Societas Criticus, Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!


D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!


Regard sur le Monde d'une perspective montréalaise!

On est sceptique, cynique, ironique et documenté!


Revues en ligne, version archive pour bibliothèques

Vol. 17 8, du 2015-10-07 au 2015-11-23.

(Spécial Festival du Nouveau Cinéma)


Depuis 1999!













www.societascriticus.com

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.


societascriticus@yahoo.ca

C.P. 73580

Succ. Parc octogonal

Montréal H2A 3P9


Le Noyau!


Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (U de M), cofondateur et éditeur;

Gaétan Chênevert, M.Sc. (U de Sherbrooke), cofondateur et pensif de service;

Luc Chaput, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris, recherche et support documentaire.

Sylvie Dupont, lectrice et correctrice d'épreuves.


ISSN : 1701-7696


Soumission de texte: societascriticus@yahoo.ca. Si votre texte est en pièce jointe, le sauvegarder sans les notes automatiques.


Note de la rédaction



Nous avons placé notre correcteur à « graphie rectifiée » de façon à promouvoir la nouvelle orthographe: www.orthographe-recommandee.info/. Il est presque sûr que certaines citations et références sont modifiées en fonction de l’orthographe révisée sans que nous nous en rendions compte vu certains automatismes parfois, comme de corriger tous les mots identiques! Ce n'est pas un sacrilège que de relire les classiques du français en français moderne. On n'y comprendrait parfois peu si on les avait laissés dans la langue du XVIe siècle par exemple. L'important est de ne pas trafiquer les idées ou le sens des citations, ce que n'implique généralement pas la révision ou le rafraichissement orthographique de notre point de vue.


Les paragraphes sont justifiés pour favoriser la compatibilité des différents formats que nous offrons aux bibliothèques (collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus; collections.banq.qc.ca/ark:/52327/61248) avec différents appareils. Ceci favorise aussi la consultation du site sur portables.


« Work in progress » et longueur des numéros (2013-06-18)


Comme il y a un délai entre la mise en ligne et la production du pour bibliothèques, il se peut que quelques fautes d’orthographe, de ponctuation ou de graphie aient été corrigées, mais le texte n’est pas changé à quelques virgules près! On a beau lire un texte plus d'une fois, quand on vient de l’écrire on ne voit pas toujours certaines coquilles. On peut cependant les voir en préparant ce n°.


La longueur des varie en fonction des textes que nous voulons regrouper, par exemple pour un festival de films. Si nous visons les 30 pages pour des raisons de lecture, notamment sur téléphone intelligent, certains peuvent en avoir plus ou moins pour des raisons techniques, comme de le terminer avant le début d'un festival ou de regrouper tous les textes sur un même sujet. Renseignements pris, la question de la taille à respecter pour envoyer un aux bibliothèques est beaucoup plus grande qu'avant. Cette limitation ne se pose donc plus pour nous.



Index


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique

Éditos


À douze jours de l'élection fédérale !


Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct


Quelques posts de novembre ! En version corrigée. (2015-11-23)

Quelques posts des derniers temps, légèrement corrigé et parfois augmenté (2015-10-14)


Le Journal/Fil de presse/analyses


- Lancement d'Antidote 9. On y était!

- Forum Social Mondial, Montréal 2016


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


Avis

DI a vu! - ciné, théâtre, expositions et quelques annonces d’évènements (avec index)


La divine illusion (TNM) (TNM)

Héroïne(s) (Théâtre) (Théâtre)

This duet that we've already done (so many times) - Danse

007 SPECTRE

UNE MODERNITÉ DES ANNÉES 1920 :  MONTRÉAL, LE GROUPE DE BEAVER HALL AU MBAM

UNTIED TALES (THE VANISHED POWER OF THE USUAL REIGN)/Danse

Ville-Marie de Guy Édoin

LA MORSURE DE L’ANGE/Théâtre

L’échappée/danse (Terminé)

Exposition Vittorio au Musée Mc-Cord

GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE et MOBY DICK : Deux sorties culturelles à incidence politique !


Les festivals!


Mon Festival du Nouveau Cinéma 2015


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique


Index


Nos éditos!



À douze jours de l'élection fédérale !


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Éditos : www.societascriticus.com


Michel Handfield, éditeur de Societas Criticus (19 octobre 2015)


À douze jours de l'élection fédérale, notre texte « GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE et MOBY DICK : Deux sorties culturelles à incidence politique ! » est dans le ton et éclairant non seulement sur ce que nous sommes, mais sur une partie de nos racines. À lire dans notre section culturelle : GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE et MOBY DICK : Deux sorties culturelles à incidence politique !



Index



Les meilleures lignes de Societas Criticus en direct

Par Michel Handfield


Des mots ou des liens que nous plaçons sur Twitter, Facebook, et/ou Linked In et que nous reprenons ici vu la valeur que nous leur trouvons.


Pour la mise en page de messages d'abord mis en ligne sur les réseaux sociaux, des corrections sont parfois nécessaires après coup, car il faut quelquefois tourner les coins ronds pour les besoins des médias sociaux, comme les 140 caractères de « Twitter », mais aussi pour la rapidité du direct lors d'un évènement qui demande déjà toute notre attention! Mais, ces corrections sont minimales pour ne pas changer l'apparence du direct. Souvent, c'est l'orthographe et la ponctuation qui ont été corrigées bien avant la mise en page!




Quelques posts de novembre ! En version corrigée.


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-11-23)


En novembre, pris dans la recherche pour des textes à venir, j'ai peu écrit sur le site, mais mis plusieurs « posts » en ligne sur Facebook et autres réseaux sociaux. En voici une sélection, dont l’orthographe et la syntaxe furent corrigées, car parfois rédigée en autobus et en métro ! Je suis un urbain comme en témoigne cette photo de la place des festivals prise sous la pluie le 12 novembre dernier.








2015-11-21



Moi, puis mon lapin, on est comme ça !









2015-11-20


La religion, je l'ai souvent écrit, c'est une croyance. Il faut en être conscient. Lire RUWEN OGIEN, 20 NOVEMBRE 2015, La religion nous rend-elle meilleurs ?, in Libération : http://liberationdephilo.blogs.liberation.fr/2015/11/20/la-religion-nous-rend-elle-meilleurs/?



2015-11-19


Piétons Québec


J'ai pris mon membership et j'en offert un à ma conjointe. D'ailleurs, elle n'a même pas de permis de conduire.


http://pietons.quebec/


2015-11-17


Et vlan !


Vidéo de « NousSommesUnis - Etudiants Musulmans de France EMF » sur You Tube :


https://www.youtube.com/watch?v=WVUCMBuAQNs&feature=player_embedded


2015-11-16


Il faut faire marcher les banlieues !


C'est ce qu'on apprenait dans Le Devoir de ce matin ! www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/455289/mettre-la-banlieue-au-pas.


Et, désinvestir nous disait la colonne à côté!

www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/455308/desinvestir-pour-lutter-contre-le-rechauffement


2015-11-15


Pour comprendre !


Fait par le journal Le monde. Pour comprendre, car ce n'est pas simple : www.dailymotion.com/video/x2vjz8a_comprendre-la-domination-de-l-etat-islamique-en-7-minutes_news



2015-11-15


Réflexion en métro  !


Vivre en société c’est abandonner certaines libertés individuelles pour se donner une sécurité et un certain bien-être collectif, incluant la liberté de marcher sécuritairement et d'avoir un filet social qui assure un sentiment de ne pas être laissé seul face à l'accident de parcours. Cela peut se faire par le biais de l'État dans un système démocratique libéral ou par des sociétés autogérées, comme des mutuelles, dans un système anarchiste démocratique. Le contraire du chaos et du tout pour soi individualiste, qui ne considère plus que soi même hors des autres qui l'entourent. Même ceux qui disent s'être faits seuls ont bénéficié des structures publiques mises en place avant eux et qu'ils veulent aujourd'hui nous enlever au nom d'une idéologie libertarienne proche parente de l'anarcho-capitalisme.











2015-11-15



Marche de soutien à la France


Marche de soutien à la France... Et j'ajouterai à la liberté, fraternité et démocratie.











2015-11-15



Fin de la marche à McGill College.
















2015-11-15





Quand on est rendu à sécuriser une marche pacifique, c'est qu'il y a un problème : le terrorisme, qui privilégie la violence au débat; l'enfermement idéologique à la liberté ; le refus de penser pour des réponses toutes faites et récitées en mantra. Il faut une révolution : investissons dans le savoir et l'éducation.











2015-11-14


Le pétrole, nerf de la guerre !


L'article que je citais le 29 octobre dernier le disait : il faut diminuer l'usage du pétrole: « Il y a fort à parier que, sans pétrole, l’État islamique ne parviendrait pas à se financer » (www.journaldemontreal.com/2015/10/29/la-diplomatie-du-petrole). À partir d'aujourd’hui, 14 novembre 2015, avant de prendre votre voiture pour aller au dépanneur, voir un ami ou au travail, pensez prendre une marche, le vélo, l'autobus ce sera des $$$ que vous ne donnerez pas au terrorisme. Et, revendiquez du transport en commun dans toutes les régions. L'argent est le nerf de la guerre. C'est leur financement qu'il faut couper. Et contrôler la vente et le trafic des armes.


2015-11-14


L’opium idéologique !


« La religion, opium du peuple » Karl Marx. Il faut cesser de parler de droits religieux. C'est une liberté de croyance. Et une croyance n'est pas une vérité que ce soit pour l'horoscope, la numérologie, ou la religion. Mais, d'autre part, combien de fois nos gouvernements ferment les yeux sur les terreurs religieuses d'ailleurs pour des raisons politiques et économiques au lieu de réaffirmer des valeurs démocratiques. Des chrétiens fondamentalistes soutiennent l'expansion d'Israël en espérant que la création du grand Israël biblique ramènera le Christ de son nuage; des entreprises ont le soutien de gouvernements démocratiques pour vendre à des dictateurs au nom de la sainte - et non la saine - économie; et quel gouvernement oserait mettre en cause les circuits économiques qui financent ces terreurs, à commencer par d'où vient l'argent (le pétrole ), qui leur vend des armes et par où passent-elles. Mais, surtout, n'investissons pas dans l'éducation et un filet de sécurité sociale, là-bas comme ici, au nom d'une baisse d'impôt. Favorisons la création d'un bassin de mécontents peu éduqués qui sont facilement manipulables. Le libéralisme c’est aussi accepter de payer des impôts pour le bien-être de tous. Rappelons-nous ce qu’a écrit Humes :


« Tout État est affaibli par une trop grande disproportion entre les citoyens. Chacun, si c'est possible, devrait jouir des fruits de on travail, par la pleine possession de tout ce qui est nécessaire à la vie, et de plusieurs des choses qui la rendent agréable. Nul ne peut douter qu'une telle égalité soit ce qui s'accorde le mieux avec la nature humaine et qu'elle ôte bien moins au bonheur du riche qu'elle n'ajoute à celui du pauvre. Elle augmente aussi le pouvoir de l'État, et elle est cause que les taxes ou impositions extraordinaires seront payées de meilleur gré. Là où les riches s'engraissent sur le dos du petit nombre, il faut que leur contribution aux nécessités publiques soit très large; mais dès lors que les richesses sont répandues sur une multitude, le fardeau semble léger à chaque épaule, et les taxes n'apportent pas de différence bien sensible dans la façon de vivre de chacun. » (Hume, La liberté comme nécessité historique, in Mikaël Garandeau, Le libéralisme, GF Flammarion, corpus, p. 63)



2015-11-09


Tous les indicateurs le disent !


Tous les indicateurs le disent, mais on vit dans le déni! Quand on en parle du Devoir au Journal de Montréal, c'est que c'est sérieux. Il est temps de revendiquer plus d'aménagements piétonniers pour les courtes distances et d'éviter de prendre l'auto pour aller chercher un litre de lait à moins d'un kilomètre par exemple. On n'est pas né avec un moteur , mais des jambes. Il faut aussi un meilleur réseau cyclable (le Devoir en parle ce matin) et du réinvestissement en transport en commun.


« Nouveau record du niveau des gaz à effet de serre en 2014 », non signé, in Le journal de Montréal : www.journaldemontreal.com/2015/11/09/nouveau-record-du-niveau-des-gaz-a-effet-de-serre-en-2014


Florence Sara G. Ferraris, Plaidoyer pour un réseau cyclable à l’année, in Le Devoir, 9 novembre 2015 : http://www.ledevoir.com/politique/montreal/454695/plaidoyer-pour-un-reseau-cyclable-a-l-annee



Quelques posts des derniers temps, légèrement corrigé et parfois augmenté (2015-10-14)


Santé !


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-10-14/Facebook, 2015-10-08)


Lu : « Deux employés du CUSM se sont fait surprendre en pleins ébats sur une table d'examen l'été dernier. » (1)


Mon commentaire Facebook (2015-10-08) : Éjaculer le stress: nouvelle expression médicale !


Note


1. SARAH BÉLISLE, Deux employés surpris en pleins ébats sur une table d'examen, in Journal de Montréal, jeudi, 8 octobre 2015 : www.journaldemontreal.com/2015/10/08/deux-employes-surpris-en-pleins-ebats-sur-une-table-dexamen



Privé de sens ! (1)


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-10-14/Facebook, 2015-10-05)


C'est quoi déjà que nous dit la droite ? Le privé gère mieux. Moins d'État et laisser les entreprises faire, ça va nous couter moins cher. Les gouvernements sont malhonnêtes et nous volent. La solution : le libre marché ! Alors, que penser des couts de l’informatisation des services gouvernementaux qui ont été confiés au secteur privé à gros prix ; du scandale Volkswagen, cette entreprise faisant usage « d'un logiciel diminuant frauduleusement les émissions polluantes de certains de ses moteurs diesel » (2) dernièrement ; puis des firmes d'ingénieurs et des compagnies de construction qui ont surfacturé les gouvernements et les municipalités pendant des années ? Allo, la droite réaliste.


En fait, si la gauche est dans le champ gauche, la droite est dans le champ droit ! Et le citoyen regarde passer la balle !


Notes


1. C'était mon commentaire au sujet du texte de JEAN-NICOLAS BLANCHET, Le rapport que Québec ne voulait pas dévoiler. 95 % du contrôle des projets informatiques était détenu par le privé, in Le Journal de Montréal, 3 octobre 2015 :

www.journaldemontreal.com/2015/10/03/le-rapport-que-quebec-ne-voulait-pas-devoiler


    2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Volkswagen



On se voile les yeux


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com


Michel Handfield (2015-10-14/Facebook, 2015-10-01)


Tout le monde au Québec à l'air de croire que les conservateurs veulent interdire le niqab dans l'espace public. C'est faux. Ensuite, il y a bien plus grave, comme les baisses d'impôt de 1% qui font que comme citoyen on perd beaucoup plus en services qu'on ne gagne en argent ! Puis, les coupes en environnement et dans la science, la perte de la livraison du courrier .... Bref, on se voile les yeux à cause du niqab. En référence à l'article d'Alexandre Robillard - La Presse canadienne à Québec, Kenney distingue le vote de la citoyenneté, in Le Devoir, 29 septembre 2015 : www.ledevoir.com/politique/canada/451231/visage-voile-kenney-distingue-le-vote-de-la-citoyennete



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Le Journal/Fil de presse/analyses


Lancement d'Antidote 9. On y était!


Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com



Michel Handfield (2015-11-07 ,version corrigée de mon Facebook du 3 novembre dernier)



Votre humble éditeur-rédacteur de Societas Criticus au lancement d'Antidote 9 dont j'ai eu la chance d'essayer une version bêta au préalable. J'ai trouvé sa précision augmentée, notamment pour les accords. Et, ce n'est pas une idée de moi, car on en a d'ailleurs eu un exemple dans la présentation.



