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Novembre/Décembre
2000
Vol. 32, no 11/12

Une promesse à respecter : Rapport du Groupe de travail sur l’accès à l’information pour les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés

Le 31 octobre 2000, les membres du Groupe de travail sur l’accès à l’information pour les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés ont présenté leur rapport Une promesse à respecter à M. Roch Carrier, administrateur général de la Bibliothèque nationale du Canada (BNC), et à M. Euclid Herie, président et chef de la direction de l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA).

Les directives relatives aux politiques, telles qu’elles sont indiquées dans le Plan d’action du gouvernement du Canada concernant les personnes handicapées, il est clair que celui-ci joue un rôle essentiel lorsqu’il s’agit de promouvoir et d’assurer un accès complet à l’information pour les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés. Cet accès concerne non seulement les renseignements administratifs, mais aussi les renseignements dont ces personnes ont besoin afin de se sentir membres de la société à part entière.

Des consultations publiques ont eu lieu dans six villes (Winnipeg, Halifax, Vancouver, Toronto, Montréal et Ottawa), entre le 22 août et le 25 septembre 2000. Au moins quatre membres du Groupe de travail ont assisté à chacune d’elles. À la suite de ces consultations, un résumé a été rédigé puis diffusé par l’entremise de serveurs de listes et affiché sur le site Web de la Bibliothèque nationale du Canada à www.nlc-bnc.ca/accessinfo/indexf.html.

Après avoir entendu les personnes concernées, le Groupe de travail a été chargé de recommander la coordination ainsi que le renforcement des liens entre les programmes particuliers et régionaux afin de s’assurer qu’ils peuvent être maintenus et qu’ils comportent un volet visant à offrir des services à tous les Canadiens et les Canadiennes incapables de lire les imprimés. La situation au Canada, même si elle peut nous paraître sombre, progresse selon les ressources disponibles. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un accroissement de la capacitédes ressources et de la coordination des efforts déployés par les différentes régions. De nombreux participants et bénévoles sont disposés à agir, mais il subsiste de nombreux besoins.

Les administrateurs généraux de la Bibliothèque nationale du Canada, anciens et actuel, ont souligné l’importance d’offrir un accès équitable à l’information pour tous les Canadiens et les Canadiennes, et ils ont également joué un rôle essentiel en vue de modifier les politiques afin d’assurer ce droit. M. Carrier, administrateur général de la Bibliothèque nationale du Canada depuis le 1er octobre 1999, a également pris des initiatives de manière à s’assurer que ces modifications relatives aux politiques améliorent directement l’accès à l’information, aux collections ainsi qu’aux services des bibliothèques pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes de tout le pays. M. Carrier a été un important collaborateur dans le cadre de l’étude menée par le Comité permanent du patrimoine canadien portant sur l’état actuel de l’industrie du livre au Canada. De plus, en collaboration avec M. Euclid Herie, il a parrainé les activités de ce Groupe de travail. Ce dernier a été formé en juin 2000 et son rapport a été déposé le 31 octobre 2000 tel que prévu. La liste de ses membres ainsi que son mandat se trouve à www.nlc-bnc.ca/accessinfo/s36-120-f.html.

Le Groupe de travail a travaillé selon cinq principes fondamentaux :

  • Il a pris en considération le fait que les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés ne comprennent pas seulement les personnes ayant un handicap visuel, mais aussi les nombreux citoyens qui éprouvent des difficultés d’apprentissage ou qui sont incapables de lire les imprimés en raison de handicaps ou d’incapacités physiques ou motrices.
  • Le Groupe de travail suppose que tous les Canadiens et toutes les Canadiennes ont le droit d’accéder à toute l’information imprimée mise à la disposition du public et ce, de manière équitable, au moment opportun et à un coût abordable.
  • Afin de ne pas aller à l’encontre des droits des citoyens canadiens, les gouvernements ont l’obligation de fournir de l’information et de mettre à leur disposition leurs publications sur des supports auxquels peuvent accéder les Canadiennes et les Canadiens qui sont incapables de lire les imprimés, c’est-à-dire sous forme d’imprimés à gros caractères ou sous forme de textes audiodocuments sonores, électroniques ou en braille.
  • Le Groupe de travail a tenu des séances de consultation auprès des personnes incapables de lire les imprimés, des personnes travaillant avec elles, des producteurs de documents sur supports de remplacement et des fournisseurs de services sans but lucratif et ceux des secteurs public et privé, ainsi qu’auprès des groupes d’intervention.
  • Dans le but de s’assurer que les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés puissent bénéficier d’un service ou d’un programme, on doit en faire la promotion et veiller à ce qu’ils soient bien compris.

