michel Handfield (2015-02-05)


Martin Dubreuil a un petit quelque chose de Luc Picard je trouve.


Se sentir emprisonné dans sa culture, qu'elle soit imposée par la tradition, un milieu, le père ou l'époux, ce n'est pas facile. En sortir est encore plus difficile. Meira cherche à sortir du sens imposé par l'horloge de la tradition, où tous les comportements sont réglés. On fait comme nos parents, grands-parents, arrières grands parents… Par exemple, elle écoute de la musique indigne, la voix soul de Wendy Rene qui chante After laughter (Comes Tears) (1), selon son mari.


Si on a la liberté de religion, la liberté d'en sortir, lorsqu'elle nous semble un carcan, devrait être aussi facile à revendiquer et à exercer. Mais, tel n'est pas le cas, car la religion c'est un système de pression sociale, voire d’oppression! On ne la choisit pas en son âme et conscience, car elle nous est la plupart du temps imposée de naissance! On y est élevé et on y évolue sans avoir choisi. C'est d'autant plus vrai pour ceux qui font partie de groupes fermés sur eux-mêmes. C'est le cas des hassidiques dont fait partie Meira.


Parfois, ce repli religieux est pire que le racisme parce que la fermeture est hermétique ! Dans le cas du racisme, on peut toujours éduquer et, avec le temps, la communication vient à passer, car il y a quand même communication. Mais, dans le cas des idéologies religieuses, c'est parfois la négation totale de l'autre. Il n'existe tout simplement pas – ou il ne devrait pas exister – aux yeux du croyant plus intégriste. Même à l'insulte, il ne répondra pas, donc aucun dialogue possible, même par la négative. Un blocage. Et, s'il y a un signe d'ouverture à l'autre qui vient d'un membre de la communauté, des pressions seront faites sur la personne en question : que ferais-tu sans nous? Tu n'auras plus ton enfant. Tu seras seule dans un monde inconnu.

Mais, Meira est curieuse de l'autre monde, car elle se sent à l'étroit dans le sien qui ne vit que par la Torah. Sa rencontre fortuite avec Félix, qui, lui, a quitté le milieu feutré de son père pour celui d'une vie plus bohème, sera d'abord une curiosité, puis un révélateur et sa planche de salut! Car, le salut, c'est d'abord d'être capable de sortir des carcans que l'on nous impose! C'est cette quête de liberté atypique que l'on suit dans ce film.


C'est aussi une plongée dans un monde qui nous est peu connu : celui des hassidiques, et c'est là un autre intérêt de ce long métrage. Cela explique certainement une part du succès de ce film, qui a vu sa diffusion s'élargir à quelques salles de plus cette semaine.


Note


1. J'ai réussi à trouver le titre sur http://www.lesmeconnus.net/felix-et-meira-saffranchir-par-la-difference-et-la-force-de-lamour/




Le voyeurisme! Texte au sujet de la pièce multidisciplinaire PEEP SHOW et de l'exposition BENJAMIN-CONSTANT EN SON TEMPS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 2, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


> PEEP SHOW

28 JANV > 7 FÉVR, du MARDI AU SAMEDI, 20H

TEXTE ET MISE EN SCÈNE : NICOLAS BERZI.

INTERPRÉTATION : LIVIA SASSOLI.

SCÉNOGRAPHIE ET CONCEPTION MULTIMÉDIA : JEAN- FRANÇOIS BOISVENUE.

MUSIQUE EN DIRECT : DOMINIC MARION.

MUSIQUE ENREGISTRÉE : JAN SIEMASZKIEWICZ.

LUMIÈRES : NICOLAS BERZI, JEAN-FRANÇOIS BOISVENUE.

http://lachapelle.org/



> MERVEILLES ET MIRAGES DE L’ORIENTALISME, DE L’ESPAGNE AU MAROC, BENJAMIN-CONSTANT EN SON TEMPS.

