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Photographie d’une rue et des devantures de magasin, incluant une enseigne pour la maison de bains Sin-Hap

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Durant la ruée vers l’or, un vaste quartier chinois s’est constitué à Barkerville, C.-B. Remarquez dans cette photo de 1868 l’enseigne de la maison de bains Sin-Hap.

Photographie d’une file d’hommes poussant des brouettes en haut d’une butte, utilisant une étroite passerelle de bois. On voit de grands arbres en arrière.

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La fin de la construction du Chemin de fer Canadien Pacifique ouvrit la porte à l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération canadienne. Les Chinois formaient les trois-quarts de la main d’oeuvre des constructeurs de chemins de fer en Colombie-Britannique.

Photograph of back view of four men standing at a counter, with large pile of fish on floor in foreground

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Les travailleurs chinois contribuèrent à faire de l’industrie du saumon en conserve de la Colombie-Britannique un fleuron de l’exportation. Ici, on voit des travailleurs lavant le poisson dans une usine.

Photographie d’un homme debout près d’une grosse machine et tenant du poisson coupé

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Les machines à dépecer le saumon remplacèrent de nombreux travailleurs tôt au 20e siècle. Ici on voit un travailleur utilisant une machine Smith Butchering, dans une usine de Namu, C.-B., en 1945.

Cliquer sur chaque photo pour une version agrandie et imprimable.

Les premiers Canadiens d’origine chinoise
1858-1947

L'histoire

Travailler en Colombie-Britannique : l'or, le chemin de fer, les mines, le saumon

Dans cette section :

Au 19e siècle, la Colombie-Britannique fit fortune grâce à l'exportation de ressources naturelles comme l'or, le charbon et le saumon. Des navires transportaient ces produits vers l'Europe ou d'autres destinations en Amérique. Durant le 20e siècle, c'est plutôt le chemin de fer qui permit à la Colombie-Britannique de s'enrichir. Le train transportait essentiellement du bois de construction vers les Prairies canadiennes.

Le scintillement de l'or

Durant la ruée vers l'or de 1858, des centaines de mineurs chinois s'ajoutèrent aux quelque 30 000 chercheurs d'or qui envahirent la Colombie-Britannique. Trois ans plus tard, ils étaient des milliers à prospecter et bien d'autres continuèrent d'arriver dans les années suivantes.

Les mineurs blancs avaient volé, tué et chassé les mineurs chinois des terres aurifères de la Californie. Les Chinois, qui avaient peur que la même chose se répète en Colombie-Britannique, s'organisèrent pour ne pas concurrencer directement les blancs. Ils s'installèrent plutôt sur les sites délaissés par ceux-ci. Dans ces endroits supposément sans valeur, ils trouvaient chaque jour de l'or valant plusieurs dollars.

La majeure partie de l'or fut trouvée dans la région de Cariboo, à 750 kilomètres au nord-est du site de la future ville de Vancouver. Entre 3 000 et 5 000 Chinois vivaient là, dans une petite localité appelée Barkerville. De là, les Chinois allaient prospecter un peu partout en Colombie-Britannique, et même jusqu'au Yukon.

Ils travaillaient aussi pour divers employeurs. Ils ont aidé à construire la route d'accès à la région de Caribou, un tracé de 614 kilomètres qui permettait de transporter dans cette région de mines d'or des marchandises en grande demande. Ils coupaient du bois de chauffage, creusaient des fossés, transportaient du gravier et construisaient des canaux de bois permettant l'écoulement de l'eau, pour soutenir le travail des mineurs. Ils cultivaient aussi des légumes et d'autres produits, car les aliments importés étaient très dispendieux.

À la fin des ruées vers l'or, vers 1870, la plupart des gens quittèrent le territoire, mais les mineurs chinois demeurèrent. En 1885, ils découvrirent un important gisement près de Lillooet, d'où ils tirèrent de l'or pour une valeur de sept millions de dollars.

Le chemin de fer : raccorder un pays

En 1871, la Colombie-Britannique devint la sixième province du Canada. Un des arguments majeurs pour persuader cette colonie de joindre le Canada fut la promesse de construire un chemin de fer reliant la côte du Pacifique au reste du pays. Or, la section présentant le plus de difficultés de construction était le passage des montagnes Rocheuses.

On embaucha des travailleurs chinois pour plusieurs raisons. La plus importante était que, avant la construction du chemin de fer, la meilleure façon d'amener un grand nombre de travailleurs en Colombie-Britannique était par bateau à travers l'océan Pacifique, ou à partir de la Californie. Le besoin croissant de travailleurs en Colombie-Britannique rendait les travailleurs chinois indispensables. De plus, ils étaient payés moins cher que les ouvriers blancs, même s'ils étaient plus efficaces. On a estimé que l'utilisation de travailleurs chinois avait fait épargner entre trois et cinq millions de dollars aux constructeurs du chemin de fer.

Parmi ces ouvriers chinois, plusieurs avaient de l'expérience, ayant déjà travaillé à la construction de chemins de fer aux États-Unis. Ils préparaient le tracé du chemin de fer, coupant les arbres et nettoyant le sous-bois. Ils sortaient la roche des tunnels percés sous les montagnes et nivelaient les collines. Ils préparaient la plate-forme du chemin de fer en creusant des fossés de chaque côté du tracé et en empilant de la roche concassée et du gravier. Les dormants et les rails étaient ensuite posés sur cette plate-forme.

