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Bibliothèque nationale du Canada
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Novembre/Décembre
2002
Vol. 34, no 6

« Toute action entraîne une réaction »

Des livres, des bénévoles, beaucoup, beaucoup de travail et le sens de l’amitié véritable

Kevin Burns, vice-président, Les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada

« Tous ces livres viennent de la Bibliothèque nationale du Canada ? » Ce doit être l’une des questions les plus fréquemment posées durant la vente annuelle organisée par les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada. Mais en fait, aucun de ces livres ne vient des collections de la Bibliothèque nationale.

Maintenant dans sa neuvième année, cet énorme défi logistique est bien vite devenu une tradition dans le calendrier des chasseurs d’aubaines et amateurs de livres. À quelle autre occasion pourriez-vous trouver un exemplaire autographié de l’autobiographie d’un premier ministre et ne le payer que 2 $ ? J’ai vu un acheteur sauter littéralement de joie quand il a tourné la page et a trouvé la signature de Jean Chrétien dans le livre qu’il venait juste d’acheter.

Avec des prix de 1 $, 2 $ et 3 $ par volume, cette vente de livres tenue chaque année dans un grand centre commercial de la banlieue d’Ottawa est une chasse au trésor pour les lecteurs avides et les acheteurs réticents ou circonspects. « Je devrais m’arrêter maintenant » a dit une femme en se démenant avec trois sacs de plastique pleins à craquer de livres. « C’est comme une drogue, pour moi. Je ne lirai jamais tout ça, mais j’espère quand même le faire un jour. » J’ai entendu plusieurs versions de ce commentaire durant les deux jours où j’ai été bénévole pour cette vente étalée sur trois jours. Une drogue : ce n’est peut-être pas le meilleur mot, mais il est clair que cette vente attire l’attention de gens passionnés et bien informés, décidés à monter leur bibliothèque familiale. Certains commencent par fureter, attendant d’être surpris par une découverte soudaine. D’autres ont une liste et fouillent en conséquence. « Avez-vous trouvé un Lovecraft ? » Légèrement pris au dépourvu, j’ai réalisé éventuellement que la personne voulait parler de l’auteur et non d’un sujet. « Essayez la seconde table ! », ai-je suggéré en souriant.

Chaque année, cette vente commence par un raz-de-marée d’enthousiasme parfois irrésistible de la part des libraires professionnels de la région. Cette ruée énergique, parfois frénétique des premières heures de la vente lui donne un élan décisif et radical. Ils ne représentent cependant qu’une partie de la merveilleuse clientèle bigarrée que cette vente continue d’attirer. Des gens de tous âges, de toutes cultures et expériences se rendent à cette vente. Quant aux bénévoles, le fait de travailler à l’une de ces tables leur rappelle clairement l’attrait universel de l’écrit.

Cette vente est le résultat du labeur d’une véritable armée de bénévoles. Chaque année, ils transforment un centre commercial en librairie géante, remplie de plus de volumes que la plupart des librairies : entre 22 000 et 32 000 livres ont été mis en vente chaque année. Cette année, quelque 26 000 volumes étaient disponibles. Cela signifie que les bénévoles ont passé des milliers d’heures à trier et marquer le prix de livres donnés tout au long de l’année, parfois dans un assortiment de boîtes et de sacs, et parfois par camion, par des gens de la région de la capitale nationale. Chaque livre donné est examiné par une équipe de trieurs et évaluateurs à l’œil perçant. Le contrôle de la qualité assure que seuls les meilleurs livres aboutiront à la vente. Les bénévoles demeurent également à l’affût de livres d’un intérêt particulier pour la Bibliothèque nationale, surtout des livres absents de la collection de la Bibliothèque, ou en meilleure condition que l’exemplaire qu’elle possède. Les livres d’une certaine valeur sont mis à part et ajoutés à l’une des sections les plus populaires de la vente : les livres à prix spéciaux, où les prix, quoique toujours raisonnables, sont beaucoup plus élevés que les 1 $, 2 $ et 3 $ habituels.

Une fois le tri et la tarification en cours, les membres de l’équipe d’organisation mettent au point tous les détails du transport des livres au centre commercial et de leur disposition cohérente et attrayante pour les clients. En cours de route, ils s’assurent d’une bonne couverture médiatique avant et durant la vente elle-même. Et ça marche toujours. Des gens m’ont dit en avoir entendu parler à la radio et être venus immédiatement au centre commercial. « J’ai vu la photo dans le journal », a dit un autre.

Comme vous pouvez l’imaginer, la coordination d’un projet de cette envergure (plus de 100 bénévoles, une équipe de 95 vendeurs, et le transport de boîtes contenant 26 000 volumes) est une entreprise importante. Quelques bénévoles donnent de leur temps tout au long de l’année, d’autres pour la durée de la vente. Leur appui est essentiel à cette vente, dont l’impact est toujours accru dans la capacité de la Bibliothèque à continuer d’ajouter des ouvrages à ses collections canadiennes. Au fil des ans, conséquence en grande partie du revenu dérivé de cette vente et de notre vente aux enchères annuelle de livres anciens, les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada ont procuré à la Bibliothèque un exemplaire rare d’impressions à bord d’un navire, une affiche de cirque du XIXe siècle, une affiche d’une des premières versions du film Anne of Green Gables, un volume très recherché des Relations des jésuites, une collection de poèmes de L.M. Montgomery et un recueil de cantiques, pour n’en mentionner que quelques-uns.

Les recettes totales de la vente de cette année étaient toujours en cours de calcul au moment de la rédaction de cet article, mais il est clair, selon nos premières projections, que ce sera l’une des ventes les plus rentables de sa courte histoire. Et, encore une fois, les Amis de la Bibliothèque seront en mesure de faire une contribution significative aux collections de documents canadiens de la Bibliothèque nationale du Canada.

« Toute action entraîne une réaction » : c’est bien vrai des livres qui continuent d’apparaître chaque année à la vente, des clients qui continuent de revenir pour acheter de plus en plus de livres, et des bénévoles qui, malgré les défis divers de la vie en constante évolution à longueur d’année, s’arrangent toujours pour trouver l’énergie et la volonté de travailler à ce projet fascinant. Peut-être est-ce la vue d’un jeune enfant captivé par un livre d’images, de l’adolescente affalée sur un banc avec son téléphone cellulaire et un recueil de poèmes, d’un jeune homme qui remplit soigneusement plusieurs boîtes de romans pour son père en séjour dans un hôpital pour malades chroniques, de la dame âgée ravie qui a eu la chance de trouver un livre sur l’endroit où elle a grandi durant la Dépression. Et ça continue. Des livres qui nous séduisent et qui captent notre attention, notre esprit et notre imagination. Une vente rendue possible grâce à des bénévoles, à des dons et des achats effectués par des milliers d’étrangers. Chaque transaction de cette vente est une façon pour les Canadiens de fournir cet indispensable soutien supplémentaire à une institution culturelle qui leur tient à cœur, la Bibliothèque nationale du Canada, sur le point de célébrer ses 50 ans au service du patrimoine littéraire exceptionnel du Canada.

Pour des renseignements sur les Amis de la Bibliothèque nationale du Canada, visitez leur site Web à l’adresse www.nlc-bnc.ca/amis