Au Musée des beaux-arts de Montréal

Du 31 janvier au 31 mai 2015.

www.mbam.qc.ca


Commentaires et photos de Michel Handfield (2015-01-30)


Ce texte est différent de nos « posts » Facebook que nous avons mis en ligne lors de la visite de presse de l'exposition Benjamin-Constant en son temps (27 janvier), car le lien entre cette exposition et le spectacle multidisciplinaire « Peep show » (28 janvier) s'est fait pendant le spectacle. Nous y avons repris la plupart de nos notes prises lors de l'exposition, mais pas toutes les photos. Notre texte va cependant beaucoup plus loin que quelques impressions de visite ! Parfois, des liens se font et cela donne plus que la somme des deux évènements. C'est le cas ici.



Le voyeurisme implique de regarder sans toucher! Regarder à travers un trou, un cadre, une vitre ou une toile! Le « Peep show » et la toile érotique, même sujet? Le théâtre et la danse, même combat, incluant la danse dans un club topless! Why not? Nous l'écrivions d'ailleurs en 2001, car, suite à l'exposition de peinture de Gilles Carle (1), où le nu féminin dominait, nous étions allé Chez Paré pour comparer l’esthétique artistique entre la toile et les danseuses et nous avions écrit ceci :


« Naturellement les talents de danseuses sont différents de l'une à l'autre. On peut parler d'athlétiques, d'esthètes, de séductrices. Certaines font en sorte que le regard est attiré par le mouvement, d'autres par le corps ou les yeux! Pour la beauté, elles l'ont toutes!


« Par contre, il y a une barrière, comme au théâtre. C'est une séduction de scène. Quoique certains clients "vivent" probablement cette séduction comme une relation personnelle ! Ils risquent alors de devenir accros d'une danseuse, comme d'autres deviennent accros du jeu ! » (2)


Dans « Peep show », Livia le dit : Quand tu payes, tu n'es plus spectateur, tu es un client; mon client, je danse pour toi tant que tu mets de l'argent dans la machine. Après, la lumière s'éteint ! Elle est là, si près, mais si loin en même temps, séparée par une vitre. Le client se sent seul avec elle, se touche et éjacule sur la vitre. Après, le concierge lave la place pour le prochain client. C'est la routine. Elle a ses deux pauses de 15 minutes et sa demi-heure de diner ! C'est un travail.


« Naturellement, certains diront: Et l'exploitation de la femme? Et bien, c'est

pourtant ce que valorise le système: l'exploitation et le profit. Quand Bell a vendu ses téléphonistes, le gouvernement semblait heureux. Il n'a jamais dit que vendre des gens, ça ne se fait pas! Quand une entreprise achète un concurrent pour consolider ses opérations et congédie du personnel pour atteindre son but, personne ne dit qu'on a acheté des gens pour les mettre à pied. C'est la marche à suivre pour être concurrentiel dans la globalisation d'aujourd'hui et les élites saluent ces entrepreneurs! Vendre un enfant est illégal, vendre des adultes dans une transaction financière est légal! Le système est basé sur l'exploitation de l'Homme par l'Homme, Marx l'a bien montré! Alors l'exploitation de la femme se situe dans la même marche de la recherche du profit à tout prix. Je n'ai pas à être d'accord ou non: c'est un constat.


En fait, les danseuses ont probablement davantage de liberté sur leur métier que les gars - et les filles - de Kenworth, car eux, si l'entreprise, les libèrent pour une période indéterminée, vu le faible carnet de commande, il n'est pas sûr qu'ils peuvent travailler ailleurs - étant à la fois liée à Kenworth et leur compétence n'étant pas nécessairement transférable vers un autre secteur industriel. Les danseuses, vu le nombre d'établissements et la demande, ont davantage de chance de se trouver un autre lieu où exercer leur métier! Car dans leur secteur la concurrence existe encore entre les établissements. Ce n'est plus le cas dans bien d'autres secteurs industriels et commerciaux. Les clubs de danseuses, un des derniers bastions du libre-marché, est-ce possible? » (3)


