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Photographie d’un groupe d’hommes entrant dans un entrepôt à côté d’une voie ferrée; l’édifice voisin porte une enseigne marquée « Sarnia Tunnel ».

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Au début du siècle, de plus en plus d’immigrants de Chine se sont établis un peu partout au Canada, pas seulement en C.-B. Les hommes sur cette photo de 1900 sont à Sarnia, en Ontario.

Facture de nettoyage imprimée en rouge

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Facture de la buanderie Hop Lee à Peterborough, en Ontario, vers 1910-1911

Photographie d’un homme debout derrière un comptoir, à l’avant d’un restaurant

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Les cafés et restaurants chinois faisaient partie du décor de toutes les grandes villes, et même des villages, partout au Canada. Le Café Peking, à Calgary en Alberta, fut fondé en 1947; il est photographié ici juste avant sa démolition.

Photographie en studio de deux jeunes hommes en costume traditionnel chinois. Un est assis, l’autre est debout et tient un livre.

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Les immigrants chinois ont aussi trouvé du travail comme aide domestique. Même si les hommes sur cette photo prise à Lunenburg (N.-É.) ne sont pas identifiés, ils ont peut-être travaillé pour une famille dans cette localité.

...leurs mauvais coups

« Ouais monsieur! Vous ne croiriez pas tous leurs mauvais coups. Mon restaurant se situait sur la rue Queen, il s’appelait le Palace Grill. Un jour, un jeune homme s’installe à table et commande des côtelettes de porc. Il mange, puis se sauve sans payer. Je lui cours après. Il court, je cours. Il tourne le coin, je tourne le coin. Il saute dans un tramway; celui-ci est déjà en marche, je dois abandonner. Une autre fois, quatre hommes arrivent. Ils sont bien habillés. Ils commandent des steaks. À la fin du repas, trois d’entre eux sortent. Je me tenais à la porte. Ils me disent que le quatrième n’a pas fini de manger et que c’est lui qui va payer. Mais quand je lui apporte la facture, il dit qu’il n’a pas assez d’argent et qu’il ne peut payer que sa part. » (Willie Chong, propriétaire de restaurant, Toronto, interviewé en 1980 à l’âge de 68 ans)

– Personnage fictif créé par l’auteur
Paul Yee

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Les premiers Canadiens d’origine chinoise
1858-1947

L'histoire

Travailler partout au Canada : les buanderies et les restaurants

Dans cette section :

Déjà, en 1901, des Chinois s'étaient installés dans chacune des provinces du Canada, ainsi qu'à Terre-Neuve (qui allait joindre la Confédération en 1949). Le plus grand nombre d'immigrants chinois, soit environ 15 000, se trouvait en Colombie-Britannique; il n'y avait que quatre Chinois à l'Île-du-Prince-Édouard.

Partout au Canada, les Chinois concentraient leurs activités économiques essentiellement dans deux domaines : les buanderies et les restaurants. C'est seulement en Colombie-Britannique que leurs activités étaient plus diversifiées.

Les buanderies chinoises : un service nécessaire

La plupart des immigrants chinois au Canada commençaient par travailler dans une buanderie. À Vancouver, la buanderie Wah Chong a ouvert ses portes en 1886, avant même la fondation de la ville.

À cette époque, les machines à laver automatiques n'existaient pas et le lavage se faisait à la main. C'était un dur travail. L'eau devait être portée à ébullition, les vêtements frottés à la main et les chemises empesées pour en faciliter le repassage. Tous ceux qui pouvaient se le permettre payaient pour faire laver leur linge. Dans les villes, les hommes célibataires travaillaient dans les usines, les banques ou les bureaux. Ils demeuraient dans des hôtels de résidence ou des pensions de famille, et devaient faire laver leur linge à l'extérieur.

On trouvait des buanderies gérées par des Chinois absolument partout au pays, dans les grandes villes, les petites municipalités et les villages, des Prairies aux Maritimes. La première buanderie chinoise à Terre-Neuve, celle de M. Fong Choy, a ouvert ses portes en 1895 à St. John's.

Les buanderies chinoises : faibles coûts de démarrage

Ouvrir une buanderie était une bonne façon pour un travailleur de se lancer en affaires, une fois qu'il avait remboursé les dettes encourues pour venir au Canada. L'investissement requis pour démarrer une buanderie n'était pas élevé. Tout ce qu'il fallait était un poêle pour chauffer l'eau et sécher le linge, un espace suffisant pour suspendre le linge en hiver, et bien sûr quelques bouilloires, des planches à laver et du savon.

Les blancs laissaient volontiers cette activité aux Chinois, parce qu'ils considéraient que c'était un travail de femme. De plus, ce n'était pas une activité très populaire; les buandiers devaient travailler de longues heures, six ou sept jours par semaine, et les revenus n'étaient pas élevés à cause de la concurrence. Les blancs préféraient gérer des buanderies automatisées, ce qui permettait de traiter de grandes quantités de linge, notamment pour les hôpitaux et les hôtels. Mais il fallait de plus gros investissements de départ.