Aussi, j'aime bien le dictionnaire des synonymes. Dans les nouveautés, il pourra traiter l'anglais, un plus, notamment pour les étudiants et chercheurs qui ont à intégrer des citations en anglais dans leurs textes. Pour infos: www.antidote.info/



Pour le plaisir, quelques photos faites autour de cet évènement !


Dans la petite Bourgogne ! En chemin vers le lieu du lancement d'Antidote 9. Pour ceux qui ne connaissent pas ce coin historique de Montréal : https://fr.wikipedia.org/wiki/Petite-Bourgogne











Le rendez-vous était à L'Arsenal, art contemporain : http://arsenalmontreal.com/.






Sur la photo, André d’Orsonnens, président de Druide. www.druide.com











Et, à la sortie, trop drôle : pancarte de L-P Boulanger, candidat de la CAQ dans Saint-Henri à côté de la minoterie Ardent Mills (http://fr.ardentmills.ca/) qui fait la farine Five Roses  ! Pour ceux qui ne l'auraient pas compris : Boulanger et farine !

















Forum Social Mondial, Montréal 2016



Societas Criticus, revue de critique sociale et politique, Vol. 17 no 8, Le Journal/Fil de presse : www.societascriticus.com



Michel Handfield (2015/10/19)



FORUM SOCIAL MONDIAL 2016 Le 4 octobre dernier, j’ai assisté à la conférence de presse du Forum Social Mondial (FSM), qui aura lieu à Montréal du 9 au 14 aout 2016, où l’on attend de 50.000 à 80.000 participants.



C’est la première fois que le FSM aura lieu dans un pays du nord nous a t’on-dit. Si Montréal fut choisi après avoir été proposé, c’est que notre militantisme a plaidé en notre faveur pour obtenir cet évènement ont dit les organisateurs. Rappelons-nous le printemps érable par exemple ! Mais, ne partez pas en peur, cet évènement est très bien encadré et appuyé par des organisations de la société civile et de l’éducation entre autres. (1) La ville de Montréal a aussi appuyé cette candidature pour obtenir ce sommet ici. (2) J’ai déjà annoncé tout cela sur Facebook. C’était ma première étape.



Maintenant, je prends quelques instants pour revenir sur deux points qui ont attiré mon attention lors de cette conférence  de presse.



D’abord, si le premier Forum Social Mondial date de 2001 à Porto Alegre au Brésil (3) et que c’est la première fois qu’il vient dans un pays du nord, ce n’est pas notre premier évènement du genre. En effet, en 2001, avait eu lieu à Québec le Sommet des peuples (4), dont la première édition a eu lieu en avril 1998 à Santiago, au Chili. (5) Ce Sommet c’était tenu en parallèle au Sommet des Amériques de Québec. (6) Il ne faudrait pas l’oublier. Il se voulait un contre sommet officiel au mouvement de libre-échange des Amériques qui était alors en marche. (7)



Je me demandais si le FSM avait pris la place du Sommet des peuples, mais tel n’est pas le cas même si on n’entend plus vraiment parler de ce dernier. Il existe toujours, mais concerne davantage l’Amérique latine et les Caraïbes (8) que l’Amérique dans sa globalité ou le monde. Par contre, on rapporte leurs rencontres dans les médias alternatifs et on en trouve facilement la trace sur Google. (9) On les retrouve aussi sur des plateformes comme Facebook (10) et  blogspot (11) plutôt qu’un site internet traditionnel. Bref, le Sommet des peuples existe toujours et  assume bien son côté alternatif !



Ensuite, concernant la notion Nord/Sud qui parsemait cette conférence de presse, j’ai écrit ceci sur mon Facebook (2016-10-04) :



« 2016, c'est aussi l'année de la présidentielle États-Unienne. Avec le projet d'au moins un candidat à l'investiture républicaine de faire un mur entre les É-U et le Canada comme il y en a déjà un entre les É-U et le Mexique, est-on si différent d'un pays du Sud ? Comme eux, on fournit des ressources au Centre. On est un pays périphérique. En fait, la notion centre/périphérie est peut-être plus juste que Nord/Sud. »



Ceci mérite quelques explications pour le profane de ces questions. Alors, les voici :



1) Dans le cadre de l’investiture républicaine, Scott Walker a émis l'idée de faire un mur (de 8891 kilomètres) entre les États-Unis et le Canada comme il en existe déjà un entre eux et le Mexique. (12) Le libre-échange et le marché ouvert, ce n’est certes pas pour les citoyens en Amérique contrairement à l’Europe. La libre circulation, c’est pour les entreprises et l’argent, non pour les gens.



2) Une large part de nos exportations vers l’étranger sont des ressources naturelles. Avec le plan nord du gouvernement du Québec et les visées d’exporter davantage de pétrole de l’Ouest canadien, cette portion des ressources dans notre économie n’est pas près de baisser. En conséquence, les chiffres d’une étude de 2005 sont probablement conservateurs, mais éclairants sur notre modèle économique :



« L’essor récent des marchés des produits de base a fait à nouveau ressortir l’importance des ressources naturelles du Canada qui, pour la plupart, vont à l’exportation. Il est souvent question de cette importance dans l’ensemble de nos exportations et, à ce propos, on cite fréquemment un pourcentage de 40 %. (13) Cette proportion des ressources naturelles dans les exportations brutes est passée à 50 % grâce au commerce florissant des produits de base ces deux dernières années. On constate cependant, après déduction du large contenu importé des exportations de produits manufacturés, que la part des ressources naturelles dépasse les 60 % et que notre pays appartient à un peloton unique de grands pays industriels. Il se range aux côtés de la Norvège et de l’Australie, pays où dominent les exportations de ressources. Le Japon se situe aux antipodes, puisqu’il importe la plupart de ses ressources et n’en exporte presque pas. » (14)



Si on est un pays du Nord, on exporte des ressources vers les États-Unis tout comme le Sud le fait. Quant à notre industrie automobile, tout comme pour le Mexique, on fournit de la main-d’œuvre, mais on est loin d’en être le maitre d’œuvre ! On est donc périphérique à l’économie centrale du continent : les États-Unis. Ceci nous amène à notre dernier point.



3) À la division Nord/Sud, je préfère les notions de Centre/Périphérie et de pays développés et en voie de développement que j’ai utilisé dans mon mémoire de maitrise (15), auquel s’ajoute maintenant la notion de pays émergents pour ceux qui connaissent un développement économique rapide (16), car elle décrit mieux la réalité des dépendances non seulement mondiales, mais régionales, que la seule division Nord/Sud ne le permet.



Puis, avec la mondialisation, la pauvreté ne suit plus les mêmes lignes géographiques qu’autrefois. Des pays pauvres peuvent avoir des poches de richesses alors que des pays riches ont des poches de pauvretés, parfois de plus en plus nombreuses d’ailleurs.



Les divisions ethnoculturelles et socioéconomiques ne sont plus aussi évidentes qu’autrefois non plus, même si plus nombreuses parfois, car diffuses, leurs frontières n’étant plus nationales, mais régionales, voire même à l’échelle d’un quartier ou de quelques rues seulement. Puis, une ethnie majoritaire peut être ostracisée alors qu’une autre, minoritaire, peut se voir en situation de domination, question de contrôle des moyens « de décision et de la connaissance ». (17)



Des membres d’une même ethnie peuvent aussi avoir un statut socioéconomique fortement différencié selon leur situation géographique s’ils vivent en région éloignée, dans un centre régional ou dans une grande ville par exemple ; leur maitrise d’une ou de plusieurs langues; et leur formation. Bref, avec le rétrécissement du monde économique se sont élargi les possibilités de choix personnels, les différences individuelles et les facteurs de différenciation socioéconomiques, politiques et culturels, incluant les religions, parfois source de conflits et de tensions.



Le monde se rapetisse et se complexifie en même  temps, ce qui fait  qu’un exercice comme le Forum Social Mondial ne peut qu’être bienvenu dans ces circonstances. À Montréal, du 9 au 14 aout 2016 : www.fsm2016.org



Notes



1. www.fsm2016.org/soutien/groupes/



2. www.fsm2016.org/wp-content/uploads/2013/12/lettre-dappui-ville-de-montreal-fr.pdf



3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Forum_social_mondial



4. Gaétan Chênevert y était d’ailleurs pour Societas Criticus. Voir notre numéro « Spécial Mondialisation », Societas Criticus, Vol. 3, no.2,           Printemps-été  2001 :

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/html/2001/v03n02/v03n02.htm (HTML)



http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs62018 (PDF)



5. Voir « Le défi des Amériques. Le Sommet des peuples » sur le site de Radio-Canada : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/mondialisation/SommetPeuple.shtml



6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_des_Amériques_de_Québec



7. Voir « Le défi des Amériques. Le Sommet des peuples » (note 5) 



8. « La Cumbre de los Pueblos es una reunión de representantes de organizaciones y movimientos sociales de corte socialista de América Latina y el Caribe en la que se cuestionan las relaciones de Estados Unidos con la región, y se sientan posiciones sobre los problemas sociales buscando presentar reclamos a los diferentes gobiernos. » (https://es.wikipedia.org/wiki/Cumbre_de_los_Pueblos)



9. Voici 3 hyperliens à ce sujet :



- http://www.intal.be/fr/le-sommet-des-peuples



- http://www.legrandsoir.info/declaration-finale-du-sommet-des-peuples-panama-2015.html



- http://www.pressegauche.org/spip.php?article21711



10. https://www.facebook.com/cumbresindical



11. http://cumbrepueblos2015.blogspot.ca/



12. KEVIN FREKING de l’Associated Press (WASHINGTON), Un républicain évoque l'idée d'ériger un mur entre les États-Unis et le Canada, in La Presse, 30 août 2015 : www.lapresse.ca/international/etats-unis/201508/30/01-4896424-un-republicain-evoque-lidee-deriger-un-mur-entre-les-etats-unis-et-le-canada.php



LOUIS-SAMUEL PERRON, L'idée d'un mur entre les États-Unis et le Canada jugée «ridicule», in La Presse, 1er septembre 2015 : www.lapresse.ca/international/etats-unis/201508/31/01-4896811-lidee-dun-mur-entre-les-etats-unis-et-le-canada-jugee-ridicule.php



13. (NDLR : Ceci est cité dans le texte original.) Voir l’exemple que donnent F. Novin et G. Stuber : « L’évolution récente des cours mondiaux des produits de base et son incidence sur l’économie canadienne ». Revue de la banque du Canada, été 1999.



14. Philip Cross et Ziad Ghanem,  Étude spéciale : Les ressources naturelles dans les exportations canadiennes, in L'Observateur économique canadien, Mai 2005 :  www.statcan.gc.ca/pub/11-010-x/00505/7894-fra.htm



Pour des « Données et faits saillants [récents] sur le secteur des ressources naturelles », voir www.rncan.gc.ca/publications/faits-saillants/16014



15. Handfield, Michel, 1988, « La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail : une nouvelle perspective », mémoire de maitrise (PDF) :  http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/division_internationale_travail/pdf/HandfieldMLaDITetlesNFOTunenouvelleperspective.pdf



16. Mais, à l’époque de la rédaction de mon mémoire de maitrise, cette notion de pays émergents n’existait pas. Par contre, j’avais écrit « les nouveaux pays industriels qui émergent à la Périphérie ». (Handfield, M., 1988, Op. Cit., p. 72 – 83 de la version PDF) C’était précurseur ! Pour l’explication de « pays émergents » : www.ecoinfosmonde.com/p/qui-sont-les-pays-emergents.html



17 J’ai emprunté cette formule à TOURAINE, Alain, 1969, La société postindustrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations. p. 76



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D.I., Delinkan Intellectuel, revue d’actualité et de culture


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AVIS (révisé le 2014-03-23)


Dans les textes cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, non le mot à mot.


Si, pour ma part, j'écris commentaires ou sociocritique, c'est que par ma formation de sociologue le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra, le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques et les questions soulevées. Le film, par exemple, est un matériel sociologique; un révélateur social, psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique. C’est ainsi que, pour de très bons films selon la critique plus traditionnelle, je peux ne faire qu’un court texte alors que pour des films décriés en cœur, je peux faire de très longues analyses, car le film me fournit davantage de matériel. Je n’ai pas la même grille ni le même angle d’analyse qu’un cinéphile. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi. Je peux par contre comprendre leur angle. J’encourage donc le lecteur à lire plus d'un point de vue pour se faire une idée juste.


Il faut aussi dire que je choisis les films que je vais voir sur la base du résumé et des « previews », ce qui fait que si je ne saute pas au plafond à toutes les occasions, je suis rarement déçu. Lorsque je ne suis pas le public cible, je l’écris tout simplement. Si je n’ai rien à dire ou que je n’ai pas aimé, je passerai mon tour, car pourquoi priverais-je le lecteur de voir un film qui lui tente? Il pourrait être dans de meilleures dispositions que moi. Une critique, ce n’est qu’une opinion après tout. Une indication qu’il faut savoir lire, mais jamais au grand jamais une prescription à suivre à la lettre.


Michel Handfield, d’abord et avant tout sociologue.



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DI a vu! (Ciné, Théâtre, Expositions et quelques annonces d’évènements)


La divine illusion (TNM : www.tnm.qc.ca/)   



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Une pièce de Michel Marc Bouchard



LA DISTRIBUTION (avec quelques ajouts tirés du livre paru chez Leméac/Théâtre) :



MIKHAÏL AHOOJA : TALBOT, jeune séminariste de famille pauvre ;

SIMON BEAULÉ-BULMAN : MICHAUD, jeune séminariste de famille aisée ;  

ANNICK BERGERON : MADAME TALBOT, ouvrière de la chaussure ;

LUC BOURGEOIS : MEYER, imprésario de Sarah Bernhardt ;

ÉRIC BRUNEAU : FRÈRE CASGRAIN, témoignant du prestige du Grand Séminaire ;

ANNE-MARIE CADIEUX : SARAH BERNHARDT ;

LOUISE CARDINAL : THÉRÈSE DESNOYERS, ouvrière de la chaussure ;

GÉRALD GAGNON : LE PATRON DE L’USINE de chaussure ;

MARIE-PIER LABRECQUE : MADELEINE, jeune comédienne de la troupe de Sarah Bernhardt ;

DOMINIQUE LEDUC : EMMA FRANCOEUR, ouvrière de la chaussure ;

LÉVI DORÉ : LÉO, jeune frère de Talbot (12 ans) et ouvrier de la chaussure ;

LAURIER RAJOTTE : LE PIANISTE.



UNE PIÈCE POUR SARAH BERNHARDT



Le tandem Michel Marc Bouchard et Serge Denoncourt, qui nous a éblouis et touchés avec Christine, la reine-garçon, nous revient avec une nouvelle fiction historique qui (re)compose le passé pour mieux nous faire saisir l’imparfait du présent. Féru d’histoire québécoise, Michel Marc Bouchard s’inspire cette fois-ci de la visite de la divine Sarah Bernhardt à Québec en décembre 1905 pour créer un bouleversant portrait de société : la classe ouvrière naissante est déjà séduite par le capitalisme qui l’écrase, l’Église est à la fois lieu d’oppression et d’espoir et le théâtre commence à apparaitre comme le seul territoire où le réel pourrait s’arracher à lui-même.