La construction dura de 1880 à 1885. Pendant cette période, environ 7 000 travailleurs chinois arrivèrent en Colombie-Britannique, mais plusieurs n'y restèrent pas jusqu'à la fin des travaux. En moyenne, ils étaient plus ou moins 3 500, formant les trois quarts de la main-d'œuvre affectée au chemin de fer dans la province.

Plusieurs travailleurs ont perdu la vie suite à des explosions de dynamite, des glissements de terrain, des éboulements, des noyades; le scorbut (à cause de la mauvaise qualité de la nourriture), la fatigue excessive, et d'autres maladies, en l'absence de soins médicaux, en emportèrent aussi plusieurs. On estime qu'entre 600 et 2 200 Chinois sont morts au cours de ces cinq années de construction. Le nombre exact n'est pas connu, car à l'époque, personne n'acceptait la responsabilité de ces travailleurs en dehors de leur lieu de travail.

Les mines : danger sous terre

En 1900, la moitié de la production du charbon destinée à l'exportation provenait de l'île de Vancouver. Ces mines dépendaient entièrement des mineurs chinois, mais le racisme rendait la vie de ces travailleurs difficile. Trente Chinois furent d'abord engagés dans une mine près de Nanaimo en 1867. Ils triaient le charbon en surface. Plus tard, ils descendirent sous terre pour remonter des chariots de minerai en surface. Les mineurs blancs les employaient comme assistants pour creuser et pelleter. Rapidement, les Chinois apprirent à extraire eux-mêmes le charbon et finirent par constituer le tiers, puis la moitié de la force de travail dans les mines.

En 1877, des mineurs blancs de Wellington sur l'île de Vancouver déclenchèrent une grève afin d'obtenir de meilleurs salaires et conditions de travail. Les propriétaires utilisèrent des Chinois comme briseurs de grève; les blancs n'avaient pas voulu les admettre dans leur syndicat.

Plus tard, en 1883, à l'occasion d'une autre grève à Wellington, les grévistes blancs demandèrent que les Chinois soient congédiés. Le propriétaire refusa et la grève ne donna aucun résultat.

Toujours à Wellington, et aussi à Nanaimo, deux terribles accidents se produisirent en 1887 et en 1888; 208 mineurs y trouvèrent la mort, dont 104 Chinois. Les mineurs blancs blâmèrent les Chinois, prétextant leur mauvaise connaissance de la langue anglaise. Les enquêteurs démontrèrent que les Chinois n'étaient pas responsables de ces accidents, mais les mineurs blancs réussirent tout de même à obtenir du gouvernement de la province une loi interdisant aux Chinois de travailler sous terre. Malgré cela, certains propriétaires de mines continuèrent à embaucher des Chinois.

En 1912, des mineurs blancs de l'île de Vancouver entreprirent une grève qui allait durer deux ans. Quand un des propriétaires de mines employa des briseurs de grève chinois, les maisons et magasins de ceux-ci furent saccagés.

Les conserveries : bons couteaux demandés!

Dès 1900, le saumon constituait le deuxième plus important produit d'exportation en Colombie-Britannique. L'industrie de la mise en conserve du saumon avait pris de l'expansion grâce à la présence d'une main-d'œuvre chinoise bon marché.

C'était un secteur d'activité où il était difficile de démarrer. Il fallait disposer d'importantes sommes d'argent pour acquérir un site approprié, acheter le saumon et les fournitures nécessaires, et payer la main-d'œuvre. La migration des saumons pouvait être faible une année, ce qui réduisait la quantité de poissons disponibles et en augmentait le coût. Le prix de vente du saumon en conserve pouvait chuter en raison d'une augmentation subite de l'offre sur le marché. Il fallait compter plusieurs mois pour expédier le saumon en Grande-Bretagne, et autant pour être payé en retour. Bref, pour réaliser un profit, il fallait que les coûts d'opération soient le plus bas possible; c'est ce que la main-d'œuvre chinoise bon marché a permis de faire.

La mise en conserve du saumon était faite à la main jusqu'au début du 20e siècle, quand la machinerie a commencé à prendre le relais. Les boîtes étaient taillées dans de larges feuilles de fer blanc, puis mises en forme et soudées à la main. Quand les poissons arrivaient à la conserverie, des bouchers leur taillaient la tête et la queue et retiraient les entrailles. Puis, les saumons étaient découpés et insérés dans des boîtes. Celles-ci étaient alors cuites, puis scellées.

Les travailleurs blancs ne voulaient pas faire ce travail, car il était déplaisant et de courte durée; la mise en boîte ne se faisait qu'en juillet et août. Des équipes réduites travaillaient durant les mois précédant et suivant la haute saison.

Durant les années 1870, les travailleurs chinois étaient payés entre 25 et 30 dollars par mois, alors que les travailleurs blancs gagnaient entre 30 et 40 dollars par mois. L'industrie prit de l'expansion et les salaires augmentèrent, mais durant les années 1890, l'écart salarial entre les travailleurs blancs et chinois augmenta encore.

Pour en savoir plus long à propos du travail en Colombie-Britannique

  • L'ouvrage de Faith Moosang, First Son: Portraits of C.D. Hoy, s'intéresse à la vie et à l'œuvre de ce photographe, arrivé de Chine en 1902 et installé à l'intérieur des terres en Colombie-Britannique, où il a créé une remarquable collection de portraits des gens de la place.
  • Le chemin de fer, les conserveries et les mines constituent le fond de scène du livre de Paul Yee Tales from Gold Mountain; il s'agit d'un recueil de courtes histoires de fantômes. Pour les élèves de 7e année et plus.