Comme l’a mentionné Mme Lorraine McQueen et l’a réaffirmé la Canadian Library Association (CLA) dans sa présentation : « La CLA déplore l’absence d’un effort intégré, coordonné, soutenu et durable ayant pour but de faire valoir les droits des citoyens canadiens qui sont incapables de lire les imprimés… Jusqu’à présent, en ce qui concerne la question de l’accès à l’information pour les citoyens incapables de lire les imprimés, le Canada est loin derrière si on le compare au Danemark, aux Pays-Bas, à la Norvège, à la Russie, à l’Afrique du Sud, à la Suède et aux États-Unis. Ces pays ont des politiques nationales qui ont été adoptées par le gouvernement et sanctionnées par la loi. »

Le Groupe de travail a appris de nombreuses personnes membres de la collectivité ayant des troubles d’apprentissage qu’elles n’étaient pas autorisées à utiliser les services de pointe offerts par la Bibliothèque pour les aveugles de l’INCA au même titre que les clients de l’INCA. L’INCA détient unobtient le droit d’auteur en ce qui concerne les documents destinés aux personnes incapables de lire les imprimés et les documents que l’INCA rend disponibles par l’entremise des bibliothèques partenaires. Cependant ces documents ne font pas l’objet d’une diffusion restreinte.

Le Groupe de travail a remarqué, lors d’exposés oraux et selon les observations présentées par écrit, qu’il y avait unanimité concernant les problèmes qui constituaient des barrières à l’accès à l’information pour les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés. Il a également noté un remarquable consensus concernant les solutions permettant d’assurer un accès équitable pour ces personnes. Afin de refléter les résultats de l’analyse des barrières qui ont été mentionnées et les solutions qui ont été proposées, le Groupe de travail a choisi les citations suivantes :

« À mon avis, le Groupe de travail possède l’expertise et a le mandat de m’aider à lire ce que je veux, quand je le veux. Tel devrait être l’objectif. »

Brian Lendrum (aveugle depuis l’enfance; il s’est déplacé de Whitehorse à Vancouver, à ses propres frais)

« Les gens qui possèdent plusieurs diplômes ne comprennent pas l’étiquette "troubles d’apprentissage". On croit à tort que je suis plus lent intellectuellement que je ne le suis en réalité… Cela signifie que l’on entretient des préjugés défavorables à mon égard, lorsque je regarde les notes qu’on m’a accordées pour mes travaux, particulièrement lorsque je suis obligé de les rédiger à la main. Il ne faut pas croire que les étudiants qui ont un handicap sont favorisés parce qu’ils ont accès à des installations adaptées, car en réalité, cela ne fait que niveler le terrain lorsque cela est fait correctement. »

Michael Schwake

« L’incapacité de comprendre l’information contenue dans des imprimés a de graves conséquences sur les capacités d’une personne d’accomplir des tâches quotidiennes comme faire des courses, cuisiner, payer des factures, travailler, remplir un rapport d’impôt, participer aux élections, lire un menu pour commander un repas, lire des livres pour le simple plaisir, suivre des cours ou programmer un magnétoscope. Pour les non-voyants, la technologie de l’informatique peut leur apporter un soutien considérable et leur permet de comprendre l’information contenue dans des imprimés, quoique, même en 2000, cette technologie ne soit pas la solution parfaite pour surmonter toutes les barrières qui empêchent d’accéder à l’information contenue dans des imprimés... Afin de répondre aux besoins de cette population, il faut coordonner une stratégie maîtresse consciencieusement mise au point par les représentants des gouvernements et, particulièrement, par la collectivité atteinte de handicaps. »

Le Conseil des Canadiens avec déficiences (un organisme national de défense des droits des personnes souffrant de différents handicaps)

« L’incapacité d’accéder à l’information entrave l’acquisition d’habiletés fondamentales telles que l’alphabétisation, l’autonomie et l’avancement au sein de la société. »

La National Federation for the BlindNational Federation of the Blind : Advocates for Equality