La ville est en émoi : Sarah Bernhardt arrive à Québec. Nul n’en est plus excité que Michaud, un séminariste que le théâtre attire bien plus que la prêtrise. Nul ne s’en fiche davantage que Talbot, pour qui la prêtrise n’est rien d’autre que le chemin que sa mère lui a imposé pour sortir sa famille de la misère et du travail en usine. Or, la venue de la plus célèbre comédienne du monde bouleversera ces destinées jusque-là terriblement prévisibles.



Et, pour incarner celle par qui le théâtre et le scandale arrivent : la magnifique Anne-Marie Cadieux.



https://vimeo.com/144628586



Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)



UnLa divine illusion e minute de silence avant d’écrire ! Pour Paris et toutes les victimes de l’intolérance religieuse et idéologique dans le monde.



J’ai vu La divine illusion le vendredi 13 novembre à 20 heures. Avant la pièce et à l’entracte, j’ai vérifié les évènements de Paris (1) sur mon téléphone portable. Cela change la vision d’une pièce. Je n’ai pris qu’une note : « Avec pianiste ».



Il faut dire que la veille j’avais assisté au lancement du texte de la pièce publié chez Leméac (www.lemeac.com). (2)   Il sera en vente dans le hall du TNM tout le temps que la pièce tiendra l’affiche. (3) Où je le citerai dans la suite de ce texte, vous trouverez la page entre parenthèses.



La divine illusion, c’est la quadrature du cercle ! Les quatre pièces du puzzle sont l’Église, représentée par Casgrain ; le théâtre et les arts, incarnés par Sarah Bernhardt ; la classe ouvrière par Talbot et ses proches ; le capital par le patron de la fabrique de chaussures. Et, Michaud, notre jeune séminariste de famille aisée, fils de ministre, navigue en ces eaux et nous fait découvrir ces mondes avec – et malgré ! - son idéalisme.



D’abord, l’Église, c’est le carcan. La pensée toute faite à suivre sans poser de questions pour être sauvée. C’est la voie de la facilité : écouter le sermon ou une téléréalité même non-combat : le cerveau reste à « off » et ne cherche surtout pas à remettre sa condition en cause.  Les intellectuels sont d’ailleurs mal perçus par le pouvoir ecclésiastique tout comme les revendicateurs de tous acabits : libéraux, intellectuels, scientifiques et syndicalistes pour en nommer les principaux exemples. Des gens qui posent des questions et dérangent. Tous des communistes dira plus tard Duplessis.



L’Église sait, mais comme on est une pièce d’un puzzle plus grand que soit – divin en l’occurrence ! - on doit suivre le plan déjà tracé. On n'a pas à se poser de questions ; on est dans la prédétermination. La récompense suivra dans l’au-delà. Même chose pour le terrorisme. Le parallèle m’apparaissait frappant en ce soir de première sur fond d’attentats à Paris. Les prêtres auraient pu fomenter la révolution au nom de Jésus s’ils avaient voulu le faire. D’ailleurs, n’ont-ils pas déjà fait des guerres ? Ils pouvaient aussi abuser sexuellement d’enfants et maintenir le silence des parents, des autorités et des médias sur le sujet. C’est dire leur Pouvoir, « cautionné » par Dieu. Très actuel comme pièce… même si cela se passe en décembre 1905. C’est qu’en cette journée du 13 novembre 2015, des gens, à Paris, à qui l'on a fait croire que Dieu leur demandait de tuer des infidèles l’ont fait. La servitude volontaire comme l’a écrit La Boétie. (4)



Avec le patron et la « shop » de chaussures, on peut penser aux descriptions du travail et des conditions de la vie ouvrière que l’on retrouve dans Le Capital de Karl Marx, comme le travail des enfants. Et le patron d’expliquer à Casgrain, Michaud, Sarah Bernhardt et les autres personnes présentes à la manufacture :



« Descendez donc de vos saints principes ! Vous êtes-vous déjà demandé, une seule fois dans vot’ pieuse de vie, c’étaient qui les p’tites mains du sud qui ramassaient la mélasse pour vos desserts ? C’est qui les p’tites mains d’Orient qui tissent les tapis pour vos presbytères ? Les p’tites mains d’Afrique qui sortent l’or des mines pour vos parures d’Églises ? J’continue ? Prenez des notes, l’auteur ! L’homme profite de l’homme. L’homme profite des femmes… Pis pour les enfants, tout le monde le sait, mais tout le monde fait semblant que ça existe pas. »  (p. 110)



Ce n’est pas pour rien qu’on assistera à la montée du marxisme et du syndicalisme un peu plus tard. Et, si l’Église a longtemps fermé les yeux, certains de ses serviteurs commenceront à les ouvrir, comme Casgrain :



« L’Église ne se contente plus de bénir les usines, Monsieur. Elle se préoccupe maintenant de savoir ce qui s’y passe. Je n’arrive pas à m’imaginer l’impact d’une mauvaise publicité si une célèbre actrice apprenait ce qui se passe ici. » (p. 103)



Et, des prêtres comme Talbot seront de la trempe à s’impliquer dans la création des syndicats catholiques, ancêtre de la CSN. Beaucoup plus tard, ils iront vers la théologie politique : la théologie de la libération des années 1970 (5) qui a aussi donné les prêtres ouvriers et les groupes populaires.



Par contre, avec l’arrivée de Jean-Paul II, ce courant sera forcé au silence, ce pape polonais étant plutôt conservateur et contre les courants de gauche, ayant connu les affres du stalinisme et ses suites en URSS. Il semblait ignorer que les deux extrêmes, la droite fasciste et la gauche staliniste, étaient fort semblables du point de vue des dérives et des exactions envers les Hommes pour le profit de quelques-uns. Il lui manquait de recul. Et ramener toute l’œuvre de Marx aux seules pages du Manifeste du parti communiste, c’est passer à côté d’un travail de description et d’analyse de la condition ouvrière du XIXe siècle et d’une vision moderne du monde. (6)  Ce que cette pièce dit de la manufacture, c’est ce que Marx décrivait en détail dans Le capital, incluant toute l’analyse critique du régime capitaliste et de ses assises.



Ces idéologies – le conservatisme, la religion, le libéralisme, voire la liberté incarnée par Sarah Bernhardt et son entourage – on les retrouve dans cette pièce. Comme cette idée que le théâtre populaire est mère de la perversion. L’Église de Québec s’y oppose avec tant de véhémence que plusieurs de ses ouailles suivent sans avoir vu et agissent sans savoir :



« Michaud au public. Ce fut l’une des plus longues ovations de sa carrière. Le tapage joyeux des étudiants présents au spectacle, ceux qui avaient osé défier l’autorité de l’archevêque, se fit entendre tout au long des saluts. (…) Mais à l’extérieur du théâtre, au même moment, c’était la bousculade. D’un côté, des dévots par dizaines voulaient la tête de Sarah ; de l’autre, les Chevaliers du travail insultaient le public qui en sortait. Quand Sarah apparut à son tour, on lui lança des œufs pourris, des blocs de glace, des pavés. » (p. 125)



Vraiment différent de quelques illuminés que l’on connait aujourd’hui ? L’on dira que c’était il y a plus de 100 ans pour marquer la différence. Pourtant, au TNM, il y a moins de 40 ans, « Les fées ont soif » de Denise Boucher ont eu leur effet. Outre les manifestations à l’extérieur du théâtre la pièce s’est vue retirer la subvention du Conseil des Arts de la région métropolitaine de Montréal ; faire face à une « demande d’injonction pour faire interdire la pièce » et « une pétition de 250 000 noms et la condamnation de l’archevêque de Montréal » en plus de « menaces de mort ». (7) Elle ne fut jamais reprise au TNM depuis. Alors, la divine illusion, historique ou reflet d’un certain conservatisme qui existe encore dans un Québec d’aujourd’hui ?  Faudrait-il remonter les fées ont soif pour le savoir ? La question est posée.



La pièce de Michel Marc Bouchard est très contemporaine malgré son sujet historique et elle ne pouvait mieux tomber.



Notes



1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_13_novembre_2015_en_France



2. www.lemeac.com/catalogue/1552-la-divine-illusion.html



https://scontent-ord1-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xat1/v/t1.0-9/12219379_10153776827638556_3983394519896797390_n.jpg?oh=a55f6c32c1305a4c5f73ccc577aceccd&oe=56F2B1E4 3. Comme je l’ai écrit sur Facebook en ce soir de lancement :

 

« Parfois, couvrir un évènement, comme le lancement du livre La divine illusion au TNM, nous permet de faire de l’introspection. Étant à l’arrière, près d’une colonne, on m’a invité à me joindre aux personnes en place. J’ai décliné. Moi qui suis pourtant très social, trop jaseur parfois, je suis plutôt à l’écart dans ces évènements. Je viens de trouver pourquoi : je ne veux pas être témoin des conversations pour ne pas écrire accidentellement un potin ou rapporter un passage de conversation hors contexte sans m'en apercevoir. Une précaution éthique personnelle probablement inconsciente. »



4. https://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire



5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Théologie_de_la_libération



6. Attali, Jacques, 2005, Karl Marx ou l'esprit du monde, France : Fayard (Documents)

MARX, Karl, 1977, Le Capital, tome 1,2, et 3, [1 ère édition1867], Paris: éditions sociales.



7. http://lequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/famille_pdf/16_03_2012/2._les_fees_ont_soif.pdf





Héroïne(s) (Théâtre)



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



ARTISTE INCONNU / NICOLAS BERZI

MONTRÉAL / PREMIÈRE MONDIALE

THÉÂTRE MULTIDISCIPLINAIRE

12 AU 14 NOVEMBRE / JEUDI AU SAMEDI À 20H

17 AU 21 NOVEMBRE / MARDI AU SAMEDI À 20H



Montréal, le 15 octobre 2015 – La Chapelle accueille pour une deuxième année consécutive Nicolas Berzi et sa compagnie Artiste Inconnu pour une autre production entre théâtre, scénographie multimédia et performance. Après le succès de Peep Show en février 2015, l’artiste récidive avec une œuvre mettant en scène l’univers onirique de trois femmes décédées d’une overdose.



Berzi s’intéresse aux codes théâtraux et aux limites/possibles qui en découlent : « Comment aborder la question du corps héroïnomane ? Comment peut-il se déployer dans l’incarnation théâtrale ? Qu’est-ce qu’il nous fournit comme modèles performatifs ? Une des façons de nous rapprocher de ce phénomène a été d’intégrer des témoignages personnels des comédiennes face à leur propre rapport à la dépendance », explique Berzi.



Trois femmes héroïnomanes sont dans leurs cercueils respectifs, mortes d’une overdose. Cette mort annoncée ou déjà advenue ouvre sur un univers éclaté qui défilera en plusieurs temps. [...] La scène, prenant l’allure des différents territoires dans lesquels elles sont plongées, soumises par leur dépendance qui les entraine les unes vers les autres, dévoile surtout leurs solitudes respectives, dans l’isolement de leurs pratiques marginales, de leurs souffrances incurables.



UNE PRODUCTION ARTISTE INCONNU. UNE PRÉSENTATION LA CHAPELLE. CRÉÉE EN RÉSIDENCE À LA CHAPELLE.



LA CHAPELLE / 3700 SAINT-DOMINIQUE / BILLETTERIE 514.843.7738 / www.lachapelle.org



Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)



« Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente, D'accord, mais de mort lente. » MOURIR POUR DES IDÉES - GEORGES BRASSENS (1)



Pourquoi ce mot ? C’est que dans la dernière partie de la pièce, une fois que les mortes sont retournées dans leur tombeau, après nous avoir raconté leurs histoires, les comédiens veulent interagir avec l’assistance sur la question des dépendances. On pourrait leur poser des questions ? (Aux spectateurs.) Naturellement, cela donne une interaction entre eux, où ils trouvent la question trop compliquée pour le public et l’un des trois y répond. Puis vient une question où personne ne répond. Mais, à la deuxième question, sur amour et dépendance si je me souviens bien, moi j’ai répondu genre que pour aimer il faut être soi. C’est la complémentarité qui compte. Puis, à la troisième question, une autre personne de l’assistance a aussi répondu. Mais, à la quatrième question, sur la mort et la dépendance, ce sont les comédiens qui ont repris le relai. Moi, j’eusse cité Georges avoir pu répondre, car si je suis drogué c’est de mots. Merci Sol qui a bercé mon enfance. (2)



Cette finale se veut réflexive et instructive. On y apprend par exemple que l’héroïne a été découverte par un médecin pour soigner les enfants atteints de la tuberculose. Qu’un médecin, un auteur ou un anthropologue ne donneront pas la même définition de la drogue. Bref, une pièce à présenter non seulement au théâtre, mais dans les écoles secondaires et les cégeps selon moi.



Revenons maintenant à la pièce.



Cette pièce multimédia est accompagnée par un guitariste.



On est d’abord dans le néant. Comme des images télé en absence de signal. Puis sortent les mortes de 3 tombes pour nous raconter le parcours qui les a conduites là. « Se remémorer avant. Avant le début de la fin. »



Avec le multimédia, ça donne un genre cinématographique au tout. Ce n’est pas une distraction. En gros, les personnages sont les suivants :  



- Marie Laurence, 32 ans, « junkie ». Elle a un organe du manque qui lui fait couler du poison dans les veines. Elle aime ça plus que le sexe ; ça la fait vivre et lui donne le courage de faire ce qu’elle a à faire. Mais ça l’empoisonne aussi. C’est la mort qu’elle s’injecte.



- Lia. C’est celle qui a toujours l’air d’être à côté. Inquiète et entre deux chaises. Quand elle dit avoir entendu des oiseaux imitateurs de sons, comme des sirènes de pompier ou un système d'alarme, les autres rient d’elle. En fait c’est le cas des étourneaux sansonnets dans les grandes villes. (3) C’est aussi elle, je crois, qui raconte avoir vu une handicapée :



« Si je l’aide, elle va penser que je la prends pour une incapable. Si je ne l’aide pas, je passe pour une sans cœur. C’est poche, quoiqu’on fasse ou ne fasse pas, c’est toujours incorrect. »



- Pascal, 44 ans, pas de « e » à la fin. À 10 ans, je me regardais et je voyais un « e » sur mon visage, mon sexe... Maintenant je suis la « trans », la « freak » la « salope »... Je me suis tailladé. Quand je m’injecte, mon « e » est libre.



Une pièce sur l’être et le mal être. Sur le mal que l’on se fait et qui nous est fait ne serait que parce que l’on est différent. Pourtant cela se passe dans des sociétés qui défendent l’individualisme et où des entreprises affirment « Do it » dans leurs pubs (4), car il faut être soi-même, mais s’insérer dans la masse en même temps. On est dans le règne de « La pensée unique » (5) individualisée. Une société schizophrène.



Notes



1. www.paroles.net/georges-brassens/paroles-mourir-pour-des-idees



2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Sol_et_Gobelet



3. “Common starlings are very good at imitating. Sirens, car alarms, croaking frogs; just name it, they are likely to imitate it.(http://eol.org/pages/922253/details)



4. On peut penser à “Just do it” marque déposée de Nike. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Just_Do_It



5. Kahn, Jean-François, 1995, La pensée unique, Fayard, col. Pluriel





This duet that we've already done (so many times) - Danse



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Frédérick Gravel



Chorégraphe, musicien, danseur et touche-à-tout aussi inspirant qu’inclassable, Frédérick Gravel nous livre un duo à l’allure de tableau réaliste. Avec la vivifiante Brianna Lombardo, il partage la scène et une complicité qui permet toutes les inventions. Elle est le contrepoint à sa maladresse assumée. Émancipés des codes traditionnels d’un spectacle de danse, ils construisent un langage dramatique original où de légers accidents se transforment en autant d’arguments de mouvement. Sous son allure simple et décontractée, le duo évolue doucement entre les états, et à travers un jeu de présence d’un naturel troublant, il poétise le banal. Moment rare et précieux qui ne cesse de surprendre et de déstabiliser par son apparente désinvolture, cette nouvelle création se révèle pétrie d’humanité et de vulnérabilité.



www.agoradanse.com



Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)



La danse comme philosophie !



