Les profondeurs du passé de la Colline du Parlement
Juin 2015
Malgré la relève de la garde qui s'y déroule, peu de gens voient la Colline du Parlement comme un site militaire animé. Vous apprendrez peut-être avec surprise qu'à l'endroit où se dressent aujourd'hui les édifices du Parlement se trouvait auparavant un établissement militaire. Récemment, des archéologues ont mis au jour des artéfacts comme des bouteilles de champagne, des pots de moutarde et des ossements d'animaux qui nous donnent un aperçu de ce à quoi ressemblait la vie sur la Colline au début des années 1800.
En 1826, le lieutenant colonel John By a reçu le mandat de concevoir le canal Rideau. Sa tâche consistait à créer une voie navigable entre la rivière des Outaouais et Kingston. À l'époque, l'emplacement actuel du canal était un terrain rocailleux recouvert de broussailles et de marais. Le colonel By et l'équipe de British Royal Engineers et d'officiers qui participaient à la construction du canal ont établi un quartier général militaire sur l'actuelle Colline du Parlement. Cet établissement portait le nom de « Barrack Hill » et a occupé le site de 1827 à 1858, année où la reine Victoria a choisi Ottawa comme future capitale du Canada.
Les découvertes archéologiques ont été effectuées durant un important projet entrepris par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC) afin de préserver et de réhabiliter les édifices et les terrains du Parlement.
« TPSGC est déterminé à préserver le patrimoine parlementaire du Canada dans l'intérêt des générations d'aujourd'hui et de demain, explique Ezio DiMillo, directeur général, Gestion et réalisation des projets de la vision et du plan à long terme, Direction générale de la Cité parlementaire. Nous avons récemment achevé la restauration de l'édifice Sir-John-A.-Macdonald. Les travaux actuels sont axés sur l'édifice Wellington et les édifices de l'Ouest et de l'Est, ainsi que sur la création d'un nouveau centre d'accueil des visiteurs. »
Mesures prises pour retracer les étapes historiques
Avant le début des travaux, le Ministère détermine le niveau d'activités archéologiques requises. Ce niveau est ensuite incorporé dans le calendrier du projet.
Lorsqu'une découverte nécessite d'autres travaux d'exploration, on interrompt les excavations mécaniques afin de déterminer si les plans de construction devraient être modifiés. Le cas échéant, les archéologues creusent à la main et font des excavations couche par couche. Tous les artéfacts trouvés sont recueillis, mis dans un sac, étiquetés et acheminés à un laboratoire, où ils sont lavés, classés dans un inventaire et analysés. Les articles sont datés en fonction de la profondeur à laquelle ils ont été trouvés et des autres articles trouvés aux alentours. Lorsque les fouilles sont terminées, des photos et des mesures sont prises dans chaque zone afin de servir de documents de référence et de créer une carte des trouvailles.
Les archéologues embauchés par le Paterson Group, au nom de TPSGC et de PCL Construction Canada, effectuent une surveillance archéologique des diverses activités de construction sur la Colline du Parlement. Ce qu'ils ont découvert dévoile des informations fascinantes sur la vie durant les premiers jours de Bytown.
![Image d'un artefact de pipe pour fumeur.](../../images/hist/artefacts-01-fra.jpg)
Tête de pipe décorée pour fumeur : d'un côté un castor sur une bûche, de l'autre un coureur de bois dans un petit bateau. (PA1038-D213 – Source : Paterson Group.)
TPSGC est déterminé à préserver le patrimoine parlementaire du Canada. Le Ministère effectue des investigations et une surveillance archéologiques dans le cadre de tous ses projets de construction sur la Colline du Parlement. L'un des documents utilisés à titre de référence est une carte de Parcs Canada. Elle indique les zones où les terrains pourraient être riches en artéfacts archéologiques. Elle fournit également une orientation concernant le niveau d'activités archéologiques requises lorsque TPSGC envisage de réaliser des travaux dans ces zones.
Bytown d'autrefois
![Une carte dessinée à la main avec un cercle bleu.](../../images/hist/artefacts-02.jpg)
Dessin de Barrack Hill. Le cercle indique le mur de fondation. (Source : Paterson Group.)