« Je suis préoccupée par le fait que le nombre croissant de personnes âgées qui ont perdu la vue ne peuvent aspirer à un avenir meilleur, comme c’est le cas pour les enfants et les adultes en âge de travailler atteints de cécité. Je m’attends à ce que le Groupe de travail, lorsqu’il formulera ses recommandations, considère les personnes âgées atteintes de cécité comme étant des êtres humains compétents, persévérants, capables de s’adapter et pleins de ressources, soit à l’égal des personnes plus jeunes atteintes du même handicap. »

Marjorie Fulton (personne âgée atteinte de cécité)

« L’accès signifie que les étudiants ont en mains le bon document au bon moment, sur un support approprié. Les documents doivent répondre aux critères suivants : ils doivent être faciles à utiliser, présenter rapidement de l’information, être disponibles sur des supports adéquats, contenir des méthodes d’enseignement et d’apprentissage efficaces, favoriser l’autonomie lorsqu’il s’agit d’accéder à des ressources pédagogiques… Cependant, d’importants obstacles subsistent, lesquels doivent être pris en considération à l’échelle provinciale et nationale, notamment en ce qui concerne la sensibilisation face à ces problèmes que vivent certains membres de la société, l’élaboration de politiques, l’amélioration des moyens de communication, la modification des méthodes de production, l’accroissement des sources de financement, l’amélioration de l’accès à l’information ainsi que la promotion de la collaboration. »

Mary Ann Epp, du Langara College, en C.-B., au nom de l’Association canadienne des centres de ressources pédagogiques

« En 1994, selon les données du ministère de la Culture et des Communications, les personnes aveugles ne pouvaient compter que sur deux bibliothèques spécialisées, contre 968 bibliothèques publiques pour le reste de la population du Québec… Les limitations par rapport à l'information écrite affectent dans leur quotidien toutes les personnes aveugles, qu'il s'agisse de se procurer des appareils ménagers (la technologie électronique numérique est avant tout visuelle) ou de franchir certaines barrières architecturales. Vingt ans après l'Année internationale des personnes handicapées, il existe toujours des ascenseurs inaccessibles, témoigne cet aveugle pourtant débrouillard qui s'est baladé du haut en bas d'un hôtel de 28 étages durant trois quarts d’heure avant que quelqu'un vienne à son secours. »

Michelle Brulé, INCA  -  Division du Québec

Après avoir pris connaissance de ces commentaires, le Groupe de travail a constaté que les besoins en information des Canadiennes et des Canadiens incapables de lire les imprimés sont les mêmes que ceux du reste de la population et que ces besoins en information ne sont pas satisfaits au Canada.

Lorsque les 26 recommandations du présent rapport seront mises en application, celles-ci amélioreront l’accès à l’information et aux publications. En effet, les Canadiennes et les Canadiens incapables de lire les imprimés seront les premiers à en profiter. Cependant, de l’information mieux conçue, produite et diffusée profitera à tous les Canadiens et à toutes les Canadiennes. De plus, en raison du vieillissement de la population, les documents sur plusieurs supports de remplacement constitueront plutôt la norme que l’exception. En outre, en raison de la prolifération de technologies de plus en plus d’avant-garde, les documents sur plusieurs supports de remplacement prédomineront. Il faut donc diffuser régulièrement de l’information bien établie sur ces changements pour favoriser l’acceptation et l’utilisation de ces documents sur plusieurs supports de remplacement.

Cependant, le meilleur programme au monde ne sera pas efficace à moins de consulter au préalable, aux fins d’élaboration, les gens concernés par ce programme et de les sensibiliser à son existence. Il ne suffit pas d’assurer la prestation d’un service ou d’un programme; les gens doivent savoir que les gouvernements offrent des programmes et des services visant à satisfaire leurs besoins. Lorsque le Canada mettra en application ces recommandations d’une façon coordonnée et opportune, il deviendra le chef de file en matière d’accès à l’information, car tous ses citoyens et ses citoyennes auront accès à la même information.

Une version complète du rapport se trouve à www.nlc-bnc.ca/accessinfo/s36-200-f.html. Des exemplaires imprimés et sur support de remplacement peuvent être obtenus du Groupe de travail par courriel à accessinfo@nlc-bnc.ca; par courrier au 395, rue Wellington, Ottawa (Ontario) K1A 0N4 ou par télécopieur au (613) 947-2916. Si vous n’avez pas de courrier électronique ou de télécopieur, vous pouvez vous adresser au Secrétariat du Groupe de travail au (613) 995-3904. Si vous avez des questions concernant le rapport du Groupe de travail, veuillez les envoyer à Gwynneth Evans à l’une des adresses ci-dessus.