Il y avait plein de « Peep show » et de club de danseuses à une époque à Montréal. À part quelques grands clubs pour le tourisme états-unien, plusieurs ont fermé à cause de l'internet. Les filles s'y recyclent donc. Plus de « pimps », plus de maniaques qui t'attendent à la sortie des établissements, c'est plus sécuritaire. Mais, faut voir le langage des internautes face à ces filles. C'est que défilent des insultes et des menaces que l'on peut lire sur ces sites sur l'écran de cette pièce, car l'on est ici dans une représentation multimédia. Le théâtre n'est plus comme avant, mais l'Homme l'est!



Le sexe fascine, le sexe vend!



Certains n'iront pas au « Peep show », trop bas de gamme. Ils ne sont pas comme ça, eux! Ils iront voir de la danse contemporaine, c'est plus classe, plus culturel ! Mais, nous dit Livia, j'ai vu un spectacle de danse ... tout le monde tout nu ! On les appelle artistes contemporain! Tu y vas aussi pour assouvir des désirs toi?! C'est qu'elle interpelle les spectateurs : si vous êtes venus ici pour voir « Peep show », c'était certainement pour voir quelque chose? Me voir me mettre nue peut être… allez dites? Je ne sais pas si ça me tente, tu verras… Voilà le ton de cette pièce qui interroge le spectateur et la spectatrice pour les faire réfléchir sur le commerce de l'image sensuelle.


Benjamen-Constant, Portrait orientaliste de femme nue, collection M. et Mme Hakim Drissi Kaitouni








Je ne dis pas de la porno, car l'exploitation du corps et du sexe existe aussi dans la peinture et on la qualifie d'art, de sensualité ou de fantasme, comme dans ces visions du harem par les peintres orientalistes (4) que l'on voit dans la très belle exposition « Merveilles et mirages de l’orientalisme, de l’Espagne au Maroc, Benjamin-Constant en son temps » au Musée des beaux-arts de Montréal. (5)









Le fantasme, on peut l'avoir en regardant une fille ou un homme sur une scène, derrière une vitre (Peep show, écran de télé, d'ordinateur ou de téléphone intelligent) ou sur une toile (6), mais il est toujours dans l’œil du récepteur (le voyeur). Pour l’émetteur, c'est un travail ou un art !


La fille, puisque c'est le cas ici, mais ce pourrait être la même chose d'un danseur de ces dames, joue le jeu : elle n'est que pour toi, car tu as payé pour la voir sur le NET, dans un magazine ou sur une toile au musée ! Mais, elle le fut pour le précédent comme elle le sera pour le suivant ! Elle te donne l'illusion d'être différent à défaut de l'exclusivité! Puis, il y a toujours un filtre qui la rend inatteignable, mais elle te donne l'impression que tu es si près que tu pourrais lui toucher comme dans cette toile d'Édouard Debat-Ponsan qui date de 1883. On est ici dans le markéting du désir. (7)


Naturellement, plus on est près de la source, une danse sur tabouret à côté du client, sur scène dans un club ou au théâtre, versus l'écran personnel, le cinéma ou une toile, plus cette expérience sera forte et personnalisée, plus le client sera prêt à débourser pour la vivre. C'est d'ailleurs cette relation de proximité, et non seulement l'investissement, qui explique que des amateurs d'art sont prêts à payer des fortunes pour posséder une toile comme s'ils possédaient ainsi l'âme du peintre et du modèle qui « pose » pour eux. Le désir de posséder est un sentiment très fort, ne serait que de posséder l'attention de la fille pour soi que quelques minutes au Peep show ou sur le web : elle se déshabille pour moi… ça fait toute la différence dans la tête du client !