On est face à un homme et une femme. Une rencontre. Ce sera la séduction ou l’indifférence ? L’acceptation ou le refus ? Un couple qui se forme comme un couple qui se défait, sur un coup de tête, un hasard. Un faux pas et on s’éloigne, un regard et on se saute dans les bras. La danse comme la vie. Tout se passe finalement entre les deux oreilles : suivre le rythme comme évoluer avec l’autre dans le couple. Briser le rythme et s’éloigner à jamais.



007 SPECTRE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Réalisateur: Sam Mendes

Producteur: Michael G. Wilson, Barbara Broccoli

Distribution: Daniel Craig, Christoph Waltz, Léa Seydoux, Naomie Harris, Ben Whishaw, Dave Bautista, Monica Bellucci, Ralph Fiennes


Dans 007 SPECTRE, un message mystérieux provenant du passé de Bond le lance à la poursuite d’une organisation sinistre. Tandis que M combat les forces politiques afin de garder les services secrets actifs, Bond enquête afin de déceler les terribles secrets de SPECTRE.


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-07)



Bond ne travaille pas pour le gouvernement, il est « Au service secret de Sa Majesté » ! (1) Pour M, son patron, qui dit travailler pour la démocratie, James travaille pour lui-même et ne fait confiance à personne. Peut-on lui reprocher?


Parfois, la démocratie est sous contrôle de technocrates idéologiques, comme C, qui favorisent et conseillent la désétatisation de l'État, car on ne fait pas que sous-traiter des services gouvernementaux : on donne le contrôle de l'information aux entreprises privées. Et, qui dit contrôle de l'information, dit contrôle de l'État; des États avec la mondialisation. C'est d'ailleurs ce que Touraine avait entrevu dans La société post-industrielle :



« On peut appeler technocrates ceux qui distendent la relation entre ces deux termes [la rupture entre l'équipement et le service] au profit de l'équipement, se dévorant lui-même, se transformant en accumulation non rationnelle de puissance, créant ainsi des conflits sociaux. » (2)



Les gouvernements, au nom de la rationalité économique et de la mondialisation, peuvent se donner - même pas se vendre ! - au capitalisme et à ses têtes dirigeantes, qui ne sont plus les actionnaires, mais les technocrates de l'information et du contrôle des données. Mais, James sera là pour protéger l'assise du Pouvoir, aidé de Q, qui fera son possible pour le couvrir, et de M qui viendra à le suivre malgré les instructions de C qui veut fermer ce service. Naturellement, il lui faudra d'abord être placé face au gouffre pour vraiment plonger avec James. Avant, il tergiverse diplomatiquement en bon fonctionnaire qu'il est même s'il sent – et sait – que ce n'est pas une bonne affaire.


Tout cela se fait au profit de la surveillance électronique exercée par des firmes privées à forfait, fort lucratives d'ailleurs, en plus de leur permettre d'avoir la main haute sur une foule d'informations confidentielles et stratégiques. Irréel? Pas tant que ça, si l'on se rappelle bien tout ce qu'Edward Snowden a révélé ces dernières années. (3) Puis, combien d'organismes ont été créés par des accords internationaux pour maintenant contrôler les droits des États? Plusieurs. Si certains sont dans le giron des Nations-Unies et fort louables dans leurs objectifs, d'autres sont plus obscurs pour le citoyen et ont des impacts sur sa vie comme l'Organisation mondiale du commerce (4) et la Banque mondiale (5). Et on ne parle pas de la Trilatérale, qui n'est pas une fiction. (6)


C'est là un excellent film politique. Il ne faudrait pas que les institutions supranationales (7) tombent dans les mains de la pieuvre, le symbole du Spectre dans ce film (8), mais de la mafia dans la vraie vie  ! (9) Elle aurait alors le contrôle même sur ceux qui cherchent à la mettre hors d'état de nuire. Un pouvoir quasi absolu.




Par chance, même si la toile semble nous tenir et nous mettre sous contrôle, comme le croient les plus paranoïaques, elle permet aussi l'émergence de contrepouvoirs et de recherche de l'information, car le propre de toutes toiles est d'avoir des trous par où passer. James aurait pu être aidé par des « hackers » (10) et des gens « d'Anonymous » (11) comme dans « Live free and Die Hard » avec Bruce Willis. (12) L'Angleterre et les États-Unis se rejoignent ici.


Notes


1. C'est le titre d'un des films de la série: https://fr.wikipedia.org/wiki/Au_service_secret_de_Sa_Majesté_(film). On peut alors se demander : James est-il un anarcho-monarchiste ou anarcho-royaliste? La question est ouverte.


2. TOURAINE, Alain, 1969, La société post‑industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations, p. 70


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Snowden


4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_du_commerce


5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_mondiale


6. Deux liens : l'officiel (http://trilateral.org/) et Wiki (https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_Trilatérale)


7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_supranationale. Et, pour une liste des organisations internationales : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27organisations_internationales


8. L'image de la bague est tirée du site www.007.com


9. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mafia


10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hacker_(sécurité_informatique)


11. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anonymous_(collectif)


12.https://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Hard_4_:_Retour_en_enfer


Hyperliens


www.sonypictures.com/movies/spectre/


https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Bond


https://fr.wikipedia.org/wiki/Q_(James_Bond)


https://fr.wikipedia.org/wiki/M_(James_Bond)


https://fr.wikipedia.org/wiki/007_SPECTRE




UNE MODERNITÉ DES ANNÉES 1920 :  MONTRÉAL, LE GROUPE DE BEAVER HALL AU MBAM (www.mbam.qc.ca)

D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Luc Chaput (2015-11-05)

Après le très grand succès de l'exposition Rodin qui renouvela pour plusieurs la perception du travail de l'artiste  dans son atelier, voici venu le temps du groupe du Beaver Hall (1). Quelques années avant le centenaire de sa création, en 1920, Nathalie Bondil et son équipe rendent hommage à ce groupe d’artistes peintres,  femmes et hommes confondus, qui se sont regroupés pour quelques années (1920-1923) dans des studios de la côte du Beaver Hall et qui ont ainsi participé et témoigné de la modernisation du Montréal d'après la Première Guerre mondiale.

 

L'exposition est sous la direction des commissaires Jacques Des Rochers,  conservateur de l’art québécois et canadien (d’avant 1945) au Musée des Beaux-Arts de Montréal, et Brian Foss, directeur du School for Studies in Art and Culture de l'université Carleton à Ottawa.



Cette exposition nous fait comprendre les transformations qui ont lieu dans la métropole canadienne d'alors. Un court film sur la construction de la tour Bell en 1928, sur cette côte du Beaver Hall, témoigne du déplacement du quartier des affaires du Vieux-Montréal vers le boulevard Dorchester, maintenant René-Lévesque.



Existe aussi une certaine historiographie féministe qui, dans les années 1960, avait mis à l'avant-plan des femmes artistes qui faisaient partie du groupe. Alors que ce groupe avait la parité, pour employer un mot à la mode aujourd’hui, les associations d'artistes n'acceptaient généralement pas les femmes comme membres à l’époque, ce que souligne une caricature parue dans un document du temps exposé au Musée.



Un court métrage d'Adrien Hébert permet aussi au visiteur de voir le port de Montréal en 1928 et la construction du pont Jacques-Cartier, qui n'est pas encore nommé. Lui faisant face, une peinture du même Hébert, Le port de Montréal, cadre une petite partie du port avec un bateau et divers entrepôts. L'industrialisation y apparait embrassée par l'artiste de par son choix de formes.



Le titre de l'exposition, La couleur jazz, fait bien entendu référence au fait que les années 1920 ont constitué un moment important de la diffusion de cette musique dans une plus grande section de la société. Certains s'y sont rebellés associant les couleurs criardes de certaines peintures aux sons nouveaux, qualifiés même de bruits, de ces musiques détonantes dans le paysage plus classique de la musique d’alors. Montréal devient même, à partir de l'instauration de la prohibition aux États-Unis, un endroit où la fête peut avoir lieu avec consommation d'alcool. Il existe même une chanson d'Irving Berlin, Hello Montreal, dont l'affiche aurait pu être placée dans un présentoir. (2)



Bien entendu, c'est pour ces œuvres d'un groupe qui ne dura officiellement que trois ans, mais qui garde encore sa pertinence, que l'exposition a été conçue. Un regard différent est porté par Sarah Robertson Dans le jardin des sœurs. Les vives couleurs de la nature avec ses nombreuses formes rondes contrastent avec les trois figures noires des religieuses œuvrant dans cet enclos telles des pingouins. Mabel May redonne avec « Indienne, Oka » sa spécificité et sa grandeur à une Amérindienne traitée dans ce portrait empathique comme les Immigrantes par Prudence Heward.  Le Nu dans l’atelier de Lilias Torrance Newton fut mal accueilli en 1933 lors de sa présentation. Son aspect frontal choquait alors beaucoup et certains éléments renforçaient le scandale pour certains. On peut de plus supposer qu'un tel portrait féminin par une femme rajoutait à la difficulté d'acceptation. Il est d’ailleurs bon de remarquer que la tête du modèle cache en grande partie une scène d'hiver avec un homme très habillé.



Voilà quelques-unes des œuvres d'une relecture riche en découvertes qui fera cet hiver les beaux jours du musée avant l'arrivée de celle sur Pompéi l'an prochain.



Notes



1. www.mbam.qc.ca/expositions/a-laffiche/le-groupe-de-beaver-hall/ L’image (la couverture du catalogue) est tirée des documents de presses pdf.



2. p.95 du mémoire de Michael M. Hawrysh, Une ville bien arrosée : Montréal durant l'ère de la prohibition (1920-1933) : https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/11493



Hyperliens



http://www.imtl.org/edifices/Edifice-Bell-beaver-Hall.php



https://fr.wikipedia.org/wiki/Adrien_H%C3%A9bert



http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/hebert-adrien/



https://fr.wikipedia.org/wiki/Pont_Jacques-Cartier



http://www.archipel.uqam.ca/1953/1/M10773.pdf



http://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/heward-efa-prudence/   



https://www.gallery.ca/fr/voir/collections/artist.php?iartistid=3986




UNTIED TALES (THE VANISHED POWER OF THE USUAL REIGN)/Danse


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


CLARA FUREY ET PETER JASKO


27 > 31 OCT.


MARDI AU SAMEDI, 20H

MONTRÉAL + BRUXELLES

DANSE CONTEMPORAINE


Montréal, le 30 septembre 2015 - Duo flamboyant, Clara Furey et Peter Jasko partagent leur vie artistique entre Montréal et Bruxelles.


Tous deux jouissent d’une carrière professionnelle enviable : pour les initiés de la danse contemporaine, Jasko se passe de présentation. Artiste à la physicalité puissante et au charisme déroutant, son travail le fait voyager d’un bout à l’autre du globe depuis plusieurs années. Enseignant parmi les plus courus aux incontournables festivals Impulsdanz à Vienne en Autriche et Deltebre Danza en Espagne, sa gestuelle est faite de précision, de prouesse physique et d’une fluidité exceptionnelle.


Furey, véritable touche-à-tout, baigne dans la création et le milieu artistique depuis toujours. Cette femme-orchestre déploie son talent tous azimuts : de la danse à la performance, en passant par le cinéma, le vidéoclip et la musique, Clara Furey échappe aux étiquettes et ose toutes les digressions. Avec une fougue sauvage, elle se lance dans des projets aussi variés que déstabilisants. Qu’est-ce qui relie donc ces deux entités à priori si différentes? Un désir de la rencontre, un besoin d’aller vers l’autre.


« Cette pièce, aussi poétique que sombre, se déroule comme un conte défait. Elle aborde la rencontre de l’autre et de son grand plein de souffrances et de merveilles. Un monde hallucinogène où l’on n’est jamais aussi seul qu’on le croit et où ce que les yeux ne voient pas existe. Un constant sentiment d’urgence. Hands up, pour la transe, pour le drum, oui, pour que ça nous mène à notre destination finale… là où on sait qu’on ne saura rien. »


Chorégraphie et interprétation : Clara Furey + Peter Jasko

Conception sonore : Tomas Furey

Lumières : Alexandre Pilon-Guay

Aide à la dramaturgie : Catherine Gaudet


Photo : Untied Tales 02 © Marlène Gélineau Payette


Commentaires de Michel Handfield (2015-10-29)


Fusionner et survivre !


D'abord, oui, Clara et Tomas Furey sont frère et sœur. Ce sont aussi les enfants de Lewis Furey et de Carole Laure. Bref, le mouvement et la musique… ils l'ont dans le sang si je puis dire ! Et, ça parait. (1) Quant à Peter Jasko, ce n'est pas le premier venu non plus en danse contemporaine. (2) Alors, ici danse et musique font corps. En ce sens je peux dire que ce spectacle est fusionnel ! S'il n'y avait qu'un mot à retenir, ce serait celui-là.


Dans cet espace libre et noir, les corps parlent et la musique crée une ambiance enveloppante. Les yeux cherchent un sens et notre Être lui en trouve un selon notre « background ». On pourrait penser à une histoire humaine, avec ses espoirs et ses peines, allant de fœtus jumeaux au début à chercher à survivre dans un camp de concentration (la musique de Tomas fait parfois penser aux trains qui amenaient les gens vers les camps de la mort nazis) pour en sortir et se faire une vie malgré tout.


Mais, comme les fœtus dans le liquide amniotique, les astronautes qui sont en apesanteur peuvent avoir le même genre de mouvement. On pourrait donc être dans l'espace à la recherche d'une nouvelle planète pour fuir une terre rendue hostile à l'Homme à cause du surdéveloppement économique et du non-respect de l'environnement. Une course contre la montre pour survivre. Comme dans les camps de la mort.


C'est le second mot-clé de ce spectacle, de la vie et de l'humanité : survivre. Non seulement aux éléments extérieurs, mais aux dérives de sa propre espèce. N'est-ce pas là l'histoire du XXe siècle? Et, le XXIe siècle, avec de nouveaux conflits idéologiques, n'est pas bien parti non plus. Des centaines de pages pourraient être écrites là-dessus comme sur le XXe. (3)


Et, pour survivre, il faut parfois s'allier pour ne faire qu'un avec l'autre, puis travailler en force et en souplesse. Bref, il faut être fusionnel. N'est-ce pas aussi cela que la danse? N'ai-je vu que de bons danseurs sur scène? Oui, diront certains. Mais, si la danse est aussi communication, cela va nécessairement plus loin que les seuls mouvements de ces acteurs du mouvement. Comme en philosophie, le tout dépasse nécessairement et inévitablement la somme de ses parties. Comme pour un texte : c'est plus qu'une somme de lettres de l'alphabet alignées les unes après les autres sur une page : le tout doit être signifiant  ! Ce l'est; c'est un langage ! Reste à le décoder et c'est là le travail de l'analyste, du critique et du spectateur.


Notes


1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Clara_Furey


www.megmontreal.com/fr/1er-ao%C3%BBt-2015/divan-orange_01082015/item/622-tomas-furey-ca.html


http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2013-2014/chronique.asp?idChronique=375376 (incluant le « Vidéoclip de Beams and Shadows ».


2. www.ccnr.fr/p/fr/peter-jasko


www.tsekh.com/prepod.php?id=130


https://vimeo.com/86117659


3. À ce sujet, il faut lire Hobsbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth century, 1914-1991, London: Abacus, 627 p.