Parmi les plus impressionnantes trouvailles, il y a notamment un mur de fondation d'une poudrière de 1827 – utilisée pour entreposer de la poudre à fusil – sur le côté est de l'édifice du Centre. Il s'agit de l'un des premiers édifices à avoir été construits lors de l'établissement de Barrack Hill à titre de quartier général militaire du colonel By durant la construction du canal Rideau, un site du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
Les archéologues ont également déterré des murs de ce qui pourrait être la cuisine de Barrack Hill. En tout, plus de 300 artéfacts ont été découverts près de la poudrière.
Une découverte encore plus révélatrice a été l'identification du tertre (ou terrain de décharge) des anciens quartiers des officiers, tout juste au nord de ce qui est aujourd'hui l'édifice de l'Ouest. Les artéfacts trouvés ont une histoire incroyable à raconter.
Des restants de repas des officiers ont été trouvés, notamment des os de vaches, de moutons et de cochons, ainsi que de poissons et de gibiers, comme la tourte voyageuse, une race qui n'existe plus aujourd'hui. Des assaisonnements anglais classiques ont également été trouvés parmi les artéfacts, comme une bouteille de sauce Worcestershire de Lea & Perrins®, un pot de moutarde et d'autres condiments. Les repas étaient probablement servis sur les milliers de morceaux de poterie et de porcelaine importés d'Angleterre qui ont été déterrés par les archéologues.
Les archéologues ont également trouvé de nombreuses preuves de consommation d'alcool, comme des bouteilles de bière, de vin et de champagne ainsi que des gobelets et des verres. D'autres artéfacts intacts ont été trouvés, comme une bouteille d'opium, une substance qui était souvent utilisée à cette époque pour traiter le choléra ainsi que les maux et les douleurs.
« Une grande partie de la vaisselle trouvée correspond au type et à la variété que l'on s'attend à retrouver près des quartiers des officiers. Les assiettes, tasses, soucoupes, plateaux et plats de service décorés de la collection sont des articles qui étaient bien au delà des moyens financiers du soldat moyen. C'est également le cas pour la vaisselle de verre et les bouteilles de vin et de liqueur forte, car les soldats n'avaient pas la permission de boire dans les quartiers. »
Paterson Group
Plusieurs pipes, une brosse à dents et un peigne ont été découverts, de même que deux médaillons catholiques, qui sont considérés comme des articles inhabituels, car la majorité des officiers anglais étaient protestants. Ces découvertes rares fournissent une perspective précieuse sur la santé et l'hygiène des officiers, de même que sur leurs appartenances religieuses.
Selon Nadine Kopp, archéologue de projet du Paterson Group : « Ces artéfacts représentent une découverte extraordinaire d'une grande importance historique. Ces pièces importantes du passé révèlent quels étaient les loisirs des officiers : chasser pour compléter leur régime alimentaire, boire et jouer aux cartes. Elles nous donnent une idée de qui étaient les officiers et de ce à quoi ressemblait la vie aux premiers jours de l'établissement de cette communauté. »
Toute la collection représente, à ce jour, l'un des dépôts archéologiques les plus intacts de la période préparlementaire ayant été découverts sur la Colline du Parlement.
![Petite bouteille en verre.](../../images/hist/artefacts-03.jpg)
Petite bouteille d'opium en verre vert pâle. (PA1038-D208 – Source : Paterson Group.)
Une collection pour la population canadienne
TPSGC, en collaboration avec Parcs Canada et l'Institut canadien de conservation, établit actuellement le plan d'entreposage à long terme ou d'utilisation de ces artéfacts le plus approprié. À l'heure actuelle, les articles sont conservés dans un emplacement sécuritaire jusqu'à ce qu'une décision soit prise. Les articles de qualité muséale seront envoyés aux musées canadiens qui souhaitent exposer cette partie peu connue du patrimoine militaire du Canada et du Parlement.
![Lame sonore d'harmonica oxidée.](../../images/hist/artefacts-04.jpg)
Lame sonore d'harmonica en alliage de cuivre. (PA1038-D162– Source : Paterson Group.)
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