Parlant d'illusions, une section de l'exposition sur « Benjamin-Constant en son temps » s'intitule « Sur le harem... Fantasmes et mensonge. » C'est que le Harem « définit l'espace réservé aux femmes dans chaque maison, frontière entre « féminin » et « masculin », « public » et « privé ». » Ce n'est pas le lieu de plaisirs fantasmés que les peintres illustraient pour faire rêver. On était ici aussi dans l'illusion, comme au Peep show ou dans un club de danseuses; comme la porno et l'internet ne sont pas la véritable sexualité; comme le roman d'amour ou le roman à l'eau de rose (8) ne sont pas la vraie vie.




Cette exposition profite de Benjamin-Constant pour élargir notre spectre de connaissances sur le sujet avec l'apport d'autres peintres autour du même thème, mais aussi l'ajout d'une vision plus contemporaine de celui-ci. C'est ainsi que l'on a approché des artistes féminines d'aujourd'hui pour donner une autre vision de la femme arabe, comme avec « La Sultane » de Lalla Essaydi (9), et briser ce mythe du harem, lieu de plaisir avec des femmes nues. Les femmes étaient habillées dans le harem, faisant les tâches qu'elles avaient à faire. Là est la distance entre fiction et réalité. Mais, le secret et l'interdit, car on n'avait pas accès au harem, attisent souvent l'intérêt et la mythologie. C'est d'ailleurs la même chose avec la pornographie sur l'internet : la consommation de pornographie y est plus grande que toutes les autres activités réunies apprend-on dans « Peep show », mais personne n'y va ! (10)


Notre danseuse de « Peep show » nous interpelle sur les frontières que nous faisons entre l'art et le porno, qui n'est parfois qu'une question de vocabulaire et d'intellectualisation, comme sur celle d'autres dépendances, comme les drogues par exemple. C'est ainsi qu'elle lance au public « J'en connais des filles qui snifent, toi t'en connais-tu des avocats qui snifent? » C'est que le pauvre se défonce, le riche se détend ou évacue son stress avec sa bière ou son joint ! Le double langage, comme le double standard, ce n'est pas nouveau. On a dit, et on dit encore, du pauvre qui ne travaille pas qu'il est fainéant et du riche qu'il a su investir pour en profiter ! (11)



Pour terminer, dans cette exposition sur Benjamin-Constant et son époque, on a des toiles, mais aussi des objets mis en parallèle, comme ce tapis à point noué d'Iran du Sud ou du Sud-Est, du XIXe siècle.








Et, parlant de liens, nous avons aussi vu « Salomé dansant devant le roi Hérode », une toile de George Rochegrosse. On ne réécrirait pas l'histoire, mais elle est contemporaine dans le contexte actuel, car Hérode recevait à sa table des gens de diverses confessions, par exemple et, pourvu qu'ils ne remissent pas en cause le Pouvoir de Rome, ils étaient acceptés.


Une des origines du multiculturalisme peut-être? C'est ce que nous croyons et nous en avions parlé dans « Salomé, les Hommes et Dieu ! » en 2011 suite à l'opéra Salomé. (12) C'est encore actuel !


En conclusion, tout est dans tout si on porte attention à l'histoire et la culture en est un révélateur. Que ce soit au musée ou au « Peep show », il y a toujours moyen d'apprendre à qui observe la vie et la réalité au-delà de la première impression. D'ailleurs, il est intéressant de savoir que si la France vit actuellement une montée de l'islamophobie, suite aux évènements de Charlie Hebdo, elle a déjà vécu une vague d'orientaliste au XIXe siècle. On n'en est pas aux premiers conflits et aux premières alliances déçues de l'histoire. Combien d'alliances se sont faites, défaites et refaites dans l'histoire? Celui-ci, comme d'autres, en viendra à se résoudre quand leurs intérêts communs seront plus forts que leurs divergences, comme face à un problème à résoudre – environnemental par exemple – qui nécessitera la coopération plutôt que la division. Mais, en attendant, vous pouvez toujours voir ce que fut cette période de l'orientalisme, quand le monde arabe faisait rêver les Occidentaux, au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu'au 31 mai prochain.