Ville-Marie de Guy Édoin



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



Ce deuxième long métrage de fiction de Guy Édoin (Marécages) dont la première mondiale a eu lieu au Festival international du film de Toronto, met en vedette Monica Bellucci, Pascale Bussières, Aliocha Schneider, Patrick Hivon, Louis Champagne, Stéphanie Labbé et Frédéric Gilles.



Au cœur de Montréal, les destins d’une actrice européenne (Monica Bellucci), de son fils (Aliocha Schneider), d’une infirmière (Pascale Bussières) et d’un ambulancier (Patrick Hivon) entreront en collision d’une manière brutale. C’est à l’urgence de l’hôpital Ville-Marie que leurs vies seront irrémédiablement bouleversées.



Écrit par Guy Édoin en collaboration avec Jean-Simon DesRochers, Ville-Marie avait été le tout premier scénario canadien à faire partie de la sélection officielle de L’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes en 2014. Guy Édoin s’est entouré de Serge Desrosiers à la direction photo, David Pelletier à la direction artistique, Julia Patkos aux Costumes, Yvann Thibaudeau au montage et la musique a été composée par Olivier Alary en collaboration avec Johannes Malfatti.



Le film a bénéficié de la participation financière de la Sodec, de Téléfilm, des programmes de crédit d’impôt provincial et fédéral ainsi que du Fonds Harold Greenberg, avec la collaboration financière de Ici Radio-Canada, Super Écran et Ici Artv. Ville-Marie est produit par Félize Frappier de Max Films Média et est distribué au Canada par Filmoption international et est vendu à l’international par Films Boutique.



Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?v=FB2WPgCyKlQ



Commentaires de Michel Handfield (2015-10-26) (1)



Texte à la mémoire de Gilles Houle.



Vu le FNC, j’ai complètement oublié d’écrire sur ce film que j’ai pourtant aimé. Mieux vaut tard que jamais !



Il nous offre un panorama d’histoires de vie aux destins croisés, mais aussi de la symbolique : les ruptures, selon qu’elles sont plus ou moins profondes font des trous plus ou moins profonds dans la vie comme dans les rues de Montréal. On est donc dans les parallèles ici. D’ailleurs, les rues de Montréal sont un acteur du film.



Ce film m’a d’ailleurs fait penser à Gilles Houle, professeur de sociologie de l’Université de Montréal, décédé il y a quelques années, car il donnait justement un cours d’analyse de contenu et parlait d’histoire de vie ! Je dédie donc ce texte à sa mémoire et j’encourage les étudiants en sociologie à voir ce film. J’encourage aussi le département de socio de l’U de M à un colloque Gilles Houle sur les méthodes qualitatives, trop souvent oubliées et laissées pour compte aux dépens des méthodes quantitatives. On le remarque dans les offres d’emplois en sociologie, déjà rares, mais sont encore plus rares celles qui demandent la connaissance des méthodes qualitatives par rapport à celles qui demandent la maitrise de méthodes quantitatives. Pourtant, les chiffres ne disent pas tout, sauf qu’il est plus facile de faire un contrôle statistique que qualitatif dans la tête des gestionnaires.



Note



1. J’ai revérifié mon texte, car un de mes anciens profs de l’U de M m’a fait remarquer que j’avais mis décédé au féminin. Ayant oublié une virgule entre Université de Montréal et décédé, le correcteur a accordé décédé et U de M au féminin ! C’est que parfois je passe le correcteur une dernière fois après m’être relu, pour éviter les coquilles, mais ça en crée parfois une nouvelle que je ne vois pas. « J’A1 AUSS! BEAU ME RELIR3  PLU5 D’UN3 FO1S, MAI5 PARFOI5 L3 CERV3AU NE VO1T PLU5 LES COQU!LL3S ! » (NDLR, 2015-10-27)





LA MORSURE DE L’ANGE/Théâtre (Terminé)



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



https://espacego.com : Du 20 au 24 octobre 2015, salle 2



Texte : Daniel Danis

Écriture scénique et mise en scène : José Babin + Alain Lavallée

Avec : Denys Lefebvre + Alain Lavallée

Voix hors champ : Paul Dion + Denys Lefebvre + José Babin

Voix chantée : Safia Nolin

Collaboration artistique : Fabrizio Montecchi

Musique : Guido Del Fabbro

Création des ombres : Alain Lavallée

Images vidéo : Martin Laroche

Décor : Loïc Lacroix Hoy

Conception du mannequin : Guy Fortin

Costumes et accessoires : Valérie Gagnon-Hamel

Éclairages : Andréanne Deschênes



« À 8 ans, mon père m’achète des belles bottes westerns en peau de serpent. Sur les planchers, ça faisait du bruit. Je devenais visible. Les gens du ciné-parc m’adressaient la parole : T’as don’ ben des belles bottes, petit. Comme ton père. » – Pierre-Yves



Janvier 2010, Pierre-Yves a congelé son père. À travers les carcasses de voitures qui envahissent maintenant le ciné-parc de son enfance, le fils règle ses comptes avec l’ombre de son vieux cowboy de père qu’il a vénéré et haï en même temps. Le temps se givre… Jusqu’à ce qu’un ange s’écrase sur le lampadaire de l’écran déglingué.



LA MORSURE DE L’ANGE est un spectacle où les ombres et la vidéo accompagnent le ballet entre un acteur, un mannequin et son double. Un road movie qui se joue dans la tête d’un personnage en quête de repères.



José Babin et Alain Lavallée sont les têtes chercheuses du Théâtre Incliné, compagnie fondée en 1991, qui propose des œuvres poétiques aux images fortes et percutantes. Ces créateurs affectionnent les espaces morcelés, où la matière, les corps, la lumière et la musique incarnent un « détail » de la toile complète. Ils proposent un théâtre où le spectateur assemble les morceaux, une expérience théâtrale qui l’habite longtemps après.



L’œuvre de Daniel Danis est nourrie du désir d’inclure la mise en scène dans un processus de création entamé par l’écriture, et cela, en explorant toutes les possibilités scéniques offertes par la technologie. Ses pièces, présentées aussi bien au Canada qu’en Europe et au Mexique, sont traduites en plusieurs langues et ont reçu plusieurs prix littéraires. Daniel Danis est le premier dramaturge à avoir obtenu trois Prix du Gouverneur général du Canada, pour ses pièces CELLE-LÀ, LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE et LE CHANT DU DIRE-DIRE.



Une création du Théâtre Incliné, en coproduction avec le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières (France) + Casteliers (Montréal). En codiffusion avec Phénomena.



Commentaires de Michel Handfield (2015-10-26)



On est dans un ancien ciné-parc, qui fut ensuite transformé en « cour de scrap » et que Pierre-Yves  a rachetée de son vieux père. Mais, celui-ci, placé et Alzheimer y est retourné un jour, son garçon l’ayant ramassé sur le chemin, et le ramener.  Il y finira ses jours, amené par l’ange du froid, car son  fils l’aura laissé dehors, lui qui ne bougeait déjà plus depuis  un certain temps, par un soir de grand froid. On a droit à cette histoire, racontée par le fils, par un soir de nostalgie où il a la visite de l’esprit de son père.



L’ange venu du froid, c’est aussi un peu la mère que Pierre-Yves n’a jamais connue, décédée lors de sa naissance. Cette épouse aimante que son père l’a toujours accusé d’avoir tuée. Bref, un lourd fardeau à porter pour un enfant. Et une séparation douloureuse pour le père qui a toujours vécu seul avec son fils par la suite. Ce fils qui n’était pas à son image, mais qui lui rappelait trop souvent sa défunte pour oublier.



On est ici dans une pièce psychologique qui nous plonge en même temps dans les souvenirs physiques associés à des moments de vie, car combien de fois un objet nous rappelle un évènement passé ? Souvent, très souvent ! On a beau dire que l’on n’est pas matérialiste, mais les objets physiques font partie de nos vies et sont souvent liés à nos émotions. On en a la preuve ne serait-ce que par les objets anciens qui se retrouvent dans ce lieu et qui nous font remonter dans le temps de façon inconsciente. Par exemple, quand j’ai vu la caisse de bois de liqueur Denis (1), des souvenirs d’épicerie de coin de rue (avant que les dépanneurs n’existent) me sont revenus à l’esprit, comme le  gout de l’orange Denis. J’ai aussi pensé au Kik cola (2) et au marché L’équipe sur ma rue, ancêtre des dépanneurs d’aujourd’hui.



Pour en revenir au cœur de la pièce, tout tourne autour du fils qui n’a finalement rien changé de l’ancien ciné parc, transformé en ferrailleur, par son vieux père. Il en a fait sienne l’histoire de ce dernier, comme incapable de mettre les lieux à son image et de faire sa propre histoire, trop absorbé par le drame familial de sa naissance. Et le départ de son père n’a rien fait pour arranger les choses.



Une pièce qu’il serait intéressant de discuter dans des cours d’éthique, de morale et de psychologie.



Notes

1. Cette marque, qu’on ne voit plus, appartiendrait à Cott :  http://www.ic.gc.ca/app/opic-cipo/trdmrks/srch/vwTrdmrk.do;jsessionid=0001a39jmO2kw5cranBjyr7K-xR:HJ1UVGRBO?lang=fra&fileNumber=243225



2. http://archivesdemontreal.com/2011/12/13/un-bon-kik-glace-extrait-de-vivre-montreal-1920-1969/



L’échappée/danse (Terminé)



D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



www.agoradanse.com



CRÉATION L'AUNE / Karine Denault

21, 22, 23 OCTOBRE 20 H



Qui n’a pas souhaité un jour prendre le large pour oublier uL'échappée / Karine Denault / © Yannick Grandmont n instant l’emprise implacable de la logique, oser une parenthèse, un moment volé à la vie ? Karine Denault s’offre une escapade dans un solo intimiste et lumineux. L’étrange personnage qu’elle invente là cherche les intervalles, les ouvertures, les écarts. S’absente parfois. Insaisissable, il danse comme on s’évade, emporté par ses propres élans, composant son monde au fur et à mesure qu’il l’expérimente, glissant vers un ultime abandon. Il s’infiltre dans cet espace libre, bien que très étroit, entre deux obstacles, cette trouée à travers les nuages. Aisance saisissante de l’interprète qui habite seule la scène. La signature est instinctive. Les figures s’enchainent. Danser, librement. À tout prix.



Photo : L'échappée / Karine Denault / © Yannick Grandmon



Vidéo :

https://youtu.be/ukvSYHmaNLo?list=PL5elEmeD2oMQAjvZ8mGjrpCoinB8QB5mH



Commentaires de Michel Handfield (2015-10-26)



Dans l’hêtre ou l’être? Voilà la question fondamentale après « être ou ne pas être » d’Hamlet (William Shakespeare). C’est que notre danseuse est d’abord cachée par des feuilles.



Camouflage, effeuillage ou symbolisme?



C’est un peu tout cela à la fois, car ne dit-on pas l’arbre de la vie ? Mais, c’est avec un peu de distance et de temps que l’on comprend toute la symbolique de cet opus. Si enraciné soit-on, on peut être fragile. C’est aussi vrai de l’arbre que de la personne dans une tempête, que ce soit de vent ou de mots ! Suffit d’un mauvais coup de gueule ou de vent pour être renversé.



Puis, notre danseuse se dévoile, mais le parallèle avec l’arbre demeure. Par exemple, quand elle danse sur un rythme endiablé, comme dans une discothèque, on peut penser qu’elle se fond dans le décor comme l’arbre dans la forêt. Mais, on peut aussi ne voir qu’elle, car la gêne crée parfois de l’attirance. C’est alors l’arbre qui cache la forêt.



Vers la fin elle chante aussi « Vanité, c’est de la vanité ; tout est vanité. » Et, là encore, c’est vrai de l’humain qui se fait un personnage et une personnalité – d’ailleurs ne donne-t-on pas des cours de personnalité sur mesure – que de l’arbre qui se pare de fleurs pour attirer des insectes pollinisateurs et ainsi assurer sa reproduction et sa conquête d’un territoire ? Combien de conflits ethniques, religieux ou économiques n’est que ça : vanité !  Vanité de détenir un territoire plus grand, la vérité ou une plus grande part de marché. D’ailleurs, la danseuse étend son territoire et prend la scène comme l’arbre, comme l’Homme, qui étend ses racines.



La vanité fait partie de l’humain, mais passe rarement dans les livres d’histoire… Et, beaucoup d’histoires humaines tombent dans l’oubli comme les feuilles d'automne. Bref, toute cette danse est une histoire de la vie ; de la nature comme de l’humain. De la symbolique plus vraie que le vrai.



Postscriptum



On est loin des conventions de la danse sociale ici. On est dans l’expression personnelle comme dans une démonstration philosophique. La danse, à ce niveau, est un langage, car la personne expose son esprit par le mouvement comme l’arbre s’exprime par le vent qui fait chanter ses feuilles et danser ses branches!





Exposition Vittorio au Musée Mc-Cord


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Commentaires de Michel Handfield (2015-10-13)



Vittorio ! Qui a vu ses affiches une fois s'en souvient. Alors, quand j'ai visité cette exposition en première le 23 septembre dernier j'étais

heureux de revoir des affiches que j'avais déjà vues et d'autres que je n'avais jamais vues.


Pour l'histoire, Vittorio est décédé en 2008. Il fut talentueux et avant-gardiste comme on le voit dans cette exposition.








Un bon exemple est celui-ci : « Ne coupez pas les arbres. » (1967) Précurseur ! J'aimerai voir comment il dessinerait en cette campagne électorale fédérale.
















Et, Vittorio de me répondre... par Vittorino, 1987, BD dans Vice Versa.










































Vittorio c'est aussi une histoire culturelle de Montréal par l'affiche !















Le théâtre de la Place Ville-Marie.…???



Voilà l'explication du théâtre de la PV-M





Une exposition à voir pour saisir le Montréal culturel !



Hyperliens


www.musee-mccord.qc.ca/fr/


https://fr.wikipedia.org/wiki/Vittorio_Fiorucci


Sur le théâtre de la Place Ville-Marie :


www.bibliodanse.ca/ListRecord.htm?list=link&xRecord=10133399146929515719




GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE et MOBY DICK : Deux sorties culturelles à incidence politique !


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


2015-10-07


Ces deux propositions culturelles, quoique divertissantes, nous plongent aussi au coeur de l'homo politicus, celui que nous oublions trop souvent au nom de l'homo oeconomicus ! Mais, quand le client n'est pas content et qu'il veut revendiquer, l'homo politicus ressort et fait des siennes. Existe aussi le « Moi » et le « curé ». On les retrouve sur le Péquod en la figure du capitaine et de son second dans Moby Dick. On y trouve aussi beaucoup de parallèles avec notre société américaine d'aujourd'hui, car c'est notre histoire à nous aussi. On n'est pas états-uniens, mais on vit bien sur ce continent qu'est l'Amérique. Et, combien de fois on s'y compare comme si c'était l'étalon-or de notre civilisation? Surtout quand on parle de fiscalité, moins de sécurité avec toutes les armes qui y circulent, quoique certains conservateurs espèrent qu'on leur ressemble encore davantage. Si ce n'était de leur attachement à la reine, je ne serais pas surpris que ce ne soit pas de libre-échange qu'on nous parlerait ces jours-ci, mais d'annexion pure et simple aux États-Unis.


À douze jours de l'élection fédérale (19 octobre 2015), il est temps de publier ce texte. Il est dans le ton et éclairant non seulement sur ce que nous sommes, mais sur une partie de nos racines.