Les immigrants chinois ouvraient de petits commerces comme les buanderies, parce qu'ils étaient écartés des autres métiers et professions par un nombre croissant d'immigrants provenant de l'est du Canada et de l'Europe. Des militants anti-chinois en Colombie-Britannique et en Californie prétendaient que le travail disponible dans le secteur des mines, du bois, de la fabrication et quelques autres devait être réservé aux travailleurs blancs; ceux-ci arrivaient de plus en plus nombreux, utilisant le chemin de fer que justement les travailleurs chinois avaient contribué à construire.

Le restaurant : bonne bouffe, bons prix

Dès le début du 20e siècle, les immigrants chinois commencèrent à ouvrir des restaurants un peu partout au pays, dans les villes et jusque dans les petits villages. Ils offraient des mets occidentaux comme du rôti de bœuf, du steak, de la tarte aux pommes et de la crème glacée. Dans plusieurs petits villages, le propriétaire du restaurant chinois était le seul immigrant d'origine chinoise à la ronde. Souvent, ces restaurants étaient situés près de la gare de chemin de fer ou du relais de chevaux, là où se trouvait la clientèle. Plus tard, après la Deuxième Guerre mondiale, ces restaurants firent découvrir les mets chinois à leurs clients.

Le restaurant : un lieu de rendez-vous populaire

Les restaurants chinois firent leur apparition dans l'Ouest canadien pour les mêmes raisons que les buanderies. Un travailleur chinois pouvait emprunter l'argent nécessaire et apprendre le métier d'un parent ou d'une connaissance qui faisait déjà ce travail. Après plusieurs années, ce commerce pouvait être vendu à un plus jeune qui commençait, souvent en lui faisant crédit pour un certain temps afin de l'aider en période de démarrage.

La population canadienne augmenta considérablement durant la première moitié du 20e siècle; l'économie était en pleine croissance. De plus en plus de lignes de chemin de fer étaient mises en opération. Les immigrants arrivaient pour défricher de nouvelles terres et entreprendre l'exploitation d'une ferme. Les magasins et les boutiques faisaient leur apparition aux endroits stratégiques, afin de répondre aux besoins de ces nouvelles populations.

Dans les Prairies notamment, plusieurs restaurants louaient aussi des chambres aux voyageurs, ou offraient des articles d'épicerie. Les fermiers des alentours venaient en ville avec leur famille pour faire des courses. Un repas au restaurant chinois constituait une gâterie très appréciée. À cet endroit, ils pouvaient rencontrer d'autres personnes de leur connaissance, car ces restaurants étaient fréquentés par toute sorte de monde qui venait y déguster une tarte aux pommes, un bon café ou tout un repas. Dès les années 1920, le restaurant chinois était devenu un lieu de rencontre populaire chez les jeunes.

Dans les grandes agglomérations, les restaurants chinois s'installaient en plein cœur du centre-ville, à proximité de leur clientèle cible : les travailleurs manuels, les employés de bureau, les gens qui faisaient leurs courses et même les voyageurs. À cause de la féroce concurrence, les prix demeuraient raisonnables. Ces bas prix attiraient aussi les sans-emploi ou ceux qui traversaient une période difficile.

À certains endroits, les restaurants chinois sont devenus célèbres. Ainsi, à London (Ontario), le restaurateur Lem Wong présentait un orchestre de jazz et organisait des soirées dansantes. Les tables de son restaurant étaient couvertes de véritables nappes en tissu et les serveurs étaient formés dans les restaurants de New York. La clientèle provenait de la classe aisée de la ville et s'habillait pour la circonstance.

Pourtant, gérer un restaurant n'était pas facile. Les heures de travail étaient longues – souvent de tôt le matin à tard le soir. Dans certaines villes, il n'y avait pas d'eau courante. De plus, il arrivait que certains clients se conduisent fort mal (cassant de la vaisselle ou des meubles); et, comme dans toutes les petites entreprises, il arrivait aussi que des clients se sauvent sans payer.

Pour en savoir plus long à propos du travail partout au Canada

  • Enduring Hardship: The Chinese Laundry in Canada. Puisant dans de nombreuses entrevues avec des buandiers et leur famille, l'anthropologue Ban Seng Hoe y raconte l'histoire de la buanderie chinoise au Canada.
  • Le restaurant chinois devient un objet de poésie dans l’œuvre de Fred Wah, Diamond Grill. L'auteur se fonde sur les souvenirs du restaurant familial à Nelson en Colombie-Britannique.
  • Judy Fong Bates présente un recueil de courtes histoires : China Dog and Other Tales from a Chinese Laundry. Le décor d'une de ces histoires (Eat Bitter) se situe juste après la Première Guerre mondiale dans une petite buanderie du Nord de l'Ontario.
  • L'artiste Janice Wong entremêle recettes de cuisine et histoires de famille dans Chow, un témoignage de son enfance dans le restaurant familial de Prince Albert en Saskatchewan.