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Bibliothèque nationale du Canada
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Septembre / Octobre
2002
Vol. 34, no 5

Entrevue avec Louis Forget

En considérant votre carrière de 38 ans à la Bibliothèque nationale, et plus récemment aux Archives nationales, de quelles réalisations êtes-vous le plus fier ?

Je suis très fier de ce que mes collègues et moi ayons réussi à mieux faire connaître et utiliser la Bibliothèque nationale et les Archives nationales par un nombre croissant de Canadiens. J'ai été extrêmement chanceux de travailler avec un personnel excellent et dévoué aux Services de technologie de l'information, qui travaillent en étroite collaboration avec les directions liées à la gestion des Archives et de la Bibliothèque afin de mettre au point et exploiter des systèmes visant à améliorer les services et les rendre accessibles à de plus en plus de Canadiennes et de Canadiens. L'emploi de la technologie a augmenté la productivité, transformé les services, amélioré le partage du savoir et de l'information et permis aux Archives et à la Bibliothèque de contribuer à faire du Canada une société basée sur le savoir. C'est un effort d'équipe non seulement entre les Archives et la Bibliothèque, mais aussi avec leurs nombreux partenaires à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement du Canada. Je considère le partenariat de la Bibliothèque et des Archives avec ces autres organisations comme la stratégie courante la plus importante pour le présent et l'avenir. Nous ne pouvons plus réussir seuls.

Vous avez été témoin et participant de beaucoup de changements dans le secteur de la technologie de l'information au cours de votre carrière à la Bibliothèque. Les catalogues de la Bibliothèque ont été automatisés et le Web, créé et développé. Pouvez-vous expliquer comment la Bibliothèque a profité des possibilités offertes par la technologie ?

Je pense que la Bibliothèque (et cela s'applique aussi aux Archives) étant un organisme de services, elle a toujours recherché de meilleurs moyens de desservir sa clientèle.

À la fin des années soixante, la Bibliothèque a compris l'avantage d'utiliser le format MARC pour automatiser les procédures du catalogage et améliorer la productivité de la création de Canadiana, la bibliographie nationale. Puis, dans les années soixante-dix, avec le développement des télécommunications informatiques et des systèmes en direct, nous avons sauté sur l'occasion de mettre en commun les renseignements bibliographiques avec d'autres bibliothèques, pour réduire, dans les bibliothèques, le dédoublement du travail de catalogage et les coûts.

Au début des années quatre-vingts, la Bibliothèque possédant une base de données bibliographiques en ligne comprenant la bibliographie nationale, le catalogue de la Bibliothèque et d'autres catalogues de bibliothèques canadiennes signalant leur fonds au Catalogue collectif canadien, nous avons pu lancer le Service Recherche DOBIS en 1984. Ce service a permis aux bibliothèques canadiennes de chercher et localiser en direct livres et autres documents dans le Catalogue collectif canadien pour les prêts entre bibliothèques. Avant 1984, les bibliothèques devaient téléphoner, écrire ou envoyer un télex à la Bibliothèque nationale pour savoir où se trouvaient les ouvrages qu'elles désiraient emprunter.

Dans les années quatre-vingt-dix, avec la création et le développement du Web, la Bibliothèque et les Archives ont eu la possibilité de numériser le texte complet de collections de livres, d’autres documents et archives, de les rendre  -  ainsi que les publications électroniques et les archives électroniques déjà numériques  -  accessibles en direct par l’entremise d’Internet. La technologie de conservation et d'accès aux publications et aux archives est la même : la Bibliothèque et les Archives peuvent donc créer des sites Web communs pour offrir des services uniques et complets à leur clientèle.

Les clients continueront de se présenter en personne à la Bibliothèque et aux Archives, mais la technologie nous a permis d'être plus qu'un local; nous sommes maintenant un service disponible 24 heures sur 24, sept jours par semaine, partout dans le monde. Des services tels AMICUS, ArchiviaNet, la Bibliothèque numérique du Canada, le Service des nouveaux livres et plusieurs autres ont sans aucun doute transformé les services de la Bibliothèque et des Archives.

La Bibliothèque nationale et les Archives nationales ont rassemblé des collections et des trésors nationaux magnifiques qui doivent être annoncés, présentés et connus des Canadiennes et des Canadiens, afin qu'ils puissent s'en servir. Aujourd'hui, la manière de promouvoir et rendre accessibles ces collections repose sur la technologie.

Je suis convaincu que la Bibliothèque et les Archives continueront, dans le cadre du programme Gouvernement en direct, de tirer profit des possibilités offertes par les technologies courantes et émergeantes et de chercher des manières novatrices de transformer leurs services pour mieux desservir la population canadienne.

Quand vous y êtes arrivé, la Bibliothèque était impliquée dans le développement du format MARC (catalogage lisible par machine) canadien. La Bibliothèque était particulièrement intéressée à traiter les notices bilingues. Un des plus récents défis de la Bibliothèque est la mise au point d'un système compatible avec les alphabets autochtones et autres alphabets non-romains. Comment la Bibliothèque utilise-t-elle la technologie pour donner accès à des documents qui utilisent ces autres alphabets ?

