Le lundi 30 octobre 2006

La victimisation et la criminalité dans le Nord

Selon des renseignements fournis par les Canadiens eux-mêmes, le taux de victimisation avec violence dans les territoires du Canada a été presque trois fois plus élevé que le taux enregistré pour le reste du pays. C'est ce que révèlent les données d'une enquête servant à examiner la nature et l'étendue de la victimisation criminelle.

Le rapport, préparé par le Centre canadien de la statistique juridique, porte également sur la crainte du crime, sur la violence conjugale ainsi que sur le nombre et le type de crimes déclarés par la police dans les territoires.

Presque 4 résidents des territoires sur 10 âgés de 15 ans et plus ont déclaré avoir été victimisés au moins une fois au cours de la période de 12 mois précédant l'interview. Cette statistique se situait bien au-dessus de la proportion (28 %) de résidents dans les provinces qui ont été victimisés au cours de la même période.

Le rapport a également servi à examiner un certain nombre de caractéristiques démographiques, économiques et sociales qui semblent être associées à un risque accru de victimisation criminelle et de criminalité. Celles-ci sont plus communes dans les territoires.

Note aux lecteurs Le présent communiqué est fondé sur le profil intitulé La victimisation et la criminalité dans les territoires du Canada. Ce document fait partie d'une série de profils qui présentent des analyses sur des questions liées à la victimisation, à la criminalité et aux perceptions du public à l'égard du crime et du système de justice. Certaines des données dans le rapport, en particulier celles qui ont trait à la violence conjugale, sont parues dans Le Quotidien du 2 octobre 2006, dans le cadre de la diffusion du rapport intitulé Mesure de la violence faite aux femmes : tendances statistiques. Le profil diffusé aujourd'hui contient un examen plus détaillé de la violence au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Ce rapport présente les résultats d'un essai mené dans le cadre de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2004 visant à recueillir des données sur la nature et l'étendue de la victimisation criminelle des résidents dans les territoires ainsi que de leur crainte du crime et leurs attitudes à l'égard du système de justice. On y fait des comparaisons avec les résultats de l'ESG portant sur le reste du Canada. En outre, les données nationales du Programme de déclaration uniforme de la criminalité de 2005 servent à analyser la nature et l'étendue des crimes déclarés par la police dans les territoires. Ces résultats sont comparés avec les taux de criminalité pour le reste du Canada. Dans le profil, le Nord comprend les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et le Nunavut. Les taux de victimisation sont calculés pour 1 000 habitants, tandis que les taux de crimes déclarés par la police sont calculés pour 100 000 habitants.

Les résidents du Nord ont tendance à être plus jeunes en moyenne que les résidents du reste du Canada. Comparativement aux provinces, les territoires comptent une proportion plus élevée de familles monoparentales et de personnes vivant en union libre, et ils affichent également un taux de chômage plus élevé ainsi qu'une plus forte proportion de résidents autochtones.

Les résidents du Nord sont plus susceptibles d'être victimisés par une personne qu'ils connaissent

L'information sur la victimisation dans le Nord provient d'une enquête pilote menée au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, dans laquelle on a demandé à environ 1 300 personnes de faire part des incidents criminels dont ils avaient été victimes au cours des 12 mois précédant l'enquête.

Les répondants qui ont déclaré avoir été victimisés devaient fournir des renseignements plus détaillés. On leur a notamment demandé où l'incident s'était produit, s'il avait été signalé à la police, si les blessures étaient graves et si une arme avait été utilisée ou portée. Les données de l'enquête pilote ont été comparées avec les données sur la victimisation recueillies dans les provinces au moyen de l'Enquête sociale générale de 2004.

Les résidents du Nord étaient trois fois plus susceptibles que les résidents des provinces d'être victimes d'un crime avec violence, en particulier d'agression sexuelle, de vol qualifié et de voies de fait.

Les actes de violence contre les résidents du Nord étaient plus susceptibles d'être commis par une personne que la victime connaissait. C'était le cas dans 80 % des actes de violence commis contre des résidents des territoires, comparativement à 56 % des actes commis contre des résidents des provinces.

Par ailleurs, les résidents du Nord ont été victimisés par un étranger dans 20 % de tous les incidents de violence, soit une proportion (44 %) nettement plus faible que celle observée dans les provinces.

Malgré leur taux plus élevé de victimisation avec violence, les résidents du Nord n'étaient pas plus susceptibles que les résidents des provinces de signaler le crime à la police. En effet, plus de 7 crimes avec violence sur 10 commis contre des résidents des territoires n'ont pas été signalés à la police.

De façon générale, les incidents déclarés par les victimes dans le Nord ne comportaient pas l'utilisation ou la présence d'une arme, comme un fusil ou un couteau, et n'ont pas donné lieu à des blessures pour les victimes. En 2004, l'auteur présumé avait une arme dans 27 % des actes de violence commis contre les victimes dans les territoires, soit une proportion semblable à celle constatée dans les provinces.

Les victimes du Nord ont subi des blessures dans 43 % des actes de violence commis contre eux, comparativement au quart des actes de violence contre des résidents dans les provinces.

Les résidents du Nord se sentent plus en sécurité que les résidents ailleurs au Canada

Même si les résidents du Nord étaient proportionnellement plus nombreux que les résidents des provinces à faire l'objet d'actes de violence, ils étaient plus susceptibles de déclarer se sentir en sécurité face à la criminalité.

En 2004, 54 % des résidents du Nord ont indiqué qu'ils étaient «très satisfaits» de leur sécurité personnelle face à la criminalité, comparativement à 44 % des personnes résidant ailleurs au Canada.