Notes


1. Sur Gilles Carle, quelques liens :


- www.parcequecestlui.com (exposition)


- http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_Carle


- www.fondationmaisongillescarle.org


- http://agora.qc.ca/dossiers/gilles_carle


2. Michel Handfield, La séduction plastique et le vrai capitalisme!, in Societas Criticus, Vol. 3, no. 1 - Mars 2001 : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs62017


3. Ibid.


4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_orientaliste


5. Photo : détails de Intérieur de harem au Maroc, 1878, Jean-Joseph Benjamin-Constant, Huile sur toile 310 x 527 cm. Lille, Palais des Beaux-Arts


6. Édouard Debat-Ponsan, Le Massage au Hamam, 1883, Toulouse, Musée des Augustins. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Édouard_Debat-Ponsan


7. On peut aussi vivre cette expérience à la cinémathèque, alors que l'actrice ou l'acteur qui nous fait rêver n'est plus de ce monde depuis longtemps (pensons à Marilyn), mais est toujours aussi attrayant dans l’œil du spectateur. Un(e) icône !


8. http://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_d%27amour


9. « Dans La Sultane, belle femme allongée au milieu de draperies, Lalla Essaydi évoque l’orientalisme dans une tentative de récupération des représentations occidentales.


En écrivant au henné par-dessus l’image, en caractères pseudocoufiques indéchiffrables, elle arrive simultanément à détourner le regard voyeuriste et à affirmer son droit à l’autoreprésentation, tandis que des échos d’art européen repensé (peinture de Courbet) et la pure beauté de l’image (colombe : symbole de liberté) comblent le fossé entre l’Est et l’Ouest. » (Source : site du Musée des beaux-arts de Montréal : www.mbam.qc.ca/expositions/a-laffiche/merveilles-et-mirages-de-lorientalisme/)


10. Pour voir « Quelques chiffres pour le porn sur Internet », par Greg, 02 juin 2010 : www.journaldugeek.com/2010/06/02/quelques-chiffres-pour-le-porn-sur-internet/


11. « Si cela était, il y a beau temps que la société bourgeoise aurait succombé à la fainéantise puisque, dans cette société, ceux qui travaillent ne gagnent pas et que ceux qui gagnent ne travaillent pas. Toute l'objection se réduit à cette tautologie qu'il n'y a plus de travail salarié du moment qu'il n'y a plus de capital. » (MARX, Karl, et Engels, Friedrich, Manifeste du Parti communiste (1848), in Œuvres choisies, 1978, Moscou: éd. du Progrès.p. 45)


12. « Loin de l'opéra Salomé?! Pas tant que ça. Si, à l'époque, Hérode avait des juifs et des Nazaréens à sa table, aujourd'hui il aurait pu y avoir des musulmans, car l'empire reconnaissait les religions de ses citoyens:


« The Roman Empire expanded to include different peoples and cultures; in principle, Rome followed the same inclusionist policies that had recognised Latin, Etruscan and other Italian peoples, cults and deities as Roman. Those who acknowledged Rome's hegemony retained their own cult and religious calendars, independent of Roman religious law. » (Pliny the Elder, Epistles, 10.50 cité in http://en.wikipedia.org/wiki/Religion_in_ancient_Rome#Religion_and_politics)


Contemporain! En lien avec la laïcité, le multiculturalisme, l'interculturalisme et le pluralisme confessionnel qui nous questionne en ce moment. » (Handfield, Michel, Salomé, les Hommes et Dieu!, in Societas Criticus, Vol. 13 no 4, Textes ciné et culture / Essais.) Pour voir ce texte :


- HTML :

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2011/SCVol13no4HTML/SCVol13no4html.html


- PDF : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs2025925



Autres hyperliens


http://fr.wikipedia.org/wiki/Harem




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