Vous voulez bien sûr que je vous parle de la mise en œuvre d'UNICODE, qui fournit le cadre et les normes techniques pour coder, traiter, emmagasiner, communiquer et afficher les alphabets autochtones et non-romains. Jusqu'à maintenant, la Bibliothèque et les Archives n'ont pas réussi à obtenir les ressources nécessaires à la création d'applications établies à partir d’UNICODE. Le coût de telles applications est élevé; la Bibliothèque et les Archives ont la possibilité de rechercher des partenariats avec d'autres ministères et/ou organismes du gouvernement qui ont besoin de ces applications. Ce sera un défi passionnant pour mon successeur !

Vous avez travaillé avec des milliers de membres du personnel tout au long de votre carrière. Y en a-t-il de particulièrement mémorables ?

Ils sont tous particulièrement mémorables pour une raison ou pour une autre. Si je devais en nommer un, je devrais les nommer tous et prendre des milliers de pages du Bulletin. La réponse deviendrait un livre et dépasserait le cadre de cette entrevue. Les personnes qui ont travaillé et travaillent maintenant à la Bibliothèque nationale et aux Archives nationales sont toutes très spéciales pour moi. Elles sont toutes des expertes dans leur domaine particulier; en fait, j'ai appris quelque chose de chacun et chacune avec qui j'ai travaillé.

Je suis fier de dire que j'ai travaillé sous la direction des quatre administrateurs généraux de la Bibliothèque nationale depuis sa création en 1953. Quand j'ai commencé en juin 1964, monsieur W. Kaye Lamb était à la fois Directeur général de la Bibliothèque nationale et Archiviste national. Puis, après le départ de M. Lamb, j'ai travaillé pour M. Guy Sylvestre, puis Mme Marianne Scott, et plus récemment pour M. Roch Carrier, l'actuel Administrateur général de la Bibliothèque nationale du Canada. Au cours des deux dernières années, j'ai aussi travaillé pour M. Ian Wilson, l'actuel Archiviste national, puisque depuis le 1er avril 2000, la direction des Services de technologie de l'information a été partagée entre les Archives nationales et la Bibliothèque nationale.

En plus des administrateurs généraux de la Bibliothèque nationale et des archivistes nationaux, j'aimerais mentionner une personne particulièrement mémorable. Il s’agit de Mme Hope Clement, qui fut ma patronne et mon mentor dans les années soixante-dix et au début des années quatre-vingts. Sa dévotion à la Bibliothèque nationale était évidente. J'ai beaucoup appris d'elle. Elle avait « le sens du devoir », comme on dit. Elle m'a beaucoup aidé et elle a eu une influence majeure sur ma carrière. Je l'admire et je la remercie de tout cœur.

Vous avez prédit la société sans papier et la bibliothèque virtuelle. Que voyez-vous dans l'avenir de la technologie du savoir et de l'information ?

Oui, j'ai prédit la société sans papier et la bibliothèque virtuelle, comme beaucoup d'autres gens. Nous avions tort quant à la société sans papier, mais nous avions raison pour ce qui est de la bibliothèque et des archives virtuelles. Je crois maintenant que le papier restera pendant bien des années, au moins jusqu'à ce que le papier et l'encre électroniques sortent des laboratoires et deviennent réalité. La bibliothèque et les archives virtuelles sont là pour rester et continueront de se développer en même temps que les télécommunications, par fil et sans fil.

Je crois que le rôle ultime de la technologie, dans l'avenir, sera de fournir l'accès à la connaissance et au savoir juste à temps pour n'importe qui n'importe où. Et j'aimerais aussi prédire des changements majeurs dans le domaine de la gestion du savoir et de l'information. Ces changements auront sans aucun doute un effet important sur les Archives et la Bibliothèque.

Au cours des trois dernières décennies, nous avons vécu la révolution de la technologie de l'information et nous sommes maintenant au début de la révolution du savoir et de l'information. La Bibliothèque nationale et les Archives nationales font face à des possibilités et à un futur passionnants.

Un adieu sincère

Après 38 années de service, Louis Forget, directeur général des Services de technologie de l’information de la Bibliothèque nationale et des Archives nationales, a pris sa retraite le 2 juillet 2002. Grâce à sa vision, son style de gestion et sa confiance à toute épreuve dans les possibilités de la technologie de l’information, il a contribué de manière inestimable aux bibliothèques d’un bout à l’autre du Canada et plus particulièrement à la Bibliothèque nationale du Canada. Il a su exploiter la puissance et la portée de la technologie visant l’utilisation des vastes ressources des bibliothèques et, plus récemment des archives, afin d’offrir à la population canadienne des services d’information solides, à la fine pointe de la technologie et focalisés sur la clientèle. Au cours des deux dernières années, Louis a mené avec succès la consolidation des services de technologie de l’information à la Bibliothèque nationale et aux Archives nationales, dont bénéficieront toutes les Canadiennes et tous les Canadiens à l’avenir.

Nous tenons à le remercier pour son travail et son engagement au fil des années et nous lui souhaitons beaucoup de succès dans ses projets futurs.

L’administrateur général de la Bibliothèque nationale,
Carrier's signature
Roch Carrier