Michel Handfield, éditeur de Societas Criticus



I. GUIBORD S’EN VA-T-EN GUERRE


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


À l’affiche à Montréal et Québec et partout à travers la province dès le 9 octobre


Guibord s’en va-t-en guerre, une comédie politique qui raconte les péripéties du député fédéral d’un comté du nord du Québec (Patrick Huard), met aussi en vedette Suzanne Clément, Irdens Exantus, Clémence Dufresne-Deslières, Robin Aubert, Micheline Lanctôt, Paul Doucet et Sonia Cordeau.


Guibord est le député fédéral indépendant de Prescott-Makadewà-Rapides-aux-Outardes, un immense comté du nord du Québec. Sous les yeux du pays tout entier, Guibord se retrouve malgré lui à détenir au Parlement le vote décisif qui déterminera si le Canada ira-t-en guerre. Accompagné de sa femme, sa fille et d’un stagiaire haïtien idéaliste nommé Souverain, Guibord parcourt sa circonscription pour consulter ses électeurs. Alors que les groupes d’intérêts s’invitent dans un débat qui dérape, le député devra faire face au poids de sa conscience. Guibord s'en va-t-en-guerre est une comédie mordante où politiciens, citoyens et lobbys s’affrontent sans retenue, faisant éclater la démocratie en mille morceaux.


Commentaires de Michel Handfield (2015-10-07)



90%. Voilà ma note, car si je suis d’accord avec les choix de Jean-Jacques Rousseau, Le contrat social, et de Montesquieu, L’esprit des lois, j’eus choisi Machiavel, Le prince, à la place De la démocratie en Amérique d’Alexis de Toqueville, comme troisième choix de livres de Souverain, le stagiaire haïtien du député Guibord, qui étale ses livres pour que la caméra nous les montre bien au début du film  ! (1) Cela donne cependant le ton de cette comédie : il y a du sérieux en filigrane.


En effet, on est dans le ton humoristique, avec jeux de mots et gags de situation. Mais, il y a aussi du sérieux, comme sur ce qu'est le travail d’un député en région qui doit couvrir des milliers de kilomètres de routes pour aller couper un ruban, remettre un trophée ou être présent à un souper spaghetti d'une part et arbitrer les conflits régionaux et nationaux, comme l’emploi forestier et les droits autochtones, sans nécessairement avoir tout le support requis du fédéral, d'autre part. Quant à ses alliés et parfois amis personnels sur le terrain, s'ils lui disent quelque chose « off the record », ils peuvent tenir un tout autre discours une fois le micro ouvert, car ils ont aussi leur agenda et leurs clients à servir; leur avancement personnel à promouvoir. C'est vrai tant d'une journaliste locale, d'un maire, d'un chef autochtone et d'un représentant syndical pour nommer les principales figures de ce film. Mais, il y en a d'autres aussi. Et on ne se gêne pas pour mêler les compétences provinciales et fédérales pour faire mal paraitre le député fédéral si ça nous sert ! Comme Guibord est davantage un gars de sa communauté - ex-vedette du hockey junior de son coin - qu'un avocat ou un politicien de carrière comme on en connait, il est facile d’en abuser si on a le moindrement un agenda politique à faire valoir.


On est ici dans une comédie sociopolitique américaine, le Québec et le Canada étant représentés par le député fédéral indépendant, mais pas indépendantiste, Guibord (2) et son stagiaire, Souverain, venu d’Haïti. Pour ceux qui ne le savent pas encore, autant le Canada qu’Haïti sont en Amérique, tout comme les États-Unis ! Alors, l’Amérique ne se limite pas qu’aux États-Unis comme on le croit trop souvent. Je revendique d’ailleurs mon américanité, d’où je parle ici d’un film américain du Québec.


Dans ce film on soulève aussi certaines controverses comme la question de la découverte du Canada : fut-il découvert par Cartier pour la France en 1534 ou par Cabot en 1497 pour l’Angleterre, épisode qui ne fut cependant pas assez documenté pour passer à la grande histoire. Mais, certains en débattent toujours. Et, pour ajouter à la controverse, des pêcheurs européens fréquentaient déjà les lieux bien avant eux :


« Les Anglais ont prétendu qu'il était le premier Européen à découvrir la «nouvelle terre», puisque [Cabot fut] le premier à atteindre le continent nord-américain après les Vikings. Mais d'une part l'absence de cartographie ou de journal de voyage pose des questions quant à la véracité des faits, d'autre part le golfe du Saint-Laurent était déjà fréquenté régulièrement par des pêcheurs de morue basques, portugais, normands bretons et flamands, avant même l'expédition de 1472 du Portugais Gaspar Corte-Real. » (3)



Mais, pour ceux qui ont le gout de discuter ferme, c'est un bon sujet pour passer une soirée.


Puis, autre controverse en filigrane : connaissons-nous vraiment la démocratie et notre histoire? Et, nous y intéressons-nous? Car, tout au long de ce film, Souverain, en sait souvent plus sur la Politique d'ici que Guibord lui-même, mais, en plus, il devient une vedette de son quartier en expliquant presque tous les soirs à ses amis d'Haïti, via Skype, ce qu'est la politique canadienne et où en est rendu le député Guibord qui sera la voix prépondérante dans un vote au parlement canadien. S’y regroupent peu à peu de plus en plus de gens de ce quartier haïtien au point de bloquer la rue. Ici, il n'y aurait que ses amis proches et encore s'il ne parle pas trop de politique ! On préfèrerait certainement écouter une téléréalité, du hockey, un tirage de Loto-Québec ou même une infopublicité s'il y a le moindrement une belle fille et un beau gars à l'écran, car il ne faut pas être sexiste. Mais, ne pas avoir de culture politique, ça, on le peut ! D'ailleurs, cherche-t-on à s’éduquer sur les mécanismes politico-économiques qui sont derrière notre système politique et les positions des partis en place? Ira-t-on même voter en grand nombre dans quelques jours? Bref, est-on digne de vivre dans régime démocratique si on ne fait pas au moins l'effort de le comprendre et de s'informer? La question se pose. Et, je ne parle même pas de l'implication comme citoyen.


Les gouvernants ont peut-être un peu raison de nous traiter de clients et de ne pas s’occuper de notre opinion davantage qu’une pétrolière ne le fait dans ces conditions !


Mais, si de quoi touche notre poche, alors là on bloquera une route pour faire parler de notre dossier aux nouvelles en espérant que ça le fera avancer ! Ça devient notre seul geste citoyen; un geste de dernier recours. Le reste du temps, on se contente de consommer sans penser. Ce n’est pas pour rien que nos gouvernants peuvent se faire élire en baissant les taxes, les paiements de transfert et couper dans l’éducation en même temps. Et je ne mélange pas deux compétences ici, car si le Québec reçoit moins de paiements de transfert du fédéral, il peut choisir de couper en éducation et investir dans un amphithéâtre de Hockey à Québec par exemple si cela est politiquement plus vendeur que d'investir dans la francisation des immigrants, qui se concentrent surtout à Montréal, et l'éducation populaire qui sont deux dossiers importants, mais qui font bien moins la manchette qu'une victoire ou une défaite des Canadiens de Montréal ou un éventuel retour des Nordiques à Québec. Et je ne caricature même pas.


Notes


1. En fait, il aurait aussi pu choisir l’excellent livre de Maurice Joly, (1864) 2004, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu à la place de L’esprit des lois de Montesquieu et il aurait ainsi fait d’une pierre deux coups en unissant ces deux grands de l’analyse politique que sont Machiavel et Montesquieu. Alors, là, le choix de Toqueville eut été parfait comme troisième choix selon moi. Sinon, c'était un 4e choix. :)


2. Guibord, ce nom sonnait des cloches à mon oreille de michelois, car dans le quartier St-Michel nous avons une rue Joseph-Guibord. Qui est-il? Un imprimeur dont la sépulture fut refusée puisqu’il fut excommunié comme tous les membres de l'Institut canadien pour avoir diffusé des ouvrages à l'index. Alors, ce nom fut-il pris au hasard? (www.toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=327389).


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Cabot


Hyperliens


https://en.wiktionary.org/wiki/homo_politicus

http://equipeguibord.com/accueil

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Cartier

https://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_Guibord



II. MOBY DICK


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


Du 22 septembre au 17 octobre 2015

Supplémentaires les 20 octobre à 19h30 + 21 + 22 + 23 octobre à 20h.


Texte Bryan Perro et Dominic Champagne (qui fait aussi la mise en scène) d'après l’œuvre d'Herman Melville


Coproduction Théâtre du Nouveau Monde et Théâtre Il va sans dire


LA DISTRIBUTION


Yamoussa Bangoura, Frédérike Bédard, Vincent Bilodeau, Ludovic Bonnier, Jean-François Casabonne, Normand D'Amour, Sylvain Delisle, Steve Gagnon, Tommy Gauthier, Reda Guerinik, Gisle Henriet, Sylvain Marcel, Mathieu Richard, Guillaume Saladin, David Savard


LA DURÉE DU SPECTACLE : 2 h 30 incluant un entracte


TRAQUE SPECTACULAIRE AU MILIEU DES MERS DÉCHAÎNÉES


Dominic Champagne a révolutionné la mise en scène des grands récits mythiques avec L’Odyssée. Il nous revient avec l’œuvre qui a révélé à l’Amérique sa propre démesure, une grande fable épique aux péripéties inouïes. Car dans cette poursuite acharnée d’un terrifiant cachalot blanc, écrite par Herman Melville au milieu du 19e siècle, se joue l’affrontement fondateur du Nouveau Monde : le combat titanesque entre les forces de la nature et les obsessions humaines.


Pour découvrir la vie et le monde, le jeune Ishmaël s’embarque sur le Péquod, un baleinier commandé par le redoutable capitaine Achab. À peine a-t-il le temps de faire connaissance avec l’équipage, venu de tous les coins du globe, qu’Achab annonce leur but ultime : ce ne sera pas une chasse à la baleine, mais plutôt la mise à mort du monstrueux Moby Dick, qui autrefois l’a estropié.


Normand D’Amour, qui sait si puissamment incarner l’autorité et la force, sera le capitaine Achab, à la tête d’une impressionnante troupe de comédiens, d’acrobates et de musiciens qui vous emporteront sur toutes les mers du monde à bord d’un voilier maudit.


Commentaires de Michel Handfield (2015-10-07)


Une baleine, ça se voit dans une pièce ! En faire le tour et la saisir dans son entièreté n’est pas une sinécure. Le livre en format électronique (1) est de 700 pages. La version théâtrale, adaptée par Bryan Perro et Dominic Champagne, fait 2 heures 30 incluant l’entracte. On monte sur le bateau avec Ismaël:


« Voici quelques années – peu importe combien – le portemonnaie vide ou presque, rien ne me retenant à terre, je songeai à naviguer un peu et à voir l’étendue liquide du globe. » (2)


Il alla donc au port et s’embarqua sur le Péquod, un baleinier. À cette époque on chassait la baleine pour l’huile, fortement en demande avec la montée de l’industrialisation et la création des villes. C’était l’énergie du temps pour l’éclairage. Et, comme on en avait, on gaspillait. Il faut croire que c’est dans la nature de l’Homme : il faut voir le fond du plat, que ce soit pour les chips ou les ressources naturelles ! Après, on trouvera bien autre chose. Détruire pour avancer, comme les deux faces d’une même pièce morbide finalement. Mais, qui nous en apprend beaucoup aussi, car c’est avec l’arrivée du pétrole que furent sauvées les dernières baleines. La pièce se termine d’ailleurs sur ces mots : la découverte de pétrole en Pennsylvanie a sauvé les derniers cachalots. En fait, à l’époque, on craignait plus pour l’avenir des pêcheurs que des baleines. Partout :


« L'éclairage par le gaz est aujourd'hui répandu à un tel point en Angleterre, pour les rues, les boutiques, les ateliers, les spectacles, les fabriques et les temples, que l'on a craint que cette invention, en diminuant l'usage de l'huile de baleine, ne nuisît aux pêcheries anglaises. » (3)


Et maintenant, on veut se rendre au fond du baril de pétrole même si l’on sait qu’on devrait y aller avec précaution, car n’existe pas toujours des produits de remplacement au pétrole pour faire certains dérivés qui sont utiles d’une part et, d'autre part, que son exploitation et son transport à grande échelle posent des risques non seulement environnementaux pour la planète, mais de sécurité pour les citoyens. Par contre, on ne connait pas encore la parcimonie en ce domaine. Tout le problème de l’humain est là : on consomme plus que nécessaire.


Parlant d’humains, si on peut faire parler d’environnement à cette pièce, on peut aussi lui faire parler de l’Homme. Celui derrière les lois et les convenances. Déjà, au bar, qui avait un coté irlandais je trouvais, le capitaine explique à Ishmaël que sur la mer, les règles ne sont pas les mêmes que sur terre. D’ailleurs, tu dormiras avec le harponneur. Puis, les cultures et les genres se mêlent, car s’il n’y a pas de femmes à bord et qu’on parle d’hommes forts, durs et virils, on comprend bien que Pip, un jeune garçon qui a en partie perdu la raison à la suite de deux chutes en mer, n’est plus tout à fait un homme pour eux et leur sert bien de femme à cause de cela. La virilité, comme la morale, peut parfois être élastique.


L'important, c'est que ce ne soit pas officiel. Les choses sont toujours plus acceptables dans le doute. On en a justement eu la preuve récemment au Vatican, où Mgr Charamsa a ouvertement dit qu’il était gai et vivait en couple. (4) Suite à la nouvelle...


« Le Vatican précise que son statut de prêtre, qu’il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera décidé par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse. » (5)


Comme si personne ne le savait ou ne s’en doutait auparavant. Mais, tant que ce n’est pas officiellement reconnu, cela passe.


Parlant de Dieu, le second, Starbuck, rappelle souvent le capitaine à l’ordre sur deux aspects moraux : la religion et le bien des actionnaires ! Pour lui, les Américains sont un peuple élu parmi les peuples ! On ne peut donc aller contre la morale et Dieu qui nous demandent de remplir notre mission, soit de mettre de l’argent dans les poches de nos actionnaires. Mais, pour le capitaine Achab, ce qui compte c’est de trouver Moby Dick et de se venger de ce qu’elle lui a arraché : sa jambe! À bord, c’est lui le maitre. Il fait donc vider à la mer l’huile déjà tirée de la chasse pour partir plus loin à la recherche de la baleine blanche. « Et nous avancerons sur les océans sans dieu ni maitres » dira Achab, le fin mot des anarchistes comme le chante Ferré ! (6)


Cette adaptation théâtrale du texte d’Herman Melville en fait une critique sociale contemporaine; une critique du désir à outrance (la surconsommation) qui conduit à la destruction de ce qui nous entoure comme si ça nous appartenait. À cette époque, la religion était omniprésente et son message qu'on prenait au sens littéral disait « soumettez la terre » (7) et c'est ce qu'on faisait sans se soucier des conséquences. Aujourd’hui existe un autre message : celui des écologistes qui est plutôt « respectez la terre et son rythme ! » Certains écologistes ont même redonné son nom de Gaïa (8) à notre planète bleue.


Puis, avec la remontée des religions depuis le tournant du XXIe siècle, on voit aussi la science et les écologistes, pris davantage pour des Bonhommes Sept Heures ou des épouvantails à faire peur aux consommateurs et aux fidèles, qu’avec tout le sérieux qu’ils mériteraient. Ils sont malmenés par les entreprises qui investissent des millions dans des études de contresciences et les croyants qui veulent réduire les théories scientifiques, comme celle de l'évolution, à une croyance comme une autre pour les discréditer aux yeux de leurs fidèles d'abord, mais aussi de la masse ensuite. Et, si on les discrédite sur ce point, alors pourquoi leur faire confiance sur l'environnement? En touchant les bases de l'édifice scientifique, c'est tout l'édifice qu'on attaque.


