Le Quotidien
Le lundi 9 juin 2008

Étude : Les crimes motivés par la haine

2006

Les affaires motivées par la haine représentent une proportion relativement faible des crimes déclarés tant par la police que par les victimes. Dans les deux cas, la race ou l'origine ethnique est ce qui motive le plus souvent ces crimes.

En 2006, les services de police desservant 87 % de la population du Canada ont déclaré 892 crimes haineux, dont 6 sur 10 étaient motivés par la race ou l'origine ethnique.

En outre, le quart des crimes de haine étaient motivés par la religion, alors que le dixième l'étaient par l'orientation sexuelle. Les crimes de haine constituaient moins de 1 % de toutes les affaires criminelles déclarées par la police.

L'étude «Les crimes motivés par la haine au Canada», diffusée aujourd'hui par le Centre canadien de la statistique juridique, a permis de constater que la moitié de tous les crimes motivés par la haine déclarés par la police étaient des infractions contre les biens, le plus souvent des méfaits, alors que le tiers étaient des infractions violentes, comme des voies de fait.

L'Enquête sociale générale (ESG) offre une autre mesure des crimes motivés par la haine. Cette enquête, dans le cadre de laquelle on interroge les Canadiens sur leurs expériences personnelles de la victimisation, comprend les incidents qui n'ont pas été déclarés à la police.

Le cycle le plus récent de l'ESG sur la victimisation, qui a été mené en 2004, a révélé que 3 % des incidents déclarés par les répondants étaient, selon ces derniers, attribuables à la haine. Cette enquête a également permis de constater que la race ou l'origine ethnique était ce qui motivait le plus souvent ces crimes.

Les études ont montré que les crimes motivés par la haine peuvent avoir des répercussions additionnelles sur les victimes en plus de celles qui découlent des crimes non motivés par la haine. Les crimes de haine portent souvent atteinte au coeur de l'identité d'une personne, et ils peuvent entraîner des conséquences psychologiques plus graves et des périodes de récupération plus longues.


Note aux lecteurs

Ce rapport est fondé en grande partie sur les données déclarées par la police en 2006. Les données des services de police participant à la version la plus récente du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC 2.2), qui permet de recueillir des renseignements sur les crimes motivés par la haine, ont été combinées avec des données obtenues au moyen d'une enquête supplémentaire spéciale financée par le ministère du Patrimoine canadien. Ensemble, ces deux enquêtes ont fourni des données sur les crimes motivés par la haine recueillies auprès des services de police qui desservent 87 % de la population du Canada.

Les données sur la victimisation déclarées par les répondants de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2004 sont présentées à titre de source d'information complémentaire sur les crimes de haine. Ces données sont recueillies auprès des Canadiens qui ont affirmé avoir été victimes d'un crime qu'ils croyaient motivé par la haine. Alors que le Programme DUC sert à recueillir des renseignements sur l'ensemble des infractions au Code criminel, l'ESG ne vise que huit types d'infractions.


Selon les données de l'ESG, dans 4 incidents motivés par la haine sur 10, la victime a indiqué qu'il lui avait été difficile sinon impossible de s'adonner à ses activités quotidiennes, comparativement à 23 % des incidents dont la victime avait fait l'objet d'un crime non motivé par la haine. Les crimes violents motivés par la haine étaient aussi plus susceptibles de provoquer des sentiments de crainte chez les victimes.

Les Noirs font le plus souvent l'objet de crimes haineux

Les données déclarées par la police fournissent des renseignements sur la race, la religion et l'orientation sexuelle des victimes d'affaires motivées par la haine. Parmi les 502 affaires motivées par la haine de la race ou de l'origine ethnique déclarées en 2006, la moitié a été perpétrée contre des Noirs, 13 %, contre des Asiatiques du Sud et 12 %, contre des Arabes ou des Asiatiques occidentaux.

Parmi les 220 crimes haineux qui, selon la police, étaient motivés par la religion, la plupart, soit près des deux tiers (63 %), ont visé des tenants de la religion juive, alors que 21 % ont été commis contre des musulmans (l'islam) et 6 %, contre des catholiques.

Plus de la moitié des crimes motivés par la haine de l'orientation sexuelle sont violents

Une grande majorité des 80 affaires motivées par l'orientation sexuelle ont été commises contre des homosexuels.

Plus de la moitié (56 %) des affaires motivées par la haine d'une orientation sexuelle particulière étaient violentes, soit une proportion supérieure à celle observée pour les affaires motivées par la race ou l'origine ethnique (38 %) ou la religion (26 %). Les voies de fait simples étaient le type de crime violent le plus fréquent.

Par conséquent, les affaires motivées par l'orientation sexuelle étaient plus susceptibles que les autres types de crimes haineux d'entraîner des blessures physiques chez les victimes.

Les taux de crimes de haine sont plus élevés chez les jeunes

Selon les données déclarées par la police, les jeunes âgés de 12 à 17 ans étaient proportionnellement plus nombreux que les personnes plus âgées à avoir commis un crime haineux. Le taux d'auteurs présumés était le plus élevé chez les jeunes de 12 à 17 ans, et il diminuait graduellement au fur et à mesure qu'augmentait l'âge.

Les 120 jeunes auteurs présumés de crimes haineux en 2006 représentaient plus du tiers (38 %) de tous les auteurs présumés de crimes de haine. Cette proportion était le double de la proportion de jeunes parmi les auteurs présumés de crimes non motivés par la haine (18 %).