On a également demandé aux répondants s'ils prenaient, pour accroître leur sécurité face à la criminalité, certaines mesures, comme verrouiller les portes de leur voiture lorsqu'ils s'y trouvaient seuls, déterminer leur trajet en fonction de leur sécurité et rester à la maison lorsqu'il faisait noir.

Environ 64 % des résidents du Nord ont indiqué qu'ils prenaient habituellement des mesures pour accroître leur sécurité face à la criminalité, comparativement à 76 % des résidents des provinces.

Les résidents du Nord sont moins satisfaits de certains aspects du rendement de la police

Bien que le rendement de la police ait reçu une cote favorable à la fois des résidents des provinces et des résidents des territoires, dans certains cas, les résidents du Nord étaient moins satisfaits du travail de la police que les résidents des provinces.

Par exemple, 54 % des résidents des territoires ont dit que la police faisait du «bon» travail en vue d'assurer la sécurité des citoyens, comparativement à 61 % des résidents provinciaux.

En outre, 48 % des résidents du Nord ont donné une cote favorable à la police pour ce qui est de faire respecter la loi, par rapport à 59 % des résidents des provinces.

Les taux de crimes déclarés par la police sont plus élevés dans le Nord

En 2005, les infractions au Code criminel dans les territoires représentaient 1,4 % de l'ensemble des crimes signalés au pays, selon les données de la police.

Plus de la moitié des affaires qui se sont produites dans le Nord ont été classées dans les autres infractions au Code criminel, comme le méfait, la contrefaçon et le fait de troubler la paix, tandis que 17 % d'entre elles avaient trait à des crimes avec violence et 18 %, à des crimes contre les biens.

Même si le nombre de crimes commis dans le Nord en 2005 a été relativement faible, la prise en compte des différentes populations a produit des taux de criminalité dans les territoires qui étaient plus de quatre fois supérieurs aux taux de criminalité enregistrés ailleurs au Canada.

À l'instar des résultats obtenus dans l'enquête sur la victimisation, les taux de crimes avec violence dans le Nord étaient beaucoup plus élevés que les taux de crimes avec violence dans les provinces. Parmi les trois territoires, c'est le Nunavut qui a connu le taux le plus important, suivi de près des Territoires du Nord-Ouest. Le taux de crimes avec violence au Yukon, qui était de moins de la moitié des taux affichés par les autres territoires, se situait néanmoins à plus de 1,5 fois le taux provincial le plus élevé, qui a été déclaré par la Saskatchewan.

Le profil La victimisation et la criminalité dans les territoires du Canada (85F0033MIF2006011, gratuit), qui fait partie de la Série de profils du Centre canadien de la statistique juridique, est maintenant accessible à partir du module Publications de notre site Web. Sous Publications Internet gratuites, choisissez Justice.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec les Services à la clientèle au 613-951-9023 ou composez sans frais le 1-800-387-2231, Centre canadien de la statistique juridique.

Certaines affaires d'infractions au Code criminel, provinces et territoires, 20051
	Total, provinces	Yukon	Territoires du Nord-Ouest	Nunavut	Total, territoires
Population en 2005	32 166 545	30 988	42 982	29 992	103 962
Homicide
Nombre	655	1	0	2	3
Taux	2,0	3,2	0,0	6,7	2,9
Voie de fait (niveaux 1,2,3)
Nombre	229 526	857	2 554	1 792	5 203
Taux	714	2 766	5 942	5 975	5 005
Agression sexuelle (niveaux 1,2,3)
Nombre	22 833	56	175	239	470
Taux	71	181	407	797	452
Vol qualifié
Nombre	28 632	16	15	6	37
Taux	89	52	35	20	36
Total, crimes de violence
Nombre	298 362	957	2 843	2 112	5 912
Taux	928	3 088	6 614	7 042	5 687
Introduction par effraction
Nombre	257 189	497	982	853	2 332
Taux	800	1 604	2 285	2 844	2 243
Vol de véhicules à moteur
Nombre	159 513	148	275	164	587
Taux	496	478	640	547	565
Autres vols
Nombre	655 195	1 112	1 335	563	3 010
Taux	2 037	3 588	3 106	1 877	2 895
Total, crime contre les biens
Nombre	1 199 821	1 868	2 787	1 666	6 321
Taux	3 730	6 028	6 484	5 555	6 080
Contrefaçon2
Nombre	163 248	20	49	6	75
Taux	508	65	114	20	72
Méfaits
Nombre	343 819	1 758	5 725	2 653	10 136
Taux	1 069	5 673	13 320	8 846	9 750
Total des autres infractions au Code Criminel
Nombre	971 875	4 116	12 098	6 054	22 268
Taux	3 021	13 283	28 147	20 185	21 419
Total, Code Criminel (excluant les délits de la route)
Nombre	2 470 058	6 941	17 728	9 832	34 501
Taux	7 679	22 399	41 245	32 782	33 186
1. Les taux sont calculés pour 100 000 habitants. Les estimations démographiques proviennent du rapport «Statistiques démographiques annuelles, 2005», produit par la Division de la démographie de Statistique Canada. Populations au 1er juillet : estimations postcensitaires provisoires pour 2005. 2. En raison d'une amélioration de la méthode de collecte de données en 2005, la Gendarmerie royale du Canada a, pour la première fois, déclaré les affaires de faux billets déposés dans les banques. Par conséquent, on a estimé les données de certains services de police pour 2004. Les comparaisons avec les données des années antérieures doivent donc être faites avec prudence.

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