Cette pièce nous rappelle donc que l’Homme, si on ne lui met pas de balises, videra le plat que ce soit de chips ou de toutes autres ressources jusqu’à en voir la fin. Mais, contrairement aux chips, quand le plat sera vide, il le restera, car personne ne viendra le remplir. Et, si vous croyez que Dieu fera une nouvelle terre (9), soyez conscient que rien n'est moins sûr qu'une croyance. Ici, le principe de précaution vaudra toujours mieux, surtout en cette ère de la montée des religions et du négationniste scientifique qui vont de pairs.


À souligner, la musique de Ludovic Bonnier et la voix de Frédérike Bédard, qui, sur scène, habille bien cette pièce de sons et de musiques !


Notes


1. J’ai téléchargé la version EPUB : Melville, Herman. MOBY DICK, PUBLICATION EBOOKS LIBRES ET GRATUITS :

www.bouquineux.com/index.php?telecharger=2431&Melville-Moby_Dick


2. Ibid., p. 16


3. Pierre Claude François Daunou, Pierre Antoine Lebrun, Charles Giraud, Gaston Bruno Paulin Paris, Barthélemy Hauréau, Léopold Delisle, Académie des inscriptions & belles-lettres (France), Institut de France, René Cagnat, Alfred Merlin. Journal des Savants, Éditions Klincksieck, 1817, p. 18 (Livre numérique Google: http://books.google.be/books?id=-BmiW1Y_n0IC&hl=fr&pg=PA1#v=onepage&q&f=false)


4. Agence France-Presse, Un religieux ouvertement gai congédié par le Vatican, in Le Devoir, 3 octobre 2015 11h49: www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/451697/un-religieux-ouvertement-gai-congedie-par-le-vatican


5. Ibid.


6. www.paroles-musique.com/paroles-Leo_Ferre-Ni_Dieu_Ni_Maitre-lyrics,p11252

www.youtube.com/watch?v=Ei-WsxN3snk


7. « Et Dieu les bénit, et il leur dit: « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de là mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Livre de la Genèse, Chapitre 1/28 : https://bible.catholique.org/livre-de-la-genese/3507-chapitre-1


8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaïa


9. Quelques références à ce sujet :


www.gotquestions.org/Francais/nouveaux-cieux-nouvelle-terre.html


https://fr.wikipedia.org/wiki/Apocalypse


Hyperliens


https://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_œconomicus


https://fr.wikipedia.org/wiki/Moby_Dick


https://fr.wikipedia.org/wiki/Herman_Melville


https://fr.wikipedia.org/wiki/Krzysztof_Charamsa




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Les Festivals!


On aime couvrir les festivals, car c'est plonger dans un bain jusqu'à plus soif ou, autre manière de le dire, un ressourcement. Cependant, on en sort avec beaucoup de notes et d'informations qu'il faut traiter par la suite, mais sans le temps suffisant de le faire, car le reste n'arrête pas pour autant, surtout que l'on fait dans l'analyse, parfois longue. Tout dépend du sujet naturellement, mais c'est tout de même assez fréquent. En conséquence, nous mettons toujours ces notes sur la glace pour les faire à temps perdu. Nous allons maintenant essayer de les traiter de façon plus rapide, plus courte, mais avec des hyperliens lorsque possible pour références.


Michel Handfield, éditeur-rédacteur!





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Mon Festival du Nouveau Cinéma 2015


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


www.nouveaucinema.ca


Le Festival du Nouveau Cinéma est un festival que j’aime bien, sauf qu’il est mal placé pour moi. Il se termine toujours à la mi-octobre, le temps où l’on ferme le jardin, habille les rosiers, et fait quelques autres petits travaux en préparation de l’hiver, car il fait encore beau. C’est ce qui fait que je ne commence jamais à écrire mes textes avant le début de novembre. Alors, bonne lecture.


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Le tout Nouveau Testament

Love

Sanctuaire

LES OSTIES DE BS

L’ORIGINE DES ESPÈCES

Gaz de France

Les deux amis

LA LOI DU MARCHÉ

JAFAR PANAHI'S TAXI

Inside the cell ou made in France



Le tout Nouveau Testament


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE, BELGIQUE, LUXEMBOURG | 110 MINUTES | 2015


RÉALISATION : JACO VAN DORMAEL

SCÉNARIO: Thomas Gunzig, Jaco Van Dormael

INTERPRÉTATION : Benoît Poelvoorde, Catherine Deneuve, Yolande Moreau, Pili Groyne, Francois Damiens


Barbe blanche, couronne céleste, bonté irradiante et nuages en guise de fauteuil ? Pas du tout ! Dieu est plutôt un être alcoolique, méchant et paranoïaque, capable d’inventer sans remords les lois de l’emmerdement universel et qui vit avec sa femme et sa fille dans un petit appartement bruxellois terne et confiné.


Mais un jour, sa fille, Ea, 10 ans, en a assez du régime de terreur instauré par son dieu de père et décide de se venger en envoyant par SMS à tous les habitants de la terre leur… date de décès ! Parvenant même à se faufiler hors de l’appartement divin, elle ira jusqu’à chercher et trouver six apôtres, chacun à un point tournant de sa vie, pour qu’enfin soit rédigé un tout Nouveau Testament.


Entre le conte formidablement irrévérencieux et le fantastique débridé mâtiné d’accents militants féministes, Jaco Van Dormael (Mister Nobody, Le huitième jour, Toto le héros) fait sortir Benoît Poelvoorde, Catherine Deneuve, François Damiens, Yolande Moreau et la toute jeune Pili Groyne de tous les sentiers battus et organise avec un sens de l’humour féroce cette réécriture de l’Histoire particulièrement réjouissante et tonique, dévoilée à la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes. − Helen Faradji


https://www.youtube.com/watch?v=eUQFTDdayAs


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Un film qui rebrasse les cartes !


Dieu existe, il habite à Bruxelles. Le ton est donné : on est dans le film belge! Et, c’est tout un numéro. C’est un homme. Pas si surprenant après tout, puisqu’il nous a fait à son image. Alors, ne vous attendez pas à quelqu’un de grandiose, mais plutôt à l’homme moyen qui a du plaisir à voir les batailles au hockey et les films de guerre. Ce n’est pas pour rien qu’il a dit tout de sorte de chose à des prophètes pour monter les hommes les uns contre les autres en son nom : ça le distrait de nous voir aller. Con, il nous trouve cons ! À son image. En fait, à bien y penser, c’est peut-être la sentence la plus importante de la Bible : « Il nous a fait à son image » ! Et c’est celle sur laquelle on s’arrête le moins pour réfléchir.


Pour s’amuser, il a même inventé les lois de l’emmerdement volontaire. L’une d’elles dit que le pain doit toujours tomber du côté de la confiture. Bref, Dieu rit bien de nous avec ses conneries. Mais, quand on regarde le niveau des émissions les plus populaires à la télé, comme toutes ces émissions de vidéos qui montrent nos pires conneries, on comprend. On est souvent dans l’absurde et le film belge. Et comme Dieu est belge…


Il y a bien son fils Jésus qui a essayé de changer des choses quand il a quitté la maison il y a 2000 ans. Mais, ce ne fut pas le plus grand succès. Sa fille a décidé de faire sa part et Mme Dieu, Déesse de son nom, va peut-être en profiter pour se libérer de son bonhomme. Et, là, tout pourra changer !


Un film qui rebrasse les cartes !


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Love


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE | 134 MINUTES | 2015


RÉALISATION et SCÉNARIO : Gaspard Noé

INTERPRÉTATION : Aomi Muyock, Karl Glusman, Klara Kristin, Juan Saavedra


Comme tous les jours, Murphy (25 ans) se réveille. Sa femme est là. Leur fils Gaspar (2 ans) aussi. Soudain, inquiète de la disparition de sa fille, la mère d’un ancien amour l’appelle. C’est alors que les souvenirs remontent et que la vie bascule. C’est aussi là que l’amour va, tranquillement, venir tout exploser...


«Du sang du sperme et des larmes…» Lorsqu’il s’agit de cinéma, tel est le mantra de Gaspar Noé. Six ans après l’expérience virtuose et quasi chamanique Enter the Void, le cinéaste ose une création plus «simple», toujours à fleur de peau. Une histoire d’amour (une vraie !) avec du sexe (du vrai !) et en 3D. Le fantasme ultime de tout cinéaste qui se respecte, donc. Assurément, Love est un film très différent. Un film qui fait du bien, car il n’a peur de rien. Un grand film romantique qui, en célébrant l’amour, parle autant de liberté que de cinéma (pour parler d’Art). Il est la force de frappe d’un mouvement qui revendique l’importance (et la normalité) de voir l’amour quand on filme l’amour. Un trip existentiel qui, plus que jamais, donne surtout très envie d’aimer. Et ça, c’est loin d’être rien, de nos jours ! – Julien Fonfrède.


https://www.youtube.com/watch?v=t4lxCYI8rnc


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


On est dans la loi de Murphy. Si quelque chose doit aller mal… elle se détraque toujours au moment où il le faut le moins. C'est vrai de cette poignée de porte qui nous reste dans la main quand la bouilloire siffle et qu'on est dans la salle de bain ou de cette capote qui lâche dans une baise à trois avec « sa » blonde et une jeune voisine. Ça peut changer une vie. C'est ce que regarde Gaspard Noé de façon crue et directe. Certains diront de la porno ; certains diront de l'art et d'autres diront la vie de certains. Des torturés intérieurs pas toujours des plus responsables.


Un film intéressant basé sur la mémoire de l'amour, les changements de parcours et leurs effets sur la vie des gens. Car, même ceux qui pensent ne pas avoir d'effets sur les autres peuvent en avoir eu. On est ici dans la mémoire et le jeu des constructions, déconstruction et reconstruction de la vie, voire de la survivance, car parfois on peut survivre à l'amour et aux folies (choix) que l'on a faites ou pas. Bref, un film intéressant que l'on peut voir en surface seulement, comme un porno de festival, ou un film qui va sous l'épiderme, voire dans l'inconscient.


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Sanctuaire


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



FRANCE, ESPAGNE | 90 MINUTES | 2015


RÉALISATION : OLIVIER MASSET-DEPASSE

SCÉNARIO : Quitterie Duhurt, Pierre-Erwan Guillaume, Olivier Masset-Depasse, Xabi Molia

INTERPRÉTATION : Jérémie Renier, Alex Brendemühl



La frontière qui sépare la France de l’Espagne est une contrée montagneuse que l’on appelle le Pays basque. Certains Espagnols de cette région en revendiquent l’indépendance au début des années 1980. S’inspirant des évènements qui s’y sont déroulés, tant du côté français qu’espagnol, cette fiction retrace les démêlés entre l’ETA (l’armée indépendantiste basque) et le GAL (groupe antiterroriste de libération) sur le territoire français. À partir des négociations entamées par Grégoire Fortin, un conseiller sous François Mitterrand, l’histoire met en présence le chef de l’ETA, réfugié avec ses camarades en France, et ce fonctionnaire. Si l’Élysée favorise la diplomatie, pour leur part, les membres de la faction sont en proie à des luttes intestines et n’attendent qu’un faux pas du GAL pour redoubler de violence. Mettant en scène les jeux de pouvoir des gouvernements en place de l’époque, ce thriller politique tente de faire la lumière, dans un style dynamique et au cœur des magnifiques paysages de la côte basque, sur ce que l’on a surnommé « la guerre sale » entre les indépendantistes et le premier gouvernement démocrate espagnol après la dictature franquiste. Rare film à traiter de ce sujet, Sanctuaire s’avère une entreprise courageuse, surtout si l’on considère qu’encore aujourd’hui, de grands pans de ce dossier demeurent non élucidés. – Patricia Robin



Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)



1982. La constitution espagnole refuse la notion de séparatisme dans ses statuts. Pour l’armée indépendantiste basque, mieux connue sous le nom d’ETA (1), l’Espagne est un pays oppresseur et, en ne réagissant pas, ils considèrent que la France leur donne son appui.


À cette époque il y avait encore des frontières en Europe, alors on se cache pour passer de la France à l’Espagne et vice versa en vue d’aller y faire un attentat ou pour venir se réfugier après en avoir fait un.


Cette ETA n'a rien à voir avec ceux qui combattait Franco diront certains conseillers du Président Mitterrand pour l’amener à prendre une position plus ferme dans ce dossier, mais, ses conseillers plus à gauche lui feront remarquer que ce sont toujours des anciens franquistes qui contrôlent la justice espagnole. Cela pose donc non seulement un problème diplomatique à ce gouvernement socialiste, mais éthique, parce que le droit d’asile est historiquement reconnu en France et que c’est aussi un gouvernement socialiste qui demande l’appui français dans cette affaire. Parlant d’historicité, l’iman Khomeiny n’a-t-il pas été exilé en France comme Karl Marx en Angleterre à une autre époque ? Oui ! (2)


Est-ce que la France deviendra fermée aux extrémistes ? Aux exilés de droits communs ? Une solution : faire une exception concernant ceux qui ont du sang sur les mains peut-être.


Pendant ces tergiversations, certains agissent sous couvert d’une nouvelle organisation sur le territoire français : le groupe antiterroriste de libération ou GAL (3). Ils s’en prennent violemment aux membres de l’ETA. Je regardais ce film et je pensais à une libanisation possible du Pays basque français. Si elle ne s’est pas produite, elle aurait pu se faire, je crois. On a alors tenté des négociations. Mais, l’importance n’était pas le succès de cette négociation, mais le gain dans l’opinion publique en vue des élections législatives de 1986. C’est la droite qui les remportera.


Comme les droites sont plus unies que les gauches, qui discutent de principes et de virgules, la ligne dure s’est appliquée. On a alors emprisonné des modérés parce que, politiquement, la ligne dure est plus payante. Et, si ça laisse le champ libre aux extrémistes, cela donne raison d’avoir pris la ligne dure. L’idéologie de droite nourrit l’imaginaire de droite et vice versa. Machiavel n’est jamais loin.



Pourquoi faut-il toujours être d’un côté ou de l’autre alors que le bon sens est quelque part entre les deux ? Idéologie et image. Un très bon film historique et politique. Pourtant, c’est une fiction nous dit l’auteur, mais inspirée de faits réels. Alors, il dit peut-être ce qui fut caché.


Notes


1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Euskadi_ta_Askatasuna


2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rouhollah_Khomeini


https://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx


3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupes_antiterroristes_de_libération



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LES OSTIES DE BS


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


QUÉBEC/CANADA | 4 MINUTES | 2015


RÉALISÉ PAR JIMMY LAROUCHE


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Facile d’avoir une opinion. Mais, de la justifier ? D’ailleurs, si tous les BS se présentaient demain matin dans les bureaux d’emplois et disaient « on ne sort pas d’ici sans une job », leur en donnerait-on une ou appellerait-on la police pour les évacuer ?