Les données déclarées par la police montrent que, chez les jeunes et les adultes confondus, les personnes de sexe masculin risquaient 2,5 fois plus que les personnes de sexe féminin d'être victimes d'un crime violent motivé par la haine. Le taux pour les personnes de sexe masculin se situait à 1,8 pour 100 000 habitants, par rapport à 0,7 pour les personnes de sexe féminin. Ces résultats diffèrent de ceux qui s'appliquent à l'ensemble des crimes violents, dans lesquels les membres des deux sexes sont victimisés dans presque la même mesure.

Les taux les plus élevés de crimes de haine s'observent à Calgary et à Kingston

Les comparaisons des crimes de haine entre les provinces ne comprennent que le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique, où la presque totalité des services et des détachements de police a participé à l'étude sur les crimes motivés par la haine.

Les crimes de haine déclarés par la police dans ces trois provinces représentaient environ 80 % du nombre total de crimes haineux. L'Ontario a affiché le taux le plus élevé, soit 4,1 affaires pour 100 000 habitants, suivi de la Colombie-Britannique (2,5) et du Québec (1,4).

En 2006, cinq régions métropolitaines de recensement ont enregistré des taux de crimes haineux déclarés par la police qui étaient bien supérieurs à la moyenne nationale de 3,1 pour 100 000 habitants. Calgary, qui a affiché un taux de 9,1 affaires pour 100 000 habitants, s'est classée première, devant Kingston (8,5), Ottawa (6,6), London (5,9) et Toronto (5,5).

Les écarts des taux entre les villes pourraient être attribuables en partie à des politiques et à des pratiques policières locales. À titre d'exemple, la présence dans certains services de police d'unités spécialisées de lutte contre les crimes de haine et de programmes de formation pour les policiers peut avoir pour effet d'augmenter le taux de déclaration des crimes haineux dans certaines villes.

Les affaires motivées par la race ou l'origine ethnique étaient le type de crime haineux le plus courant dans les neuf plus grandes régions métropolitaines de recensement, à l'exception d'Ottawa, où les crimes motivés par la haine de la religion étaient les plus fréquents.

Définitions, source de données et méthodes : numéros d'enquête, y compris ceux des enquêtes connexes, 3302 et 4504.

L'étude «Les crimes motivés par la haine au Canada», qui fait partie de la Série de profils du Centre canadien de la statistique juridique (85F0033MWF2008017, gratuite), est maintenant accessible à partir du module Publications de notre site Web. Sous Publications Internet gratuites, choisissez Crime et justice.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec la Sous-section de l'information et des services à la clientèle au 613-951-9023 ou composez sans frais le 1-800-387-2231, Centre canadien de la statistique juridique.

Crimes de haine déclarés par la police, selon le type de motif et la catégorie de crime, 2006 
  Crimes violents Crimes contre les biens Autres crimes Total
Type de motif nombre % nombre % nombre % nombre %
Race ou origine ethnique                
Noire 90 37,8 122 51,3 26 10,9 238 100,0
De l'Asie du Sud 25 37,9 36 54,5 5 7,6 66 100,0
Arabe ou de l'Asie occidentale 30 49,2 24 39,3 7 11,5 61 100,0
De l'Asie de l'Est ou du Sud-Est 12 48,0 9 36,0 4 16,0 25 100,0
Blanche 11 45,8 11 45,8 2 8,3 24 100,0
Autochtone 8 50,0 6 37,5 2 12,5 16 100,0
Races ou origines ethniques multiples 6 16,2 29 78,4 2 5,4 37 100,0
Autre 10 34,5 14 48,3 5 17,2 29 100,0
Inconnue 1 16,7 5 83,3 0 0,0 6 100,0
Total 193 38,4 256 51,0 53 10,6 502 100,0
Religion                
Juive 32 23,4 96 70,1 9 6,6 137 100,0
Musulmane (islamique) 19 41,3 19 41,3 8 17,4 46 100,0
Catholique 1 7,7 7 53,8 5 38,5 13 100,0
Autre 6 30,0 11 55,0 3 15,0 20 100,0
Inconnue 0 0,0 4 100,0 0 0,0 4 100,0
Total 58 26,4 137 62,3 25 11,4 220 100,0
Orientation sexuelle 45 56,3 29 36,3 6 7,5 80 100,0
Autre1 5 56,3 11 36,3 6 7,5 22 100,0
Motif inconnu 26 38,2 27 39,7 15 22,1 68 100,0
Total 327 36,7 460 51,6 105 11,8 892 100,0
1.La catégorie «Autre» comprend les motifs non mentionnés ci-dessus, tels que la langue, une incapacité, le sexe, la profession et les convictions politiques.
Nota: Comprend les données des services de police provinciaux et municipaux, et de la Gendarmerie royale du Canada en Colombie-Britannique, ces données représentant 87 % de la population du Canada.

Navigation et recherche

Note: Cette page contient plusieurs menus de navigation. Afin d'améliorer leur accessibilité, la plupart sont regroupés dans cette section. Cette section offre aussi l'accès au moteur de recherche.

Pour de plus amples renseignements sur les éléments accessibles de notre site, veuillez consulter notre page sur l'accessibilité.

Menu de navigation de la page

  1. Contenu de la page
  2. Menu de navigation du site
  3. Menus de fonctions utilitaires du site
  4. Recherche du site
  5. Avis importants
  6. Haut de la page
  7. Date de modification