À voir, en version intégrale, sur www.youtube.com/watch?v=G--Fnh6UBT4


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L’ORIGINE DES ESPÈCES


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


QUÉBEC/CANADA | 92 MINUTES | 2015


RÉALISATION et SCÉNARIO : Dominic Goyer

INTERPRÉTATION : Marc Paquet, Sylvie De Morais, Élise Guilbaut, Germain Houde, Marc Béland


À trente-sept ans, David (Marc Paquet) a réussi sa vie. Issu d’un milieu aisé, il est un architecte reconnu, amoureux d’une jolie femme (Sylvie de Morais) qui vient de lui donner un premier enfant en santé. Non, vraiment, David a une existence douillette qui le rend heureux. Mais ce bel écrin de verre éclate en mille morceaux quand il apprend que son père (Marc Béland) n’est pas son père biologique. Commence alors une périlleuse enquête : il tentera de remonter à l’origine de sa naissance pour découvrir la vérité. Mais plus il explore ces terres inconnues, plus il découvre, bien malgré lui, les secrets de sa mère (Élise Guilbault). Ce que David croyait être son identité, sa nature depuis toujours, se déconstruit. Mais le plus grand danger est que la découverte de cette vérité est trop lourde à porter pour un seul homme, sans avoir de graves conséquences.


https://www.youtube.com/watch?v=LigW2ohZsEk


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Une mère qui semble distante et qui se suicide le jour de l’anniversaire de son garçon nouvellement père. C’était avant la sortie de son dernier film d’animation. Pourquoi ?


Puis, quelques jours après, son père qui lui dit appelle moi pas « Pa », je ne suis pas ton père. Et, lors de la présentation posthume du film de sa mère, son fils fait des liens. Qu’avait-elle à cacher ? Que crie-t-elle dans ce film ? Son passé ? On entre dans le film psychologique.


Je n’irai pas plus loin. Il est à voir.


Index FNC 2015



Gaz de France


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE | 86 MINUTES | 2015


Réalisation et scénario : Benoît Forgeard

INTERPRÉTATION : Philippe Katerine, Olivier Rabourdin, Alka Balbir, Jean-Luc Vincent


Quelque part dans les années 2020, la France a un nouveau président : Jean-Yves Gambier, dit « Bird », élu principalement grâce à la chanson La rigueur en chantant, qu’avait composée spécialement pour lui son conseiller Michel Battemont. Pourtant, dès le lendemain de son élection, la cote de popularité de Bird s’effondre et Battemont doit trouver de nouvelles idées pour la remonter au plus vite. Dans les sous-sols de l’Élysée, il réunit différents profils de Français atypiques pour organiser une consultation secrète.


Philippe Katerine en président hanté par des visions de perroquets et qui revendique son incompétence ? Un aperçu du futur résolument bleuté ? Un monde qui n’est ni tout à fait le même ni tout à fait différent ? Un discours de politicien pour faire la guerre aux banques ? Le moins que l’on puisse dire de ce premier long de Benoît Forgeard (La course nue, Belle-Île-en-Mer), présenté à l’ACID cette année à Cannes, c’est qu’il a l’insolite résolument chevillé au corps. Un insolite aussi utopiste que réjouissant, d’ailleurs, qui rêve d’un univers où l’imagination pourrait devenir un réel outil politique et qui donne visage humain, terriblement humain, aux fameux arcanes du pouvoir ! − Helen Faradji


https://www.youtube.com/watch?v=scmnMlE8HFY


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Vous ne trouvez pas qu’on a assez vu passer d'experts ? La compétence, ça a donné quoi ? On est derrière la politique ici. Le changement d’image pour le changement d’image. Le président, c’est le produit phare du Parti. Mais, le contenu, la saveur, la vraie marchandise doit être idéalement pensé, concocté, produit par des cuisiniers de l'ombre qui sont avec lui. Ce qui compte, avant le chef, c’est l’équipe derrière lui. Mais, ici, à part sa chansonnette, il n’a pas grand-chose à offrir et son équipe cherche. Un bel emballage qui tombe dans les sondages.


On fait du « story telling » de façon à embobiner les gens en leur contant des sornettes. Le Président n’est qu’une marionnette des « spins doctors », mais une fois la communication coupée entre eux et lui, dû à un évènement fortuit, il n’aura pas le choix que de ne compter que sur lui-même.


Ce film est moins sur la politique que les gens derrière qui peuvent manipuler un leader qui n’a qu’une image à offrir ou qui souffrirait d’une maladie dégénérative par exemple. Déstabilisant, car il est à la frontière de la grosse comédie et de ce qui pourrait être un film réflexif. S’il ne m’a pas fait décrocher, il était parfois sur le bord de le faire, jouant sur deux tableaux, parfois trop sur la grosse comédie grasse.


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Les deux amis


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE | 100 MINUTES | 2015


RÉALISATION : LOUIS GARREL

SCÉNARIO : Louis Garrel, Christophe Honoré

INTERPRÉTATION : Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne, Louis Garrel


Mona, jeune femme séduisante qui cache un secret la parant de mystère, travaille comme vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Clément, jeune homme fantasque et perdu, vivote de petits rôles de figurants au cinéma. Abel, son meilleur ami au charisme ténébreux, est lui un aspirant écrivain en panne d’inspiration. Tombé sous le charme singulier de Mona, Clément demande l’aide d’Abel pour réussir à la conquérir. Mais rapidement, Abel ne pourra plus taire l’effet que lui fait aussi la belle. Pour son premier long, présenté à la dernière Semaine de la Critique à Cannes, après un court-métrage remarqué, La règle de trois, le comédien Louis Garrel s’est adjoint les services au scénario du réalisateur Christophe Honoré pour mieux adapter au contexte contemporain Les caprices de Marianne d’Alfred de Musset (pièce dont il avait d’ailleurs joué une scène pour entrer au Conservatoire). Interprétant lui-même le rôle de Clément, il compose avec la lumineuse Golshifteh Farahani et l’original Vincent Macaigne un trio particulièrement sensible et attachant qui nous sert de guide dans le maelström causé par ces tumultes sentimentaux, allégé par plusieurs traits d’humour sentis et la musique forcément référentielle signée Philippe Sarde. - Helen Faradji


https://www.youtube.com/watch?v=67ItSekBC50


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Qu’est-ce que l’amitié ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la réalité ? Les scénarios que l’on se fait ? Et l’autre ?

 

Histoire de deux gars perdus dans leur tête qui tombent en amour avec une fille qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ne veulent pas écouter trop pris par leurs scénarios ! Ça ne pourra qu’être instable. Mais, cela donne un film social fort intéressant.


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LA LOI DU MARCHÉ


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE | 93 MINUTES | 2015


RÉALISATION : STÉPHANE BRIZÉ

SCÉNARIO : Stéphane Brizé, Olivier Gorce

INTERPRÉTATION : Vincent Lindon, Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller, Yves Ory, Xavier Mathieu


À 51 ans, Thierry Taugourdeau est au chômage, licencié par une entreprise qui pourtant faisait des profits. Depuis 20 mois, il navigue entre les stages de formation stériles, les visites déprimantes au Pôle Emploi et les tentatives infructueuses de vendre sa caravane. Car les traites de la maison qu’il occupe avec sa femme et les frais de scolarité spéciaux dont a besoin leur enfant handicapé n’attendent pas. Sans réelle solution, Thierry finit par accepter un poste de vigile dans un supermarché. Poste qui le placera bien vite face à un épineux dilemme moral.


Après Mlle Chambon ou Quelques heures de printemps, Stéphane Brizé fait à nouveau montre d’une attention sans pareille à son personnage principal, le suivant pas à pas, une caméra à l’épaule agitant ses plans-séquences ultra-réalistes, dans ce périple au cœur de la cruauté du monde du travail. Mais surtout, auprès de comédiens non professionnels, il retrouve son acteur fétiche, Vincent Lindon, qui se débat pour rester droit et garder sa dignité. Un rôle sur mesure pour cet immense acteur qui fait de l’humanité résistante l’épine dorsale de son personnage-emblème d’une tragédie ordinaire, et enfin récompensé d’un prix d’interprétation à Cannes cette année.


Helen Faradji


https://www.youtube.com/watch?v=we5FnNrCYv0


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Le libre marché serait-il une prison pour l’humain ?


Thierry Taugourdeau a suivi la formation de grutier qu’on lui offrait pour sortir du chômage après un licenciement massif, mais on ne leur avait pas dit que s’ils n’ont jamais travaillé dans la construction ils ne seraient jamais acceptés sur un chantier. Le fonctionnaire en bon serviteur des désirs de l’État : nous on cible des formations où il y a de la demande, mais ce sont les employeurs qui décident des conditions d’entrées ! Bref, le libre marché du travail n’offre de liberté qu’à l’entreprise. Le travailleur n’est pas libre de travailler, car il n’a aucun droit sur son travail et son offre. Il dépend de la demande et du bon vouloir des patrons.


Notre homme se trouvera finalement un travail de gardien dans un hypermarché. Là, il verra les vols et les voleurs ; leurs combines, mais aussi leurs motivations. Souvent, le désespoir, car le travail, s’il assure la survie, n’assure pas toujours une vie digne de ce nom. Il sera ainsi mis face au cas d’une caissière qui vole des coupons de réduction pour s’en sortir parce qu’elle subvient aux besoins de son fils qui se drogue. Elle se suicidera d’ailleurs sur son lieu de travail. Un film proche du documentaire. À faire réfléchir sur une société où tout n’est qu’économie et marché. Le libre marché serait-il une prison pour l’humain ?


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JAFAR PANAHI'S TAXI


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com



IRAN | 86 MINUTES | 2015


RÉALISATION, SCÉNARIO et INTERPRÉTATION : Jafar Panahi


Que peuvent avoir en commun la petite Hana, 10 ans, Nasrin, une avocate bannie en route vers une visite à une gréviste de la faim, un vendeur de DVD à la sauvette, une institutrice, un homme blessé après un accident de moto et sa compagne, et deux vieilles dames transportant un poisson rouge? À priori, rien. Sauf que tous vont s’installer sur la banquette arrière d’un taxi jaune sillonnant les rues de Téhéran et engager la conversation avec leur chauffeur, dont les lunettes et le chapeau n’empêchent pas de reconnaitre qu’il s’agit de Jafar Panahi lui-même. Récompensé de l’Ours d’or du Festival de Berlin cette année, Taxi dresse au gré de ces rencontres et discussions captées par trois petites caméras légères dissimulées dans la voiture un portrait aussi riche qu’original de la société iranienne d’aujourd’hui, société dans laquelle, faut-il le rappeler, le cinéaste Jafar Panahi, toujours sous le coup d’une interdiction de filmer, doit travailler en toute clandestinité (Taxi ne pourra d’ailleurs pas être montré là-bas). Acte de résistance aux accents mélancoliques, son film éminemment réflexif et autoréférentiel oscille alors entre rires et larmes, entre trivial et poétique, pour mieux toucher droit au cœur.


Helen Faradji


https://www.youtube.com/watch?v=eM2tblIkL4g


Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)



Dans une des prises de vue, on dirait Sherbrooke et Saint-Denis. Pourtant, on est à Téhéran. Cela donne le côté universel de ce film. Une grande ville est une grande ville. Les discussions et les problèmes dont on est témoin dans ce taxi ont aussi un côté universel. Ainsi cette discussion entre deux clients : l’homme est pour la charia et la femme assise en arrière, voilée, est contre. La peine de mort ne règle rien, dit-elle. Le même genre de discussion qu’un conservateur et une libérale pourraient avoir ici. Que ce soit au nom de Dieu ou de la justice, un conservateur reste un conservateur et un libéral demeure libéral. En fait, si on pouvait mettre certains idéologues de côté, les choses iraient probablement mieux. Mais, les idéologies sont probablement aussi vieilles que l’apparition du langage.


Un autre film fort intéressant de Jafar Panahi qui trouve le moyen de produire malgré l’interdiction qui lui est faite par le régime de faire des films.

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Inside the cell ou made in France


D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, Vol. 17 no 8, Textes ciné et culture : www.societascriticus.com


FRANCE | 88 MINUTES | 2015


RÉALISATIO : NICOLAS BOUKHRIEF

SCÉNARIO: Nicolas Boukhrief, Eric Besnard

INTERPRÉTATION : Malik Zidi, Dimitri Storoge, François François Civil

PREMIÈRE NORD-AMÉRICAINE


Sam, journaliste, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il gagne la confiance d’un groupe de jeunes qui doivent créer une cellule d’action sur Paris. Ils attendent le retour de leur leader. Ce dernier réapparait, fraichement débarqué d’un camp d’entraînement au Pakistan. Débute une planification criminelle dont seul le leader semble connaitre l’aboutissement.


Difficile, actuellement, d’être plus d’actualité dans le cinéma français. Tellement qu’Inside the Cell en aura subi des revers. Alors qu’il était fini, et qu’en milieux bien informés nombreux l’attendaient, soudain, le 7 janvier 2015, survenaient les tragiques évènements de Charlie Hebdo. Tout allait alors changer. Personne (particulièrement son distributeur) ne voulait plus toucher au film, jugé bien trop polémique et volatile. C’est récemment que vient d’être annoncé qu’il sortira en France, le 4 novembre. Une bonne chose, car, passés les bruits de couloir, il reste un efficace polar, pertinent socialement et surtout, nullement racoleur, avec réminiscences d’un cinéma à la Jean-Pierre Melville. Un film carré et tendu qui joue avec le voyeurisme et confirme qu’actuellement, Nicolas Boukhrief (Le convoyeur, Cortex, Gardiens de l’ordre) est bel et bien l’un des grands experts du thriller made in France.


Julien Fonfrède


https://www.youtube.com/watch?v=TiDhVoYPFTM



Commentaires de Michel Handfield (2015-11-22)


Ce film, qui devait sortir ces jours-ci en France, fut retardé à une date indéterminée à cause de son réalisme et de sa proximité avec les évènements du 13 novembre dernier à Paris. (1)


Vision musulmane des mosquées clandestines où se forment des idées fausses et dangereuses. Des Français convertis en combattants de la vérité. Ces mosquées sont infiltrées par un journaliste d’origine musulmane, Sam, qui veut mettre à jour comment ça fonctionne.


Quand j’ai vu ce film, le 15 octobre dernier, un mois avant les attentats du 13 novembre à Paris, ce film m’apparaissait important, car il montrait comment ça se passe dans la tête d’un terroriste en puissance qui recrute pour ne pas être seul dans son délire. On le comprendra plus tard : il n’était pas associé à un groupe, mais était seul. Un électron libre difficile à détecter pour les autorités, d’où ils demandent au journaliste de continuer son investigation pour les tenir informés, car son groupe n’était pas sur leur écran radar.


Cependant, face aux autres, il se donnait une image pour recruter et tenir ses recrues : « On a pour mission de créer une cellule Al-Qaïda » à Paris. Ils s'implantent en occident. » Et là, on pénètre ce milieu. Comment s’organisent-ils ? Comment font-ils pour se fondre dans la masse ? « Rasez votre barbe ; ne fréquentez plus les mosquées ; buvez... Bref, soyez le plus intégré possible pour ne pas qu'ils se doutent. »


Sam va s’apercevoir que c’est du sérieux, car ce sont des convertis qui s'enflamment. La télé, on la jette, car c’est un instrument de Satan. Tirer un flic, c’est tirer un représentant des forces oppressives. Et, à celui qui dit ne pas vouloir tuer des innocents, comme femmes et enfants, un autre lui répond qu’en Palestine ils se font tuer. Et, ceux qui doutent dans le groupe peuvent se faire tuer, car le doute n’est pas permis.


Dur de combattre de tels illuminés, car pour eux la mort n’est pas une option, mais l’objectif. Et, dans leur foi, Dieu, devient la justification de tous les gestes, des meilleurs comme des pires. On l’a vu en France le 13 novembre dernier. Ils n’ont pas peur de se faire Harakiri pour la cause. Ils sont des armes.


Note


1. Guillaume GUGUEN, Attaques à Paris : "Made in France", le film "rattrapé par l’histoire", sur France 24 : www.france24.com/fr/20151116-attentat-paris-film-cinema-reporte-made-france-boukhrief-jihadisme-premonitoire



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